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Transcription
00:00On prend goût au fait d'être seule, et c'est justement ça.
00:02Il faut s'habituer, il faut se déshabituer à la terre,
00:05se déshabituer aux liens humains.
00:07Moi, en l'occurrence, c'est vraiment ça que je ressens dans les premiers jours,
00:10où j'ai encore mes repères de terrienne,
00:13même par rapport au confort, par rapport à l'envie de suivre l'actualité,
00:18d'être au courant de ce qui se passe à terre.
00:21Et plus j'avance dans la course, moins c'est important pour moi.
00:24C'est en fait assez salvateur parce que du coup,
00:27la vie en mer devient beaucoup, beaucoup plus simple.
00:29Ce n'est pas forcément facile sur un Vendée Globe
00:31parce qu'on a beaucoup de moyens de communication.
00:33Aujourd'hui, avec la communication satellite,
00:36c'est assez facile d'être en lien avec la terre.
00:39J'ai trouvé ça plus facile sur des courses
00:41où les moyens de communication sont interdits.
00:43Ça facilite les choses parce qu'on est tout seul
00:45et on ne se pose pas la question de savoir
00:46si on peut appeler un ami pour se plaindre.
00:49Je n'ai pas la même équipe, je n'ai pas le même bateau.
00:51J'ai eu une petite fille entre les deux Vendée Globe.
00:54J'ai beaucoup évolué mentalement, il y a eu plein de péripéties.
00:57Donc oui, c'est très différent.
00:59Il y a des temps forts qui sont quand même les mêmes,
01:01mais globalement dans l'organisation, c'est assez différent.
01:05Vendée Globe, c'est sans assistance liée à la performance.
01:08Donc, on ne peut pas discuter avec un météorologue,
01:11on ne peut pas parler de notre trajectoire,
01:14de nos choix stratégiques et de performance avec l'extérieur.
01:17Grâce aux moyens de communication satellite,
01:19on vient télécharger des fichiers,
01:21ce qu'on appelle des fichiers GRIB,
01:23qui sont en fait des fichiers bruts.
01:24Dedans, il y a les données de vent, de pression, de rafales.
01:27Et c'est grâce à ça qu'on vient faire notre trajectoire
01:30et on passe notre temps à monitorer la situation météorologique,
01:34à regarder l'évolution des grands phénomènes,
01:35des dépressions, des anticyclones,
01:37à voir comment ils évoluent dans le temps.
01:39On arrive à faire ce qu'on appelle des routages,
01:41qui sont en fait des stratégies météo.
01:43On les fait jusqu'à une quinzaine de jours,
01:45mais à 15 jours, c'est assez peu fiable.
01:47Donc, on sait que ça va évoluer.
01:49Et puis, à 48 heures, jusqu'à 3, 4, 5 jours,
01:52on arrive à avoir quand même des trajectoires assez fiables.
01:56Alors, la réalité est toujours assez différente de la théorie.
01:59Donc, on s'adapte en permanence.
02:00C'est vraiment un sport où il faut s'adapter,
02:02faire des compromis, gérer un peu l'imprévisible.
02:05Mais malgré tout, le cœur de notre métier,
02:08c'est justement d'essayer de faire des plans.
02:09Je passe jusqu'à 5 à 6 heures par jour sur mon ordinateur
02:12à faire de la stratégie météo.
02:14Et quand je dis optimiser sa trajectoire,
02:16en général, comme on est sur une course,
02:18l'idée, c'est d'essayer d'aller le plus vite possible.
02:20Mais parfois aussi, il y a des tempêtes,
02:22il y a des très grosses mers, des très grosses houles
02:24qu'on va éviter parce que sinon,
02:26on sait qu'on peut tout casser, prendre trop de risques.
02:28Et donc là, la stratégie, ça peut carrément être d'essayer
02:30de faire un grand détour ou de ralentir
02:33pour laisser passer un phénomène météo.
02:35Ce n'est pas du tout comme une vie terrienne
02:36où il est midi, on va manger,
02:39où notre vie est ponctuée de choses assez habituelles,
02:43de rituels assez habituels.
02:45En mer, c'est vraiment le vent qui décide et la mer qui décide.
02:49Pour la prépa physique et mentale,
02:51ça fait partie de notre quotidien en tant que marin,
02:53en tant que coureur au large.
02:54On a un quotidien qui est assez varié,
02:55on fait beaucoup de choses différentes.
02:57Il y a beaucoup de moments d'organisation de planning,
03:00de logistique, de rendez-vous médias,
03:02d'organisation un peu business des projets avec les sponsors.
03:06Beaucoup de moments techniques aussi,
03:07parce que les bateaux, ça reste un sport mécanique
03:09où les bateaux ont vraiment besoin d'être pris en main
03:12et beaucoup de moments de ce qu'on appelle de chantier
03:15où le bateau est hors de l'eau.
03:16Donc en fait, on n'est pas comme d'autres sportifs
03:18où on passe notre vie sur l'eau à naviguer.
03:20Comme un cycliste, il sort son vélo et il va rouler.
03:23Nous, c'est un peu plus compliqué que ça en bateau.
03:25Il y a pas mal de paramètres qui doivent être alignés.
03:28Et donc, il y a une grosse prépa physique qu'on fait à terre
03:30parce qu'on n'est pas tout le temps justement sur notre bateau
03:32en train de faire ce qu'on fait comme sport normalement.
03:35Et ça, c'est quelque chose qui revient de façon régulière.
03:39Et il y a aussi notamment le sujet de la prépa mentale,
03:41parce que c'est un sport éminemment exigeant du point de vue mental,
03:45notamment parce qu'on passe trois mois toutes seules en mer
03:48sur un bateau assez dur.
03:50Et dans des contrées assez lointaines, assez reculées.
03:53Et ça, la prépa mentale, chaque skipper fait ça différemment.
03:57Moi, j'en avais fait assez peu avant mon précédent Vendée Globe.
04:00J'avais fait un peu de sophrologie, mais de façon assez courte.
04:04Et là, j'en ai fait beaucoup plus avec des phases différentes.
04:06Il y a eu une phase où j'ai refait un peu de sophrologie.
04:10J'ai fait pas mal de cours d'auto-hypnose.
04:12J'ai fait aussi pas mal d'hypnose.
04:15J'ai fait pas mal de prépa mentale,
04:16plus au sens auquel on l'entend habituellement avec un coach
04:19qui me suivait sur un côté un peu plus psychologique.
04:22Et en fait, le concept, c'est que le cerveau a tout autant besoin
04:25de s'entraîner que le corps.
04:26Et la voile en particulier, c'est un sport d'expérience.
04:29Donc, plus on passe de temps sur l'eau, plus on multiplie les moments en mer,
04:33meilleur on est mentalement.
04:34A priori, je crois.

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