Tiktok est assigné au civil par un collectif représentant sept familles de jeunes utilisateurs dont la santé mentale se serait dégradée en raison de leur utilisation du réseau social.
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00:00Cette famille donc décide de lancer une action en justice contre TikTok pour je cite la dégradation de l'état de santé de leurs enfants et
00:06évidemment leurs conséquences et nous sommes avec maître Laure Boutron-Marmion. Bonjour maître et Stéphanie Mistre.
00:12Stéphanie Mistre, vous faites partie des plaignantes. Votre fille s'est suicidée en 2021 et l'idée en fait d'attaquer TikTok vient de vous.
00:20Stéphanie, est-ce que vous voulez bien d'abord nous rappeler dans quelles circonstances votre fille Marie s'est donnée la mort ?
00:28Marie a été harcelée pendant toute l'année scolaire dans son lycée dans lequel elle était et en fait TikTok l'a complètement enfermée dans sa détresse
00:44en lui suggérant fortement que la meilleure solution pour elle pour se libérer était de faire ce qu'elle a fait c'est-à-dire se donner la mort.
00:55En fait lorsque vous dites enfermée c'est-à-dire que l'algorithme l'a enfermée c'est pour ça qu'on parle de provocation au suicide par algorithme.
01:04Oui complètement, c'est comme si elle a bombardé de notifications, de contenus pour l'enfermer comme on peut dire dans un terrier de lapins où elle s'est
01:16complètement retrouvée enfermée dans ce cercle vicieux jusqu'à l'inciter en fait et lui montrer le suicide comme une voie de libération.
01:28Vous vous dites trois ans plus tard que sans TikTok Marie n'aurait pas mis fin à ses jours.
01:34Sans TikTok je pense qu'entre le harcèlement et TikTok qui n'a fait que la renfermer et lui envoyer des images négatives et dépressives
01:47effectivement il n'y aurait pas eu TikTok. Je pense que ma fille aurait pu être encore là aujourd'hui.
01:59Maître il y a d'autres histoires comparables à celles de Stéphanie et de Marie parmi les sept plaignantes et c'est pour ça que vous avez engagé cette action.
02:09Cette action qu'en espérez-vous ? Action collective ?
02:13Alors d'abord je voudrais revenir sur ce qui vient d'être dit puisqu'à mon sens il y a quelque chose d'essentiel à retenir.
02:20Vous dites les algorithmes ont enfermé ces adolescents dans leur mal-être mais attention ces algorithmes ils ont une paternité.
02:31La paternité c'est les entreprises de réseaux sociaux qui créent les applications et qui sont à la manœuvre de cet algorithme là et au paramétrage de cet algorithme.
02:40Donc je le dis et il me semble essentiel de le rappeler parce qu'il ne faudrait pas si vous voulez que par un raisonnement comme celui-là on se défause sur l'intelligence artificielle.
02:54Donc oui pour répondre à votre question effectivement aujourd'hui nous portons à l'attention des tribunaux français cette histoire douloureuse à la fois différente mais en même temps toute ressemblante sur la mécanique face à laquelle ces adolescents ont été confrontés.
03:15Deux aujourd'hui ne sont plus là malheureusement il s'agit de Charlize et Marie et puis les autres tentent aujourd'hui de se reconstruire mais l'état de santé dégradé dans lequel ils sont aujourd'hui est très préoccupant et sérieux.
03:29Donc il est temps effectivement qu'une entreprise comme TikTok prenne sa part de responsabilité puisque c'est bien de ça dont on parle dans cette action en justice.
03:41Vous pensez bien qu'on lance pas un recours comme celui-là sans fournir aux juges français un nombre de preuves tangibles et solides et toutes ces preuves là tendent à démontrer une chose.
03:56C'est qu'aujourd'hui cette application par son design par sa dynamique et par le fait qu'à côté il n'y a absolument aucune censure de ces contenus dangereux.
04:09Eh bien on en arrive à un cocktail absolument mortifère pour ces adolescents qui sont confrontés puisque quand on a 14 ou 15 ans et qu'on est matraqué et biberonné par des vidéos qui vont même parfois vous glamouriser l'option du suicide.
04:26Eh bien vous vous en venez à vous dire que c'est tout à fait envisageable et concret.
04:30Alors évidemment ça parle à tous les parents que nous sommes mais est-ce qu'on peut tordre le bras d'un géant comme TikTok ?
04:38Alors on peut tout à fait tordre le bras à un géant comme TikTok parce que d'abord un géant reste pas moins déjà qu'injusticiable.
04:45Il s'agit d'une société, d'une personne morale certes.
04:49Deuxièmement nous avons quand même un socle de loi dont on peut se prévaloir.
04:56Et puis ensuite vous aurez aussi vu que nous ne sommes pas les seuls à s'inscrire si vous voulez dans un sillage de demandes, de responsabilités de ce type d'entreprise.
05:09Et d'autres actions judiciaires comme la mienne commencent à voir le jour.
05:14Mon action judiciaire est une première en Europe mais on a un pendant aux Etats-Unis certes par des Etats mais qui dénoncent absolument la même chose.
05:24Avec des résultats ?
05:26Alors ça vient d'être lancé.
05:28On est sur des sujets tout à fait nouveaux mais ça n'en reste pas moins des sujets qui ne sont absolument pas sortis du chapeau ni ubuesques.
05:36Et vous aurez vu aussi les avancées législatives que nous avons pu avoir ces derniers temps et notamment le Digital Service Act.
05:43Aujourd'hui il est un peu prématuré d'en voir les effets puisque nous sommes à à peine un an de son application.
05:50Mais il n'empêche que cette envie et ce souhait de contraindre de plus en plus ces entreprises à ce qu'elles se responsabilisent dans le développement commercial de leurs outils digitaux, c'est là, c'est maintenant.
06:07Merci infiniment. Une dernière chose peut-être avec vous Stéphanie parce que évidemment votre histoire résonne beaucoup encore une fois chez nos parents.
06:14Il y a des choses à conseiller aux parents qui vous regardent ce matin ?
06:17Oui de vraiment être attentif concernant les réseaux sociaux, de mettre des vétos à ses enfants, des couvre-feux et de pouvoir discuter avec eux
06:29et justement leur montrer tout ce qui peut se passer avec les réseaux sociaux et les informer et continuer d'avoir des discussions avec eux.
06:37Et à ce sujet-là quand même j'ai envie de dire qu'il y a quand même une prise de conscience par exemple de méta concernant la régularisation et la sécurisation des réseaux sociaux.
06:51C'est qu'il y a des comptes à dos qui vont être mis en place à partir du mois de décembre avec justement des couvre-feux et des temps de réseau pendant la journée pour les enfants de 15 ans.
07:02Donc c'est quand même une prise de conscience qui pour moi est quelque chose de positif parce que TikTok va être obligé de j'espère suivre un petit peu ce fonctionnement
07:14et de prendre conscience que son application a des impacts sur la santé mentale et physique de nos enfants.
07:21Donc il faut les protéger je pense que c'est pour ça qu'on est là en tant que parents pour les protéger et pour les informer.