Alexis Pinturault était en direct sur le plateau de l'émission L'Équipe de choc, sur la chaîne L'Équipe, pour évoquer la prochaine saison de ski que le champion de ski français va débuter comme descendeur.
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00:00 Alexis Peintureau est avec nous en direct de la montagne, je crois.
00:04 Une bibliothèque, je ne sais pas.
00:05 Salut Alexis, bienvenue dans l'équipe de Choc.
00:07 T'es où là exactement ? T'es à Val d'Isère déjà ?
00:08 - Arrivée à Courchevel.
00:11 Non, arrivée à Courchevel, c'est là où on va s'entraîner justement
00:14 pour la semaine et en préparation pour Val d'Isère.
00:16 - Ah, c'est chez toi, c'est dans ton fief.
00:18 On va...
00:19 - En Savoie, Courchevel.
00:20 - Oui, en Savoie.
00:21 Parce qu'il y a les Savoyards et les Hauts-Savoyards,
00:22 tu sais, en plateau, donc c'est la guerre.
00:24 - Les Savoyards, tout le temps.
00:24 - On aurait aimé, Alexis, débriefer ta première descente ce week-end à Beaver Creek.
00:28 Malheureusement, on le sait, la course a été annulée à cause de la météo.
00:31 Ça te rajoute une dose de stress ou ça te soulage au contraire ?
00:35 T'étais prêt à y aller toi ?
00:36 - Non, je dirais que j'étais même plutôt prêt à y aller.
00:40 C'est une piste qui, normalement, m'était à peu près favorable.
00:43 Donc, ça me mettait dans des bonnes dispositions pour attaquer la saison,
00:46 notamment en vitesse.
00:48 Après, c'est comme ça, les allées météorologiques,
00:52 cette année, ils sont particulièrement compliqués pour nous.
00:54 On espère que ce sera un peu plus clément à partir de ce week-end.
00:58 Donc, voilà, c'est une saison qui fait que d'être poussé pour commencer.
01:03 C'est la difficulté du moment, mais on est bien contents
01:05 et on espère que ça commencera rapidement.
01:07 - Alors, on le rappelle, toi, ton nouvel objectif, c'est la descente.
01:09 Tu te laisses un peu de marge parce que je crois que l'objectif,
01:11 c'est de remporter une descente d'ici trois hivers.
01:14 Pourquoi ? Pour ceux qui ne feraient pas forcément la différence,
01:16 explique-nous pourquoi ce serait un exploit.
01:18 Alexis, on t'écoute.
01:19 - Ça, normalement, c'est plus à vous, en tant qu'expert,
01:23 d'analyser la situation.
01:26 Moi, je dirais que ce qui a eu une particularité, c'est qu'Alpin,
01:30 et notamment depuis quelques années,
01:32 on voit que les athlètes sont de plus en plus spécialisés.
01:35 C'est pour ça qu'on a de plus en plus de mal à voir des athlètes
01:38 qui sont capables de gagner dans différents disciplines.
01:41 Et c'est peut-être pour ça que ça peut représenter un exploit
01:45 ou en tout cas une difficulté supplémentaire.
01:48 - On revoit les images du magnifique documentaire à l'équipe Explore.
01:51 Je vous invite à le voir.
01:51 Si vous ne l'avez pas vu, on apprend plein de trucs.
01:53 Les images sont vraiment impressionnantes.
01:55 Le plus flagrant dans le documentaire,
01:56 ce qu'on comprend, c'est la peur et la nouvelle appréhension.
01:59 Et il faut une nouvelle préparation mentale aussi pour aborder cette peur.
02:03 Est-ce que toi, tu l'as déjà ressenti, ne serait-ce qu'à l'entraînement ?
02:05 Est-ce que tu es prêt pour ça ?
02:06 Et qu'est-ce qui fait peur, en fait, là-dedans ? Explique-nous.
02:08 - Ce qui fait peur, je dirais, c'est qu'en tant qu'athlète,
02:15 on est un peu plus confronté à la blé,
02:17 à après des notions qui sont aussi extrêmement importantes,
02:21 parce que c'est celle-là qui nous protège,
02:23 qui nous permet de faire les choses au bon moment.
02:25 Donc, la peur est à la fois utile, mais il faut savoir la dompter.
02:29 Donc, du coup, c'est tout le long de la descente
02:32 et c'est important pour pouvoir performer.
02:34 - Un petit problème de météo qui fait qu'on comprend un mot sur deux,
02:37 mais on comprend à peu près.
02:38 Georges Quirino, passionné de ski, a une question.
02:40 - Oui, salut Alexis.
02:40 Moi, je me rappelle, il y a quelques années,
02:43 quand je te suivais au Coupe du monde,
02:44 tu n'avais pas tout à fait le même physique.
02:46 Et déjà, au fur et à mesure des années,
02:48 quand tu as gagné le Gros Globe,
02:49 déjà, tu étais vachement plus musculeux.
02:51 Mais là, pour faire de la descente, il faut encore prendre du poids.
02:54 C'est ce que j'ai pu comprendre, justement, en voyant le documentaire.
02:57 Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu
02:59 à quel point il faut changer de physique, justement, pour faire de la descente ?
03:02 - Parce qu'il y a un phénomène physique qui est que, forcément,
03:08 quand on a un certain poids, ça aide déjà à aller plus vite,
03:12 ça aide à emmagasiner de la vitesse.
03:15 Une boule de bowling ira toujours plus vite que la balle de ping-pong
03:18 quand il y a une légère pente.
03:20 Donc, voilà, c'est un peu l'idée.
03:22 Ça, c'est la physique qui parle.
03:24 Et après, en même temps, il faut entraîner le corps
03:28 pour pouvoir accumuler toute cette charge de travail,
03:30 toute cette difficulté qui est extrêmement importante
03:34 parce que la discipline et la vitesse qui en induit
03:40 nous poussent à la faute.
03:42 Donc, du coup, le corps doit aussi être prêt physiquement
03:44 pour pouvoir pallier ou parer, en tout cas, à toute éventualité
03:48 sur les skis.
03:49 - Le savoyard Bertrand Latour.
03:51 - Oui, Alexis, ma question est simple.
03:55 À quoi est-ce que tu t'attends cette saison ?
03:56 C'est la saison de l'apprentissage.
03:58 Est-ce que tu considères que c'est réussi si tu es régulièrement
04:00 dans le top 10 ?
04:01 Le but, c'est d'avoir un podium dans la saison.
04:02 Qu'est-ce que tu attends de toi-même pour décrypter tes résultats ?
04:06 À quoi il faut s'attendre ?
04:07 - C'est une très bonne question dans le sens où le but,
04:12 c'est que ce soit progressif, c'est-à-dire qu'on voie des évolutions,
04:15 que je me sente de plus en plus à l'aise,
04:16 que j'arrive déjà à commencer à marquer des points,
04:19 ensuite commencer à faire des top 20.
04:21 Bien sûr, si je peux faire les deux en même temps, c'est d'autant mieux.
04:25 Me rapprocher au fur et à mesure de la saison du top 10.
04:28 Pourquoi pas gagner des dossards et donc me rapprocher aussi des tout meilleurs.
04:32 Donc voilà, je dirais que le but, c'est de voir une évolution,
04:35 une progression avec des résultats qui progressent tout au long de la saison.
04:39 C'est le plus important, je dirais, pour cette année-là.
04:41 Et après, pour les années futures, ce sera rentrer dans davantage
04:45 de performances, se rapprocher davantage du podium
04:47 et pourquoi pas aller même chercher les podiums et les victoires.
04:51 Le haut savoyard Pierre Boubillat-Sancton.
04:53 Salut Alexis, je voulais savoir si justement tu avais une idée de ce que…
05:00 comment il t'est perçu un petit peu dans le monde dans lequel tu vas rentrer,
05:04 le fait que toi tu changes.
05:05 Comment il te voit arriver en fait tes concurrents dans lequel tu vas ?
05:10 Il y a… Je pense qu'il y a deux mondes.
05:13 C'est-à-dire il y a le monde qui me prend un peu certainement pour un fou
05:17 ou quelqu'un qui aura probablement beaucoup de mal à réaliser ce rêve.
05:22 Et puis après, il y a aussi les autres personnes qui me connaissent en tant que skieur,
05:27 me connaissent peut-être un peu plus du milieu de la technique
05:30 et savent de quoi je suis capable techniquement.
05:34 Et donc eux peuvent être d'une certaine manière un peu intéressés par le projet
05:38 ou en tout cas cette motivation et se dire c'est intéressant
05:42 et en tant qu'athlète on trouve le défi passionnant.
05:45 Donc voilà, il y a un peu les deux côtés.
05:47 Ceux qui certainement pensent que je le prends peut-être un peu à la légère
05:51 ou alors je pense peut-être que ça puisse paraître facile.
05:56 En tout cas, moi ce n'est pas ce que je dis,
05:58 mais pour certains ils ont peut-être le sentiment que ce que je dis,
06:01 ça paraît un peu trop facile.
06:04 Mais il y a aussi tous les autres qui eux sont derrière moi et m'accompagnent là-dedans.
06:07 Une vraie excitation et on a tous envie de te voir sur une descente.
06:10 Quanto ?
06:11 Salut Alexis, c'est vrai qu'en slalom ou en géant,
06:14 on voit assez facilement les fautes techniques.
06:16 Ça peut être des fautes de pied, ça peut être un manque de rythme,
06:18 des courbes où on prend un petit peu trop de terrain.
06:20 Et comment on arrive à justement ne pas faire de fautes techniques en descente
06:24 pour se rapprocher de ce que font par exemple Odermatt ou Kiel 2
06:27 alors que c'est une discipline complètement différente ?
06:29 Tout droit. Fousse.
06:30 Oui.
06:32 C'est l'avantage de la descente.
06:34 La descente, on peut ne pas être parfait techniquement.
06:37 Le but c'est d'emmagasiner toujours de la vitesse.
06:39 Il n'y a pas une seule trajectoire qui est pertinente,
06:43 il peut y en avoir plusieurs.
06:45 Par contre, il y a des endroits qui sont extrêmement clés,
06:47 qui sont stratégiques et c'est ces endroits-là qui sont les plus importants.
06:52 Donc il faut construire l'assume et apprendre les pistes au fur et à mesure.
06:58 Pardon Alexis, je t'ai coupé. Pierre Rouby avait une question.
07:00 Justement par rapport à tout ce que t'expliquait la question de Quanto,
07:03 est-ce que tu penses que justement ton atout technique, là où c'était ta force,
07:06 peut être vraiment un atout dans la descente comme tu ambisionnes de le faire ?
07:10 Est-ce que ça a vraiment un atout et ça peut te servir justement pour ta saison ?
07:15 Je pense qu'en tout cas un athlète, quand il est bon techniquement,
07:20 il a forcément plus de facilité pour pouvoir s'épanouir dans n'importe quelle discipline.
07:25 Alors bien entendu après, chaque discipline a ses particularités,
07:28 il faut entraîner on va dire ses compétences dans les disciplines en question.
07:34 Mais quand techniquement on a déjà des bonnes bases,
07:37 ça permet de construire une pyramide plus facilement, d'avoir des bases qui sont solides
07:40 et derrière de pouvoir se concentrer sur des choses qui peuvent être plus spécifiques.
07:47 Et donc c'est pour ça que techniquement ça peut m'aider à gagner du temps.
07:52 Est-ce que ça me permettra d'en gagner suffisamment ? Je ne sais pas.
07:54 Mais en tout cas ça me permettra de gagner du temps, ça c'est certain.
07:57 Georges Clirignot.
07:58 Alexis, évidemment quand on parle de descente,
08:01 il y a une descente qui est particulièrement mythique, c'est celle de Kitzbühel.
08:04 Où il y a une dizaine de milliers de personnes dans la raquette d'arrivée,
08:07 il y a Schwarzenegger qui est là, c'est un truc incroyable.
08:10 Et je crois que tu l'as déjà fait en super combiné si je ne me trompe pas.
08:13 Juste est-ce que tu peux nous expliquer quand tu montes pour aller faire la Streif,
08:17 qu'est-ce qui se passe en fait ? Qu'est-ce que ça te provoque ?
08:20 Comment on se prépare ?
08:25 Alors je pense que je redécouvrirai ce sentiment-là,
08:29 parce que Kitzbühel je l'ai déjà fait, mais je l'ai fait il y a longtemps.
08:32 Donc du coup, je ne sais pas exactement comment je vais réagir cette année.
08:36 Cette année, ce sera différent.
08:38 Je me lancerai justement dans le but de la performance.
08:42 Donc je pense qu'il faudra appréhender ce milieu.
08:45 Dans mes souvenirs, de l'expérience que j'ai du Super G,
08:49 de l'expérience que j'ai de la descente quand je l'avais fait à l'époque,
08:52 il est clair que Kitzbühel c'est à part.
08:54 C'est un endroit où on a envie de performer.
08:56 C'est un endroit où en même temps, on sait qu'on n'a pas le droit à l'erreur.
08:59 La moindre erreur, on est tout de suite dans les filets.
09:00 On est dans les filets à plus de 100 km/h
09:03 parce qu'on n'a pas le temps de freiner entre l'endroit où on fait la faute
09:05 et l'endroit où on rentre dans les bâches.
09:08 Donc c'est certainement la particularité de cette discipline et surtout de cette course.
09:13 Pour autant, c'est aussi celle où on a envie de briller
09:16 parce que c'est la Mecque des descendeurs.
09:19 C'est la Mecque, l'une des plus belles pistes qu'on peut avoir sur notre circuit.
09:22 Donc il y a un mélange d'appréhension bien entendu,
09:25 mais il y a aussi toute cette adrénaline et tout ce plaisir qui en découle.
09:30 Dernière question pour Bertrand.
09:32 Alexis, tout au long de ta carrière,
09:33 tu as pris quasiment tous les départs de course
09:36 pour gagner avec des objectifs extrêmement élevés
09:40 et souvent d'ailleurs remplis de réussites.
09:42 Là, à court terme, tu n'as pas vocation à gagner.
09:47 Il est possible que tu prennes aussi des claques en début.
09:50 Sachant que tu es un gagneur, tu as toujours gagné.
09:52 Est-ce que tu t'es préparé ?
09:54 Est-ce que ça n'est pas toujours dans le bon sens ?
09:56 Le savoir, c'est une chose, mais le vivre, ça en sera peut-être une autre.
09:59 Et comment tu as remis à vie ça en fait ?
10:03 Je l'apprendrai au jour le jour, mais c'est une très bonne question.
10:08 Je sais que je l'ai dit, d'ailleurs dans le reportage je le dis,
10:10 je m'attends à ce que ce ne soit pas toujours facile.
10:13 Je m'attends à avoir des contre-coups, notamment dans la descente.
10:19 Pour autant, il faudra trouver les solutions,
10:22 les ressources possibles pour rebondir,
10:26 pour se poser les bonnes questions, pour progresser surtout,
10:28 parce que l'objectif c'est quand même de toujours progresser.
10:31 Et puis après, je compte aussi sur le géant et sur le super-G,
10:35 qui sont mes deux disciplines les plus fortes.
10:37 Et dans celles-là, j'espère bien continuer à être performant
10:42 et aller chercher des podiums régulièrement.
10:44 J'ai une toute petite dernière question,
10:45 parce qu'on ne t'a pas entendu sur les JO 2030.
10:48 Tu auras quel âge en 2030 ?
10:50 Hop, hop, hop !
10:52 J'aurai 39 ans France, c'est sûr que je pense qu'on ne me verra pas là-bas.
10:56 Mais c'est une super nouvelle et ce sera à Courchevel aussi.
10:58 Chez toi, tu seras là en supporter.
11:00 Claire, il a fini tard, non ?
11:01 Oui, ça ce sera formidable.
11:05 Après, il y a des exemples qui sont allés au-delà de 40 ans.
11:09 Mais pour ma part, je ne pense pas que j'irai aussi loin.
11:12 On va prendre les choses comme elles viennent, on va prendre les choses par étapes.
11:16 Ce qui est sûr, c'est que j'ai connu des championnats du monde
11:18 qui étaient extraordinaires à la maison.
11:21 De pouvoir vivre ça sur des JO,
11:24 je pense que ce serait quelque chose d'extrêmement gourmand,
11:27 même si forcément ça donne envie.
11:28 Mais à 39 ans, le but ce serait quand même d'être performant.
11:32 Je ne suis pas sûr que j'arriverais à emmener suffisamment de motivation,
11:36 d'implication psychologique jusqu'à cet âge-là.
11:40 Tu vas te motiver, tu vas les faire, on t'attend.
11:41 Yoann Cloret te dira comment faire.
11:43 Merci infiniment Alexis Pinturot d'avoir été avec nous.
11:45 On te retrouve ce week-end en direction de la chaîne équipe à Val d'Isère.
11:47 Et bravo pour ce changement de cap, on a tous très hâte de voir tes exploits.
11:51 On rappelle jeudi, il y a du ski cross à Val Thau,
11:53 vendredi, il y a le début du Biathlon à Orfilsen.
11:55 Et donc ce week-end, le ski Alpin avec Alexis et Clément Noël en Slalom !