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Le politologue et juriste américain Reed Brody réagit aux premiers résultats qui placent Donald Trump en tête à sept heures du matin, heure belge.

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00:00Donald Trump mène la danse dans les swingstates et remporte la Caroline du Nord, c'est le
00:04premier état pivot pour lequel les résultats sont officiels, mais la tendance est républicaine
00:10dans les autres états pivots qui restent.
00:11Voilà ce qu'on peut dire, peu après 6h du matin heure belge, avec évidemment, on
00:16le précise toujours, des résultats parcellaires, on va en discuter directement avec un expert
00:22de l'autre côté de l'Atlantique.
00:23Et pour prendre la température, on est avec Reid Brody, avocat politologue, observateur
00:34de la vie politique américaine.
00:36Bonjour Reid.
00:37Bonjour.
00:38Merci.
00:39Bonsoir pour moi.
00:40Merci beaucoup.
00:41J'allais le dire, il est tard chez vous, merci d'avoir veillé un petit peu pour nous.
00:44Là, à chaud avec les résultats dont on dispose qui sont toujours incomplets mais
00:48qui permettent de donner une tendance, c'est quoi votre sentiment ? Il est positif, il
00:52est négatif ?
00:53Écoutez, je suis tellement déprimé pour mon pays, pour le monde.
00:58Moi, je crains que la présidence de Donald Trump qui se dessine avec ses résultats ne
01:07sonne pas le glas de la démocratie américaine telle qu'on le connaît.
01:13Il aura à ses côtés, de toute vraisemblance, un Sénat républicain, une chambre de représentants
01:24républicains.
01:25Il a déjà un corps suprême avec une supermajorité républicaine.
01:32Je pense que Donald Trump sera beaucoup plus dangereux cette fois-ci.
01:39La première fois qu'il était élu, à la surprise générale même, lui, il n'était
01:45pas préparé.
01:46Il s'était enterré des personnes de l'establishment qui agissaient un peu comme des gardes-fous
01:54pour tempérer ses instincts les plus radicaux.
01:59Les gens qui disaient, non, monsieur le Président, vous ne pouvez pas faire ceci ou cela.
02:04Cette fois-ci, il a eu quatre ans à ruminer sa défaite, à préparer sa révanche et sa
02:13présidence.
02:14Donc, il est beaucoup plus préparé.
02:17En plus, tout ce qu'il aura fait la première fois, y compris le putsch, la tentative du
02:23putsch, aura été maintenant validée démocratiquement par le pays.
02:31Donc, pour moi, c'est un jour très, malheureusement, très, très sombre pour les États-Unis.
02:38Il faut prendre avec des pincettes tout ce qu'on est en train de dire, évidemment, mais
02:42là, on n'a pas l'air de se diriger vers un scénario d'incertitude avec plusieurs jours
02:46d'attente avant d'avoir des résultats officiels.
02:49Ça a l'air relativement clair quand même.
02:51Écoutez, on va le savoir, je pense, dans les heures qui suivent.
02:59Si Kamala n'arrive pas à remonter, surtout dans le « blue wall » dans les États de
03:09Michigan, Wisconsin et Pennsylvanie, on saura ce soir ou tôt le matin, et même cette fois,
03:19Donald Trump, il paraît qu'il va même gagner le vote populaire qu'il n'avait pas gagné
03:26dans ces deux élections précédentes.
03:28Donc, malheureusement, il aura été plébiscité par les Américains.
03:37Oui, j'allais poser la question.
03:39C'est une victoire de Donald Trump plus qu'une défaite de Kamala Harris, de nouveau,
03:43si ces chiffres se confirment.
03:45Il y a une validation de ce qu'il est, de ce qu'il a fait, de ce qu'il a été.
03:49Malheureusement, malheureusement.
03:53Je pense que c'est aussi une défaite des démocrates.
03:56Kamala Harris était loin d'être la meilleure candidate.
04:00Une candidate par défaut parce qu'il n'y avait personne d'autre et parce que l'abandon de Joe Biden.
04:05Voilà, parce que l'abandon de Joe Biden était venu trop tard et il n'y avait pas le temps
04:12d'organiser des primaires.
04:14Kamala, elle a fait, on doit lui reconnaître cela, dans les 48 heures après le rétromptage,
04:23après Joe Biden, elle a tout fait, elle a appelé tous les responsables démocrates
04:29et elle leur a gagné la nomination en 48 heures.
04:34Mais elle n'était pas la meilleure candidate et elle n'a pas convaincu les Américains
04:42qui, je pense, ne la connaissent toujours pas, ne savent pas exactement qui elle est,
04:50pourquoi elle est candidate, quelles sont ses valeurs intimes.
04:56Moi, j'ai fait la porte à porte cette semaine en Pennsylvanie, je voyais ça.
05:01Les gens qui allaient, il y avait un vote d'adhésion de Kamala,
05:07mais il y avait surtout un vote de rejet pour Donald Trump.
05:11Et je pense qu'on ne peut pas gagner seulement avec ce vote de rejet.
05:18C'est la défaite de la démocratie, la victoire de l'outrance, de la post-vérité.
05:23Ça veut dire que les citoyens, là, ils ont accordé de l'importance à leur pouvoir d'achat,
05:27à ce qui les concernait, eux, directement.
05:30Et on peut évidemment tout à fait comprendre.
05:33Pour moi, évidemment, c'était une question existentielle.
05:39C'est la démocratie américaine qui était en jeu.
05:42Quelqu'un qui n'a pas, il y a huit ans, il y a quatre ans, accepté sa défaite,
05:48qui a tout tenté pour renverser les résultats des élections,
05:53qui s'en fiche complètement des contre-pouvoirs des institutions de la Constitution américaine,
06:01qui a abaissé le niveau du débat, qui insulte et injure ses opposants.
06:10Mais on dirait que pour la plupart des Américains,
06:15c'était plutôt le fait qu'ils avaient l'impression que le pays allait mal,
06:23qu'ils vivaient mieux il y a quatre ans qu'aujourd'hui,
06:28et que la tendance dans le pays, on voit le chaos,
06:34même quand les démocrates ne sont pas responsables.
06:39On voit Gaza, on voit l'Ukraine, on voit les frontières, les migrants,
06:45les crises climatiques, etc.
06:49Il y avait un sentiment quand même, il y a un sentiment dans le pays que les choses vont mal.
06:54Juste pour terminer, une des formes d'explications qu'on peut peut-être déjà apporter de nouveau avec beaucoup de pincettes.
07:01On sait que Donald Trump, il a une base de fans très solide, mais qui n'est pas si nombreuse que ça.
07:06Là, ce à quoi on assiste aussi, c'est l'illustration du fait qu'il a réussi à convaincre dans son propre camp
07:14des électeurs républicains qui, avant, il y a huit ans, il y a quatre ans,
07:18auraient voté en se pinçant le nez ou alors n'auraient pas voté pour lui tout court.
07:21Cette année, ils n'ont plus hésité.
07:24Je pense que c'est ça.
07:27Évidemment, il y a beaucoup de républicains.
07:29C'est intéressant de voir que tous les anciens dirigeants du parti républicain,
07:35les Cheney, il y a même presque tous les membres de son cabinet, de son gouvernement,
07:44ont voté ou ont rejeté sa candidature.
07:48Mais dans le pays, ces questions délicates de la démocratie ne semblaient pas être au cœur de leurs préoccupations.
08:00On voit en Donald Trump un homme fort, un homme qui peut prendre des choses en main.
08:08Évidemment, il y avait aussi ce grand « gender gap » où, selon les sondages,
08:14il perdait le vote des femmes à 15 %, mais il gagnait le même pourcentage dans le vote masculin.
08:24Je pense que ça n'augure pas bien pour nos démocraties, malheureusement.
08:30Merci beaucoup, en tout cas, Reid, d'avoir pris un petit peu de temps pour venir nous expliquer tout ça
08:35après une longue et difficile, on l'a compris, journée pour vous.
08:39On renvoie évidemment nos spectateurs au site du Soir, à notre application.
08:44C'est là que vous pourrez retrouver les derniers développements,
08:47les chiffres les plus actualisés sur cette élection présidentielle américaine.
08:54PENSONS NOTRE QUOTIDIEN

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