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Après une saison gâchée par une blessure à un genou en janvier dernier, Alexis Pinturault s'apprête à faire son retour en Coupe du monde avec encore plus de motivation. Le skieur français, invité sur le plateau de L'Équipe de Choc ce lundi, est revenu sur ses derniers mois de rééducation et de reprise progressive de l'entraînement, et a évoqué ses objectifs et son impatience de renouer avec la compétition.

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Transcription
00:00Ça va, ça va bien. Forcément, le processus, il est long, le processus de rééducation,
00:06mais tout s'est bien passé, je n'ai pas eu de complications, comme ça peut aussi arriver par moment et qui est beaucoup plus dérangeant.
00:12Maintenant, je peux avoir une perspective qui est raisonnable de reprise à la compétition
00:17et avec l'horizon de Beavercreek, ça fait du bien de voir la lumière au bout du tunnel.
00:21Oui, c'est ça, parce que là, tu me parles bien sûr de physiquement, cette évolution physique qui a énormément compté.
00:26Je sais que tu es passé par pas mal de doutes également, mais mentalement, justement, là maintenant, quand tu te retournes, tu te dis quoi ?
00:33Que le chemin, il était long, très long, que c'était fastidieux, que c'était douloureux,
00:39mais en même temps, ça m'a fait aussi comprendre ou réaliser que quand on est loin de son milieu,
00:45le milieu qu'on aime, qui nous manque, et de revenir à la compétition, ça fait plaisir,
00:51ça permet de retrouver de la détermination et de l'envie, surtout pour la suite.
00:57Parce que je vais quand même redonner cette blessure, évidemment, ne t'inquiète pas, on ne va pas rester longtemps là-dessus,
01:01mais il faut quand même que les gens comprennent aussi, finalement, par quoi tu es passé.
01:05Rupture ligament croisé du genou gauche, donc, arrachement également du ligament latéral externe,
01:10fracture de deux ménisques, c'est ça, et aussi arrachement osseux de la tête du perroné,
01:14donc une très, très grosse blessure à ce moment-là pour pouvoir revenir également.
01:19Et puis, alors, moi, j'ai lu des choses. Pour l'instant, je passe un petit peu par le côté dark,
01:22un peu le côté difficile, puis après, on va sourire, évidemment.
01:25J'ai même lu que tu avais peut-être pensé, à un moment, que ça t'avait traversé l'esprit,
01:29de te dire, bon, ben, je vais m'arrêter, en fait.
01:32En fait, on se pose la question au moment où on chute, on tombe et qu'il y a la blessure,
01:37et le moment où je me fais opérer, il y a une dizaine de jours.
01:40Dans cette dizaine de jours, bien sûr, il y a le diagnostic, l'imagerie médicale,
01:44mais dans les imageries, aujourd'hui, même si ça a beaucoup évolué dans les dernières années,
01:49on est encore très loin de quand on ouvre, et le chirurgien, ce qu'il constate réellement,
01:54et la réalité, c'est que j'avais aucun des deux ménisques qui étaient touchés à l'imagerie médicale,
01:59et en fin de compte, le chirurgien a dû prendre l'initiative de suturer les deux ménisques,
02:05parce qu'ils étaient gravement atteints, tous les deux aussi.
02:07Donc voilà, ça montre la limite de l'imagerie, et que parfois, on peut avoir encore certaines surprises
02:14au moment où on passe sur la table, et c'est que quand on sort de la chirurgie qu'on sait la gravité,
02:21qu'on sait ce vers quoi on va pouvoir aller, et les délais aussi,
02:24les délais qui nous sont imposés et donnés pour un reprise à la compétition.
02:28C'est la première fois, en fait, dans ta carrière, finalement, que tu tombes là-dessus,
02:32c'est aussi ça qui n'est pas évident à gérer.
02:34J'ai une question par rapport à, justement, le bilan qui a été fait, le protocole adapté après-derrière pour la rééduc,
02:40là, t'es déjà sur des skis, là ?
02:42Oui, parce que...
02:43C'est super rapide, en vrai, parce que...
02:45En fait, j'ai 7 mois pour reprendre le ski, donc les sports de pivot, et mes reprendre uniquement,
02:51et puis après, là, je vais être à 11 mois au moment où je vais reprendre la compétition,
02:56et qui sera, du coup, à Bivercay, quand même.
02:58Ça veut dire que tout s'est passé, en fait, dans les règles, parce que les deux ménisques,
03:01plus la tête du perronné, plus les ligaments,
03:04normalement, c'est un truc où tu mets peut-être un an et demi, presque.
03:08Non, mais si t'as pas de problème...
03:10J'ai eu la même chose.
03:11Oui, mais si t'as pas de problème, c'est quand même rare que tout se passe comme prévu.
03:14Oui, mais enfin, je sais pas comment...
03:16Là, ça s'est passé comme prévu.
03:19Après, j'ai pas besoin non plus...
03:21Par exemple, je suis pas un gymnaste qui a besoin de faire des flexions démesurées,
03:26mais j'ai encore un manque de flexion aujourd'hui.
03:28Oui, je vais presque avoir un an à un an et demi pour ne plus avoir d'œdème,
03:33pour que le genou soit complètement sec,
03:35qu'il ne réagisse plus aussi en faisant du sport à haute intensité,
03:38notamment en compétition.
03:40Mais aujourd'hui, je suis quand même dans une phase
03:42où je peux mettre suffisamment d'intensité pour faire du sport de haut niveau,
03:47pour entrevoir de faire de la compétition,
03:50et que l'objectif, durant la saison, ce sera de devenir de plus en plus performant
03:54et d'acquérir aussi de plus en plus de confiance au fil de la saison
03:58pour être compétitif avec un horizon de courte saison, voire fin de saison.
04:03Oui, fin de saison, mais mondiaux.
04:05Bien sûr qu'on suivra sur la chaîne l'équipe également.
04:08Il y aura aussi les deux manches hommes et femmes françaises
04:10qu'on suivra aussi, on vous présentera les dates également.
04:13Mentalement, est-ce qu'on va puiser ailleurs ?
04:15Est-ce qu'on va chercher d'autres témoignages
04:17quand on est sur une phase d'arrêt compliqué ?
04:19Est-ce qu'on se dit, tiens, je vais voir d'autres sportifs
04:22qui ont vécu des choses comme ça ?
04:23Comment tu as fait, toi, pour passer ça ?
04:25Oui, j'ai consulté déjà pas mal d'autres skieurs
04:28qui avaient été confrontés à des situations similaires
04:31ou des blessures similaires pour avoir différents avis
04:34parce qu'il y a toujours l'avis médical,
04:36mais il y a aussi ce que ressent l'athlète.
04:38L'avis médical donne finalement des chiffres, des numéros.
04:42Ils disent, à un mois et demi, tu pourras reposer le pied par terre.
04:45À quatre mois, tu pourras recommencer la course à pied.
04:47Et puis à sept, tu pourras, en principe,
04:49rattaquer le ski tout doucement.
04:52Et par contre, toutes les questions qui vont autour,
04:56la douleur, est-ce qu'elle est normale ?
04:58Est-ce que le genou qui reste une patate,
05:00est-ce que c'est complètement normal ?
05:01Alors ça, oui, il y a l'avis médical,
05:03mais il y a aussi le ressenti des autres athlètes.
05:05Et les autres athlètes peuvent être aussi rassurants
05:08ou donner du sens aussi à tout ce qui se passe
05:11pour mieux éclairer parce qu'ils l'ont vécu.
05:13Et donc, du coup, ils peuvent donner des astuces
05:16qui peuvent être aussi parfois intéressantes
05:18en disant, privilégie ça au détriment de ça
05:21parce que ça t'aidera plus à la récupération ou pas.
05:24Pour se sentir moins seul également.
05:26On peut poser des questions ?
05:27Bien sûr.
05:28Au fur et à mesure que tu avances justement à la compétition,
05:32est-ce que tu t'attes et tu t'arrives à te projeter
05:35l'appréhension où est-ce qu'elle en est ?
05:36Comment tu ressens ça en fait ?
05:38L'appréhension, elle évolue au quotidien.
05:41C'est-à-dire que comme au début, rien que de marcher,
05:44ça faisait presque un peu peur.
05:46Là, aujourd'hui, c'est est-ce que je vais pouvoir skier
05:50à fond sur une manche de compétition ?
05:53Là, il va forcément falloir que je passe déjà par cette étape,
05:56que je réponde un peu à ces questions.
05:58Je pense qu'au début, je vais manquer un peu de rythme.
06:00Ce sera logique finalement.
06:02Et que par contre, grâce à ce retour à la compétition,
06:06que je m'habitue à être confronté à ça
06:10et que derrière, ça me permette de passer des capes
06:13et de franchir un peu ou débloquer les loquets qui existent encore.
06:16C'est plus de la patience que de la peur en fait ?
06:18La peur, ce n'est pas de la vraie peur.
06:21Par contre, qu'il y ait une certaine forme d'appréhension,
06:24elle me semble normale, logique à un retour de blessure.
06:28Et que par contre, il faudra reconstruire cette confiance au quotidien,
06:33comme on le fait quand on est jeune d'une certaine manière.
06:36C'est juste que moi, j'ai des années d'expérience derrière moi
06:38qui pourront me permettre de rebondir plus rapidement
06:41au moment où je me sentirai très à l'aise.
06:44Mais il va falloir que je reconstruise comme un jeune, d'une certaine manière.
06:47Oui, on sent aussi bien sûr tout ce besoin d'être entouré également
06:51et de voir ça. Merci en tout cas beaucoup de témoigner sur ça
06:53parce que j'imagine que ce n'est pas évident quand on se dit
06:56« Ah c'est bon, j'ai tout laissé derrière »
06:57et puis finalement, on revient sur les plateaux télé
06:59et bam, on remue tout à nouveau.
07:00Mais là, on se projette bien sûr vers cette saison
07:02où on te souhaite évidemment le meilleur.
07:04Alors je suis en train de te dire au revoir
07:05mais je ne te dis pas du tout au revoir
07:06parce qu'il reste encore deux choses à vivre.
07:08Déjà, le jeu. Alors Pierre, il est à fond sur les tirs au but
07:10donc il faudrait être vraiment très performant.
07:12Pourquoi ?
07:14Parce qu'il espère qu'il est dedans lui.
07:17C'est vrai ?
07:18Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe.
07:21Alexis, je crois qu'il va falloir basculer là-bas
07:23mais c'est toi qui choisira l'équipe dans laquelle tu veux aller juste avant.
07:26Et alors normalement, France Piron qui est à ma place
07:28fait une interview-choc.
07:29Du coup, je fais une interview-choc.
07:31C'est donc l'interview-choc d'Alexis Partureau.
07:37Alors Alexis, surnom « Peintu » ou « La Bête » ?
07:39Tu préfères quoi ?
07:41Peintu.
07:42Peintu.
07:43« La Bête », ça vient de ?
07:44Julien Lizereau.
07:45Qu'est-ce qu'il avait fait, Julien ?
07:46Pourquoi il t'avait appelé comme ça ?
07:47Parce que quand je suis arrivé dans le groupe, j'étais extrêmement jeune.
07:50J'étais plutôt doué dans différents sports
07:53et surtout, j'étais rarement fatigué
07:56ou en tout cas, je disais que j'étais rarement fatigué
07:58parce que j'étais jeune donc je ne me plaignais pas.
08:01Et du coup, à force, Julien et les anciens ont commencé à m'appeler « La Bête »
08:05parce que j'étais soi-disant jamais éreinté.
08:08En tout cas, c'est un super surnom.
08:10Est-ce que l'actu sportive t'intéresse vraiment ?
08:13Nous, on parlait d'Mbappé, notamment le capitaine des Bleus
08:15qui n'est pas là sur ce rassemblement.
08:16Est-ce que ça t'intéresse ou est-ce que tu t'en fous ?
08:18Mbappé ou le sport de manière générale ?
08:20Là, pour le coup, le sujet Mbappé.
08:22Allez, je te lance dessus.
08:23Le sujet Mbappé, qu'il ne soit pas là,
08:25je ne trouve pas ça forcément très important
08:28dans le sens où ça reste des matchs amicaux.
08:30Je pense qu'il connaît quand même plutôt bien sa place
08:32à l'heure d'aujourd'hui dans l'équipe de France.
08:34Après, c'est sûr que ce n'est pas forcément toujours facile
08:39d'être dans cette situation où il n'est pas appelé par le sélectionneur
08:42alors que par le passé, il n'avait plutôt pas répondu
08:46positivement aux appellations de Didier Deschamps.
08:52Pas de soucis, aucun problème.
08:54Du coup, on s'en met forcément toujours dans une situation
08:59qui peut être commentée et qui n'est pas forcément idéale
09:01à l'heure actuelle où il est mis en difficulté.
09:03Il est meilleur que Pierre Bouby.
09:04Ça ferait un bon consulte, notre petit Alexis.
09:07Alexis, il y a de plus en plus de réticences sur la pratique des sports d'hiver.
09:10Évidemment, je parle de questions environnementales.
09:12Comment toi, tu te positionnes par rapport à ça ?
09:14Question environnementale, surtout parce qu'on est mis en avant les sports d'hiver.
09:19On est les premiers touchés.
09:20On est en relation avec la neige.
09:21On voit les glaciers qui reculent.
09:22On a des difficultés à se préparer pendant les étés.
09:26Donc, on est les premiers impactés.
09:29Pour autant, je pense qu'on a tous besoin de se remonter les manches
09:33parce que le réchauffement climatique,
09:34ce n'est pas qu'un secteur en particulier ou un autre en particulier.
09:37C'est vraiment tous ensemble et qu'il faut faire des efforts.
09:40Bien sûr, la Fédération internationale doit montrer l'exemple
09:43parce qu'on est les premiers concernés,
09:44mais on ne pourra pas tout faire tout seul.
09:47Alors, j'ai une dernière question.
09:49Est-ce que tu as un truc horrible à nous apprendre en norvégien ?
09:52Puisque tu as la double nationalité norvégienne.
09:54Et attention, on va tous le répéter sur le plateau.
09:58Qu'est-ce qui va être répété sur le plateau ?
10:00Est-ce que tu vas nous apprendre à dire en norvégien ?
10:01Est-ce que tu as un mot comme ça à dire ?
10:03Le gros problème, c'est que je ne parle pas le norvégien.
10:05Oh non, c'est terrible.
10:06Ma plus grande déception et peut-être ma plus grande honte,
10:09c'est que je suis norvégien, mais je ne parle pas le norvégien.
10:11Tu peux dire tak.
10:12Tak, ça veut dire merci.
10:14Merci beaucoup.
10:15Ça, c'est de l'allemand.
10:16Non, non, non.
10:17Ça, c'est Dankeschön.

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