Reda Kateb est dans le Vidéo Club pour son premier film en tant que réalisateur ! Il partage avec nous son amour pour le cinéma, les acteurs qu'il admire, ainsi que les œuvres qui ont inspiré son film « Sur un fil »
Sur un fil est en salle depuis le 30 octobre
Sur un fil est en salle depuis le 30 octobre
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00:00Est-ce que je vais parler de Vol au-dessus d'un nid de coucou,
00:02Splendor in Paradise,
00:04Phantom of the Paradise et E.T. ?
00:06Ça fait beaucoup.
00:07Grand prix du Festival d'Avoriaz en 1975.
00:10À un moment, il y a un insert d'une couille sur une batterie.
00:13Je ne sais pas si c'est un terme qui existe,
00:14mais pour moi, c'est une comédie poétique.
00:16Ce film-là, je crois que pour moi,
00:18c'est un des plus grands films de tous les temps.
00:20Pulp Fiction, c'est sûrement le film qui a signé la fin
00:23de ma carrière de projectionniste au cinéma.
00:25Le luxe a ivré sur scène.
00:30Quel est ton rapport au Vidéoclub ?
00:52J'ai beaucoup fréquenté les Vidéoclub
00:54et avant qu'il y ait des DVD dans les Vidéoclub,
00:57j'ai connu les VHS, les cassettes VHS.
00:59Parfois, je suis un peu nostalgique de ce moment
01:01où on allait choisir le film qu'on allait regarder,
01:04regarder les jaquettes, se laisser surprendre peut-être
01:08par quelque chose qu'on n'avait pas forcément l'intention de voir.
01:11Mais c'est très différent de balayer,
01:13de scroller pour choisir un film ou alors de se déplacer dans un lieu,
01:16de dire bonjour à quelqu'un, de sentir.
01:18C'est aussi le charme des librairies, c'est le charme d'un lieu.
01:22Et quand j'ai travaillé dans un cinéma, il y avait cette revue-là,
01:27la Revue du cinéma, qui est très ancienne.
01:29Je ne sais pas de quand date, par exemple, cet épisode.
01:32Ben voilà, 1973.
01:34Et j'avais récupéré toute une collection.
01:38Et un jour, j'avais besoin de sous, je suis allé les revendre chez Jiber Jaune.
01:41Donc je les ai pris.
01:42Et ton job alors en tant que projectionniste et ouvreur,
01:45ça a été aussi une autre forme de cinéphilie.
01:46Comment ça t'a aidé là-dedans ?
01:48Ben, c'était le plus beau des Vidéoclub du coup,
01:52en grand, à Ivry-sur-Seine, là où j'habitais,
01:55qui passait à la fois des films grand public et puis des films d'auteurs aussi.
01:59Donc, quand je projetais des films ou même quand j'étais ouvreur,
02:02je pouvais voir et revoir le même film plusieurs fois dans la semaine.
02:06C'était une sacrée découverte de cinéma.
02:08Il y avait un festival pour les enfants, notamment,
02:10qui s'appelait Ciné Junior dans le Val-de-Marne.
02:12Et j'ai souvenir de salles pleines de gamins qui venaient avec l'école
02:17et de leur montrer, je ne sais plus, il y avait un film qui s'appelait
02:20Le maître de marionnettes, notamment, un film chinois.
02:25J'ai beaucoup de souvenirs de moments de cinéma aussi.
02:30Ce n'est pas seulement les films que moi, j'ai découverts,
02:32mais comment le cinéma se vit pour les gens.
02:35Et ça, c'est très fort.
02:37Commençons par le grand maître, Frédéric Ophélinie.
02:43Et cette pochette de l'Astrada, c'est, je crois, un des premiers films
02:49autres que films pour enfants que j'ai vus quand j'étais gamin,
02:52justement, dans ce même cinéma qui était à côté de chez nous.
02:55Ma mère m'avait emmené voir ce film.
02:57Je crois que c'était le film préféré de mon père.
03:00Et c'est un des tout premiers films que j'ai vus
03:03quand j'ai commencé à penser à mon film sur un fil
03:06et à des inspirations possibles pour ce film.
03:09D'ailleurs, il y a une petite ressemblance entre Julieta Massina et Aloïs Sauvage.
03:15Et dans le costume qu'on a développé pour son clown dans notre film, Zouzou,
03:20il y a ce même petit chapeau melon avec un t-shirt rayé.
03:25Donc, voilà, c'est une forme d'hommage non masqué.
03:29Voilà, c'est un hommage aussi à ce monde du cirque, à ce monde des saltimbanques.
03:34Et puis, un duo incroyable entre Julieta Massina et Anthony Quinn.
03:39Il y a un moment du film, Anthony Quinn, un personnage très rustre, brutal,
03:45qui s'arrache les chaînes, qui est entouré de chaînes et qui les brise et tout ça.
03:48Et puis, qui est filmé comme une espèce d'ours, quoi, très rustre.
03:52Et puis, il y a un clown beaucoup plus doux et sympathique qu'elle rencontre sur le chemin.
03:58Et puis, à un moment, elle commence à faire un peu la route avec lui.
04:01Et il y avait une scène qui m'avait énormément,
04:04qui m'avait énormément marqué de ce film.
04:07C'est qu'après, elle décide de retourner voir Anthony Quinn et finalement repartir avec lui.
04:12Elle dit au revoir à ce clown.
04:14Et pour ne pas, comme une forme de pudeur, elle lui dit au revoir.
04:18Et quand il s'en va, elle se masque les yeux pour ne pas le regarder partir.
04:22C'est une des images qui m'avaient beaucoup marqué.
04:25Et j'avais beaucoup pensé à ce clown comme inspiration du personnage
04:28que joue Philippe Rebaud dans notre film.
04:30Je n'ai pas joué dans Les Ailes du Désir, mais il y a comme une correspondance quand même.
04:34Oui, c'est vrai.
04:42Et c'était aussi un des films que j'ai revu avant de commencer à écrire mon scénario de Sur un Fil.
04:47Je savais que j'avais envie d'explorer aussi des choses de la verticalité et l'horizontalité.
04:51En tout cas, qu'est-ce qui est en haut, qu'est-ce qui est en bas
04:54et à quel moment on peut avoir des ailes qui poussent.
04:56Donc oui, Wim Wenders, on avait fait ensemble un film qui s'appelait Les Beaux Jours d'Arendt-Rouesse.
05:00Qui commence ?
05:04Toi ?
05:06C'était prévu comme ça.
05:07Qui était adapté d'une pièce de théâtre et qu'on avait tourné trois semaines dans un jardin en 3D.
05:12Puis on avait fait aussi un film américain avec James McAvoy et Alicia Vikander qu'on avait tourné à Djibouti.
05:27Wim, au bout d'un moment, c'était un peu comme un tonton.
05:31On habitait en plus dans une petite chambre d'hôte sur la plage là-bas à Djibouti.
05:35Il nous racontait ses histoires comme un super tonton de cinéma.
05:39Et il me racontait que sur Les Ailes du Désir, dans lequel joue Peter Falk,
05:44tout le monde le reconnaissait en tant que Columbo.
05:46Et la gentillesse avec laquelle il répondait aux gens, en fait, il acceptait d'être le Columbo des gens.
05:52Et en même temps, il se livrait dans une oeuvre très différente, très poétique, beaucoup plus pointue.
05:58Et il faisait des dessins tout le temps sur le film.
06:02Et il avait demandé à Wim de ne jamais filmer un dessin qu'il allait faire parce qu'il était timide en tant que dessinateur.
06:08C'est un superbe film d'une très, très grande poésie.
06:12J'adore cette photo, cette affiche.
06:14J'ai vu son dernier film que j'ai vraiment adoré.
06:19Ça reste quelqu'un d'inspirant et d'inspiré après tout ce qu'il a vécu au cinéma.
06:25Donc, c'était fou pour moi de travailler avec lui et de rencontrer quelqu'un qui m'avait fait grandir les yeux d'une certaine manière.
06:33Quand on tournait Les Beaux Jours d'Arien 3, ce film, le premier jour de tournage, il venait d'avoir une Apple Watch.
06:39Je crois qu'il en a plus maintenant.
06:41Et il me disait, c'est génial, si je dis comme ça, ça peut envoyer un message.
06:45C'est un enfant, c'est comme un personnage de bande dessinée ou un enfant, mais un homme tellement inspirant et tellement incroyable.
06:56C'est une chance de rencontrer des gens comme ça.
06:59Ah oui, là, je vois Gomorrah aussi dans les séries.
07:03Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non.
07:11C'est une série que j'ai beaucoup aimé, Gomorrah.
07:13C'est la saison 5 dans laquelle je suis moins rentré, mais par contre, les autres saisons,
07:19j'ai retrouvé cette chose qu'il y avait dans le film, Gomorrah, totalement immersive.
07:26Et ça fait du bien, en fait, avec le cinéma et avec les séries,
07:31de pouvoir voyager dans des milieux qu'on ne connaît pas du tout.
07:34Je trouve qu'on a été quand même pendant très longtemps uniquement sur l'Amérique
07:37et que de connaître justement ce monde
07:40où on rentre tout d'un coup dans des appartements à Naples,
07:43dans des cités où il y a des robinets dorés.
07:46J'ignorais que ces choses là existaient.
07:48C'est bon aussi de découvrir des acteurs incroyables qui ne sont pas des stars,
07:52qui ne sont pas des noms qu'on connaît.
07:54Et je trouve qu'en tant que spectateur,
07:55on se projette encore plus dans les personnages.
08:03Marche à l'ombre, bien sûr.
08:04Qu'est-ce que tu fabriques ? Dépêche-toi !
08:06Je batte aussi vite que je peux.
08:07Qu'est-ce que tu t'es fait ?
08:09J'ai glissé cette nuit en allant vomir.
08:12Rien que de voir cette affiche, je souris.
08:14Et je repense à Michel Blanc qui nous manque déjà.
08:17Bref, pour moi, c'est mon film des années 80,
08:22mais surtout des années 90 aussi,
08:24à une période où je l'avais en VHS et je l'ai vu un certain nombre de fois.
08:29J'avais l'impression, quand je revoyais ce film,
08:32de retrouver deux vieux copains.
08:34Et ce duo, l'an 20, Michel Blanc, c'était vraiment...
08:37En fait, je m'identifiais un peu à ces deux personnages
08:41dans des périodes où je vivais un peu la vie de bohème,
08:44la vie d'artiste avec les galères, mais aussi une grande insouciance.
08:47Et ça me rassurait de les voir et de voir leur insouciance à eux.
08:51Je crois qu'à la fin, ils finissent
08:53dans un bateau avec un régime de bananes et ils arrivent à New York.
08:58Tout est possible.
08:58Et Michel Blanc dans le squat, Michel Blanc qui fume un joint
09:04et qui a les dents qui poussent et qui s'est fait attaquer par des renards.
09:07J'ai du mal à parler parce que j'ai les dents qui poussent.
09:09C'est des moments de comédie extraordinaires pour moi,
09:11très teintés des années 80, avec notamment le saxophone,
09:15qui est vraiment un instrument des années 80 par excellence.
09:18Gérard Lanvin qui fait des boeufs dans le squat avec son saxo et tout ça.
09:23Mais ouais, un vrai film, finalement,
09:26sur ce qu'on pourrait appeler des losers, finalement, ou des marginaux,
09:32mais qui les montre avec beaucoup de panache.
09:34On rit, mais on se moque pas d'eux.
09:36La caméra les aime aussi.
09:37Il y a quelque chose.
09:39J'adore ce film.
09:40C'est bien que tu nous aies mis un film réalisé par Michel Blanc,
09:43parce qu'on oublie que c'était un grand metteur en scène,
09:45un grand dialoguiste, un grand artiste.
09:48Exactement, il avait fait aussi Grosse Fatigue.
09:51Bonjour, monsieur.
09:52Police.
09:54Inspecteur Gaffier.
09:55Vous êtes bien Michel Blanc?
09:57Oui, c'est moi.
09:58Je l'avais vu avec des copains.
09:59On était tout jeunes dans un cinéma à Place d'Italie.
10:01Je pense qu'on avait du rire pendant tout le film.
10:05Et qu'il y ait aussi un film qui raconte
10:08des choses sur le système, sur qu'est ce que c'est les acteurs.
10:11Et il se moque aussi beaucoup de lui en tant que Michel Blanc,
10:15en tant que star, en gros, dans Grosse Fatigue.
10:19Il décide de se partager les rôles avec son sosie,
10:23qui lui fera tout ce qui est promotion ou alors invitation de choses
10:28qui peuvent être un peu pénibles pour lui parfois.
10:30Et puis, lui, il fera juste son métier d'acteur.
10:32Sauf que le sosie prend sa place et qu'il se retrouve presque à la rue,
10:37dépossédé de qui il est.
10:39Je trouve l'idée absolument géniale.
10:41Je pense qu'un jour, il y aura sûrement un remake, d'ailleurs, de ce film.
10:44L'idée est vraiment super.
10:48Il se passe.
10:49Qu'est ce que vous voulez ? Vous êtes Michel Blanc ?
10:52Je sais pas, il est encore trop tôt là.
10:55Et vous ?
10:55Moi, je suis la police et j'embarque les guignols.
10:57Perquisition.
10:58Jean Renoir, la bête humaine.
11:00Dis donc, mon vieux, j'ai une boîte cuite, alors je vais te laisser ma machine.
11:03Ce qui est des cuites, c'est que tu ne l'as pas graissée.
11:05Comment je ne l'ai pas graissée ?
11:06Bah dis donc, je paye assez l'huile tous les mois.
11:07Seulement, qu'est ce que tu veux ? La lison, elle est gourmande.
11:09Je ne sais pas si c'est encore un secret,
11:11mais je suis un fan absolu de Jean Gabin, qui est pour moi, un de mes héros,
11:16un de mes dieux de cinéma.
11:18Et quand je pense à lui, je pense à cette image du début du film
11:23où il est à bord de sa locomotive et où il remplit le fourneau de charbon
11:29pour faire avancer la locomotive plus vite, où il avance.
11:32Et ce regard là, et cette vérité qu'il a en tant que chauffeur de locomotive,
11:37ça a été toujours pour moi un repère en termes d'acteur où je me dis,
11:40mais on doit d'abord être crédible dans le métier qu'on fait.
11:43Et Jean Gabin, il l'était.
11:44Et c'est des choses qu'on sent en fait,
11:47quand on le voit diriger sa locomotive, quand on le voit prendre son casse-croûte.
11:52Après,
11:54il y a pareil des attitudes et des choses qui ne sont pas des choses jouées,
11:57qui ne viennent pas de l'aptitude d'un comédien,
12:00mais plus d'un être humain,
12:02d'un homme qui a une vraie expérience de vie et qui le retraduit aussi
12:05dans ses gestes et dans son corps, dans sa manière d'être à l'écran.
12:09Et puis, ce film qui est, je crois,
12:10adapté de Zola, d'un roman d'Émile Zola,
12:13c'est juste pour moi un des plus grands chefs d'oeuvre du cinéma.
12:16Au-delà même de Gabin,
12:18c'est un film que je me revois très régulièrement, au moins une fois par an.
12:22Mais toi aussi, t'as beaucoup incarné,
12:24je trouve, de personnages qui sont caractérisés par leur métier.
12:26En fait, dans ta filmographie, j'ai l'impression qu'on retrouve régulièrement ça.
12:29Je te dis que t'es touché par cette vérité du métier.
12:32Comment, au-delà de s'immerger dans une profession,
12:34comment on la rend crédible à l'écran ?
12:37En passant du temps à préparer.
12:39Enfin, quand on doit jouer un métier.
12:41Tout à l'heure, tu me parlais justement
12:42du rapport psychologique qu'on pouvait avoir au personnage.
12:45Je trouve que chez beaucoup d'acteurs, cette chose-là prend trop de place,
12:49qu'on devrait plus parfois consacrer de temps à, je sais pas si je joue
12:53un chauffeur d'autobus, à savoir les yeux fermés ou le clignotant, par exemple.
12:57Parce que si on voit que je cherche le bouton du clignotant et que je suis
13:00censé être un chauffeur d'autobus depuis dix ans,
13:03je pourrais essayer de vous embarquer dans tous les sentiments du monde.
13:06On n'y croit pas.
13:07Et c'est valable, je pense, pour tous les rôles.
13:11Je pense qu'en réalité, la plupart des personnages sont caractérisés par un métier.
13:16Sauf peut-être des films où c'est des aristocrates qui n'ont pas à travailler
13:21pour vivre, mais sinon, on a tous quand même une fonction sociale
13:24qui est souvent liée à notre métier, quel qu'il soit.
13:27Alors, il y a la préparation et puis il y a aussi la chance, souvent,
13:31de jouer avec des personnes qui ne sont pas acteurs professionnels,
13:34mais qui sont, par contre,
13:36je ne sais pas, des musiciens manouches avec lesquels j'ai pu jouer dans Django,
13:39des vrais gens du voyage, des vrais sous-mariniers dans Le Chant du Loup,
13:43des vrais éducateurs avec les autistes dans Hornan.
13:46Mais ça, c'est observer les autres et essayer de se fondre aussi
13:51dans le même bouillon qu'eux.
13:52Ça, c'est une chose qui me tient à cœur beaucoup et qui vient peut-être d'une période
13:56où je faisais du théâtre, qu'on appelait théâtre, type théâtre de l'opprimé,
14:01où en gros, on faisait des improvisations avec les gens
14:04sur différents sujets.
14:06Ça pouvait être dans des maisons de retraite,
14:08des prisons, des collèges, sur des thèmes et où, finalement,
14:12en jouant avec des gens qui ne sont pas acteurs en impro,
14:16le rôle de l'acteur, c'était d'être aussi vrai qu'eux, en fait, d'une certaine manière.
14:20Alors ça, déjà, j'ai trois idoles qui jouent dedans.
14:23C'est un genre qui...
14:26Ah ben, justement.
14:28J'ai reculé sur les conduites, sur le gaz, sur les parties communes.
14:31Je ne cèderai pas sur mes cloisons.
14:34Il manque Belmondo, mais c'est ce qu'on appelle la bande du conservatoire, en fait.
14:37Des gens qui avaient vraiment le sens de l'amitié
14:40et de la déconne très, très poussée,
14:43bien avant celui du talent ou de je ne sais pas quoi.
14:46Et Jean Rochefort m'avait raconté que ça n'avait pas du tout marché à la sortie.
14:50Et je crois que c'est un film, justement,
14:52qui reste grâce aux vidéoclubs ou en tout cas au fait qu'aujourd'hui,
14:57on peut continuer de voir des films qui ne sont plus en salles.
15:00Et ils sont extraordinaires, tous les trois.
15:01Mais vraiment, c'est trois comédiens, un peu sur le retour,
15:08qui acceptent de faire une tournée qui se passe en province d'une pièce
15:12et puis Noiré a le trac tout le temps.
15:14Donc, avant la pièce, il est dans tous ses états.
15:17Et juste après la pièce, quand il dîne avec les autres,
15:20il se met à parler tout le temps, à raconter des blagues et tout ça.
15:23Allez, à boire, tout le monde !
15:24Du cul, du nichon, des gâteaux !
15:27Marielle est de très mauvaise humeur.
15:30Quand le metteur en scène lui donne une direction,
15:32il s'arrête de jouer et il va voir le metteur en scène en disant quoi ?
15:35Il fait à la fois peur et en même temps, il est très drôle.
15:39Et moi, je suis ?
15:41Je fais qui, déjà ?
15:42Les gens râchent fort, c'est le panache par excellence.
15:44Je vous ai déjà sauvé la vie une fois.
15:46Et s'il le faut, je recommencerai.
15:48Je serai votre armure, Carla.
15:51Mais j'aime ce film vraiment comme un film d'amitié.
15:55Et puis, après, c'est juste que ça m'a fait énormément rire.
15:59Mais on voit d'ailleurs, même sur cette affiche,
16:01que ce n'est pas des acteurs qui sont en train de poser ou de jouer
16:03ou de faire comme s'ils étaient amis.
16:05Il y a quelque chose dans leur visage qui est vraiment
16:08au-delà du cinéma ou d'une affiche.
16:10Là, pour le coup,
16:13il n'est pas sur l'affiche, mais pour moi,
16:14c'est un des plus grands rôles de Jean Râchefort.
16:20Il joue sur des notes extrêmement subtiles
16:22qui ne sont pas celles de la pure comédie
16:24ou celles de films peut-être plus sombres aussi qu'il a pu faire.
16:28Mais un grand personnage romantique, amoureux fou de cette coiffeuse.
16:34Et dedans, il y a une scène où Jean Râchefort fait une danse improvisée
16:40qui est inoubliable,
16:42qui est difficile à décrire, qu'il avait faite,
16:44je crois, vraiment totalement en improvisation, en une prise.
16:47Et c'est un grand, grand moment de magie du cinéma.
16:53Jean Râchefort, je crois que c'est un des acteurs qui, pour moi,
16:56arrive à jouer sur les notes à la fois les plus légères et les plus profondes,
17:00où il a quelque chose d'extrêmement relâché, léger et extrêmement dense aussi.
17:06Souvent, les grands acteurs de comédie,
17:07c'est ceux qui sont très bons dans le drame aussi.
17:10Ouais, ouais, ouais, c'est vrai.
17:12J'ai vu tout à l'heure passer le loup de Wall Street.
17:18Je pensais à Jonah Hill, par exemple, qui est un acteur que j'admire beaucoup.
17:22Et je me disais c'est fou parce que je l'ai vu dans plein de comédies
17:25et dans des drames aussi.
17:26Et je n'ai pas l'impression que son jeu soit différent.
17:29C'est le film qui raconte que c'est drôle ou plus triste.
17:33Le rythme est différent, mais lui, en tant qu'acteur,
17:35il ne prend pas en charge le ton, il prend en charge son personnage, je crois.
17:40C'est un acteur que j'admire énormément.
17:48Moi, j'avais envie qu'on parle un peu d'Odiard parce que tout à l'heure,
17:50on parlait de Michel Blanc qui aurait pu se faire enfermer un peu dans une image.
17:54Odiard, quand même, ces derniers temps, c'est vraiment le réalisateur qui a dit
17:57genre non, je ne veux plus être enfermé dans ce cinéma un peu masculin.
18:01On n'enferme pas Jacques Odiard comme ça.
18:04T'en penses quoi de son, je ne sais pas si on peut appeler ça un virage,
18:06mais son renouveau de ces dernières années ?
18:09En tout cas, moi, je sais qu'il m'a enfermé dans une prison
18:11et que c'est un des endroits qui m'ont le plus libéré dans ma vie.
18:14Marbelle à Paris, trois bagnoles, 600 kilos par voyage.
18:17Ouais, qui a été une forme d'affranchissement de beaucoup de choses
18:20et où j'ai appris beaucoup de choses.
18:21C'est quelqu'un à qui je pense souvent
18:24et un metteur en scène qui plane quand même pas mal au-dessus de la mêlée,
18:28avec beaucoup de liberté et en même temps, un cinéma, justement,
18:33à la fois exigeant et tourné vers le public.
18:37Et c'est ce que j'aime beaucoup,
18:38c'est-à-dire qu'il n'y a rien de snob dans son cinéma.
18:41Il y a une liberté en termes de forme, en termes d'écriture,
18:44en termes de travail avec les acteurs qui est permanente,
18:46mais qui n'est justement pas codifiée, en tout cas, dans l'imitation
18:51ou dans ce qu'on va penser de nos films.
18:54C'est un véritable artiste qui se permet, en plus,
18:57d'aller régulièrement dans des choses extrêmement différentes.
19:00Je sais que ce film, Les Olympiades, qui est un film
19:04à petit budget comparé aux autres films qu'il a fait ces dernières années.
19:09Je parle de toi, t'es bonne mondeuse.
19:12Mais je suis irrésistible.
19:14C'est un film dont il a eu envie,
19:15après l'expérience américaine des Frères Sisters.
19:18Combien tu penses qu'on a tué ?
19:21Je ne sais pas.
19:22Il avait envie de revenir à quelque chose de beaucoup plus artisanal et simple
19:26et en petite équipe, avec un petit nombre d'acteurs.
19:30C'est quelqu'un qui a cette capacité,
19:33quelle que soit la machine, à revenir à l'essentiel qui est
19:38qu'est-ce qu'on va faire aujourd'hui ?
19:39Du coup, savoir aussi s'écarter du plan de travail,
19:42de ce qui est prévu et de chercher.
19:44Donc, en tant qu'acteur, par moments,
19:47tout le monde glisse un peu sur le toboggan,
19:48parce que quand on sort des rails de ce qui était prévu,
19:51ça peut être un peu perturbant.
19:53Mais ça fait souvent éclore des moments assez incroyables qui sont,
19:58pour moi, du vrai cinéma.
20:00Tu parlais d'un cahier A et d'un cahier B sur les tournages.
20:03Sur Un prophète, il y avait ce fameux cahier B
20:06qu'ils avaient développé, qui était à la fois des scènes qu'on pouvait jouer.
20:10S'il y a un moment, on se rendait compte que la scène écrite ne prenait pas
20:13et qu'on s'enterrait dans quelque chose
20:16et qu'on avait du temps pour tourner autre chose.
20:18Donc, ils pouvaient sortir des scènes du chapeau.
20:22Et en dehors de ça, c'était aussi des choses qui éclairaient l'histoire
20:25d'une manière périphérique au récit, en fait.
20:27Et je trouve ça vraiment intéressant.
20:29Et quand on a fait mon film Sur un fil avec ma co-scénariste,
20:33on a fait comme ça des scènes de cahier B.
20:36On a un peu pris cette technique-là.
20:39Et je me suis rendu compte que finalement,
20:41d'écrire d'autres scènes que celles qui sont incluses dans la mécanique narrative,
20:46ça donnait à chaque fois des touches d'éclairage sur les personnages
20:49et sur l'histoire différents, qui infusaient dans le travail
20:52et qui nourrissaient le reste.
20:54La nuit américaine de François Truffaut.
20:56Allons-y !
21:05Un immense hommage au cinéma et à la joie que c'est de faire un film.
21:08Moi, ça, ça a été un film médicament que j'ai revu plein de fois
21:12pendant la prépa de mon film, où dès qu'il y avait un peu des stress
21:16financiers, de préparation, d'imprévus.
21:19Je me raccrochais à cette image de François Truffaut,
21:22qui arrive tous les matins sur le tournage et à qui on pose dix mille problèmes
21:27et qui est toujours d'un enthousiasme débordant et qui dit toujours
21:30oui, très bien, ça va très bien se passer jusqu'au pire des catastrophes.
21:34C'est vendu ?
21:35Pas mal, on l'achète.
21:36J'ai essayé, en tout cas, de me dire que c'était dans ce sens là
21:40qu'il fallait aller et c'était lui qu'il fallait imiter.
21:42Et puis, au-delà de ça, c'est une plongée dans ce que peut être
21:45la famille d'un tournage, la famille temporaire, un petit monde,
21:49une petite micro société qui dure deux mois où on a l'impression
21:52que tout le monde a vécu ensemble toute sa vie et va vivre ensemble
21:55toute sa vie avec des choses très intenses, des gens parfois très
21:58intenses et des réactions qu'ils sont aussi.
22:01Mais on retrouve la figure de l'accessoiriste, le photographe,
22:06la comédienne qui a un peu trop bu et qui a du mal à dire son texte,
22:11l'acteur qui vit une amourette comme ça sur le tournage.
22:15Et il y a Jean-Pierre Léaud que j'adore à la folie.
22:19Et puis, tous ces autres acteurs,
22:22Nathalie Baye, Jacqueline Bisset et Truffaut, acteur aussi dans ce rôle
22:28qui est le sien de réalisateur, tout en étant lui-même réalisateur.
22:32Il a trouvé, je trouve, la distance du jeu et la distance de la comédie
22:35avec ce film. Je ne sais pas si c'est un terme qui existe,
22:38mais pour moi, c'est une comédie poétique.
22:41Ce film là, immense film.
22:44Oscar 1973, du meilleur film étranger.
22:48C'est bien d'avoir une jaquette pour pouvoir se le rappeler.
22:51Frangin Malgré Eau, Step Brothers,
22:54avec parmi mes deux clowns préférés du monde.
23:02Aussi un duo d'amitié.
23:04Ça se sent très, très fort dans le film.
23:07Will Ferrell et John C. Reilly.
23:10Et en fait, c'est deux adultes qui ont l'âge qu'on voit sur cette photo là,
23:16dont les parents décident de vivre ensemble et ils deviennent demi-frères.
23:20C'est des adolescents
23:22totalement qui, au début, protègent chacun leur territoire.
23:34Et puis à un moment, il y a un insert d'une couille sur une batterie.
23:38C'est vraiment un truc que je n'ai jamais
23:40vu fait comme ça au cinéma et auquel on ne s'attend pas du tout.
23:46Puis à un moment, ça se passe très bien entre eux.
23:49Après, c'est un moment un peu de territoire, de conflit et tout.
23:52Et ils décident de rassembler leurs lits qui sont au début chacun d'un côté
23:57pour en faire des lits superposés.
23:59Bon, évidemment, il y a une chute, la chute des lits.
24:03Franchement,
24:05voyez-le, ce film, c'est un film extraordinaire.
24:08Will Ferrell, je ne l'ai pas vu vraiment évoluer dans d'autres registres.
24:11Et je pense d'ailleurs qu'en tant qu'acteur de comédie,
24:14on le connaît tellement comme ça que ça doit être, je pense,
24:17difficile de le voir dans un autre registre.
24:19Mais John C. Reilly, en revanche, je me souviens notamment du film Magnolia.
24:24Be cool, stay in school, OK?
24:27Get out of the street now.
24:28Il y a une pluie de grenouilles à un moment.
24:30C'est pareil, un moment de cinéma très fort dont je me souviens.
24:34Et il y a un acteur qui peut naviguer totalement d'un style à un autre.
24:39T'as fait pas mal de films en duo, mais des duos comiques un peu moins.
24:41Mais t'as formé un super duo comique, selon moi, avec Benoît Mejimel.
24:45Dans aux mains à la fraise.
24:45Pourquoi tu me fais des clins d'oeil quand tu me parles?
24:47Tu veux me baiser? Tu veux le baiser?
24:49Vous êtes deux acteurs plutôt pas trop estampillés comédie.
24:51Mais alors, quand vous êtes ensemble, ça fonctionne hyper bien.
24:54Comment vous avez créé cette dynamique?
24:56Comme c'était un film aussi de bandits en Algérie et Benoît et moi qui avions
25:02l'un et l'autre joué quelques bandits avant, il était hors de question de se
25:05prendre au jeu d'un truc très justement premier degré où on jouerait des bandits
25:11sérieux dans cette situation vraiment décalé de deux types qui sont pour le coup
25:15inadaptés à l'endroit où ils sont.
25:17Parce que moi, mon personnage, Omar, il a grandi en banlieue parisienne.
25:21Il connaît rien de l'Algérie.
25:22Et puis ils sont pas du tout algériens.
25:25Enfin, voilà, c'est l'histoire de
25:27de quelqu'un qui refuse un retour vers son identité, en tout cas vers ses origines.
25:32Et au contraire, le personnage de Benoît,
25:34qui s'appelle Roger, qui est plutôt un breton marin et tout.
25:38Lui va se mettre à parler en arabe.
25:40On a joué sur des marchés où il allait commander en arabe.
25:43Et puis, du coup,
25:45on a voulu prendre ces deux personnages comme deux enfants, en fait,
25:48qui peuvent être terrifiants, violents, qui ont aussi les attributs des bandits,
25:53mais qui sont en fait deux gamins, tout simplement.
25:55Donc, c'est peut être ça qui était drôle.
25:57C'est toujours l'enfance aussi et le décalage.
26:00Et puis après, je crois qu'il y avait aussi l'envie de jouer ensemble et le
26:03plaisir de jouer ensemble, qui était très, très fort avec Benoît Magimel.
26:09Alors là, on est dans...
26:10Est-ce que je vais parler de Vol au-dessus d'un nid de coucous,
26:13Stranger than Paradise,
26:16Phantom of the Paradise et E.T. ?
26:19Ou ça fait beaucoup ?
26:20On a 20 minutes, donc tu peux, je pense que tu peux parler de tout.
26:23Bon, alors commençons par Stranger than Paradise.
26:32C'est un film de Jim Jarmusch avec un trio d'acteurs extrêmement stylés.
26:37Une jeune femme qui se retrouve aux États-Unis,
26:41qui est immigrée de Pologne, je crois, ou en tout cas d'Europe de l'Est,
26:45et qui est hébergée chez son frère et qui pense du coup au début
26:47d'arriver dans l'Amérique, le rêve de l'Amérique,
26:50et qui se retrouve à passer toutes ses journées à fumer des clopes dans l'appart
26:55avec son frère qui lui dit qu'il ne faut pas bouger de là parce que le reste est
26:58dangereux et tout ça. Je me souviens notamment d'une scène,
27:01un long plan séquence, un plan fixe où ils regardent à la télévision un film
27:05tous les deux le soir et où ils mangent des chips en regardant ce film.
27:09C'est un moment très, très fort dont je me souviens.
27:12C'est aussi sans que la caméra, finalement, fasse des centaines de kilomètres.
27:17C'est ces films aussi, road trip, voyage intérieur, quelque chose où
27:22il n'y a pas de grands événements, il n'y a pas de...
27:25C'est faire un bout de chemin avec des gens et du coup,
27:28avoir l'impression de les rencontrer.
27:30Ça, c'est un des pouvoirs magiques du cinéma,
27:32je trouve, avec une super BO, des super morceaux avec John Lurie.
27:37J'avais entendu que Jim Jarmusch l'avait présenté au Festival de Cannes
27:41et que je crois qu'il s'était fait recaler de la projection de son film parce
27:45qu'il avait une vieille paire de baskets et pas de nœuds papillons.
27:48Il n'avait pas pu rentrer.
27:50Est-ce que c'est vrai ou une légende ?
27:52Je ne sais pas, mais... Vol au-dessus d'un nid de coucou.
27:54God damn, boy, you're about as big as a mountain.
27:57Looks like you might have played some football.
27:59What's your name?
28:01La performance incroyable de Jack Nicholson dans ce film
28:05et puis toute une galerie de personnages aussi de cet hôpital de fous.
28:09Alors, on est dans les asiles psychiatriques d'une certaine époque.
28:13On ne considérait pas encore ces personnes comme des personnes vulnérables.
28:16C'était encore une période où il y avait les électrochocs qui étaient appliqués.
28:19Puis un personnage qui, au début, un petit délinquant qui est pris
28:23pour un petit larcin, en tout cas une petite chose et qui est finalement
28:28envoyé dans cet hôpital-là et qui va rencontrer quelques personnages.
28:32Je me souviens, un personnage qui m'avait énormément marqué, c'était l'Indien.
28:36C'est un personnage qui parle très peu dans le film, qu'on voit souvent
28:41en train de passer le balai et qui, finalement, va avoir une discussion.
28:45Je raconte pas forcément parce qu'il y a peut-être des gens qui l'ont pas vu
28:49dans vos auditeurs et qui va finalement verbaliser quelque chose à la fin.
28:54Et ça aussi, je trouve qu'à nouveau,
28:56le cinéma, c'est passer du temps avec des gens et passer du temps avec quelqu'un
29:00qu'on regarde évoluer, qui ne nous parle pas et qui va finalement
29:04nous dire quelque chose une fois qu'on l'a côtoyé pendant une heure et demie,
29:08voire une heure quarante-cinq.
29:10C'est une impression particulière.
29:12Et ouais, c'était un film qui m'avait beaucoup marqué,
29:15que j'ai dû découvrir quand j'avais 17 ans, quelque chose comme ça.
29:20Et puis, quand on est tout jeune et qu'on commence à prendre des cours de théâtre,
29:24on a envie de jouer des choses excessives.
29:27En mûrissant, au contraire,
29:28on a envie d'aller aussi sur des notes un peu plus, je dirais,
29:35subtiles ou en tout cas, moins spectaculaires.
29:39Mais quand on commence à jouer et qu'on veut montrer qu'on ressent plein de trucs,
29:43la folie, évidemment, c'est une chose
29:46qui nous impressionne et vers laquelle on a envie d'aller,
29:48vers laquelle j'avais envie d'aller.
29:50Franchement, alors ça, c'est...
29:53Pour moi, c'est...
29:55Je suis très, très mauvais pour faire des classements, pour choisir des choses,
29:59choisir une chose au-dessus des autres.
30:02Mais ce film-là, je crois que pour moi,
30:04c'est un des plus grands films de tous les temps.
30:11C'est un film que j'ai découvert enfant,
30:14qui m'a bouleversé quand j'étais enfant, que je revois régulièrement.
30:17Et quand je préparais le tournage de mon film,
30:20j'ai vu un documentaire sur Spielberg et le tournage de E.T.
30:25et j'ai voulu beaucoup m'en inspirer,
30:26ce qui a fait un peu peur à mes producteurs au début,
30:29parce qu'en gros, les scènes avec les enfants,
30:33Spielberg avait une casquette de travers, des foulards, des déguisements.
30:37Il explique beaucoup dans le documentaire
30:39que c'est finalement au cinéma de s'adapter aux enfants
30:43et qu'il est hors de question, en travaillant avec des gamins,
30:48de les mettre dans les marques qu'on a envie qu'ils aient et tout ça.
30:51Mais qu'au contraire,
30:52tout le process doit s'adapter à leur liberté à eux et jamais la contraindre.
30:58Et donc, les quelques images qu'on voit de Spielberg sur le tournage,
31:02c'est la kermesse.
31:03Et puis au-delà de ça, pour moi, E.T. c'est l'autre, en fait.
31:08Il y a quelque chose de très simple dans le cinéma de Spielberg,
31:14qui n'est pas du tout, justement, ostentatoire en termes de style et tout ça.
31:17Très efficace, mais immensément poétique et populaire.
31:23Dans le film que j'ai fait,
31:25il est beaucoup question de la relation entre Zouzou,
31:28qui est jouée par Aloïs Sauvage, cette clown, et un enfant malade.
31:33Et à un moment dans le film, il se retrouve un peu séparé.
31:36Et j'ai beaucoup pensé à E.T.
31:39sur la transmission de pensée entre eux et le lien dans des montages parallèles
31:43où finalement, on les reliait très fort en parallèle,
31:49ce que nous permet le cinéma, à travers le montage,
31:51jusqu'à les faire se retrouver à un moment.
31:54Enfin bon, bref, c'est une immense source d'inspiration.
32:00Il faudrait que je prenne l'affiche et que je la mette chez moi.
32:03Vous me faites penser que
32:05il me faut une affiche encadrée d'E.T. dans mon bureau, absolument.
32:09Pulp Fiction, c'est sûrement le film
32:11qui a signé la fin de ma carrière de projectionniste au cinéma.
32:14Le luxe y a ivré sur scène.
32:17J'ai organisé des projections avec des copains quand je fermais le cinéma le soir.
32:25Les voisins se sont plaints et le lendemain,
32:28j'étais convoqué dans le bureau de la directrice qui m'annonçait
32:32que j'allais à nouveau vendre les tickets à la caisse.
32:34Mais je la comprends en même temps, je la comprenais parce que j'avais fait
32:37quand même quelques bêtises en tant que projectionniste.
32:40Pas seulement organiser des soirées avec mes copains dans le cinéma,
32:43mais j'avais aussi monté un film à l'envers avec les bobines mélangées.
32:46C'était un film qui s'appelait « Y aura-t-il de la neige à Noël ? »
32:49Il m'a parlé de cette ferme qu'il avait achetée,
32:52qu'on allait s'en occuper tous les deux,
32:55qu'on aurait plein d'enfants.
32:57Au moins, il t'a pas menti.
32:58C'est un film avec Daniel Duval qui jouait beaucoup sur les saisons.
33:01Au-delà de ça, c'est le talent d'Uma Thurman.
33:14C'est l'arrivée avec Quentin Tarantino de quelqu'un qui bouscule aussi
33:18le rapport au récit dans le cinéma, qui fait du cinéma pop,
33:22mais en même temps, qui remixe justement une culture de vidéo club
33:27et qui prend des libertés incroyables dans les allers-retours dans le temps,
33:30dans la culture du cinéma de l'époque.
33:32Je pense que c'est le film que je vais le plus aimer.
33:34Je pense que c'est le film que je vais le plus aimer.
33:36C'est un film qui est très intéressant,
33:38c'est un film qui a beaucoup de réaction.
33:39et qui prend des libertés incroyables dans les allers-retours dans le temps,
33:43aller chercher des acteurs qui tournent plus dans ce moment-là,
33:46dans le rapport à la musique.
33:48Ça a été tout d'un coup, je pense qu'il a envoyé un coup de renouvellement
33:54et de vent frais dans le cinéma,
33:57qui moi, quand j'avais à l'époque 19-20 ans,
34:00je me disais « mais alors d'accord, en fait tout est possible.
34:03Il n'y a pas un cinéma, il n'y a pas des choses bien à faire et des choses pas bien.
34:08C'est la liberté, l'inspiration, et puis quelqu'un qui a suivi ce que lui avait à faire, je pense,
34:15qui n'a pas été ni dans la velléité, ni dans l'imitation.
34:21C'est aussi un film qu'on a beaucoup de plaisir à regarder,
34:24avant tout, qui est un vrai film populaire.
34:28« Palme d'or » du Festival de Cannes.
34:32« Phantom of the Paradise », un film de Brian De Palma,
34:35grand prix du Festival d'Avoriaz en 1975.
34:39« Why, Windsor, good to see you.
34:42Been looking for you everywhere.
34:44Killing me won't help you. »
34:48C'est un film pareil que j'ai vu et revu beaucoup
34:52quand je devais avoir 17-18 ans.
34:56Et ce film-là, c'était un film qui m'avait énormément touché.
34:58C'est un peu une adaptation du mythe de Faust,
35:02revisité en opéra rock, complètement délirant.
35:08Mais en même temps, bouleversant sur l'artiste
35:11et une forme d'artiste dépossédé.
35:16C'est l'histoire d'un compositeur
35:18dont le producteur vend son âme odiable.
35:21Il s'appelle Swan.
35:22Et il va lui prendre sa musique,
35:24mais il va aussi lui prendre son amoureuse.
35:26Et finalement, il va continuer d'aimer cette femme
35:30et de la regarder évoluer avec cet horrible producteur
35:34et de lui écrire de la musique.
35:36C'est quelque chose de l'ordre du poète maudit
35:39et de l'artiste sacrifié.
35:42Sûrement quelque chose qui parle très fort
35:44à un adolescent de 17-18 ans
35:46qui découvre Arthur Rimbaud, Baudelaire
35:49et toutes ces choses-là.
35:50Et puis encore une fois, c'est porté par une musique
35:52et par une atmosphère très particulière, très lyrique.
36:06Je pense qu'on a tous des films musicaux
36:09dans lesquels on a aimé se replonger.
36:11On se revoit un film dans lequel il y a de la musique
36:14comme on se remet à un album.
36:16On a envie de réécouter des chansons.
36:19Et c'est très différent de Scarface comme film
36:22réalisé par Brian De Palma.
36:26T'as fait un film de fantômes à l'opéra,
36:28un peu le film de Bonello.
36:30Ah oui, on avait fait un court-métrage
36:32que pas grand monde a vu.
36:34C'était un court-métrage avec Bertrand Bonello
36:37qui était une commande de l'Opéra de Paris.
36:46Je faisais un chorégraphe
36:48qui travaillait avec une danseuse,
36:51Marianne Esgillo.
36:53Sauf qu'on n'a pas tourné ensemble.
36:55Moi, je tournais pendant une nuit
36:57avec une danseuse.
37:00Je tournais pendant une nuit
37:02dans la salle de l'Opéra Bastille.
37:05Je dirigeais une danseuse imaginaire
37:08sous la direction de Bertrand Bonello.
37:10Elle a tourné ensuite ses scènes.
37:13C'est le montage qui nous a fait nous répondre.
37:17Mais vous connaissez ça,
37:19pas grand monde a vu ça.
37:21K-19, un vrai grand film.
37:30Toi, t'as tourné dans un sous-marin.
37:33J'ai tourné à la fois avec Catherine Biglot
37:36dans un film qui s'appelle
37:38Zero Dark Thirty
37:40et dans un film de sous-marin
37:42qui s'appelle Le Chant du Loup
37:44réalisé par Antonin Baudry.
37:46C'est un film que j'ai revu
37:48quand on préparait Le Chant du Loup
37:50et que j'ai beaucoup aimé.
37:52Je suis fan des films de sous-marin.
37:54C'est un genre que j'aime beaucoup.
37:56À la Poursuite d'Octobre Rouge,
37:58il y a eu USS Alabama
38:00mais surtout Das Boot,
38:02un film allemand qui est vraiment
38:04un peu le film le plus crédible
38:06et qui fait le plus l'unanimité
38:08parmi les sous-mariniers,
38:10parmi les marins.
38:12Celui-là tire quand même
38:14un peu plus vers le réalisme
38:16qu'À la Poursuite d'Octobre Rouge
38:18et USS Alabama.
38:20USS Alabama, j'avais beaucoup aimé
38:22le duo entre Denzel Washington
38:24et Gene Ackman
38:26Mais par contre, en termes de croire
38:28qu'on est dans un sous-marin,
38:30il y a des moments où c'est difficile.
38:32Ils fument clope sur clope
38:34dans le sous-marin.
38:36On sait bien que dans un sous-marin,
38:38on ne peut pas fumer.
38:40Parfois, même si quelqu'un ne fume pas,
38:42la personne qui fume lui propose
38:44une cigarette.
38:46Même dans un sous-marin,
38:48on ne verrait plus ça dans un film.
38:50Il y a des moments où c'est difficile
38:52de croire qu'on est dans un sous-marin
38:54et on ne verrait plus ça dans un film.
38:56C'est ce qu'on appelle.
38:58Il y a des gens qui dénigrent
39:00ce type de cinéma en disant
39:02que c'est du cinéma commercial,
39:04d'entertainment.
39:06Je trouve qu'il y a tellement de manières
39:08de faire du cinéma et d'en regarder
39:10que moi, parfois,
39:12j'aime aller au cinéma pour
39:14monter dans un manège de fêtes foraines,
39:16frissonner, avoir peur.
39:18D'autres fois, pour passer du temps
39:20avec ces personnages de Jim Jarmusch
39:22ou dans la poésie de Wim Wenders,
39:24c'est d'autres moments
39:26à voir Will Ferrell
39:28et John Cirelli
39:30être des enfants de 50 ans.
39:32Je trouve qu'on nous pousse
39:34souvent à choisir des choses,
39:36à se définir par nos choix.
39:38Qu'est-ce que tu aimes le plus ?
39:40Quel style tu aimes le plus ?
39:42Ce qui est beau ici, par exemple,
39:44dans cet endroit,
39:46c'est que tout ça, c'est sur des mêmes étagères.
39:48C'est disponible et ce serait dommage
39:50de découvrir plein de choses différentes.
39:52Vive les films de sous-marins !
39:54J'aime ce film
39:56vraiment comme un film
39:58d'amitié.
40:00On voit même sur cette affiche
40:02que ce ne sont pas des acteurs qui sont en train de poser,
40:04de jouer ou de faire comme s'ils étaient amis.