• il y a 11 heures
Retrouvez le replay de la chronique "Pourquoi ?" de l'Équipe de Greg du 04/11/2024.

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Sport
Transcription
00:00Dommage...
00:02Putain...
00:04Entrez, Georges !
00:08Bonsoir !
00:10Tu veux pas qu'il glisse ?
00:12On verra...
00:14Aujourd'hui, on va vous parler d'un sujet que vous,
00:16derrière l'écran, vous avez peut-être
00:18constaté en accompagnant vos
00:20enfants, je sais pas, les dimanches, sur des tournois
00:22de foot, un sujet très sérieux qui mélange
00:24foot, argent et
00:26parents. Écoutez ce qu'il s'est passé à l'US Colomiers
00:28la semaine dernière, c'est un club de National 3
00:30dans les environs de Toulouse, vous le voyez,
00:32dans la nuit de lundi à mardi,
00:34aux alentours de 2h du matin,
00:36deux véhicules d'éducateurs du club sont
00:38incendiés devant leur domicile à
00:4045 minutes d'intervalle, dans des communes
00:42distantes de 20 kilomètres. Vous voyez les images,
00:44on a pu se les procurer, elles sont
00:46spectaculaires,
00:48elles sont assez graves d'ailleurs, ça aurait pu être plus grave,
00:50y'a pas de blessure. Une plainte a été déposée
00:52à la gendarmerie nationale, une enquête est
00:54en cours. On a échangé avec le président de
00:56l'US Colomiers aujourd'hui. Ce qu'il nous explique
00:58est sidérant. On comprend
01:00qu'il soupçonne très clairement que
01:02le responsable soit des parents de joueurs
01:04qui n'auraient pas apprécié une décision d'écarter
01:06leurs enfants de
01:08moins de 11 ans pour
01:10un tournoi de foot.
01:12Ma première réaction ça a été
01:14la désolation, même si une enquête est
01:16en cours. Les probabilités en fait
01:18que deux véhicules à 30 kilomètres d'intervalle
01:20de nos deux éducateurs sur une même
01:22catégorie, après avoir fait un choix de groupe
01:24pour un tournoi,
01:26paraissent vraiment...
01:30Y'a plein de faisceaux d'indices qui laissent à penser
01:32qu'il y a un lien avec notre club de foot
01:34malheureusement. Mais les faits étaient tellement graves
01:36que mon comité de direction
01:38et moi-même, on a de suite
01:40convenu qu'il n'y avait pas d'autre
01:42solution que de marquer
01:44un peu les esprits en arrêtant le club pendant 10 jours.
01:46Le club a suspendu ses activités
01:48jusqu'au 11 novembre. On soupçonne
01:50que cette affaire soit un énième
01:52épisode d'un phénomène très présent
01:54et inquiétant dans les catégories de jeunes.
01:56On appelle ça des parents avec un projet
01:58bappé. Qu'est-ce que ça veut dire ?
02:00On vous donne une définition à nous. C'est comme ça
02:02qu'on a défini le phénomène. Ce sont des parents aveuglés par
02:04la réussite de Kylian Mbappé et sa famille
02:06souhaitant reprendre le même schéma
02:08avec leur enfant dans un but
02:10lucratif. Ça nous a inspiré notre
02:12pourquoi du jour.
02:14Pourquoi le projet bappé,
02:16donc celui qu'on vous a présenté, est un
02:18fléau pour notre football. Et dans le club de
02:20l'année dont on parlait il y a quelques instants avec ses histoires
02:22invraisemblables, on a quand même constaté
02:24que ce phénomène existait avant
02:26les incidents de la semaine dernière.
02:28Ils ont vu passer des parents qui rêvent de devenir
02:30les nouveaux Wilfried Mbappé et Faysal Amari,
02:32les parents du capitaine
02:34des Bleus et qui accompagnent
02:36leurs enfants au football dès leur plus
02:38jeune âge avec ce but bien précis.
02:40Beaucoup de parents
02:42de plus en plus
02:44poussent pour que leurs enfants
02:46puissent être pris dans des détections,
02:48puissent être pris dans des centres de formation
02:50pour je ne sais quelle raison
02:52mais pas la raison première qui est
02:54aimer le football.
02:56Quand vous mettez l'argent avant le plaisir
02:58du foot, c'est là où ça devient
03:00compliqué.
03:02Difficile surtout pour les éducateurs des clubs
03:04qui sont en première ligne
03:06face à ces parents, pouvant devenir très
03:08hostiles parfois, qui mettent un enjeu démesuré
03:10sur la progression de leurs enfants.
03:12Le travail des éducateurs est de plus en plus
03:14compliqué selon Patrice Morel,
03:16directeur technique à Colombie.
03:18Je vois le climat se détériorer.
03:20Je vois
03:22des SMS de plus en plus
03:24virulents envers nos coachs
03:26dès qu'il y a le moment des choix.
03:28Il y a une forme de banalisation
03:30d'une certaine violence. L'appel à l'aide
03:32il est sur tous les week-ends. J'ai mes éducateurs
03:34qui sont à l'aide dès qu'ils font un choix
03:36où c'est très difficile. Ce qui freine un bon éducateur
03:38c'est les problèmes inhérents
03:40à une saison sportive de jeunes joueurs.
03:42Résultat, certains éducateurs commencent à se
03:44décourager face à cette terrible pression
03:46des parents.
03:48Ces événements de Colombie ne sont pas des cas isolés en France ?
03:50Non, et on a déjà parlé
03:52ici depuis plusieurs mois. Vous avez
03:54comme nous, relevé ces différents cas graves
03:56que l'on a constatés dans notre football
03:58amateur. Souvenez-vous, en décembre
04:00dernier, à l'US Villejuif, un club du Val-de-Marne
04:02un parent a menacé de poignarder
04:04un éducateur. Le club a suspendu
04:06ses matchs et ses entraînements après cette agression.
04:08Même période dans le sud de Paris.
04:10Au FC Montrouge, un éducateur pris à parti
04:12menacé par un parent violent qui insulte
04:14et veut en venir aux mains. Ce n'était pas
04:16la première fois à Montrouge, dans un club
04:18au cœur de l'Essonne, Lina Moleri.
04:20Un des coachs a été agressé
04:22physiquement par un parent. Son fils
04:24était en catégorie des moins
04:26de 9 ans. Et puis regardez encore
04:28cet éducateur du Val-d'Oise nous expliquer
04:30que deux parents ont demandé de manière virulente son départ
04:32pour le manque d'ambition de sa politique sportive.
04:34Ce n'est pas Lewis Campos. On parlait
04:36de joueurs de moins de
04:388 ans quand même. Des parents de plus
04:40en plus hostiles. Il y a des cas
04:42un petit peu partout en France selon l'Association
04:44des éducateurs de football.
04:46C'est ce que nous explique son président Gérard
04:48Béligue. Pas si surpris finalement
04:50dans l'environnement actuel en France.
04:52C'est ni plus ni moins qu'une réplique
04:54de ce qu'on voit dans la société
04:56française. Où
04:58il y a depuis quelques années
05:00une montée de la
05:02violence, une montée
05:04des contestations des institutions
05:06au niveau scolaire sur
05:08des professeurs qui sont frappés,
05:10des instructeurs qui sont mis en cause,
05:12des maîtres d'école. On le voit
05:14aussi dans le foot. C'est encore plus
05:16exacerbé parce qu'il y a une dimension
05:18financière
05:20derrière qui rentre en jeu.
05:22Alors qu'est-ce qu'on fait pour lutter
05:24contre ce fléau ? La Fédération
05:26française de football que nous avons joint aujourd'hui
05:28nous a prévenu que c'est un sujet qu'elle connaît
05:30et reconnaît aussi complexe.
05:32La 3F c'est une information. Elle va d'ailleurs
05:34se constituer partie civile dans le dossier
05:36de Colomiers pour accompagner le club dans cette séquence.
05:38En octobre dernier,
05:40Philippe Diallo, le président de la FFF avait lancé un grand
05:42plan d'engagement sociétal avec
05:44un pilier. Lutter contre toutes les formes
05:46de violence dans le foot français, pour certains
05:48c'est pas suffisant. On voit depuis quelques temps
05:50déjà aussi ces plaquettes. C'est quand même un peu fou quand on y
05:52pense. Un peu partout en France, dans les clubs amateurs,
05:54partenariat avec la 3F, à la main courante
05:56vous pouvez lire ceci
05:58Maman, Papa, je suis là pour m'amuser.
06:00Je gagne, je perds. Et alors ? Je ne suis pas
06:02un champion. Je suis votre
06:04enfant. L'idée est d'éduquer, sensibiliser
06:06surtout, l'association des éducateurs
06:08en France espère plus.
06:10Il faut une
06:12prise de conscience nationale, j'en
06:14conviens. Au niveau des
06:16pouvoirs publics, au niveau des politiques
06:18et au niveau de la fédération
06:20peut-être l'exprimer plus clairement
06:22que ce n'est aujourd'hui.
06:24Voilà, au-delà de ce qui est déjà fait
06:26je pense qu'il faut insister dessus
06:28parce que ce phénomène
06:30ne va que s'accélérer si on laisse faire.
06:32La fédération française de foot
06:34et le ministère des sports
06:36aussi, parmi les éducateurs à qui on a parlé
06:38qui interpellent, qui veulent
06:40notamment que les éducateurs soient protégés
06:42comme ça a pu être le cas également pour les
06:44arbitres dernièrement. Et les parents,
06:46on va leur rappeler une chose avant tout
06:48c'est ceci. Le football en France, regardez, c'est 2,4 millions
06:50de licenciés. Le nombre de
06:52contrats professionnels aujourd'hui, c'est 1%.
06:54On va voir ça en plus. Donc vous avez
06:5699% de chance que votre enfant ne devienne pas
06:58un pro. Laissez-le s'amuser. Franchement,
07:00c'est un très bon pourquoi, terrifiant même là-dessus.
07:02On se demandera si c'est évidemment le reflet de la société
07:04on se demandera si c'est pareil dans les autres sports.
07:06Quelle solution ? Il y a des papas, des mamans autour
07:08de la table, des gamins qui jouent
07:10de l'expérience passée, d'anciens joueurs.
07:12On va essayer de
07:14parler le plus librement possible
07:16de cette grande cause du sport français.
07:18Comment lutter contre ce fléau ?
07:20Ces parents qui se perçoivent que leur enfant
07:22va leur permettre d'avoir une vie
07:24meilleure tout simplement et de devenir
07:26M. Alain Mbappé. Vous restez avec nous, c'est la suite du pourquoi.
07:30Musique
07:32Musique
07:34Musique
07:36Musique
07:38De retour sur le plateau de l'équipe de Gregg avec une
07:40humeur légère puisqu'on parlera de Rudy Garcia
07:42possiblement à Rennes, du PSG, est-il prêt
07:44pour l'Athlético ? On en rejouera.
07:46Mais là d'un coup on revient
07:48sur un sujet très sérieux dans le pourquoi.
07:50Georges-Kévin Ochevestre qui a porté brièvement
07:52ce pourquoi il y a quelques minutes. Pourquoi
07:54le projet Mbappé ? Ces parents qui rêvent
07:56de gloire et d'argent pour eux et leurs enfants.
07:58Pourquoi ce projet Mbappé que Kylian
08:00ne nous en veut pas ? Il y est pour rien.
08:02C'est un fléau pour le foot.
08:04Il y a des papas, des mamans autour de la table.
08:06Il y a des anciens joueurs, des anciennes joueuses.
08:08C'est quelque chose dont vous pouvez parler
08:10presque avec le cœur.
08:12J'ai envie de commencer. Ludo et Benoît,
08:14est-ce qu'à votre époque quand vous étiez jeune joueur
08:16qu'on a détecté votre talent ? Parce que c'est
08:18la réalité. Je ne vous demande pas de me retracer
08:20votre carrière. Est-ce que vous aviez déjà
08:22au bord du terrain
08:24des gens, des parents
08:26qui étaient agressifs ?
08:28Comme vous disiez en préambule,
08:30il y en avait un
08:32qui faisait honte à tous les autres.
08:34J'ai connu ça à mon époque.
08:36Les parents venaient le choper à la fin en disant
08:38lâche ta grappe à ton fils un peu.
08:40Le gamin revenait, il pleurait.
08:42Il y en avait un.
08:44Aujourd'hui,
08:46ils se sont multipliés.
08:48Vous, vous n'étiez pas embêté par ça ?
08:50Vos parents, par exemple, vous n'étiez pas embêté ?
08:52Non, parce qu'à cette époque-là,
08:54on était dans un football
08:56où c'était plutôt l'expérience
08:58qui primait,
09:00c'est-à-dire qu'on mettait
09:02en lumière les joueurs expérimentés.
09:04Aujourd'hui, on met en lumière les jeunes joueurs
09:06qui sont devenus les actifs
09:08premiers des clubs.
09:10Et ils vont les chercher.
09:12C'est aussi le système
09:14qui nous pousse à faire ça.
09:16Aujourd'hui, il y a des clubs
09:18qui mettent des options
09:20sur des gamins de 12 ans.
09:22Il y a des clubs pro, des clubs européens
09:24qui vont chercher des gamins de 12 ans.
09:26On regarde le dessin de Faro,
09:28on se demande quoi encore en train de faire tes devoirs
09:30au lieu de jouer au foot.
09:32Je côtoie un peu.
09:34Mon fils joue en U12
09:36dans la banlieue liloise.
09:38Je m'écarte de tout ça.
09:40Je mets à l'opposé
09:42généralement, tout seul, pour ne pas entendre
09:44ce qu'il se dit, ce qu'il se fait.
09:46Je suis traumatisé par ce que j'entends.
09:48Parfois, les parents qui nous regardent,
09:50sachez que
09:52je n'ai jamais été le plus talentueux
09:54des joueurs des générations
09:56successives dans lesquelles
09:58j'ai pu être. U15, U17.
10:00Et pourtant, j'ai gagné une gambardella.
10:02J'ai été très vite chez les pros.
10:04Je peux vous le dire, le parcours,
10:06c'est au-delà du talent, c'est au-delà de plein de choses.
10:08Il y a tellement de circonstances pour devenir
10:10professionnel qu'honnêtement,
10:12vous n'imaginez même pas le chemin
10:14qu'il faut parcourir pour y arriver.
10:16Donc, arrêtez de vous imaginer
10:18votre gamin en U12 parce qu'il a dribblé trois joueurs.
10:20Il peut devenir le prochain...
10:22C'est complètement utopique.
10:24Complètement.
10:26C'est complètement utopique.
10:28C'est très bien. Benoît, je vous laisse poursuivre.
10:30Le problème, c'est qu'aujourd'hui, il y a trop d'enjeux
10:32économiques. On est gangréné
10:34par l'argent aujourd'hui. Parce que les jeunes,
10:36ils voient quoi ?
10:38C'était pas autant annoncé.
10:40Moi, je parle quand
10:42j'étais en poussant.
10:44Quand on était en poussant,
10:46il n'y avait pas les réseaux,
10:48il n'y avait pas tout ça. Donc, on n'était pas amené
10:50à voir un peu l'envers du décor.
10:52Aujourd'hui, on voit Mbappé
10:54sur toutes les affiches dans Paris.
10:56Il n'y a pas d'émission quotidienne.
10:58On sait maintenant les montants qu'il gagne
11:00puisque dès la signature
11:02à Madrid le lendemain, on sait exactement le salaire
11:04qu'il va prendre. On sait exactement ce qu'il vend.
11:06À côté, ce qu'il va prendre aussi,
11:08c'est quasiment le double, voire le triple de son salaire.
11:10Tous les petits sont au courant
11:12aujourd'hui. Et il y a une réalité,
11:14c'est qu'aujourd'hui,
11:16les jeunes qui sont même au centre de formation
11:18gagnent beaucoup plus d'argent que nous
11:20il y a 20 ans.
11:22C'est ça l'enjeu du problème
11:24aujourd'hui, c'est que c'est juste une question d'oseille.
11:26Aujourd'hui, c'est l'oseille qui engraine
11:28le football quand ils sont petits.
11:30Moi, à mon époque, pour faire court,
11:32de temps en temps,
11:34il y avait les parents qui se chamaillaient
11:36un peu parce qu'ils n'avaient pas sifflé leur jeu,
11:38parce que c'était les parents qui faisaient...
11:40Mais il n'y avait pas tout ça.
11:42Pour donner un petit exemple
11:44d'où on était avant,
11:46on était loin de tout ça.
11:48Quand j'étais en poussant au Girondins à 8 ans,
11:50on s'entraînait avec le maillot
11:52de Milan, avec les scies, on arrivait,
11:54on rigolait, on mangeait le quatre-quarts après.
11:56Là, aujourd'hui, tout est programmé.
11:58Les petits ont 2-3
12:00entraînements par semaine alors qu'ils n'ont que 7 ans.
12:02On n'en avait qu'un, et le deuxième
12:04qui était facultatif.
12:06Avec un bon match, tu peux devenir quelqu'un.
12:08Avant, il fallait faire 3 ans.
12:10Ne serait-ce qu'avoir son nom
12:12derrière le maillot.
12:14Et ça change tout dans les perspectives.
12:18Dans l'histoire, Karine,
12:20de Projet Bappé, il y a aussi
12:22ce fantasme des parents de se dire
12:24je vais créer une société autour de mon fils.
12:26Je vais changer de vie.
12:28En fait, il ne faut pas se leurrer,
12:30là, vous parlez d'un phénomène
12:32qui a lieu en région parisienne,
12:36dans le sud de la France,
12:38mais essentiellement
12:40à côté de grandes métropoles.
12:42Moi, je le vois
12:44tous les week-ends quand je vais voir
12:46les matchs pour des enfants.
12:488, U9, U10, U11.
12:50Il y a déjà ce phénomène-là.
12:52Quasiment dans tous les stades où je me rends.
12:54Je vois les parents
12:56qui mettent tellement d'espoir
12:58dans l'ambition
13:00et dans le futur
13:02de leur fils, ou de leur fille,
13:04parfois même, d'ailleurs, en espérant
13:06que celui-ci leur fasse changer de vie.
13:08C'est exactement ce qui s'est passé avec...
13:10C'est pour ça que vous l'appelez Projet Bappé.
13:12Ça a changé la vie de Wilfried Bappé et de Faïz Alamari.
13:14Aujourd'hui, ils sont devenus millionnaires,
13:16multimillionnaires, grâce au talent de leur fils.
13:18Ces personnes-là
13:20ambitionnent ça et veulent
13:22la même trajectoire. Voilà pourquoi
13:24ça leur fait perdre tout sens
13:26des réalités.
13:28De l'être violent, de l'être agressif.
13:30C'est comme un supporter qui va au stade
13:32et qui laisse son cerveau de côté.
13:34Je crois que le plus triste
13:36dans l'histoire,
13:38c'est même pas...
13:40Bien sûr que c'est triste et grave,
13:42ce dont vous avez parlé tout à l'heure,
13:44mais je crois que le plus triste dans l'histoire,
13:46c'est de voir les gamins qui sont parfois
13:48conspués, fustigés
13:50par les propres parents.
13:52À l'issue d'un match, voir un gamin dire
13:54« Pourquoi t'as raté cette action-là ? »
13:56Et en fait, voir le gamin tout peinot, de 9-10 ans,
13:58tête baissée, presque pleuré, c'est triste.
14:00Pour voir les parents qui ont eu une emprise,
14:02tu regardes les matchs,
14:04le gamin finit une action tout de suite.
14:06Il va regarder ce que...
14:08Alors que le père, 99% du temps,
14:10aucune compétence footballistique.
14:12Rien. Il va regarder tout le temps à droite,
14:14à la balustrade, pour voir si c'est bien, pas bien.
14:16C'est terrifiant.
14:18Juste un petit complément,
14:20quelque chose dont on n'a pas traité,
14:22c'est que les parents, dès le plus jeune âge,
14:24en complément des entraînements de foot,
14:26font aussi appel à des coachs sportifs,
14:28parfois des personnes qui n'ont pas du tout de diplôme.
14:30Des coachs montagnés, dès le plus jeune âge.
14:32Ils font ça aussi, pourquoi ?
14:34Parce que, c'est ce que nous ont expliqué les éducateurs,
14:36il y a aussi des personnes qui viennent les repérer,
14:38tu l'as dit un petit peu tout à l'heure, Ludo,
14:40de plus en plus tôt.
14:42Ils arrivent très tôt. Ils arrivent maintenant à 10-11 ans,
14:44on les voit.
14:46Avant, on les voyait à 12-13 ans.
14:48Maintenant, à 10-11 ans,
14:50on voit des gens qui commencent un petit peu
14:52à tourner autour des terrains
14:54et commencer à s'approcher des parents,
14:56voir même directement de l'enfant.
14:58Ils sont sur le terrain, quelquefois en dehors du stade,
15:00parce que, quelquefois, ils sont bannis
15:02de certains clubs qui les écartent du club.
15:04Mais ils attendent l'enfant
15:06à la sortie de l'entraînement.
15:0813 ans, minimum.
15:10Les gamins ont 10 ans, mais laissez-les jouer au foot.
15:12Pardon, je ne suis pas un père la morale,
15:14mais un peu au bout d'un moment.
15:16On n'est même pas dans de la violence,
15:18on est dans du fantasme.
15:20C'est aussi à la fédé, à un moment donné,
15:22de prendre le sujet à bras le corps.
15:24Quand vous éduquez un enfant,
15:26vous ne pouvez pas l'insulter, la fédé.
15:28Il est pour rien, M. Diallo, il est gentil.
15:30S'il y a un abruti qui vient insulter votre fils,
15:32c'est un abruti.
15:34On parle d'un système où des gens sont capables
15:36de venir superviser, vous faire croire
15:38et de faire croire à votre fils
15:40qu'il peut éventuellement,
15:42deux ou trois années après,
15:44venir dans un club étranger,
15:46que les parents peuvent avoir de l'argent.
15:48Ça, c'est des choses que l'on peut réguler.
15:50Alors, il faut faire des lois,
15:52il faut mettre des débats.
15:54Ça se passe à ce niveau-là.
15:56Charlotte, dans le sport féminin,
15:58est-ce que ça se passe aussi comme ça ?
16:00Ça commence un petit peu.
16:02À mon époque, il n'y avait personne
16:04qui venait nous voir.
16:06Maintenant, il y a plus d'argent
16:08chez les filles.
16:10En fait, l'argent rend dingue.
16:12Moi, j'ai fait Clairefontaine.
16:14Il y avait les générations Bappé,
16:16Nordin, Nkunku, Marcus Thuram
16:18qui étaient là.
16:20On s'entraînait avec eux.
16:22Je pense que le football est imprévisible.
16:24Là, on parle du projet Mbappé,
16:26mais c'est le après, quand il a réussi.
16:28Et le avant, je peux vous dire que Mbappé
16:30n'était pas au-dessus du lot, pas du tout.
16:32Il était tout petit par rapport aux autres.
16:34Il était rapide, mais sans plus.
16:36C'est tellement imprévisible.
16:38C'est tellement important de laisser
16:40les jeunes enfants être en liberté,
16:42en spontanéité, que Clairefontaine
16:44était très bien à l'époque.
16:46Mais l'argent rend dingue.
16:48Il gagnait déjà.
16:50Il signait à Rennes, à Monaco.
16:52Il gagnait entre 4 et 6 000 euros.
16:54Ils étaient au collège.
16:56Moi, j'étais au lycée.
16:58Les garçons n'allaient même pas à l'école.
17:00On ne leur disait rien,
17:02parce que c'était un autre monde.
17:04Oui, il faut plus se cadrer,
17:06mais on ne peut pas empêcher des fous
17:08de pouvoir gueuler sur le terrain.
17:10Il faut aussi sanctionner.
17:12Pas pour la répression à tout prix,
17:14mais sur les images dramatiques
17:16que vous nous avez montrées.
17:18Là, les personnes qui ont fait ça,
17:20elles ont été sanctionnées
17:22pour faire peur aux gens.
17:24La règle de base, c'est ça, non ?
17:26Vous savez qu'il y a des éducateurs
17:28aujourd'hui qui coupent
17:30les séances d'entraînement.
17:32Ils sont interdits aux parents.
17:34À quel point on en arrive ?
17:36Il y a des éducateurs
17:38qui refusent que les parents
17:40soient aux entraînements.
17:42Pour te dire à quel point
17:44on en est arrivé tellement loin.
17:46C'est évident pour le football,
17:48mais il y a d'autres exemples
17:50dans d'autres sports,
17:52et parmi les plus grands.
17:54Il y a énormément d'argent
17:56en jeu aussi.
17:58L'un des exemples les plus connus
18:00au tennis, le père des soeurs Williams,
18:02Richard Williams,
18:04derrière le succès de ces deux filles
18:06qui ont régné sur le tennis mondial
18:08pendant presque deux décennies.
18:10L'illustration, dans ce cas-là,
18:12parfaite du rêve américain.
18:14Des filles blanches, bourgeoises,
18:16tandis que les soeurs Williams
18:18grandissent dans l'un des quartiers
18:20les plus défavorisés de Los Angeles.
18:22Il veut faire de ces deux dernières filles
18:24des championnes de tennis,
18:26avant tout pour gagner beaucoup d'argent.
18:28Richard Williams veut totalement
18:30changer de vie.
18:32Les soeurs Williams tapent dans
18:34des petites balles jaunes
18:36à longueur de journée.
18:38Il sera omniprésent quasiment
18:40tout au long de leur carrière
18:42Il y a même un film qui leur sera dédié
18:44La méthode Williams
18:46avec Will Smith qui incarne
18:48le rôle du père.
18:50Autre exemple, en golf,
18:52avec le père de Tiger Woods, Earl Woods,
18:54qui même avant sa naissance avait déjà
18:56réfléchi, avait déjà programmé
18:58la carrière de son fils.
19:00Pour l'anecdote, Tiger Woods
19:02était encore tout bébé.
19:04Il était assis dans sa chaise bébé dans le garage
19:06et il devait regarder pendant des heures
19:08son père swinguer
19:10et programmer le cerveau.
19:12Anciennement dans l'armée, il lui apprend
19:14la maîtrise totale des émotions.
19:16Regardez ce qu'a déclaré Tiger Woods
19:18après le décès de son père.
19:20Mon père était mon meilleur ami, un grand modèle.
19:22Il va énormément me manquer. C'était un père entraîneur,
19:24mentor, soldat, mari,
19:26ami exceptionnel. Je ne serais pas
19:28là où j'en suis aujourd'hui sans lui.
19:30On rappelle ce chiffre, 1%
19:32des licenciés deviennent
19:34professionnels.
19:36Et c'est flatteur.
19:38C'est pas forcément Bappé.
19:40Ça peut être un joueur,
19:42sans faire offense au club que je vais citer,
19:44un joueur d'un bon club de Ligue 2,
19:46au Red Star,
19:48à la Barle ou ailleurs.
19:50Il ne faut jamais oublier ce chiffre-là
19:52à mon avis et j'aime oublier que Tiger Woods
19:54dont vous parliez, Sir Williams
19:56ou Kyan Bappé sont des exceptions absolues.
19:58Des superstars qui sont rarissimes.
20:00Il y a une pépite comme ça tous les 10, 15
20:02ou 20 ans maximum.
20:04Merci Georges-Thierry Chalets pour le jour.
20:06Merci.

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