Amandine revient d'un week-end chez des potes qui ont tout plaqué pour s'installer dans une ferme participative.
Retrouvez Amandine Lourderl sur le site de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/amandine-lourdel-n-a-pas-compris
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AmusantTranscription
00:00Diamandine !
00:02Salut les losers ! Salut, ça va ?
00:04Elle est là, elle est là !
00:06Je reviens d'un week-end chez des potes
00:08qui ont tout plaqué pour aller s'installer dans une ferme
00:10participative. Ils sont devenus des
00:12néoruraux. J'étais curieuse d'y aller
00:14parce que, moi, faut savoir, j'ai très longtemps eu le rêve
00:16d'aller m'installer à la campagne pour faire de la permaculture.
00:18Et puis bon, pendant le confinement, on a
00:20voulu faire un potager chez mes parents.
00:22J'ai pris une pelle, j'ai commencé à creuser. Fin du rêve.
00:24Non, parce que
00:26la vie à Paris est dure, mais moins que la terre.
00:28Et une autre fois, j'ai fait du woofing
00:30dans les Cévennes et je me suis fait agresser par une chèvre.
00:32Elle a planté sa corne dans ma
00:34cuisse à seulement 3 cm de mon artère fémoral.
00:36Ce qui m'a d'ailleurs permis,
00:38au vu de la couleur de ce qui est sorti de la plaie,
00:40de découvrir que je suis essentiellement constituée de
00:42suze.
00:44N'écoutez pas les médias,
00:46le danger n'est pas du tout où ils disent qu'il est.
00:48Moi, ça fait 5 ans que j'habite Porte de la Chapelle,
00:50je me suis jamais faite encorner par un migrant.
00:52Et c'est toujours le même profil
00:54les néoruraux. C'est des personnes surdiplômées
00:56qui se retrouvent du jour au lendemain responsables
00:58d'une exploitation agricole,
01:00qui ont lu Mont-Jardin avec la lune dans le TGV
01:02avant d'arriver, mais qui n'entravent
01:04que dalle à la vie à la ferme. Là, mon pote,
01:06il a bac plus 7, mais ça fait une semaine qu'il
01:08essaye de traire un bouc.
01:10En même temps,
01:12avec sa meuf, ils n'ont plus du tout les mêmes notions
01:14d'hygiène qu'avant. Bon, après, la douche solaire
01:16extérieure, quand il fait 8 degrés, t'y vas que
01:18quand t'es vraiment sale. Ah bah, tant que ça
01:20gratte pas, tu n'y vas pas. Mais bon,
01:22comme c'est la campagne, tout est génial, tout est chill,
01:24ils sont heureux. Alors, ils sont heureux,
01:26par contre, ils développent des allergies cutanées cheloues
01:28à cause du changement radical de mode de vie.
01:30Il me dit « je crois que c'est à cause d'un arbre ».
01:32Je lui dis « bah, vu la gueule de tes bubons, si c'est un arbre, ça doit être
01:34l'arbre généalogique des Mérovingiens ».
01:36En même temps,
01:38c'est normal, Clovis, que t'aies des boutons
01:40partout. T'es passé d'un loft à bois colombe à une
01:42urde de 8 mètres carrés en lausère que tu partages avec
01:44trois chiens errants. Et puis arrête
01:46avec ton savon au lait de boucle, c'est pas une bonne idée
01:48ton truc. Et puis là, ils ont sauvé
01:50un chien de laboratoire. C'est un bigul sur lequel
01:52on a fait des expériences scientifiques
01:54pendant des années. Il est dans un état,
01:56le clébard, il réfléchit dans la nuit.
01:58Si il pisse sur un
02:00bout de goudron,
02:02si il pisse sur un bout de goudron,
02:04ça le blanchit immédiatement.
02:06Il a déjà fait crever 12 hectares de champs de
02:08maïs comme ça. C'est du clorodécone
02:10et qu'un collier de bazar. C'est fou
02:12parce que c'est des gens qui se tuent à
02:14essayer de produire du bio, mais ils ont un chien qui
02:16à lui tout seul pollue plus que 18 rodeaux de trafic
02:18qui roulent au diesel. Il n'aurait même
02:20pas le droit de rentrer dans Paris, le clebs.
02:22C'est la première fois que je vois un chien avec
02:24la vignette Critère 5.
02:28Et bien sûr, un de leurs grands principes,
02:30c'est de manger de saison. Et quand tu manges
02:32uniquement ce qui pousse dans un potager qui a
02:34moins d'un an, en novembre, en lausère,
02:36faut pas avoir peur de la redondance alimentaire.
02:38C'est surtout qu'ils m'avaient dit « Non mais t'inquiète,
02:40on a plein de courges ». Moi, faut savoir, je suis
02:42très très courge. Très courge. Surtout
02:44courgulien à Marseille. J'adore.
02:46Sauf qu'en fait, une famille de blaireaux a bouffé
02:48toutes leurs courges. Donc là, en trois jours,
02:50sur neuf repas, on a quand même mangé huit fois de la
02:52poêlée de blettes. Et ça m'a rappelé
02:54une phrase de Duras qui dit « Il faut
02:56beaucoup aimer les hommes. Beaucoup les aimer pour les
02:58aimer. Sans ça, c'est impossible, on ne peut pas les supporter ».
03:00Ben les blettes, c'est pareil.
03:04En rentrant chez moi, j'avais plus la chiasse que leur
03:06chien, quoi.
03:08Et dernier repas, plus de blettes. Qu'est-ce qu'on a mangé ?
03:10Ben on a mangé nos morts.
03:12Sinon leur quotidien, c'est ils travaillent
03:14le cuir, ils font de la couture, ils ramassent
03:16des glands et des rameaux pour faire une déco
03:18éco-responsable.
03:20Une déco-responsable. Ils sont très très
03:22jaunes mots, j'ai eu l'impression de passer le week-end à l'école de la fête.
03:26Voilà, à trente ans,
03:28ils ont déjà la vie d'un retraité de l'éducation nationale
03:30et chez eux, la déco, c'est des guirlandes
03:32de branches, quoi. Et j'ai noté,
03:34dans le couple, il y en a toujours un qui subit
03:36un peu plus psychologiquement l'éloignement
03:38de la civilisation. En général,
03:40ils se remarquent facilement parce que c'est celui qui se tourne vers
03:42la création artistique. Bon bah là, c'est clairement
03:44elle. Ah bah elle, elle recycle la mie de pain pour en faire
03:46des cabanes à oiseaux éco-comestibles.
03:48Enfin, écomestibles.
03:50Samedi, elle en a fait une avec le toit en blette,
03:52elle l'a appelée écomestiblette.
03:54Je lui ai filé à l'exomille direct, j'ai pas pu
03:56la voir comme ça. Elle est persuadée d'avoir résolu
03:58le problème de la faim dans le monde. Je lui dis, bah sauf
04:00que bon, en hiver, quand tu te retrouves face à
04:02devoir choisir entre la famine ou bouffer l'intégralité
04:04de ta maison, c'est pas la solution la plus
04:06pérenne. Et mon pote, il fait pousser
04:08un peu de bœuf aussi. Et alors, je sais pas
04:10si c'est le chien qui pisse dessus, mais c'est costaud
04:12quoi.
04:14Ah bah laisse tomber. Un soir, on a fumé,
04:16j'avais une fonce d'âle, j'en pouvais plus.
04:18Résultat, j'ai bouffé toute la zone pavillonnaire
04:20de Maison des Oiseaux.
04:22Ma pote, elle était démolie le lendemain.
04:24J'ai dit, bah ça doit être la famille de Blaireau qui est
04:26revenue. Elle me dit, bah ils sont pas capables
04:28de grimper si haut. Je lui dis, bah ils ont peut-être pris un escabeau.
04:30La bœuf était très très forte.
04:32Non parce qu'en fait,
04:34j'avais pas compris, je pensais que c'était leur voisin
04:36la famille de Blaireau. Je crois que je suis
04:38pas prête pour la néoruralité.
04:40Merci Bavarac.