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À quelques jours du grand départ du Vendée Globe, le skipper du bateau «Monnoyeur - Duo for a job» fait le point sur toutes les mesures de sécurité mise en place à bord pour effectuer ce tour du monde en solitaire dans les meilleures conditions.

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Transcription
00:00Je m'appelle Benjamin Ferré, j'ai 33 ans, je suis skipper du bateau Mono Air Duo
00:14for a Job et je vais participer à mon premier Vendée Globe.
00:19S'il arrive une avarie grave et qu'il faut qu'on vienne nous chercher, il faut qu'on
00:25sache exactement quelle est la procédure à suivre.
00:27Quand ça arrive, ça arrive très vite, donc il faut réagir vite et il faut s'y entraîner
00:31avant.
00:32Si on doit évacuer le bateau, la première chose à faire c'est déjà déclencher sa
00:37balise de détresse.
00:38On a deux balises qui sont à portée de main, qui sont scotchées.
00:42Je détends l'antenne, j'appuie sur le bouton et là ça va envoyer un message de
00:47détresse au service concerné et grâce à ça j'ai ma position GPS pour que les secours
00:53puissent me retrouver.
00:54On peut s'imaginer que le bateau est toujours en mouvement.
00:56La deuxième chose à faire le plus rapidement possible, c'est d'enfiler ce qu'on appelle
01:02nos TPS.
01:03Elles sont identifiées, elles ont un numéro de série avec le nom et prénom du skipper
01:09qui est référencé avec, ça permet dans le cas tragique de pouvoir identifier le corps
01:14rapidement.
01:15Là dedans, j'ai une petite polaire sous vide, des petites sous-couches en collant,
01:23une lampe torche, mes petits chaussons, un petit couteau, une checklist.
01:26Si t'es dans une phase un peu de perdition et qu'il faut réagir très vite, tu peux
01:30avoir un degré de lucidité qui n'est pas maximum.
01:33On sait que ça peut arriver, on n'y pense pas, c'est juste qu'il faut qu'on soit
01:35préparé à ça le jour où ça arrive.
01:37Tous ceux à qui il est arrivé une nerverie très grave, ils racontent que le cerveau
01:41a cette capacité à s'upgrader et à prendre les bonnes décisions très rapidement pour
01:46sa survie.
01:47C'est vrai qu'on a beaucoup de formations qui sont obligatoires et elles concernent
01:50la partie médicale qui nous apprend non seulement à bien connaître notre pharmacie, à bien
01:56anticiper les différentes pathologies qu'on peut avoir en mer et à comment réagir vite
02:00par rapport à ça.
02:01Je me suis planté une aiguille pour m'auto-perfuser, on a appris à recoudre sur des pieds de cochon.
02:05Tout ça est très militarisé dans son organisation.
02:09Ensuite, l'idée ça va être d'évacuer le bateau.
02:11Je pars avec ma TPS et je pars avec ce petit sac qu'on appelle un grab bag.
02:17Là dedans, j'ai tous les éléments pour pouvoir survivre pendant quelques jours.
02:21Tout est plastifié, j'ai de quoi m'éclairer.
02:26Un téléphone satellite avec une première batterie, j'ai une deuxième batterie sous-vide.
02:30Et ce qui est très important, c'est une VHF avec une batterie de secours à la VHF.
02:35Si par exemple je suis à portée de vol d'un avion ou d'un hélicoptère, la façon dont
02:40ils vont communiquer avec moi c'est avec ça.
02:41Dans ma valise, j'ai ce qu'on appelle de la fluorescine, c'est hyper visuel et du
02:46coup ça permet d'identifier la zone où je me trouve.
02:49Lampes, épiles, tout ce dont je peux avoir besoin si je dois survivre pendant très longtemps
02:54dans mon radeau.
02:55Donc j'ai des antidouleurs, anti-mal de mer, anti-vomissement, de la crème solaire, des
03:02rations de survie qui sont de la nourriture en fait.
03:04Et le dernier truc que j'embarque, c'est ma petite banane qui est toujours accrochée
03:09ici.
03:10J'ai en fait plein d'éléments qui permettent de m'identifier.
03:15Une balise AIS perso, toutes mes informations sont enregistrées dessus.
03:18Lorsque je la déclenche, ça envoie un signal d'alerte aux bateaux qui sont autour de
03:23moi.
03:24Une lampe, une deuxième lampe, et ça c'est une flashlight, c'est quelque chose qui envoie
03:28de la lumière.
03:29Je la laisse toujours ici et quand on est vraiment dans du gros temps et que t'es un
03:32peu en risque, je la mets sous mon ciré, s'il arrive quelque chose ou si je tombe
03:36à l'eau, je sais que j'ai au moins ça pour pouvoir me faire repérer derrière.
03:39Je connais bien le matériel que j'ai à bord, la formation, on a tout passé en vue
03:43pour que je la connaisse par cœur.
03:44Plus tu connais aussi ce qu'il y a dans tes sacs, plus t'es à l'aise sur le bateau.
03:47Chaque sac doit faire entre 18 et 20 kilos.
03:50Donc, équipé de tout ça, on va désormais quitter le bateau, c'est par ces petites
03:55trappes qu'on va sortir, passer toujours les pieds en avant parce que c'est moins
03:59accidentogène.
04:00Et donc, je vais m'évacuer par ce petit tunnel et donc là, tu vois, je retrouve un radeau
04:07de survie qui est situé ici, qui est sécurisé et donc je vais ouvrir la trappe, pousser
04:13avec mes pieds, sortir le radeau par la trappe et ensuite, c'est moi qui vais devoir sortir.
04:19Plus longtemps tu peux rester dans le bateau, mieux tu te portes.
04:22Et en fait, un bateau, même endommagé, même handicapé, c'est quand même un élément
04:27qu'on repère plus facilement qu'un radeau de survie.
04:29Tant que le bateau peut survivre, c'est dans le bateau qu'il faut rester, c'est
04:31là où on a un maximum de vivres, c'est là où on a un maximum de moyens de communication
04:35aussi.
04:36On est le plus en sécurité.
04:44Tu ne veux pas aller faire un petit tour en haut du mars ?
04:47Tu montes au mars parce que tu es contraint et forcé et obligé.
04:50Donc soit c'est pour réparer une voile, soit c'est pour réparer de l'électronique
04:55parce que la force du vent et la direction du vent, on l'a grâce à des petits outils
04:59qui sont tout en haut du mars.
05:00Ça, c'est le fameux gris-gris qui a été inventé pour l'escalade, qu'on a récupéré
05:06pour l'utilisation de la course au large.
05:07L'accrocher.
05:08C'est comme ça que je vais monter, à l'aide de cette foignée et à l'aide de ça.
05:15Tu te hisses et donc là, en solitaire, tu arrives à monter.
05:24Je monte mes bras et je me hisse.
05:29Forcément, ce genre de choses, tu dois toujours le faire au pire moment.
05:34Donc quand il y a de la mer, quand il ne fait pas beau.
05:36Donc moi, ma technique, c'est de ne pas trop regarder en bas parce que sinon, je me rends
05:40compte de la hauteur à laquelle je suis.
05:42Ça ne sert à rien d'aller vite, tu vois.
05:46Ce qui me fait peur, c'est la descente en fait.
05:49Et voilà.
05:52Je n'aime pas ça.
05:56Le fait de le faire en solitaire, il y a un moment où tu as quand même une toute petite
06:01prise de conscience de s'il y a une drisse qui lâche ou s'il y a un truc qui se passe
06:04mal, soit je m'assomme et je reste suspendu à mon mâs, soit je m'écrase comme une crêpe
06:09sur le bateau.
06:10Je ne suis pas hyper à l'aise à des hauteurs pareilles.
06:12Est-ce que j'ai conscience que c'est un sport dangereux ? Je ne pense pas.
06:22Forcément, la distance crée le risque.
06:24Je pense aussi que mon inexpérience peut être un danger.
06:27Je ne le mentalise pas tant que ça parce que si tu identifies à quel point c'est dangereux,
06:31je pense que ça peut te freiner aussi.
06:33Tu as juste des règles de sécurité de base à respecter.
06:36C'est plutôt comme ça que j'essaie de construire le truc.

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