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00:00On donne la parole aux agriculteurs et notre invité, c'est le patron du principal syndicat agricole de nos deux départements.
00:05Bernard Mojnay, bonjour.
00:06Bonjour.
00:07Vous êtes le président de la FDSEA des Deux-Savoies.
00:10Les syndicats annoncent une nouvelle mobilisation à partir de lundi.
00:14Est-ce qu'il faut s'attendre de nouveau à un gros bazar comme ce qu'on a vécu en début d'année ?
00:19Je pense que dans un premier temps, non, pas forcément de gros bazar.
00:22Je pense qu'on est des gens aussi responsables.
00:24Ce qu'on veut tout d'abord, c'est réalerter l'opinion publique, réalerter le gouvernement, nos dirigeants,
00:29sur le fait que la situation agricole, rien n'est réglé depuis les grosses mobilisations du début d'année
00:34et qu'on a besoin de réponses, on a besoin d'aller plus loin.
00:37Donc aujourd'hui, on n'appelle pas à des blocages durs et forts,
00:41on appelle surtout nos réseaux à se mobiliser dans les territoires,
00:45à faire savoir notre colère et communiquer auprès du grand public
00:49et attirer l'opinion publique sur la problématique agricole.
00:52Donc il faut s'attendre à quel type d'action à partir de lundi ?
00:55Aujourd'hui, on est plutôt sur des types d'action, de mobilisation ponctuelle sur des ronds-points,
01:00des tractages, de la banderole.
01:03On a des actions qui sont prévues sur Albertville, au bout du lac,
01:07sur les différents territoires.
01:09C'est bien notre réseau local, puisque la FDSEA, les Jeunes agriculteurs, notre force,
01:12c'est nos syndicats locaux, c'est notre réseau local.
01:15On a vraiment des agriculteurs sur tout le territoire
01:17et ils ont besoin de s'exprimer pour exprimer leur colère.
01:19Alors justement, quel est l'état d'esprit des agriculteurs ?
01:22D'ailleurs, de vos adhérents, en ce moment, par rapport à cette mobilisation ?
01:26Ils sont déterminés, très remontés, ou plutôt un peu résignés ?
01:30Il y a un peu de tout.
01:32Il y a de la résignation, parce que malheureusement, on voit l'état de notre pays.
01:36Je pense que les agriculteurs sont aussi des gens responsables.
01:39Par contre, il y a aussi de la colère, puisqu'il y a beaucoup de choses qui nous ont été promises
01:42suite aux mobilisations de ce printemps, qui sont très légitimes,
01:45mais qui malheureusement n'avancent pas.
01:47Tout a été balayé avec la dissolution de l'Assemblée nationale.
01:49Il y a beaucoup de choses qui étaient prévues dans le projet de loi d'orientation agricole,
01:51qu'on aimerait voir revenir beaucoup plus vite.
01:53Tu devrais revenir en janvier, ce projet de loi,
01:57et dans lequel, à priori, pour l'instant en tout cas,
02:00il y a pas mal de mesures de votre syndicat qui sont reprises.
02:03Est-ce que vous pensez que ça va aller comme ça jusqu'au bout,
02:05que le Parlement gardera ses mesures ?
02:08On espère que ça aille jusqu'au bout.
02:10Il y avait un premier passage à l'Assemblée nationale qui était encourageant.
02:12Maintenant, on attendait encore aussi beaucoup de choses.
02:14Il y a des choses que, effectivement, on a fait beaucoup de propositions ce printemps.
02:17Il y a eu un gros travail de nos réseaux pour obtenir des choses.
02:21Il y a des choses qui se transforment sur le projet de loi de finances
02:23qui est discuté aujourd'hui à l'Assemblée.
02:25Mais on aimerait voir comment il va ressortir de tout ça,
02:27parce qu'on voit bien l'imbroglio qu'on peut avoir à l'Assemblée nationale
02:30et les difficultés d'avoir un vrai budget.
02:32Et puis, colère aussi, parce que pendant ce temps-là,
02:35pendant qu'on essaye d'avancer, l'Europe avance toute seule dans son coin,
02:38entre autres le mercosur.
02:39C'est aussi ça qui réveille la colère des agriculteurs.
02:41C'est que l'Europe continue dans son coin d'avancer sur ses traités de libre-échange
02:44qui peuvent mettre à mal notre agriculture.
02:467h47 sur France Bleu, pays de Savoie.
02:48Bernard Maugenet, le président de la FDSEA.
02:50Les deux Savoies, notre invité ce matin sur France Bleu.
02:52Juste avant de revenir sur vos craintes par rapport au mercosur, on va en parler.
02:55Mais vous aviez quand même obtenu des choses lors de la dernière mobilisation.
02:59Il y a eu des aides, plusieurs millions.
03:00Il y a eu des simplifications administratives.
03:02C'est ce que vous aviez demandé.
03:03Ce n'est pas suffisant ?
03:05Pour l'instant, elles ne sont pas toutes transformées.
03:07Par exemple, la simplification administrative,
03:09d'avoir un contrôle unique sur les exploitations,
03:11elle n'est toujours pas mise en œuvre.
03:12Et c'est seulement là, cet automne, que la nouvelle ministre a dit au préfet
03:15qu'il fallait qu'ils y retravaillent.
03:17Donc vous, dans votre quotidien, ça n'a pas vraiment changé les choses
03:20sur les quelques mois qui sont passés ?
03:22La mesure principale que j'ai obtenue, c'est l'abandon des taxes,
03:24les taxes sur le GNR.
03:26Ils avaient abandonné l'augmentation qui était prévue.
03:28Et puis, ils se sont remplis de factures.
03:30Ça, c'est le seul truc positif qu'on a eu.
03:32Heureusement, ça passe dans le projet de loi de finances cet automne.
03:35Mais autrement, il n'y avait même pas de cadre juridique là-dessus.
03:38Donc c'est un peu court quand même.
03:40Le mercosur, c'est ce traité de libre-échange
03:42entre l'Union Européenne et des pays d'Amérique du Sud.
03:45Qu'est-ce qui vous inquiète dans ce projet d'accord ?
03:48Clairement, aujourd'hui, c'est un projet d'accord qui va ouvrir nos frontières
03:52et ouvrir aux importations avec zéro droit de douane
03:55à des produits qui n'ont pas les mêmes normes de production que nous.
03:59On prendrait rien que la viande bovine.
04:01Aujourd'hui, les hormones de croissance, les antibiotiques
04:04qui sont interdits depuis plus de 20 ans en Europe
04:06pour protéger la santé de nos concitoyens sont autorisés.
04:08Et il y a une étude en plus récente qui vient de sortir
04:11comme quoi le Brésil est incapable d'assurer le fait que la viande exportée
04:15n'ait pas été piquée avec ces hormones de croissance ou les antibiotiques.
04:18À un moment ou à un autre, il faut qu'on soit cohérent.
04:21Nous, ce qu'on veut, c'est cette cohérence-là.
04:23Si on ouvre notre marché,
04:25qu'ils aient les mêmes contraintes de production environnementale, sociale
04:28que les productions sur nos territoires.
04:30Mais est-ce que vous pensez que les quantités qui seront autorisées pour l'importation
04:34déstabiliseront le marché ?
04:36Parce que ce n'est pas non plus des quantités énormes.
04:39Aujourd'hui, si on prend avec la viande de Valais, 180 000 tonnes,
04:41c'est 50% de la production française.
04:43Donc je pense que ça peut quand même déstabiliser.
04:45Et qu'aujourd'hui, globalement, dans toutes nos filières,
04:48dans toutes nos filières en France, nous ne sommes plus autosuffisants.
04:51Et on est soumis à cette importation massive de différents pays.
04:55Et là, aujourd'hui, on entend bien cette volonté de libre-échange.
04:58Mais aujourd'hui, l'alimentation est trop importante.
05:00C'est trop stratégique pour être mélangé avec d'autres services.
05:05Et aujourd'hui, la souveraineté alimentaire est trop importante.
05:07Juste rapidement, un autre point, une revendication importante,
05:10c'est pouvoir vivre de son travail.
05:13Aujourd'hui, il y a des disparités, forcément, selon les agriculteurs.
05:16Mais aujourd'hui, des agriculteurs n'ont pas de revenus décents.
05:19Ça aussi, c'est un des combats.
05:21C'est un vrai combat, c'est un vrai sujet.
05:23Même si dans nos départements savoyards, on peut paraître un peu privilégiés.
05:26On a toute notre structuration collective qui a une vraie force.
05:29Nos AOP, nos IGP, dans les différentes productions,
05:31que ce soit animal avec le lait, végétal, l'arboriculture, la viticulture,
05:35nous protège un petit peu, fait qu'on a des marchés spécifiques.
05:37Pour autant, les problèmes de revenus, de compétitivité dans les exploitations
05:41sont quand même là.
05:42On voit des situations qui se tendent aujourd'hui dans les exploitations.
05:45Bernard Maugenay, le président de la FDSEAD de Savoie,
05:47est notre invité ce matin sur France Bleu, pays de Savoie.

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