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Moins d’un an après s’être massivement mobilisé, le monde agricole est à nouveau au bord de l’explosion. Après une année marquée par les pluies les plus abondantes du siècle et une série de crises sanitaires, l’annonce de la signature imminente d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, marché commun d’Amérique du Sud, provoque un véritable tollé. Pour les agriculteurs, il est évident qu’ils sont, une fois de plus, la principale variable d’ajustement de Bruxelles. Dans les faits, ce traité vise à faciliter les échanges de biens et de services entre l’UE et les cinq pays membres du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) en réduisant significativement les barrières tarifaires. Les montants en jeu sont colossaux : rien que pour les biens, les échanges représentent plus de 50 milliards d’euros d’importations et d’exportations, avec un solde généralement favorable à l’UE, sauf en 2022. [...]

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00:00Générique
00:09Moins d'un an après s'être massivement mobilisé, le monde agricole est à nouveau au bord de l'explosion.
00:15Après l'année la plus pluvieuse du siècle et la multiplication des crises sanitaires,
00:19l'annonce de la signature prochaine d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur,
00:25marché commun d'Amérique du Sud, ne passe pas.
00:28L'évidence pour les agriculteurs est d'être une fois de plus la principale variable d'ajustement de Bruxelles.
00:34Dans les faits, le traité entend faciliter les échanges de biens et de services entre l'UE et les cinq pays membres du Mercosur,
00:40Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie, en réduisant fortement les barrières tarifaires.
00:48Les montants en jeu sont colossaux.
00:50Rien que sur les biens, les échanges couvrent plus de 50 milliards d'euros d'importation et d'exportation.
00:55Le solde est plutôt favorable à l'UE, sauf en 2022.
00:59Mais le diable se cache dans les détails, car le contenu de la balance commerciale est profondément déséquilibré.
01:04D'un côté, il y a les biens en agricole, amplement excédentaires.
01:09Les services, dont le solde est lui aussi structurellement positif.
01:13Et pour finir, les biens agricoles, qui sont dans le rouge.
01:16Or, en caricaturant à peine ce qui se négocie actuellement,
01:20c'est bien de faciliter encore plus l'accès au marché sud-américain de la chimie et des automobiles allemandes
01:25contre l'ouverture des marchés agricoles européens au Mercosur.
01:29Viande bovine, volaille, sucre, éthanol principalement.
01:33Certes, des contingentements sont prévus, mais il ne faut pas être naïf.
01:37Les importations vont inévitablement augmenter et elles portent sur des marchés agricoles déjà fragilisés.
01:42L'exaspération des agriculteurs est d'autant plus grande qu'une fois de plus, ils ne se battent pas à armes égales,
01:48les importations ne respectant pas les mêmes normes sanitaires et environnementales.
01:53Une fois de plus, les intérêts agricoles sont mal défendus en Europe et c'est d'autant plus vrai en France.
01:58En cause, une démographie agricole en déclin avec un nombre d'exploitants et de travailleurs divisé par 4 en 50 ans.
02:05Avec cette double implication.
02:07L'effondrement du nombre de Français ayant une compréhension du monde agricole.
02:11Bilan, le fossé se creuse et les tensions sont de plus en plus vives entre les agriculteurs et les néoruraux.
02:17Pour les premiers, la campagne est un espace de production.
02:20Pour les seconds, c'est un lieu de vie qu'ils souhaitent préserver de toute nuisance, bruit, odeur, produits phytosanitaires.
02:27Seconde implication, le délitement de l'influence politique des exploitants agricoles.
02:32Leurs voix portent moins, leurs intérêts sont moins défendus.
02:35Ce recul politique, combiné à la pression des mouvements écologistes, place les paysans dans une situation difficile.
02:42Ils font face à une législation et une réglementation européenne exigeantes, appliquées avec une ardeur militante en France.
02:49Ce surcroît de normes les places en situation de désavantage concurrentiel tant au sein de l'UE qu'à l'international.
02:55Pour les agriculteurs, un enchaînement infernal en trois actes s'est mis en place.
03:00Le premier, une hausse des coûts supérieurs à la concurrence,
03:04alors que la France souffre déjà d'un déficit de compétitivité lié à un coût de travail élevé.
03:10À cela s'ajoute l'encouragement par les pouvoirs publics du bio plus cher à produire et plus globalement la montée en gamme.
03:17Ce faisant, le cœur de gamme a été oublié et l'agriculture française a perdu des parts de marché à l'extérieur comme sur son marché domestique.
03:24En 20 ans, les principales productions de fruits ont chuté de moitié et le secteur des légumes et de l'élevage suit la même trajectoire.
03:31Troisième acte, l'impossibilité de valoriser leurs offres au juste prix.
03:35Industriels, restaurateurs et grandes distributions mettent la pression car les consommateurs refusent de payer plus cher leur alimentation.
03:43L'épilogue, ce sont des revenus sous tension avec en plus une année marquée par une météo capricieuse
03:48qui annuit au rendement et à la qualité de la production et la résurgence des pisotis, grippes aviaires, fièvres catarales, ovines, etc.
03:56Pour nombre d'agriculteurs, agricultrices, sans le revenu du conjoint, c'est la banqueroute.
04:01On comprend mieux leurs désarrois et cette rancœur du monde pisan qui n'attendra pas le 22 février prochain,
04:06date du début du Salon de l'agriculture, pour se rappeler au bon souvenir des pouvoirs publics.

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