Melissa Bell, correspondante de CNN à Paris est l'invitée de Neïla Latrous sur RMC et BFMTV, ce mardi 5 novembre, dernier jour où les Américains votent pour l'élection présidentielle.
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00:008h32 sur BFM TV et RMC. Mon invitée est Mélissa Bell, bonjour.
00:04Bonjour Léla.
00:05Vous êtes la correspondante de CNN en France, spécialiste des relations internationales.
00:09Vous connaissez parfaitement la France, l'Europe et les Etats-Unis.
00:13Et donc, vous allez nous aider à comprendre pourquoi ce qui se joue aux Etats-Unis est tellement important,
00:19pas simplement pour les Américains, mais aussi pour nous.
00:23L'Amérique vote ce mardi, jusqu'à ce mardi.
00:27Donald Trump, Kamala Harris, l'un des deux, succèdera à Joe Biden.
00:31Mélissa Bell, si vous deviez mettre une pièce sur l'un des deux ?
00:35Personne ne peut savoir et ça serait hasardeux de s'aventurer à ce stade avec une projection.
00:42C'est dans les sept Etats clés des différences entre les deux candidats.
00:48Dans certains Etats, de moins d'un pour cent dans les sondages.
00:51Et ce sont ces sept Etats qui vont décider cette élection.
00:54Pour l'instant, personne ne peut savoir et les sondages, on le sait, ne sont pas toujours justes.
00:58Ils donnent une image un peu faussée, au départ, de ce qui peut arriver.
01:02Personne ne sait et cette élection est plus serrée encore que toutes les dernières.
01:07Ça veut dire qu'il est possible, si je comprends, moins d'un pour cent des voix dans cet Etat.
01:11Donc, c'est quelques centaines de voix pour l'un ou pour l'autre.
01:14Donc, ça veut dire qu'il est très probable que ce soir, nous n'ayons pas les résultats définitifs.
01:18C'est quasiment certain puisque dans les Etats clés dont on parle,
01:21le système fait que, par exemple, en Pennsylvanie, les votes qui ont été...
01:2578 millions d'Américains ont déjà voté avant le jour du vote.
01:29Dans l'Etat de Pennsylvanie, par exemple, qui est l'Etat clé le plus important,
01:33puisqu'il y a 19 électeurs qui en sortiront,
01:35les votes qui sont arrivés au moment du jour J ne peuvent pas être ouverts, dépliés,
01:39passés dans les machines avant, plus tard, dans la journée aujourd'hui.
01:43Ce qui veut dire que la Pennsylvanie, forcément, va mettre quelques jours à donner son résultat
01:47et ce pourrait être décisif pour le résultat global.
01:50Pour réexpliquer le mode de scrutin où les Américains ne votent pas directement pour leur président,
01:56ils élisent des grands électeurs, Etat par Etat,
01:59et c'est ces grands électeurs qui ensuite donnent leur voix à Donald Trump ou à Kamala Harris.
02:04Précision, je disais, l'Amérique vote jusqu'à aujourd'hui et vous l'évoquiez.
02:08Ce n'est pas un jour où tous les Américains se rendent aux urnes.
02:11Il y a aussi un vote par correspondance et c'est pour ça qu'un certain nombre d'Américains
02:16ont pu d'ores et déjà mettre un bulletin dans une enveloppe,
02:19sauf qu'on ne sait pas, pour l'instant, qui ils ont choisi.
02:22Est-ce que c'est une vue de l'esprit lorsque l'on présente cette élection américaine
02:26comme un référendum pour ou contre Donald Trump ?
02:29C'est vrai qu'il a le passif historique qu'il a,
02:33que depuis qu'il a une place particulière, puisque ce serait la première fois depuis 160 ans
02:37qu'un président qui avait été battu regagnerait la Maison Blanche,
02:42mais aussi depuis sa défaite, il a été tellement omniprésent dans le paysage politique américain
02:49et pas simplement parce qu'il a gardé le contrôle du Parti républicain,
02:52aussi à cause de ces messages de désinformation qui voulaient que 2020 lui avait été volé,
02:58qu'il aurait dû gagner cette élection, qu'il n'aurait jamais dû quitter la Maison Blanche.
03:01Et ce n'est pas simplement un récit, ce n'est pas simplement ses paroles.
03:05On sait que dans les faits, le Parti républicain, suite à ses déclarations,
03:08a passé une bonne partie des quatre dernières années à lancer des procédures
03:11dans quelques localités pour remettre en cause, en doute,
03:14pour mettre un doute finalement sur l'intégrité du système électoral américain.
03:18Donc sa présence a été beaucoup plus importante qu'un candidat sortant ordinaire.
03:23Et donc, de fait, il est au centre de cette campagne.
03:25Toutefois, pour nous Français, nous Européens,
03:28est-ce que Kamala Harris ou Donald Trump à la Maison Blanche, ça a les mêmes conséquences
03:33en termes de relations entre le continent et les États-Unis,
03:38en termes de commerce, en termes de géopolitique ?
03:40Oui, ce n'est pas simplement que cette élection est plus serrée que les élections précédentes,
03:44c'est que la différence ou ce qui risque de sortir de l'élection
03:47est complètement opposée.
03:50Et ce n'est pas simplement de vision de l'avenir des États-Unis et de sa relation dans le monde,
03:53c'est de réalités différentes du présent qui sont présentées aux Américains.
03:57C'est ça qui est remarquable dans cette élection.
03:59Et pour votre question, on est là de ce que représentera la victoire de Donald Trump
04:03par rapport à la relation des États-Unis avec le reste du monde.
04:05Ce sont des tarifs sur les produits importés.
04:09C'est une rupture géostratégique beaucoup plus importante,
04:12avec des implications importantes et pour le Moyen-Orient,
04:15et pour l'Ukraine et bien sûr pour l'Europe.
04:16Mélissabelle, je rappelle pour ceux qui nous écoutent que vous êtes la correspondante de CNN en France
04:20et que vous connaissez parfaitement ces sujets-là,
04:23les acteurs en présence aux États-Unis,
04:25mais aussi leur vision et du monde et de l'Europe.
04:29D'ailleurs, question, est-ce que l'Amérique regarde encore l'Europe ?
04:33Kamala Harris, par exemple, je crois, n'a pas prononcé une seule fois ce mot-là dans sa campagne.
04:38On parlait à l'instant, on est là, de la différence que fera le vote pour le reste du monde,
04:42mais si on regarde la campagne à l'intérieur des États-Unis,
04:44c'est vraiment les implications pour les Américains qui intéressent,
04:47et les électeurs et les stratèges de campagne de part et d'autre.
04:51La question de l'immigration, la question de l'inflation surtout,
04:54et de ce que voudra dire cette élection pour la capacité de l'Américain moyen
05:00ou plus modeste à subvenir à ses besoins.
05:03Vraiment, l'économie au sens de cette élection et la capacité des gens à survivre.
05:08On a fait un sondage récemment, 49% des Américains estiment aujourd'hui
05:12qu'ils ont moins de moyens, ils sont moins capables de faire face au quotidien
05:18qu'ils ne l'étaient il y a un an.
05:19Et ça, c'est vraiment ce qui a été au cœur de la campagne dans ce dont ils ont parlé.
05:22Ce n'est pas tellement la politique étrangère qui a primé cette fois-ci,
05:26avec l'exception notable sans doute du Moyen-Orient qui a joué un rôle important.
05:30Et notamment pour Kamala Harris, je vous propose de commencer par la candidate démocrate.
05:33On va procéder de manière pédagogique pour ceux qui nous écoutent.
05:38C'est celle que l'on connaît le moins, Kamala Harris.
05:41Elle est venue, je crois, une fois sur le continent européen il y a trois ans.
05:45Est-ce que d'abord, le verrou psychologique en quelque sorte, si j'ose dire,
05:50délire une femme à la Maison-Blanche, est-ce que ce verrou a sauté aux Etats-Unis ?
05:53On sait qu'il y a Hillary Clinton en 2016, c'était l'une des interrogations.
05:57Est-ce qu'une femme présidente, ça peut le faire sur la première puissance mondiale ?
06:01Est-ce que ça, c'est fini ? Ce n'est plus un tabou, une femme à la Maison-Blanche ?
06:05Les Américains, est-ce qu'ils sont prêts ?
06:07C'est une des questions.
06:08Et ce que disent les sondeurs, c'est que quand on leur pose la question sur Kamala Harris,
06:11sur sa politique étrangère par exemple, et que la réponse vient d'électeurs
06:14où elle n'est pas tout à fait prête, qu'on peut y voir le fait qu'il y en a
06:18qui ne sont pas encore prêts à franchir ce pas-là.
06:21Et on parlait de la rupture historique que serait une deuxième présidence de Donald Trump,
06:24mais une première présidence de Kamala Harris le serait sans doute encore plus.
06:28Une femme de couleur, ça serait un changement énorme,
06:32et une rupture qui doit faire peur aussi d'un certain côté.
06:36D'un certain côté, c'est-à-dire du côté républicain ?
06:38Républicain, plus conservateur. Et puis, il n'y a pas que ça.
06:41D'ailleurs, elle a refusé de mettre en avant son identité, ni son genre, ni son ethnicité.
06:46Elle s'est focalisée sur son bilan, sur qui elle était, sur ses promesses de campagne.
06:50Mais c'est vrai que pour une partie de l'électorat, ça représente,
06:55et c'est d'ailleurs ce sur quoi Donald Trump a essayé d'insister,
06:57que c'était une radicale, en se focalisant justement sur les questions culturelles
07:02qui peuvent diviser les deux parties.
07:03Lorsque l'on regarde son bilan, ou ce qui a été fait, en tout cas par l'administration à laquelle elle appartient,
07:08l'administration démocrate sous la présidence de Joe Biden,
07:10je rappelle qu'elle a été la vice-présidente du président actuel.
07:14Il y a eu l'Inflation Reduction Act, pardon pour l'accent,
07:18un paquet de mesures protectionnistes prises dans le dos des Européens.
07:21Il y a eu aussi, Mélissabelle, le retrait unilatéral des troupes en Afghanistan.
07:24Il y a eu l'affaire des sous-marins australiens, qui était un marché remporté par les Français
07:29et qui a été saboté par Washington.
07:33Il y a eu le soutien timoré à l'Ukraine, ou en tout cas l'aide qu'il a fallu à arracher dollar par dollar
07:38pour fournir des armes, pour fournir de l'aide financière à Kiev.
07:43Est-ce que ça veut dire que l'Europe devra se méfier, y compris dans le scénario d'une victoire de Harris ?
07:50Est-ce que les démocrates, c'est aussi America First, l'Amérique d'abord ?
07:54Je pense que les Européens ont été étonnés de voir à quel point Joe Biden l'était,
07:57notamment sur les questions économiques,
07:59beaucoup plus America First que n'avaient été des administrations démocrates précédentes.
08:03Sur l'Ukraine, je pense qu'ils ont été beaucoup plus forts, surtout au début de la guerre.
08:07C'est eux qui ont vraiment lancé l'idée d'aller soutenir sans faille le gouvernement ukrainien,
08:13même si plus tard, c'est devenu plus compliqué par rapport au Congrès
08:16de continuer cette aide qui avait été la plus importante, l'aide américaine à l'Ukraine.
08:20Mais pour le reste, c'est vrai que ça a été étonnant de voir à quel point certaines mesures restaient en place,
08:26rien à voir avec ce que propose Donald Trump avec un deuxième retour à la Maison Blanche.
08:31On sait qu'il avait mis en place un programme de rupture la première fois.
08:35Cette fois-ci, on s'attend à ce qu'elle soit beaucoup plus importante.
08:37C'est 20% de tarifs sur tous les produits importés, 60% pour les produits chinois,
08:41ce qui aurait des conséquences, pas simplement pour la capacité de l'Europe à faire ses affaires aux Etats-Unis,
08:47mais pour l'économie globale et ce qui s'ensuit pour le système.
08:51Est-ce qu'on sait, quand un vice-président succède à un président en place, est-ce qu'il garde les mêmes équipes ?
09:01Non, on peut s'attendre à ce qu'elle les change, d'autant que ça a été tellement étonnant qu'elle s'insère dans cette campagne.
09:10On s'attendait à voir Joe Biden face à Donald Trump jusqu'au bout.
09:14C'était ce fameux débat qui a fait basculer la chose.
09:18Elle a fait une campagne très courte.
09:20Si elle gagne, elle mettra en place ses propres équipes nouvelles.
09:24Si Kamala Harris gagne dans les prochaines heures, si elle est élue présidente des Etats-Unis,
09:32est-ce que ce sera grâce au vote des femmes ?
09:35Ce qui est hyper intéressant dans les sondages pour l'instant,
09:37c'est de voir l'énorme différence qui se creuse entre les femmes et les hommes.
09:40Kamala Harris a une avance nettement plus importante chez les femmes que l'avance de Donald Trump chez les hommes.
09:46Pour quelles raisons ?
09:47Parce qu'elle a su leur parler, parce que la question de l'avortement se pose dans cette élection
09:53plus encore que dans les précédentes, puisqu'il s'est passé ce qui s'est passé ces dernières années
09:57par rapport à la Cour suprême et l'État fédéral, la capacité des femmes américaines à aller demander un avortement.
10:03Donc il y a ça.
10:05Et puis, je pense aussi, pour revenir à ce que je disais à l'instant,
10:07son arrivée un peu tardivement en campagne a réénergisé ce parti démocrate
10:11et a donné envie aux femmes d'aller se faire entendre.
10:15Et d'ailleurs, dans le camp de Donald Trump, c'est assez inquiétant.
10:18Et on sait que ses stratèges ont essayé de le convaincre, justement, de s'adresser aux femmes.
10:22Nikki Haley, à un moment, a fait tout un discours en disant
10:24« Attention, vous allez perdre les Américaines parce que, justement, de vous focaliser,
10:28Elon Musk, Donald Trump, dans des récits qui se dirigeaient vraiment pour les hommes,
10:33ça ne sera pas assez. »
10:34D'autant qu'on sait que dans l'électorat, ce sont les femmes qui sortent plus sûrement,
10:38en plus grand nombre, pour aller voter en général.
10:40Pour Kamala Harris, c'est un vote extrêmement important et qui peut faire la différence.
10:44Si elle gagne, elle devra donc beaucoup de sa victoire aux femmes.
10:48Si elle perd, en revanche, est-ce que ce sera à cause de ses positions sur le Proche-Orient ?
10:55CNN a révélé un point très intéressant cette nuit,
10:59c'est que Kamala Harris ne dit pas tout à fait la même chose aux électorats.
11:03Aux États-Unis, les candidats peuvent acheter de la publicité,
11:05y compris sur un certain nombre d'espaces publicitaires.
11:10Evo Chen a constaté que, par exemple, dans le Michigan,
11:12là où il y a l'électorat arabe le plus important,
11:14le spot de campagne de Kamala Harris insiste sur le fait qu'elle ne resterait pas sourde
11:19aux souffrances de Gaza et aux souffrances des Palestiniens.
11:22Clip différent diffusé dans un autre état-clé, la Pennsylvanie,
11:26où là, ce qui est mis en avant, c'est le droit d'Israël à se défendre
11:30pour ne plus jamais revivre le 7 octobre.
11:32Est-ce que c'est de la tactique politique ?
11:34Est-ce que cette question au fond du Proche-Orient,
11:36ça peut être ce qui l'a fait perdre Kamala Harris ?
11:39Je pense qu'elle est importante puisque les Etats-Unis sont très divisés sur la question.
11:44Vous le disiez, les populations dans le Michigan, mais d'autres états américains,
11:48la population juive américaine et son poids dans le paysage politique américain,
11:54bien sûr, sur la question de Gaza, sont plus divisés que jamais.
11:57Ça a été compliqué à gérer pour le Parti démocrate ces derniers mois,
12:00notamment pour Joe Biden en début de campagne,
12:02qu'on voyait du point de vue des Américains dans le Michigan
12:07n'avoir pas fait assez pour faire entendre ce qui se passait à Gaza.
12:10Elle est arrivée, justement, sa grande difficulté,
12:13ça a été de dire oui, j'ai été la vice-présidente de Joe Biden,
12:15mais attention, vu la dissatisfaction qu'il y avait par rapport à sa présidence
12:18dans l'électorat généralisé, je vais aussi faire une différence,
12:21je serai aussi différente de lui.
12:23Sur cette question, oui, elle essaie de faire valoir le fait
12:26qu'elle peut aller plus loin sur Gaza qu'il ne l'a fait,
12:28tout en essayant de garder avec elle le vote juif américain.
12:33C'est un équilibre très délicat.
12:35Est-ce que ça va la faire perdre ?
12:36Non, je pense que si elle perd, ça sera sur des questions économiques,
12:40inflation, immigration, et ça voudra dire que ce récit de Donald Trump
12:44qui existe depuis huit ans sur une immigration effrénée,
12:48sur une crise aux frontières, sur le fait que les villes américaines
12:52sont noyées par des immigrés, donc avec beaucoup de désinformation
12:56qu'on a vu ces derniers mois ressurgir, aura été très efficace.
13:00Donald Trump, j'en viens à celui que nous connaissons le mieux
13:02puisqu'il a déjà été président de la République,
13:04et si j'ose dire, on a payé pour voir.
13:06S'il perd, je comprends que le vote des femmes aura joué
13:12un grand rôle dans sa défaite.
13:14S'il gagne, à l'inverse, ce serait grâce à qui ?
13:17Grâce au groupe religieux, par exemple,
13:20on sait qu'il est très soutenu, notamment par les évangéliques.
13:23Et que ce groupe évangélique joue un rôle encore plus important
13:26aujourd'hui qu'il ne jouait en 2016, puisque le vote non évangélique,
13:29c'est-à-dire ce socle du soutien du parti républicain historique
13:33qui était les hommes blancs américains
13:36qui n'avaient pas de diplôme universitaire
13:39est devenu démographiquement plus petit.
13:41Donc ce vote évangélique pour lui compte plus encore
13:43qu'il ne comptait sur la question de l'avortement.
13:45Il les a dans la poche, bien sûr,
13:47mais c'est aujourd'hui, s'il gagne,
13:52c'est aussi parce qu'il aura réussi dans sa campagne
13:55à parler à sa base.
13:57Et on l'a vu ces derniers jours, ces dernières semaines,
13:59son message devenir toujours plus sombre
14:02et certains stratèges dans sa campagne
14:04voulaient qu'il essaie de parler à plus d'indécis,
14:08qu'il se concentre justement sur ses discours
14:10sur l'économie, sur l'inflation.
14:12Il est qui il est.
14:14Plus les semaines ont passé,
14:16plus le discours est devenu sombre
14:18et autocratique.
14:20Et s'il gagne, ça veut dire que ça, ça a été ignoré
14:24et que sa base est sortie suffisamment nombreuse
14:26pour compenser le fait que les indécis
14:28n'ont pas été séduits par un message
14:30qui serait plus au centre.
14:31Mélissabelle, on est d'accord que si Donald Trump
14:33ne gagne pas, il y aura une contestation
14:35des résultats. Jusqu'où cela peut aller ?
14:37On garde en tête les images de l'attaque
14:39du Capitole lorsqu'il a perdu en 2020.
14:42C'est certain. On sait que depuis 4 ans,
14:44certaines parties du parti républicain
14:47ont lancé 130 contestations,
14:50procédures pré-électorales
14:52pour essayer de faire miroiter dans des localités
14:55des menaces qui n'en avaient pas vraiment été.
14:57Pour disqualifier le scrutin ?
14:58Par exemple, le fait que des non-américains
15:00étaient sur des listes électorales.
15:02On sait que dans la réalité,
15:04c'est un nombre infiniment petit.
15:06Ce n'est pas un problème dans le système
15:08démocratique américain.
15:10Pas simplement les procédures, mais le récit
15:12qui vient du parti républicain depuis 4 ans
15:14sème un doute.
15:16On l'a entendu de plus en plus clairement
15:18ces derniers jours dans la campagne.
15:20Si les démocrates gagnent, c'est qu'ils ont triché.
15:22Ce sont des procédures lancées au niveau local
15:24qui pourraient retarder le résultat final
15:26et qui pourraient...
15:28On se souvient de 2020.
15:30C'était alors même que le volet vote était compté
15:32qu'ils parlaient de tricherie
15:34dans tel ou tel endroit.
15:36Ça a commencé déjà, il n'y a aucun doute
15:38que ça continuera cette année, dans les prochains jours.
15:40Campagne extraordinaire, Mélissabelle,
15:42quand on se déroule le film des dernières semaines
15:44entre la tentative d'assassinat
15:46de Donald Trump, Kamala Harris
15:48qui est finalement désignée par les démocrates
15:50quand Joe Biden se retire,
15:52les violences verbales inouïes à laquelle on a pu assister
15:54entre les deux candidats.
15:56Cette campagne américaine
15:58vue de France,
16:00est-ce que vous voyez des similitudes ?
16:02Est-ce que vous vous dites, tiens,
16:04la France peut être aussi guettée par cette forme
16:06d'américanisation de la politique
16:08et de brutalisation du débat public ?
16:10Je ne lui souhaite pas, mais je pense que ce qui a été
16:12justement, dans ce que vous expliquez,
16:14ce qui a été déterminant pour changer ça,
16:16pour faire qu'on arrive à ce point
16:18de vitriole, de division,
16:20de fracture, d'incompréhension,
16:22d'incapacité à s'entendre de part et d'autre
16:25du spectre politique,
16:27c'est aussi le fait que
16:29le paysage médiatique a beaucoup changé,
16:31des chaînes comme la mienne ou Fox News
16:33jouent un rôle moins important dans l'information
16:35qu'ont jouable les gens aujourd'hui qu'en 2016,
16:37les réseaux sociaux y ont été pour beaucoup,
16:39avec leur capacité à relayer
16:41des informations qui sont fausses,
16:43le fait qu'il n'y a pas d'intégrité journalistique
16:45dans les informations qui sont relayées, rien n'est checké
16:47ou tout n'est pas checké,
16:49et on a tendance,
16:51c'est aussi une façon d'amplifier certains messages.
16:53Donc une partie de l'électorat va simplement
16:55recevoir des informations
16:57qui confirment les idées qu'ils ont déjà
16:59et cet espace réel
17:01partagé d'autrefois
17:03a eu tendance à disparaître. Moi j'ai l'impression qu'en Europe
17:05il existe encore, vous avez encore des rendez-vous
17:07télévisés importants d'un point de vue national,
17:09vous avez encore des journaux nationaux
17:11qui comptent, pas simplement en France mais ailleurs,
17:13c'est ça qui s'est effrité beaucoup plus rapidement aux Etats-Unis.
17:15C'est difficile pour une chaîne comme la vôtre,
17:17CNN, de couvrir la campagne du candidat républicain
17:19alors qu'il vous a souvent désigné comme
17:21des médias reléant de fausses informations,
17:23il vous a souvent accusé au fond de ce qu'il produisait
17:25lui-même. Ennemi public numéro 1
17:27pendant la campagne de 2016, et pourquoi ?
17:29Parce que comme disait notre chef à l'époque,
17:31quand on est pour la vérité,
17:33on a l'air d'être contre
17:35Donald Trump, donc vous vous souvenez
17:37après prendre son premier mandat,
17:39les journaux New York Times qui avaient fait des décomptes,
17:41des mensonges, c'était complètement nouveau
17:43donc pour les médias traditionnels
17:45qui essaient de faire leur travail, d'essayer de faire la part
17:47entre le vrai et le faux et de relayer
17:49des informations qui ont été vérifiées,
17:51qui sont factuelles, qui sont réelles,
17:53ça n'est pas un combat personnel,
17:55ça n'est pas un combat contre tel candidat,
17:57c'est un combat qui a toujours été éternel
17:59qui est celui pour la vérité, pour essayer
18:01de dire les choses comme elles sont et de trouver
18:03la vérité là où elle est.
18:05Mélissabelle, d'un mot sur les réseaux sociaux, puisque vous les avez évoqués,
18:07on voit qu'un certain nombre de grands patrons
18:09de la tech américaine gardent le silence
18:11alors que
18:13traditionnellement
18:15ils étaient plutôt démocrates
18:17à l'exception notable d'Elon Musk
18:19qui ouvertement soutient Donald Trump
18:21est-ce que l'on sait les patrons
18:23de Facebook, de Microsoft, les autres
18:25qui y soutiennent ?
18:27Pourquoi ils se taisent ?
18:29Une particularité cette année, c'est que
18:31toutes les grandes boîtes, pas simplement les techs
18:33souvent peuvent faire campagne pour aller
18:35voter, donc pas pour un candidat ou pour l'autre
18:37mais juste pour encourager les gens à aller voter
18:39Cette année, beaucoup se sont tus
18:41de peur
18:43d'être associés à une campagne ou à l'autre
18:46Encore une fois, ça donne le Washington Post
18:48qui pour la première fois, ne donne pas
18:50sa préférence
18:52C'est courant aux Etats-Unis
18:54C'est courant aux Etats-Unis, c'est curieux
18:56en France, et le Washington Post en a perdu
18:58des dizaines de milliers d'abonnés
19:00parce qu'ils ont l'habitude justement d'avoir
19:02un journal qui leur dit, nous on pense que tel candidat
19:04sera bon pour telle raison
19:06Donc c'est un grand changement, et ça en dit long
19:08on est là sur la fracture de ce pays
19:10et sur... jusque là on pouvait
19:12être pour les républicains, pour les démocrates
19:14mais il y avait une capacité à se parler
19:16à continuer à croire en un système
19:18l'intégrité d'un système, à l'espace partagé
19:20comme je vous disais à l'instant
19:22Cette fois-ci, le fait que personne ne veuille être associé
19:24de trop près, avant, de peur
19:26après d'avoir des conséquences
19:28en dit long sur justement
19:30la peur qu'il y a
19:32l'inquiétude qu'il y a
19:34et le manque de confiance finalement
19:36de part et d'autre, c'est nouveau
19:38C'est nouveau, et la bonne nouvelle
19:40c'est que vous nous dites que la France pour l'instant n'est pas guettée
19:42par cette logique de bloc contre bloc
19:44Merci Mélissabelle, il est 8h52 sur BFMTVRMC
19:46Merci d'être venue à ce micro
19:48ce matin