Réélection de Donald Trump: "Il faut craindre pour l'emploi" en Europe, estime Jacques Attali

Jacques Attali, essayiste, romancier et ancien conseiller d’État, était l’invité du Face à Face ce jeudi 7 novembre sur BFMTV et RMC.

Transcript

00:00– Il faut craindre pour l'emploi en Europe.

00:01– Oui, sans aucun doute, il faut craindre pour l'emploi, là encore sauf si on se donne les moyens,

00:07si on considère que cette crise est une opportunité, c'est une chance,

00:11c'est ce qu'on appelle en anglais un wake-up call, c'est l'occasion de se réveiller,

00:16de prendre conscience que nous sommes menacés par un déferlement

00:20de haut niveau de qualité technique d'objets de consommation chinois,

00:25pas seulement dans le textile mais aussi dans l'automobile,

00:27mais qu'il faut réagir en produisant.

00:29– Emmanuel Macron évoquait hier un réveil stratégique européen.

00:32– Fondamental.

00:33– Mais est-ce que l'Europe saura répondre d'une seule voix ?

00:35– Alors c'est ça…

00:36– Parce qu'en Europe, il n'y a pas que des fervents défenseurs d'une Europe intégrée,

00:40il y a aussi des partisans de Donald Trump qui au final,

00:42ça commode très bien de dire bah nous, Hongrie, Italie, Pologne,

00:46on ira négocier avec Donald Trump en direct pour notre pays,

00:48pas forcément pour les 27.

00:50– Non, en matière commerciale c'est pas possible,

00:54sauf à sortir de l'Union Européenne puisque je rappelle

00:56que c'est une compétence communautaire.

00:59– Mais l'Allemagne par exemple rechigne à mettre des droits de douane

01:02lorsque les productions européennes sont taxées,

01:04ce n'est pas leur philosophie par exemple.

01:06– Ce n'est pas leur philosophie,

01:08la mauvaise nouvelle n'est pas l'élection de M. Trump

01:10parce que je pense que quoi qu'il arrive,

01:11qui que ce soit qui était président des Etats-Unis,

01:13nous aurions eu des Etats-Unis beaucoup plus protectionnistes

01:17et beaucoup plus tournés vers eux-mêmes.

01:19La mauvaise nouvelle c'est ce qui se passe en Allemagne,

01:21une Allemagne qui est profondément en crise

01:23puisque elle vivait des importations d'énergie russe

01:28et des exportations de biens de consommation et d'équipement

01:32vers la Chine et les Etats-Unis.

01:34Donc elle est extraordinairement vulnérable à la situation actuelle,

01:37fermée aux Etats-Unis, fermée en Chine, fermée en Russie.