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Présent au Stadium lors du match de Ligue 1 perdu par Toulouse contre l’Olympique Lyonnais (2-3) en mars 2024, un salarié de la direction des Sports de la municipalité locale a ensuite été licencié de son poste après une altercation en loge. Invité de l'After foot ce mercredi soir, il raconte son histoire.

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Transcription
00:00Kévin est avec nous. Kévin, bonsoir.
00:02Bonsoir.
00:04Alors, je le disais,
00:06on a découvert au travers de ton histoire personnelle
00:08les liens parfois hallucinants
00:10qui peuvent exister
00:12entre un club de foot professionnel
00:14et la ville, et la mairie plus particulièrement.
00:16Alors on sait que, évidemment,
00:18aucune mairie n'est insensible à ce qui se passe dans le club de foot.
00:20Certaines sont plus ou moins
00:22impliquées.
00:24Bon, des fois, il y a des liens
00:26historiques entre
00:28le maire et le club.
00:30Je pense à Montpellier, par exemple,
00:32l'époque fraîche Nicolas, c'était très
00:34lié. Parfois, il y a un peu plus
00:36d'éloignement. Parfois, il y a des tensions, comme à Paris,
00:38en ce moment, entre
00:40le club et la mairie.
00:42Là, on va parler de Toulouse.
00:44Puisque donc, je résume
00:46et après, on va raconter
00:48tout dans le détail. Toi, tu as été
00:50viré de la mairie
00:52pour avoir simplement
00:54critiqué le jeu
00:56du TFC. Alors, je précise quand même que moi,
00:58je vais dans ce stade depuis que j'ai 6 ans
01:00et que ça n'a jamais été comme ça.
01:02Voilà, c'est la première chose.
01:04Effectivement, ce soir-là,
01:06je suis invité à titre
01:08personnel par mon parrain
01:10dans une loge qui est partagée par
01:12plusieurs partenaires et puis avec mon
01:14voisin de droite que je ne connais absolument pas.
01:16On discute un peu du match et on exprime
01:18notre
01:20joie au
01:22début toulousain. Et puis,
01:24au bout d'un moment, une certaine frustration.
01:26C'est un Toulouse-Lyon.
01:28Toulouse est mené 1-0, ils reviennent
01:30à 1-1, ils mènent 2-1 et finalement, ils perdent
01:32le match à la fin.
01:34Et on exprime une certaine frustration, mais pas du tout
01:36dans des propos insultants ni quoi que ce soit.
01:38On dit, comme quoi la data, ça ne fait pas
01:40tout. Il faut que les mecs, ils lâchent pas
01:42mentalement non plus. Ce qu'on dit
01:44très souvent dans l'after d'ailleurs.
01:46Après, disons que tu es dans une loge
01:48qui est plutôt classe
01:50du stadion. Alors,
01:52il y a la partie loge et puis après, on assiste
01:54au match en tribune. Donc, il y a d'autres gens
01:56et en fait, j'entendais aussi
01:58des commentaires autour de moi d'autres supporters
02:00dire, exprimer un certain mécontentement.
02:02Mais il n'y a pas du tout
02:04d'agressivité. Et à la fin du match,
02:06donc, un individu devant moi se lève,
02:08que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam.
02:10Son nom est sorti dans la presse hier.
02:12Il s'appelle, c'est quoi ?
02:14Bruno Sola. C'est ça, exactement.
02:16C'est sorti.
02:18Si c'est sorti,
02:20c'est parce qu'il y a eu beaucoup d'articles de presse.
02:22On aurait peut-être dû commencer par ça. Beaucoup d'articles
02:24ont raconté ton histoire.
02:26Et il y a une plainte qui est déposée au tribunal
02:28puisque tu es une avocate.
02:30Et il y a une plainte qui est déposée contre qui ?
02:32J'ai déposé plainte au pénal. Donc, contre
02:34l'ancienne DGA du TFC, mais qui parlait au nom du
02:36TFC à l'époque.
02:38Qui a étrangement
02:40quitté ses fonctions.
02:42Revenons à ce qui s'est passé.
02:44À l'issue de ce match,
02:46cet individu me pointe du doigt, se tourne vers moi
02:48et commence son esclandre en me disant
02:50« Tu n'as rien à faire ici si tu n'aimes pas le club.
02:52Dégage de là.
02:54T'as qu'à venir avec moi. On va aller le voir le président.
02:56Moi, je le connais. Et moi, si. Et moi, et moi, et moi. »
02:58Sur le moment,
03:00je reste un peu surpris
03:02par cette réaction que je trouve particulièrement
03:04exagérée. Je lui dis « Excusez-moi, monsieur,
03:06mais on a encore le droit d'émettre un avis différent
03:08du vôtre. On n'est quand même pas encore
03:10en Corée du Nord. »
03:12Et je vois qu'en fait, il ne rigole pas du tout.
03:14Il ne rigole pas du tout.
03:16Donc, il finit par aller
03:18voir d'autres personnes que, manifestement, il connaît.
03:20Cette espèce d'entre-soi, ce microcosme, je ne sais pas.
03:22C'est des gens que je ne connaissais pas.
03:24— Toi, tu bosses à la mairie. Rappelons-le, monsieur.
03:26— Je bosse à la mairie. Je suis à la direction des sports
03:28de la mairie de Toulouse et ancien collaborateur
03:30du maire de Toulouse avec qui j'entretiens
03:32jusqu'ici des relations. — Modinque.
03:34— Voilà, absolument. Jean-Luc Modinque, avec qui j'entretiens
03:36des relations tout à fait amicales et cordiales.
03:38Et au moment
03:40où je vais regagner cette loge,
03:42un individu me barre un peu la route.
03:44Je vois ce monsieur qui continue à faire de grands gestes.
03:46L'un de ses amis
03:48me met la main sur le torse. Un autre me met
03:50quelques petites tapes sur la joue, comme ça, en me disant
03:52« Tu vas te calmer, c'est bon. »
03:54Je dis à ces gars
03:56« Vous vous calmez maintenant.
03:58Cette histoire n'a pas lieu d'être. »
04:00— Ça te semblait complètement hallucinant. Trop gros.
04:02C'est quoi, l'histoire ? — C'est délirant. Et puis, on n'est pas
04:04à l'école. Franchement, c'était la réaction
04:06presque de mon fils
04:08de 5 ou 6 ans quand il voit
04:10que son équipe fétiche perd.
04:12Je vais à l'intérieur de la loge. Les gens avec qui je suis
04:14complètement choqué par cette situation
04:16me disent « Écoute, laisse tomber.
04:18On va parler de football un peu entre nous,
04:20parce que c'est quand même de ça dont il s'agit. C'est un match de football. »
04:22— Oui, bien sûr.
04:24— Et donc, si ce monsieur était venu me voir en me disant « Je ne suis pas d'accord
04:26avec vous, on aurait discuté de foot et point barre. »
04:28Sauf qu'au moment où je vais
04:30pour partir, parce que je suis quand même un peu sous le choc,
04:32je suis menacé, je suis intimidé,
04:34je me tourne pour aller
04:36chercher un verre d'eau. Et puis, je vois que ce monsieur
04:38continue son esclandre, cette fois avec...
04:40— Prenons ce sceau-là.
04:42— Toujours le même. — Tu ne sais pas qui c'est ? Tu ne sais pas ce qu'il fait dans la vie, lui ?
04:44— Absolument pas. Je ne l'ai jamais vu de ma vie. Je ne sais pas qui c'est.
04:46— Tu sauras après ce qu'il fait dans la vie.
04:48— Mais je reconnais Jennifer Darbasse, l'ancienne
04:50déjà du TFC,
04:52qui est là, que je connais,
04:54avec qui j'ai déjà dîné,
04:56chez des amis communs.
04:58Il continue son esclandre, il fait des grands gestes. Et donc là,
05:00je m'avance un peu, je lui dis « Écoute, Jennifer, est-ce qu'on peut
05:02arrêter ça ? » Et donc là, ce gars me reprend
05:04ma partie et me dit « Mais toi, tu n'as rien fait de ta vie, tu n'es qu'une merde.
05:06Ici, tu bois mon champagne
05:08et tu es assis sur mes places. » Voilà ce qu'il me dit.
05:10Donc,
05:12je rigole un petit peu et je dis « Mais attendez,
05:14excusez-moi, mais vous êtes qui, en fait ? »
05:16Et donc, là déjà du TFC, il me dit
05:18« Ce monsieur est
05:20un partenaire important du club. »
05:22J'ai dit « D'accord, mais attendez, excusez-moi, ça ne donne pas tous les droits.
05:24Bon, moi, ce soir, je suis là à titre privé,
05:26mais la personne qui m'invite, mon parrain,
05:28en l'occurrence, est aussi partenaire du club et donne
05:3028 000 euros pour inviter des clients qui se font agresser
05:32verbalement et physiquement. À ce moment-là,
05:34moi, je peux dire que je travaille à la direction
05:36des sports et donc que
05:38je suis partenaire.
05:40Enfin, on ne s'en sort plus, ça ne donne pas
05:42tous les droits. Il y a un minimum de respect
05:44à avoir et de politesse.
05:46— Et il est partenaire de quoi, le gars ? Pourquoi il pense qu'il est le king,
05:48comme ça ? — Parce qu'il travaille
05:50pour Actual, alors qu'il n'est pas du tout responsable
05:52des agissements de ce monsieur, je le dis. — C'est quoi, Actual ?
05:54— Actual, c'est un réseau
05:56d'agents d'intérim très puissant et qui a beaucoup
05:58de sponsoring dans le foot français et dans la voile.
06:00— Dans le sport, on les voit beaucoup
06:02sur les maillots d'Angers, Lorient...
06:04— Au même titre que le TFC, l'ensemble
06:06des salariés ne sont pas responsables de ce qui se
06:08passe avec la direction. — Mais lui, c'est d'ailleurs pas
06:10un salarié d'Actual directement, non ?
06:12— Alors, en fait, lui, il avait une boîte à l'époque
06:14qu'il a revendue à Actual, une boîte
06:16qui avait des marchés publics avec la mairie de Toulouse.
06:18Il l'a revendue à Actual
06:20et
06:22il a gardé un poste, manifestement, comme il
06:24le met sur son LinkedIn, important, au sein d'Actual.
06:26Bon, depuis, il s'en défend, manifestement.
06:28Il dit qu'il n'était pas là au titre d'Actual. Enfin, bref, c'est du grand n'importe quoi.
06:30— Bon, bref, donc l'embrouille, machin...
06:32— Le petit lien, là, c'est aussi le
06:34naming du stade,
06:36parce qu'on parle d'un naming qui pourrait
06:38concerner Actual. — Alors, ça,
06:40c'est effectivement le bruit de couloir
06:42qu'il y avait. Moi, j'ai pas recoupé
06:44cette information, je vous laisse le soin de vérifier.
06:46— Bon, reprenons le fil de... — Et donc, suite de quoi,
06:48ce monsieur me dit « si t'es assis sur mes places, tu bois mon
06:50champagne et tout ». Et de toute façon, donc là,
06:52je lui dis « attendez, excusez-moi, mais India, mais attends, mais en plus
06:54tu travailles pour Jean-Luc », me dit-il. Donc, il ne
06:56dit même pas « monsieur le maire ». — Donc, il s'est rassigné
06:58très vite sur le fait que tu bosses à la mairie.
07:00— Elle lui a dit quelque chose à l'oreille, cette dame,
07:02et comme moi, j'ai dit « ben, à ce moment-là, moi, je peux dire
07:04que je travaille à la mairie, c'est n'importe quoi, calmez-vous,
07:06mais j'essaye vraiment d'éteindre l'incendie, parce qu'en plus,
07:08moi, je suis invité par mon parrain ici, je veux pas
07:10d'esclandre, quoi. Et je me sens
07:12mal, et je me dis « c'est du délire,
07:14c'est une mauvaise blague ». Suite de quoi, ce monsieur
07:16prend son téléphone portable, il me montre
07:18distinctement le numéro du maire de Toulouse,
07:20c'est écrit, je reconnais le numéro,
07:22et il me dit « je vais appeler Jean-Luc
07:24et tu vas voir ce qui va t'arriver ».
07:26Là, pareil, je le prends sur le ton
07:28de la plaisanterie, je me dis « mais c'est complètement absurde,
07:30le gars est juste un peu
07:32sur-excité, il a pas une réaction de
07:34mec normal, quoi, c'est pas possible, quoi ».
07:36Je regagne mon véhicule
07:38et cinq jours après,
07:40j'ai sur mon bureau, mon
07:42directeur qui m'appelle, qui me dit en fait
07:44« voici, tu vas signer
07:46sur un comptable ce document », donc je sais pas du tout
07:48de quoi il s'agit. Moi, de manière un peu candide, je me dis « bon,
07:50c'est un œuvre dans mon contrat, j'en sais rien ».
07:52Et j'ai la stupeur de découvrir que c'est une
07:54convocation pour un entretien préalable
07:56à un éventuel licenciement. Donc là, le sol
07:58se dérobe sous mes pieds, je deviens blême.
08:00– Mais pour quel motif ? – Il y a écrit distinctement
08:02– À la mairie fonctionnaire, on est protégé, quoi ?
08:04– Alors, je suis pas fonctionnaire, je suis contractuel
08:06parce que pour la petite histoire... Ah oui, non mais attends,
08:08j'ai passé quatre ans et demi à la mairie, on m'a fait contrat
08:10sur contrat, sur contrat, sur contrat, et dans les faits,
08:12ma période d'essai était déjà
08:14terminée, mais bon. – Le motif
08:16qui est annoncé ? – « Motif ahurissant
08:18votre comportement et vos propos
08:20lors du match du TFC ce 15 mars. »
08:22Et rien n'est précisé. – Alors que tu n'es pas
08:24dans le cadre de fonction...
08:26– Je suis pas dans le cadre de... – Mais quand bien même !
08:28– Et quand bien même, j'ai juste émis
08:30un avis sur un match de foot.
08:32Et la réalité, elle est là. C'est qu'aujourd'hui,
08:34je suis licencié, j'ai deux enfants
08:36de 5 et 8 ans pour qui ça a été particulièrement
08:38difficile, qui en ont fait des cauchemars,
08:40qui en ont beaucoup pleuré, etc.
08:42C'est même pas pensable, en fait.
08:44C'est même pas pensable. Et donc, je suis convoqué
08:46à un entretien, puis à un deuxième, puis
08:48à un troisième, et finalement...
08:50– Et il se passe quoi dans ces entretiens ? Qui te reçoit ?
08:52D'abord, les gens de la mairie ? – Alors, les gens de la mairie
08:54me reçoivent. D'abord,
08:56la direction des ressources humaines
08:58qui me dit « On nous rapporte que... »
09:00Et donc, c'est là qu'on me dit, clairement,
09:02« Le TFC nous rapporte que... » et à
09:04signaler à l'élu. – « Le TFC nous rapporte que... »
09:06– Oui, et c'est écrit noir sur blanc
09:08dans les comptes rendus que ma direction
09:10m'a mis à disposition
09:12dans mon dossier administratif. Donc, je veux dire, c'est pas moi,
09:14Kevin, qui invente cette histoire.
09:16J'ai lu par-ci, par-là
09:18que certaines personnes voulaient porter
09:20plainte pour diffamation contre le Parisien
09:22qui a révélé l'enquête. Ce sera peut-être bientôt
09:24contre Mediacité qui a fait un travail remarquable aussi.
09:26– Oui, Mediacité, un magnifique article
09:28que j'ai lu ce matin. Et nous aussi, sur le site
09:30RMC, un article raconte en histoire
09:32énormément de médias, vraiment,
09:34en histoire qui est folle. – Exactement.
09:36Et donc, je me dis, c'est pas possible.
09:38Et en fait,
09:40pendant ces entretiens, je me fais littéralement casser la gueule.
09:42C'est-à-dire que la deuxième agression,
09:44je la reçois de la part de mon employeur, en fait.
09:46Et on me dit...
09:48– Et tu dis quoi ? Tu n'avais pas le droit de critiquer Toulouse ?
09:50– D'abord, on me dit, vous avez été invité par une entreprise.
09:52Donc, lors du dernier entretien que j'ai passé, parce que
09:54j'ai été convoqué quand même à quatre reprises,
09:56j'ai pas passé le dernier parce que j'étais en arrêt maladie,
09:58on m'a sollicité pendant que j'étais en arrêt maladie, parce que, évidemment,
10:00je vous passe les détails du psy, des antidépresseurs, etc.
10:04Enfin, ça a été quelque chose de très compliqué à gérer.
10:08Et on me dit, vous avez été invité par une entreprise.
10:11Ben non, j'ai été invité par mon parrain.
10:13Ah ben, on n'était pas au courant.
10:15C'est dommage, quand même.
10:17On nous dit que vous étiez en état d'ébriété.
10:19Ah bon ? Comment ça, j'étais en état d'ébriété ? Mais qui dit ça ?
10:21Oui, l'ADGA du TFC nous rapporte que...
10:23Et quand je lis, en fait, le compte rendu de cette réunion,
10:25effectivement, il y a le mail de l'ADGA,
10:27avec copie du président du club et de...
10:29Donc, Komoli est en copie.
10:31Komoli est au courant de cette histoire.
10:33Il est en copie, et il est au courant,
10:35d'autant plus que mon parrain lui a écrit une lettre
10:39pour dire qu'il ne reprendrait pas la loge l'année suivante,
10:42compte tenu du fait qu'on agresse ses clients, ses proches,
10:46et que, en gros, ce qui n'aurait dû rester qu'un débat sportif
10:50aurait pu tourner en drame humain, entre guillemets.
10:53J'ai perdu mon job, quoi !
10:59Sous-titrage Société Radio-Canada

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