Des milliers d'emplois risquent d'être menacés dans les prochains mois. La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet dénonce "le début d'une saignée industrielle". Les explications avec Nicolas Doze, éditorialiste économie
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00:00Bon, Nicolas, beaucoup moins rigolo avec vous, on va parler de l'alerte sur l'emploi. Même le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, s'inquiète.
00:07C'était effectivement dans les colonnes du quoi déjà ?
00:10De France Inter.
00:12Marc Ferracci nous dit que c'est que le début, les plans sociaux. Les suivants arrivent, il y a des milliers d'emplois qui sont menacés.
00:18On avait une déclaration du même type d'Astrid Panayossian-Bouvet, qui est la ministre du Travail.
00:23Et là, cette fois-ci, c'est dans le JDD où elle nous dit que tout se dégrade, la situation des entreprises se dégrade, la situation économique se dégrade,
00:29et on va avoir effectivement des pertes d'emplois. Et Sophie Binet, dans la Tribune Dimanche, qui parle d'une saignée industrielle,
00:35elle pense à Michelin et elle considère qu'on va perdre 150 000 emplois en 2025. Ça fait beaucoup.
00:40Mais Nicolas, j'ai l'impression qu'il n'y a pas si longtemps que tu nous parlais d'une économie française fleurissante, quasiment au plein emploi.
00:47Ça a basculé quand ?
00:48Ça a basculé à partir, on va dire, du milieu de l'année, lorsqu'on a vu apparaître la vague de remboursement des prêts garantis par l'État.
00:56Ça a été un véritable événement. Et on rentre effectivement dans une séquence négative.
01:01L'INSEE nous dit qu'on a détruit des emplois au deuxième trimestre et troisième trimestre, après 15 trimestres de création net d'emplois.
01:09C'est quasi stable, ça ne s'écroule pas. Mais l'INSEE pense qu'on monte à 8 % de chômage en 2025.
01:15De la même manière, l'OFCU a regardé le budget, un peu pourri, là.
01:18Ce budget, 143 000 destructions d'emplois l'an prochain et un taux de chômage qui monte également à 8 %.
01:25Le nombre de plans sociaux commence à vraiment augmenter. Les ruptures conventionnelles augmentent également.
01:30On a observé un nombre de défaillances d'entreprises à mi-octobre à 64 000.
01:34C'est-à-dire que probablement en 2025, ce sera un record de défaillances d'entreprises.
01:40Et pourtant, on a toujours 550 000 emplois non pourvus, compte aujourd'hui l'Adares.
01:45Comment on explique cette situation ?
01:47Justement, il y a l'histoire des remboursements des prêts garantis par l'État et la totalité de la disparition des aides Covid.
01:52C'est difficile, soudain, de vivre sans l'hyperfusion.
01:55La consommation recule et l'épargne progresse. Les carnets de commandes ont baissé.
02:00Les trésoreries des entreprises sont tendues. La panne de la construction.
02:04Parce que la construction, ce n'est pas simplement les entreprises de construction.
02:07La construction, c'est un billard à plusieurs bandes.
02:09Et ça a donc des effets sur une bonne partie de l'économie du pays.
02:12L'Allemagne qui est en récession, notre premier partenaire.
02:15La concurrence chinoise qui est là, bel et bien là, on en parle suffisamment souvent.
02:19Et puis le coût de l'énergie. On n'est plus au pic de la guerre en Ukraine.
02:22Mais ça a quand même pas mal grimpé et on est très au-dessus des niveaux d'avant-guerre en Ukraine.
02:27Après, vous avez deux sujets récurrents à la France.
02:29Le coût du travail, parce que le travail finance le modèle social, on le sait.
02:32Et la fiscalité. Les entreprises françaises sont plus fiscalisées que les autres.
02:36Notamment à cause des impôts de production.
02:38Il y a une bonne nouvelle qui peut expliquer les destructions d'emplois et la remontée du chômage.
02:44Ce serait le retour des gains de productivité.
02:46Et probablement que c'est un élément aussi qui intervient.
02:49Mais pardon d'un mot, les entreprises vont l'être encore davantage en plus.
02:52Les entreprises, les entreprises.
02:53Que peut faire le gouvernement ?
02:54Déjà arrêter effectivement les aberrations fiscales de 2025.
02:57Malheureusement, j'y crois peu.
02:58Il ne peut pas faire grand-chose.
02:59Souvenez-vous Jospin, 1999, c'était encore des licenciements Michelin.
03:02L'État ne peut pas tout.
03:03Après, il faut garder le bonus vert pour acheter sa voiture.
03:05Si on le supprime, c'est sûr que les ventes de voitures s'écroulent.
03:08Et puis c'est pareil, l'histoire des normes, des réglementations et des contraintes vertes
03:11que la France surtranspose régulièrement.
03:13Si on pouvait faire machine arrière, ça aiderait.
03:15Merci Nicolas.