Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la possibilité de s'inspirer de l'Italie qui a une loi qui interdit de faire grève lors de certaines journées dans l'année, notamment lors des fêtes de fins d'année. Faut-il s'en inspirer en France alors qu'un préavis de grève "illimité" a été déposé pour les vacances de Noël ?
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00:0018h20, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:03On va parler dans un instant des héros et des zéros.
00:06On a déjà parlé des héros pour la guerre de 14-18.
00:08Eric, on est soulagé.
00:09Michel Barnier a annoncé quelque chose pour ce jour férié du 11 novembre.
00:12Il maintenait le 11 novembre comme jour férié.
00:14Alors il nous a entendu.
00:15Il a écouté votre dictionnaire.
00:16Il a compris qu'il ne fallait pas toucher le 11 novembre.
00:18Devoir de mémoire.
00:19En revanche, intéressons-nous à ce préavis de grève à la SNCF.
00:23Évidemment, c'est une grande tradition française.
00:24Il y a la bûche au marron, il y a la dinde et il y a les préavis de grève.
00:30Alors, faut-il s'inspirer d'Italie ?
00:32Elle a fait en sorte qu'il n'y ait pas des jours
00:34qui ne soient pas possibles pour la grève.
00:36Explication de Sharon Camara, mais je veux vous entendre.
00:38Et là, je pense que ça va être une bonne discussion bien enjouée.
00:41Écoutez le sujet.
00:44La France pourrait-elle s'inspirer de l'Italie
00:46et réglementer les mouvements de grève dans les transports ?
00:49Depuis 1990, la loi italienne interdit les grèves de transport à certaines périodes,
00:55notamment pendant les fêtes de Noël et le Nouvel An.
00:58Une idée qui divise les Français.
01:01Est-ce qu'on peut interdire les jours de grève ?
01:02C'est un droit acquis, mais est-ce qu'on doit faire des grèves à Noël ?
01:06Non, c'est une bonne solution, je trouve.
01:09C'est important quand même, fête de Noël, surtout pour les enfants.
01:12Oui, je pense, le jour des grands départs, c'est une solution.
01:16Un droit de grève limité dans les transports qui serait pourtant difficile,
01:20voire impossible à appliquer en France, selon le président de la Fédération
01:24nationale des associations d'usagers des transports.
01:27La loi en Italie est différente.
01:29Le droit de grève est réglementé de manière différente et ils ont décidé de le faire
01:34parce qu'ils ont eu un consensus constitutionnel
01:38qui a permis de le faire, ce qui ne serait pas le cas de la France.
01:40C'est très difficile d'empêcher le droit de grève certains jours.
01:44Pourquoi certains jours plutôt que d'autres ?
01:46Est-ce qu'on choisirait les jours catholiques ou les jours musulmans
01:49ou les jours orthodoxes ou les jours de la République ?
01:52Donc, ce n'est pas facile à faire.
01:54Ces dernières années, pourtant, des propositions de loi allant dans ce sens
01:58ont été évoquées en 2020 par des sénateurs républicains
02:02et en 2023 par la députée de Vendée Véronique Besse.
02:06Des propositions qui, pour l'heure, n'ont toujours pas abouti.
02:10Alors, qui est pour l'interdiction des grèves
02:13les jours de grands départs en vacances ? François-Louis Bolli.
02:15Je pense que c'est du sens.
02:16Donc, on interdit ?
02:17On peut réglementer.
02:18Donc, c'est antinomique avec le droit de grève ?
02:20Non, parce qu'on a déjà réglementé le droit de grève en France.
02:23Par exemple, il y a certaines professions qui n'ont pas le droit de faire grève.
02:25Les gendarmes, par exemple, n'ont pas le droit de faire grève.
02:26Voilà.
02:27Donc, on a déjà réglementé le droit de grève qui est constitutionnel,
02:30mais qui peut être réglementé.
02:31Donc, dire que pendant des fêtes de fin d'année,
02:34on ne peut pas faire grève, c'est tout à fait légal
02:36et je pense que c'est constitutionnel.
02:37Ce qui n'empêche pas les syndicats de faire grève à un autre moment.
02:41Mais là, ils n'ont plus aucun pouvoir sur nous, si on les empêche de faire grève.
02:44Oui, oui, oui.
02:45Françoise Laborde ?
02:46Non, mais le service minimum, alors, je pense que ça fait 20 ans qu'on en parle.
02:50Mais il existe.
02:51Voilà.
02:52Mais ça existe, en effet, dans certaines professions.
02:55Au minimum.
02:56À l'hôpital, par exemple, il y a un service minimum.
02:58On ne peut pas laisser un hôpital fermer les portes
03:00parce que tout le monde est en grève.
03:01Mais là, on parle des transports.
03:02Mais on ne voit pas pourquoi.
03:03Alors, l'hôpital, en effet, c'est une question de vie ou de mort.
03:07On peut imaginer qu'on a un service minimum efficace dans les transports.
03:11Et cette idée d'interdire la grève les jours fériés ou les jours pour les familles,
03:15ça me semble, en effet, assez légitime.
03:17Alors, Joseph a demandé la parole, mais à 16h40, non ?
03:20Non, mais je suis...
03:21Bon, prends le rôle, en outre, et je passe à quelqu'un d'autre.
03:23Louis ?
03:24Moi, je trouve que le système à l'italien n'est pas inintéressant
03:26parce que l'idée, ce n'est pas d'interdire la grève
03:28puisque, de toute façon, c'est une liberté constitutionnelle.
03:30En revanche, l'idée, c'est de dire à tel moment, vous ne pouvez pas faire grève.
03:34Donc, à l'approche des vacances, à l'approche de Noël,
03:37là, pour le coup, c'est des moments pendant lesquels les Français
03:39ont vraiment besoin de ce qu'on appelle des services publics.
03:41Donc, soit ce sont des services publics et il convient de les défendre.
03:44Et l'esprit du service public consiste à ce qu'il y ait une présence
03:47en permanence de ce service-là.
03:49Soit, c'est un vrai choix, soit on privatise une partie de ce service public.
03:53Non, mais moi, je ne suis pas favorable à la privatisation du service public
03:59parce que, pour moi, ça a un sens, c'est vraiment du service public.
04:02Et donc, on n'est pas dans une relation avec des clients.
04:04Et dans ce cas-là, il faut absolument...
04:07Non, mais je trouve qu'on ne peut pas tout avoir.
04:09On ne peut pas avoir les grèves,
04:11on ne peut pas avoir la sécurité de l'emploi à vie,
04:13on ne peut pas avoir tout ça.
04:14Donc, il faut choisir. Soit ils gardent leur statut.
04:17Dans ce cas-là, il y a un certain nombre de contraintes.
04:19Soit ils abandonnent leur statut et on change de paradigme.
04:21Et moi, je pense, dans tous ces moments-là,
04:24à tous ces gens qui ne peuvent pas faire grève et qui se taisent
04:28parce que sinon, c'est tout simple,
04:29il y a énormément d'entreprises, des gens qui envisagent de faire grève,
04:32c'est-à-dire qu'ils envisagent de perdre leur travail.
04:34Et je trouve qu'aujourd'hui, c'est quasiment devenu un sport de riche
04:37de pouvoir faire une grève.
04:38Écoutez juste Sylvain Maillard,
04:39qui était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin sur CNews et Europe.
04:43Je veux dire, au fond, je sors l'arme nucléaire des grèves
04:48pour bloquer les Français et forcer le gouvernement à aller à la table de négociation.
04:52Je crois que c'est important que le gouvernement puisse négocier avec les uns les autres.
04:56Il y a une vraie inquiétude, et je peux l'entendre sur le...
04:58La concurrence et fret. Là, il ne s'agit pas de salaire du statut.
05:02Je sais bien, sur le fret...
05:03Ça mérite une grève avant Noël ?
05:06Non, mais moi, je suis totalement contre les grèves.
05:07Donc, c'est un moyen de pression qu'ils font habituellement.
05:12Vous l'avez dit, c'est presque un sport national juste avant les vacances de Noël.
05:15Enfin, je dis juste avant les vacances de Noël,
05:17mais très souvent, à Noël, on se retrouve bloqué
05:19et les Français ne peuvent pas rejoindre leur famille.
05:22Donc, moi, ce que j'appelle, c'est évidemment qu'il y ait des discussions sur le fret.
05:26Nous, on a besoin d'avoir un fret ferroviaire puissant en France.
05:30Ça fait partie de notre projet de décarbonation de la société.
05:33Tout le monde y est attaché.
05:35Alors, Françoise Laborde, vous voulez absolument réagir avec vigueur.
05:38Oui, parce que moi, j'ai envie de faire le parallèle avec le secteur aéronautique.
05:41Alors, Éric, qui est comme moi, un journaliste de Vieille Garde.
05:45Chevronné.
05:45Chevronné, voilà.
05:49On a connu la grève des pilotes d'Air Inter.
05:51Et Air Inter, c'était une compagnie formidable.
05:54Les pilotes, ils avaient absolument préservé leur service, etc.
05:57Ils voulaient être trois dans la cabine.
05:58On leur a dit, mais il y aura un personnage qui va rester debout.
06:01Ils voulaient être trois dans le cockpit.
06:02Bon, finalement, l'entreprise a fermé.
06:04Fin de la conversation, ouverture à la concurrence.
06:08On a aujourd'hui un aéronautique où il y avait autrefois Air France, Air Inter,
06:12monopole de services publics.
06:14Aujourd'hui, on a la concurrence et c'est comme ça que ça marche.
06:17Et j'allais dire, Air France, Air Inter a disparu.
06:19Donc, en effet, il faudrait à un moment donné qu'à la SNCF,
06:22il y a un tout petit peu de réflexion.
06:24Le rail, c'est pas parce qu'il y a des rails que ça les protège contre la concurrence.
06:27Mais il y a déjà des...
06:29Mais si demain, on est la concurrence, les Italiens, les Espagnols arrivent
06:34et commencent à mettre en place des trains qui, eux, roulent,
06:36y compris quand la SNCF est en grève,
06:38on insistera dans le rail, ce qui s'est passé dans l'aéronautique.
06:41Il faut protéger la SNCF.
06:43Avec, en effet, des lots rouges.
06:44Je trouve que c'est un des derniers fleurons de notre pays.
06:46Il faut protéger la SNCF.
06:48Oui, mais en même temps, ils se suicident.
06:49Oui, mais je vous parle là de la SNCF, pas des cheminots.
06:52C'est un fleuron de notre pays.
06:54Là, le mot d'or, c'est on va briser le fret français.
06:58On va créer deux sociétés.
07:00Et c'est là-dessus que Sud Rail est en train de mobiliser
07:02pour une grève illimitée à partir du 11 décembre.
07:04Excusez du peu.
07:05Mais pardonnez-moi, mais le fret français,
07:08ça fait longtemps qu'il est en grande difficulté.
07:11Lorsque Guillaume Pépy était président,
07:12déjà, on voyait la Deutschbahn,
07:14la Deutschbahn, qui est le concurrent allemand,
07:16qui rachetait l'intégralité des sociétés de fret partout en Europe.
07:19Donc que Sud Rail se réveille aujourd'hui,
07:21alors que M. Farandou, le PDG actuel, est sur le départ aussi,
07:25il y a une fragilité.
07:26C'est absolument dingue.
07:27C'est juste un prétexte.
07:30Et puis, n'oubliez pas une chose,
07:31c'est que les gens, souvent à l'intérieur de la SNCF...
07:34Vous savez, à une époque, on a libéralisé un peu le fret.
07:37On a créé des licences pour certains opérateurs privés.
07:41Colas, il y a du groupe où il avait pris une licence
07:43pour faire du transport de fret.
07:45Eh bien, si vous voulez, les wagons de ces transporteurs-là,
07:48ils n'arrivaient pas aussi vite que ceux de la SNCF.
07:50Donc, en réalité, il y a une trouille, évidemment,
07:53que la SNCF soit plus libéralisée qu'elle l'est aujourd'hui.
07:56Mais prendre prétexte les difficultés
07:58et la cession en deux sociétés du fret,
08:00mais ça fait combien d'années que le fret français
08:04est dans la situation dans laquelle il est ?
08:05Rachel, je voudrais bien vous entendre là-dessus.
08:07Alors, juste sur la question de la Constitution,
08:10parce que souvent, on dit le droit de grève,
08:11c'est constitutionnel, c'est un droit fondamental.
08:13On rappelle... C'est un droit fondamental.
08:16Mais on a un autre droit fondamental,
08:18qui est la liberté d'aller et venir,
08:20qui est un droit fondamental.
08:22Donc, en fait, aujourd'hui, en 2024,
08:24il faut effectivement être très, comment dirais-je,
08:27en équilibre, justement,
08:28par rapport à ces deux droits fondamentaux.
08:30Et puis, il y a une autre chose par rapport au contexte que l'on vit.
08:34Avec cette solitude des personnes
08:37qui ne voient quasiment jamais leur famille dans certains endroits,
08:40des personnes qui ne parlent jamais à personne, etc.,
08:43dans une société qui est éperdument fracturée.
08:46Eh bien, je pense que là, ces négociations-là,
08:49aujourd'hui, par rapport à tout ce qu'on a pu vivre ces derniers temps,
08:53cette haine au Parlement, des gens qui se détestent partout,
08:56on a besoin de se retrouver et d'être en famille.
08:58Et de la trêve.
08:59Et de la trêve, exactement, de Noël.
09:01Que chacun puisse se retrouver.
09:03De la grève à la trêve.
09:04Très jolie, vraiment, Rachel Khan.
09:07Un dernier mot sur les grèves ?
09:08Ou de la grève à la grève.
09:10A la plage.
09:11Oui, tout le monde n'a pas la chance d'aller sur l'île d'Orée.
09:15Françoise, tu lui dirais quelque chose ?
09:17Rachel a absolument raison.
09:18Elle parle d'or.
09:18Il y a en effet, à un moment donné, une prise en compte de l'intérêt.
09:22Je veux dire, je ne parle pas d'intérêt supérieur de la nation,
09:24c'est des notions qui dépassent sans doute un peu,
09:26mais c'est vraiment quand on est attaché au service public,
09:29on défend le service public.
09:31Que le service public arrête d'être du sévice public.
09:34Ce serait pas mal.
09:35C'est l'ami Golnadel qui parle beaucoup de ça
09:37pour le service public audiovisuel.
09:38La finance qui va être votée à la fin va attaquer un certain nombre de secteurs,
09:42on le voit pour l'automobile,
09:43on le voit pour l'aérologique,
09:45qui vont entraîner des mouvements sociaux.
09:46Donc là, on est au devant, une fois que le texte sera vraiment connu,
09:49parce que pour l'instant, on ne le connaît pas,
09:50une fois que le texte sera connu dans deux mois,
09:52on aura des mouvements sociaux parce qu'il y aura de la taxation,
09:55il y aura des contraintes importantes,
09:57et là, ça va réagir vraiment.
09:59Ça se fera en début d'année prochaine,
10:00mais le gouvernement aura du souci.
10:01La colère sociale monte, effectivement.
10:03Juste le rappel des titres de L'Actuel avec Mickaël Dorian,
10:05on va parler de la colère des agriculteurs,
10:06parce qu'eux, ils sont remontés,
10:08et là, je pense que leur colère va à nouveau exposer.