Quelle relation avons-nous avec le vélo ? Guillaume Martin-Guyonnet, cycliste, philosophe et auteur de "Les gens qui rêvent" aux Editions Grasset) et Olivier Haralambon philosophe, ancien coureur et auteur de “Corps d’homme” aux éditions Premier Parallele sont les invités du Grand Entretien.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
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00:00Et c'est un sujet qui concerne de près ou de loin 40% des français.
00:03Oui, nous sommes 40% à emprunter notre vélo au moins une fois par mois, autant pour le
00:08travail que pour le loisir.
00:10Et c'est sans compter ceux qui n'enfourchent jamais leurs bicyclettes mais qui se passionnent
00:13quand même pour les courses cyclistes comme le Tour de France dont le tracé 2025 a été
00:18dévoilé cette semaine.
00:19Et pour parler de notre rapport à la petite reine et nourrir notre réflexion, on a ce
00:24matin eu envie d'inviter deux philosophes, écrivains, cyclistes.
00:28Olivier Aralambon, ancien coureur cycliste semi-professionnel pendant 10 ans et auteur
00:32du livre « Un corps d'homme » publié en septembre dernier aux éditions Premier Parallèle.
00:36Bonjour.
00:37Bonjour.
00:38Et Guillaume-Martin Guillonnet, toujours coureur professionnel, vous signez un roman
00:41très personnel « Les gens qui rêvent » chez Grasset.
00:44Bonjour.
00:45Bonjour.
00:46Intervenez, chers auditeurs, pour partager vos questions de cyclistes pratiquant ou
00:50non au 01 45 24 7000 ou sur l'application France Inter.
00:54Mais questions peut-être à tous les deux d'abord parce qu'on peut être étonné
00:57par votre profil à la fois philosophe et cycliste.
01:01En quoi est-ce que la pratique du vélo, c'est compatible avec une réflexion philosophique
01:05et peut-être même ça favorise la pensée de Guillaume-Martin Guillonnet ?
01:09En tout cas, à chaque fois, on me pose la question.
01:14C'est un peu bizarre d'être philosophe et cycliste, mais voilà, vous en avez deux
01:18dans le studio, donc c'est peut-être pas si original que ça.
01:21En tout cas, moi, je trouve ce qui n'est pas bizarre, c'est d'avoir plusieurs choses
01:25dans sa vie.
01:27Vous êtes aussi maçon, vous le racontez dans le livre.
01:29Je suis aussi maçon.
01:30On a tous, en fait, plein de choses dans notre vie.
01:32Un être humain, c'est une complexité et c'est bizarre de vouloir cloisonner les
01:37gens ou les enfermer dans une seule discipline.
01:39Et donc, non, on est un corps, on est un esprit, on est plein de choses.
01:43Olivier Ralanbon, pensée, cyclisme ?
01:45Oui, bien sûr, je suis évidemment dans cette veine-là aussi.
01:49Ce qui est plutôt bizarre, c'est de séparer, c'est sans doute un héritage de ce vieux
01:54dualisme, comme on dit, c'est de séparer la tête et les jambes et tout fonctionne
01:58ensemble.
01:59Je veux dire, jusqu'à preuve du contraire, il faut un corps pour être lecteur et pour
02:03penser.
02:04C'est ça.
02:05Mais c'est vous qui citez Descartes dans votre livre en disant on n'est pas le capitaine
02:06de son corps.
02:07Oui, le cerveau n'est pas le capitaine dans son vaisseau.
02:13Et puis, l'activité comme ça, un peu répétitive du corps, a quelque chose de méditatif.
02:21La pensée, on sait bien aussi depuis Freud et bien avant que la pensée, ce n'est pas
02:27toujours une activité consciente et en pédalant, on pense ou ça pense à quelques niveaux que
02:33ce soit, dans les profondeurs peut-être.
02:35Alors parlons peut-être un peu de la place qu'occupe le vélo dans vos livres respectifs.
02:39Guillaume Martin Guillon, vous vous attachez dans Les gens qui rêvent à suivre trois personnages
02:43à trois époques dans la Suisse normande et l'un des personnages, c'est vous, c'est
02:47le cycliste qui avait disputé plusieurs tours de France.
02:50Et cette pratique cycliste, on le comprend en vous lisant, c'est une dévoie vers ce
02:54que vous appelez l'imbécilité heureuse.
02:56Oui, c'est presque le concept d'imbécile heureux, c'est presque quelque chose que je
03:02veux développer comme concept philosophique.
03:05C'est un peu cette idée d'adhésion au monde et qui est très difficile à atteindre,
03:13d'être dans une sorte de présence au monde.
03:16Sans but, sans raison particulière à ce moment-là, juste pour être là.
03:20Voilà, mais en fait dans nos vies, on est toujours dans la réflexion, toujours dans
03:23le ressentiment, le regret ou l'anticipation et on n'arrive pas à être présent au monde.
03:29Et je trouve que le sport, le cyclisme en particulier, peut permettre ça, peut permettre
03:35cette chose d'être… Je trouve que quand on court, quand on fait du vélo, au bout
03:39d'un moment, on arrive à un état un peu de latence ou d'ivresse où on ne se pose
03:47plus de questions, on est là sans être là, on est conscient des enjeux de sécurité
03:54par exemple.
03:55On va en parler.
03:56Oui, je respecte le code de la route, mais en même temps, je peux faire des dizaines
04:02et des dizaines de kilomètres sans m'en rendre compte, dans une forme d'inconscience.
04:06Et ça, c'est un état déjà très agréable, qui peut sembler un peu idiot, parce qu'on
04:12n'est pas dans la réflexion, mais qui procure un vrai bonheur, d'où les imbéciles heureux.
04:16Un bonheur, même quand il y a de la douleur d'ailleurs, Olivier Aralambon, dans « Un
04:19corps d'homme », vous racontez votre chute de vélo alors que vous roulez avec un jeune
04:23champion berzingue, alias Romain Bardet, hospitalisation, chirurgie, rééducation,
04:28vous avez la difficulté de voir votre corps vous échapper avec l'âge aussi, la cinquantaine.
04:33Mais au début du livre déjà, avant même la chute, on sent que votre rapport au vélo,
04:37il est tendu.
04:38Vous écrivez que depuis un mois à vélo, vous remâchez vos agacements.
04:41Oui, je remâchais mes agacements, comme souvent les cyclistes, c'est-à-dire moi, j'ai
04:48gardé ça d'une époque de ma vie où je roulais beaucoup, je suis loin d'avoir atteint
04:51le niveau qu'est celui de Guillaume, mais toute ma vie se passait à vélo, donc je
04:56veux dire, je réfléchissais aussi, enfin je réfléchissais, c'est un peu ce que je
05:01disais précédemment, ça réfléchissait, quand je roule, je remue de mes soucis quotidiens
05:06qui n'ont pas forcément à voir avec l'activité de pédaler elle-même.
05:09Mais voilà, en effet, ce que vient de dire Guillaume, c'est intéressant, c'est que
05:14les exercices du corps sont une façon d'abolir la distance à l'environnement et cette
05:21distance qui est dans la réflexion, comme disait Guillaume, et peut-être déjà dans
05:25le langage ou dans la posture cognitive qu'on a dans notre rapport au monde en tant qu'être
05:32doué de langage, par exemple.
05:33Vous aviez eu cette phrase dans un autre livre en 2017, les livres ne rendent pas plus malin
05:38la course cycliste ? Oui, c'était à la fois un petit trait d'humour, mais c'était
05:44toujours pour rendre hommage à cette capacité d'adaptation ou à cette intelligence qui
05:49s'enracine plus profond que le langage et plus profond que la réflexion consciente
05:54et dont les cyclistes notamment sont des exemples vivants.
06:00Il me semble que les coureurs sont très forts, c'est évident, les coureurs professionnels,
06:06mais sont aussi sans doute doués d'une forme de subtilité qui n'est pas donnée
06:09à tout le monde.
06:10Alors l'actualité du vélo cette semaine, c'est le dévoilement du tracé du Tour
06:14de France.
06:15Pour l'an prochain, il va passer quasiment au pied de chez vous en Suisse normande.
06:19Guillaume Martin, Guillaume, c'est une émotion pour vous ? Oui, bien sûr, vous avez déjà
06:24mentionné deux fois la Suisse normande, je ne sais pas si tout le monde connaît,
06:26c'est un petit coin, un petit paradis justement dans l'Orne en Normandie, je dis que c'est
06:33un paradis parce que c'est là où j'habite, c'est là où j'ai grandi, je suis très
06:36attaché à ce lieu et effectivement le Tour de France, depuis que je suis pro, ça fait
06:44huit Tours de France auxquelles je participe, on n'a pour ainsi dire jamais été en Normandie,
06:49donc là ce sera assez émouvant et c'est assez excitant de pouvoir rouler sur ces
06:54terres, je crois à quelques centaines de mètres de chez moi.
06:57Vous parlez d'une étape de montagne, c'est drôle ? C'est les organisateurs du Tour
07:01qui en parlent, mais moi je le confirme, je pense que beaucoup de gens seront surpris
07:04de découvrir à quel point la Normandie peut être vallonnée, ça ressemble donc effectivement
07:09un peu à la Suisse, il y aura je crois 3500 mètres de dénivelé, donc ce sera une étape
07:13vraiment difficile.
07:15Olivier Aralambon, le journal L'Equipe parlait d'un vrai Tour de France l'année prochaine,
07:19ça veut dire que les autres étaient faux ? Ah non, je ne crois pas qu'il y ait de faux
07:22Tour de France.
07:23Vous avez vu le tracé ? Je pense que c'est une référence au fait
07:26qu'on reste en France et qu'il y a… Oui, la référence est là bien sûr, mais
07:30je ne crois pas qu'il y ait, quel que soit le parcours, je ne crois pas qu'il y ait
07:36de course moins difficile que d'autres, alors sans doute le tracé correspond plus
07:40ou moins d'une année sur l'autre à tel ou tel registre et satisfait plus ou moins
07:44tel ou tel coureur, mais je me garderais bien d'utiliser une locution si dépréciative.
07:51Mais on risque quand même de retrouver en tête encore les mêmes Taddeï Pogacar et
07:55Jonas Vingegaard.
07:56Est-ce qu'on n'est pas là dans une forme de routine ?
07:58La question est posée si, il y a quelque chose d'un peu lassant cette année, moi
08:05en tant que spectateur en tout cas, et n'étant pas impliqué, à voir Pogacar non seulement
08:10gagner tout ce à quoi il participe, mais écraser tout ce à quoi il participe.
08:15Oui, il y a quelque chose qui, à mon sens, perd un peu de son intérêt.
08:18Après, on est là sur un terrain évidemment glissant, qui divise, savoir si la performance
08:24de Pogacar est vertueuse ou si elle l'est un peu moins.
08:27Je ne peux évidemment pas dire grand-chose là-dessus, mais on est dans une forme de
08:33cyclisme qui peut être, après avoir renoué avec la spontanéité, on en a beaucoup parlé
08:38avec Alaphilippe, avec Guillaume, avec pas mal de gens qui passent à l'attaque comme
08:42ça, sans trop calculer.
08:44On était sortis d'une époque où le cyclisme me semblait trop, moi j'ai l'habitude
08:50de dire trop protestant, et il est devenu un peu trop calculateur, c'est un cyclisme
08:56où on gère ses efforts comme un capital, voilà, il visait un peu moins les excès
09:05de la transcendance, je ne sais pas comment il faut le dire, il était un peu moins baroque
09:08quoi, et il est redevenu, et puis là à nouveau, je ne peux pas dire qu'il ne se
09:13passe rien, mais voir Pogacar rouler on a l'impression d'assister à un jeu vidéo tellement il paraît
09:17facile, il nous manque peut-être un petit quelque chose, mais je voudrais surtout que
09:23Guillaume ne se sente pas mal à l'aise avec ce que je dis, donc dis-moi ce que tu veux.
09:29Vous n'êtes pas mal à l'aise Guillaume Martin Guillonnet, vous vous avez fait 8e
09:33déjà au classement général, c'était en 2021, vous avez un objectif là déjà pour
09:36cette année, enfin pour l'année prochaine ?
09:38Bon c'est encore, il y a 8 mois le temps de me reposer, c'est la période de vacances,
09:43de coupures, mais évidemment on va essayer vite de penser à l'année qui vient, et
09:47en particulier à ce Tour de France, je vais changer d'équipe l'an prochain, je vais
09:52intégrer l'équipe Groupama FDJ, donc je vais discuter avec eux des objectifs, mais
09:56tout ça se fera plutôt au courant de l'hiver.
09:59Alors quand on roule des milliers de kilomètres par an, on est évidemment aux premières
10:01loges pour observer l'environnement, les conséquences du dérèglement climatique,
10:06et à ce propos je voulais vous faire écouter une archive du Tour de France en 2019 sur
10:09France 2, une étape mythique en direction de Tignes, annulée à cause des orages de
10:13grêle et des écoulements de boue.
10:15L'étape est neutralisée, les temps sont gelés au sommet du col de l'Iseran, scénario
10:20incroyable aujourd'hui, c'est un moindre mal, c'est une étape de fou dans tous les
10:24sens du terme, une étape de folie, on s'en souviendra longtemps, longtemps, Egan Bernal
10:29n'a plus besoin de pédaler, c'est normal, c'est normal, on ne peut pas leur faire prendre
10:33ce risque-là.
10:34Julien qui évidemment est déçu en se concertant, on a du mal à y croire évidemment, ça n'arrive
10:39jamais en cyclisme.
10:40Et ça n'arrive jamais ! Et voilà le dérèglement climatique illustré
10:44avec cette 19ème étape du Tour 2019, Guillaume-Martin Guionnet, vous en parlez dans votre livre,
10:50vous y étiez, vous étiez un peu en désarroi au moment de l'annulation de cette étape,
10:55pourquoi c'est un moment marquant ? J'étais effectivement sur place, c'était
10:59effectivement assez fou, vraiment, la course ne pouvait pas continuer, il y avait des
11:02torrents de boue et je crois de grêle sur la route, c'est marquant parce que c'était
11:08la première fois que je crois une étape du Tour n'arrivait pas à son terme, et
11:14c'est marquant parce que ça marque aussi peut-être un changement d'époque, de paradigme
11:18avec ce grand phénomène de masques et le réchauffement climatique, alors c'est
11:24toujours compliqué de parler d'un événement ponctuel, de leur attacher à un phénomène
11:27aussi massif que le réchauffement climatique, mais néanmoins je crois que c'est un fait
11:31que le sport, mais de même que tous les domaines de la société vont devoir s'adapter
11:35à ce qui est en train de se passer, et donc ça va avoir des répercussions massives sur
11:41les organisations, ce genre de phénomène va sans doute se reproduire de plus en plus
11:49souvent et il va falloir s'adapter.
11:50Alors Olivier Rallambon, vous en dites un mot aussi dans votre livre, c'est pas le
11:54coeur du sujet mais vous racontez un coup de téléphone avec votre ami Berzingue, le
11:58jeune coureur cycliste, et depuis l'Australie où il s'entraînait aspirant le peu d'oxygène
12:04épargné par de gigantesques feux de forêt, donc c'est visible clairement quand on
12:09roule, quand on est cycliste, on ne peut pas le rater ce réchauffement.
12:11Ah non, on ne peut pas le rater, je veux dire, un des aspects de la légende des forçats
12:17de la route, c'est cette confrontation quand même aux éléments, à la météo difficile,
12:21il faut endurer le froid, les chaleurs extrêmes, sur des distances selon des dénivelés improbables
12:28pour le commun des mortels.
12:29Donc peut-être en effet qu'il s'agira d'un changement de paradigme parce que cet
12:34affrontement aux forces naturelles, on le sait, il a ses limites, et qui plus est quand
12:38on est presque tout nu en cuissard et en maillot.
12:40Guillaume Martin Guillenet, d'ailleurs vous parlez aussi de votre prise de conscience,
12:44de votre bilan carbone par exemple, et vous dites « mon métier consiste à brûler des
12:48calories gratuitement », alors vous faites des efforts quand même par exemple, vous
12:51dites vous avez arrêté de fréquenter les salles de sport surchauffées par exemple.
12:55Oui c'est vraiment le paradoxe du cyclisme de haut niveau, le vélo comme moyen de déplacement
13:02est un moyen de déplacement doux, vert, pour autant la vie d'un cycliste de haut niveau
13:07implique de prendre beaucoup plus l'avion que la normale, et effectivement il y a une
13:14dépense calorique en fait qui dans l'époque actuelle semble être étrange, on dépense
13:19des calories pour rien, c'est le principe du sport, et c'est un peu le symptôme d'une
13:25société du surplus, de l'abondance, le sport moderne c'est quelque chose de récent,
13:31c'est récent en fait, c'est depuis la révolution industrielle qu'on fait du sport
13:34et qu'on dépense des calories pour rien, gratuitement, sauf qu'aujourd'hui on voit
13:39les conséquences de ça et on voit que ça nous conduit à des extrémités, peut-être
13:46un sentiment d'excès, et donc oui je m'interrogeais effectivement sur le fait de faire du sport
13:54dans une salle surchauffée, de dépenser là pour le coup, de créer des watts de l'énergie
14:00mais qui part dans le vide, je me disais que si on relie toutes les salles de sport dans
14:05le monde entier, je ne sais pas combien d'électricité on pourrait produire, mais c'est énorme,
14:09donc moi je trouve que c'est important aussi de faire des choses pour rien, je ne me remets
14:14pas en question le sport en lui-même, mais bon, c'est vrai que je me sens un peu mal
14:18à l'aise dans les salles de sport et je préfère faire des choses dans la mesure
14:23du possible utiles, et voilà, c'est déjà pas mal !
14:31Et Olivier Arambon et Guillaume Martin-Guillonnet, d'ailleurs dans vos deux livres, il y a
14:36un autre sujet qui est intéressant, qui est important, c'est celui de la sécurité
14:39des cyclistes, alors là pour le coup, c'est le cœur, enfin c'est le point de départ
14:43en tout cas de votre livre, vous racontez votre chute en fait, la chute que vous avez
14:48faite quand vous faisiez du vélo avec votre ami, vous décrivez une grande force d'obscurité
14:54qui s'est abattue sur le monde, c'est impressionnant, je vous cite, la nuit qui tomberait mais avec
14:58le poids d'une caisse à outils, c'est drôle, en même temps c'est quand même effrayant,
15:02vous êtes serein aujourd'hui quand vous roulez ?
15:03A peu près, je roule très peu, je n'ai pas vraiment trouvé entre mes divers avaris
15:12physiques et la vie professionnelle et familiale, je n'ai pas vraiment trouvé le temps et l'énergie
15:17de m'y remettre sérieusement, on va dire régulièrement, écoutez, oui et non, la chute
15:23dont il est question dans le livre, c'est une chute que je ne dois qu'à moi-même,
15:26probablement un peu de gasoil sur la route, c'est une chute assez stupide, très brusque
15:30et en effet que je n'ai pas vu venir du tout, souvent quand on tombe à vélo, on perd une
15:35roue ou l'autre et il y a quand même un petit durée dans la chute, on se voit tomber
15:39et on se dit, là je n'ai vraiment rien vu, à part que tout a disparu d'un coup.
15:43Là vous dites, j'ai juste vu l'après en fait.
15:45Oui c'est ça, j'avais repris conscience après un petit estourbissement, je ne sais
15:50pas comment il faut le dire, non mais est-ce que je me sens en sécurité ? Je sais où
15:54cette discussion va nous emmener, de moins en moins, c'est vrai que la circulation automobile
15:59c'est difficile, c'est dangereux, que sur son vélo on est extrêmement fragile face
16:05à des autos qui deviennent des dangers pour votre corps, voilà ouverte la question du
16:12partage de l'espace.
16:13C'est ça justement, on va en parler, alors je voudrais aller au standard parce qu'il
16:18y a Didier qui nous a appelé sur la question de la sécurité justement, bonjour Didier.
16:22Oui bonjour, écoutez je voulais poser la question concernant le rendement du casque
16:27obligatoire et cette réticence des associations à chaque fois qui pensent que ça va être
16:32délibitoire et que les personnes ne vont pas se mettre à faire du vélo à cause de ça.
16:36Je ne pense pas qu'on décède d'un accident de vélo en se cassant simplement une clavicule.
16:42Je voulais votre avis là-dessus, merci.
16:44Alors je ne sais pas, Guillaume Martin, Guillaume Né par exemple ?
16:47Je n'avais pas réfléchi trop à la question, mais en tout cas dans le cyclisme pro, il
16:53y avait, je crois que le port du casque a été rendu obligatoire en 2003-2004 après
16:59un accident tragique.
17:01Au début, il y avait pas mal de réticences dans le monde pro et puis finalement c'est
17:07devenu une routine et aujourd'hui moi je me sens tout nu si je ne pars rouler sans
17:12casque, c'est inconcevable.
17:14Donc je pense que c'est effectivement un élément de sécurité, c'était la même
17:19chose peut-être pour les automobilistes avec la ceinture de sécurité.
17:23Quand j'étais petit, c'était moins dans les mœurs que ça l'est aujourd'hui.
17:27Plus personne je crois se pose la question de mettre la ceinture, donc ça coûte effectivement
17:32pas grand-chose de mettre un casque et moi j'incite tout le monde à vraiment mettre
17:36le casque, que ce soit obligatoire ou non.
17:38Et sur la question du partage de l'espace justement, je pense au 15 octobre dernier
17:42un accident, enfin un drame en tout cas, qui a causé beaucoup d'émotions.
17:46Ce jeune homme de 27 ans qui a été écrasé par un SUV dans une rue de Paris.
17:50En tant que cycliste, Olivier Aralambon, comment vous avez reçu cette nouvelle ?
17:55Je ne sais pas si le fait d'être cycliste m'a influé sur la façon dont j'ai reçu
18:02cette nouvelle.
18:03C'est tragique, c'est d'autant plus horrible que manifestement il ne s'agit pas d'un accident
18:08mais d'une agression et d'un meurtre, on parle de ça.
18:13Bon, Dieu merci, les gens qui pètent les plombs à ce point-là ça reste assez peu
18:17fréquent pourvu que ça ne s'aggrave pas.
18:20Mais la question plus générale que ça pose en effet c'est celle du partage de l'espace
18:25et la question de la présence massive des voitures dans nos villes, qui plus est dans
18:32nos villes européennes qui ne sont pas taillées comme des villes américaines.
18:36On n'a pas que des avenues, il y a des petites rues, enfin ce sont des villes anciennes.
18:40Par ailleurs les voitures ont tendance à se faire plus grosse que le bœuf, à devenir
18:45sans arrêt plus volumineuse.
18:48Et puis il me semble à moi que contrairement au débat qu'on en fait, la question des voitures
18:55en ville ce n'est pas forcément une question d'opinion politique, c'est un fait, c'est-à-dire
18:59si les voitures sont de plus en plus nombreuses on ne pourra bientôt plus rouler de toute
19:02façon dans Paris.
19:04Alors comment, dans Paris par exemple, alors comment organiser ce retrait progressif ou
19:10cette limitation des voitures, ce n'est pas moi qui ai techniquement la solution.
19:14Il faut y réfléchir en tout cas.
19:17Il faut y réfléchir, on n'a pas le choix, ce n'est pas une question d'être pro ou
19:20anti-Hidalgo en l'occurrence.
19:21Guillaume-Martin Guillonnet, vous qui connaissez la Belgique, les Pays-Bas, on gagnerait à
19:25s'inspirer de nos voisins, surtout quand on voit le plan vélo qui est remis en cause
19:29et ses crédits en tout cas qui sont remis en cause en France.
19:31J'allais vous parler de ça, effectivement je crois qu'il y a quelques jours il y a
19:34eu cette annonce de la part du gouvernement actuel d'abandon du plan vélo, donc c'est
19:41assez inquiétant parce que je pense que ça va un peu contre le cours de l'histoire
19:45et effectivement, on a parlé des questions de la sécurité, alors oui, parfois il peut
19:53y avoir des situations de danger à vélo, mais de manière générale, j'ai regardé
19:57un peu avant, il y a quand même très peu d'accidents graves, de décès liés au vélo
20:03chaque année, de moins en moins chaque année, ça reste un mode de déplacement sûr.
20:09Il le serait d'autant plus s'il y avait effectivement plus de pistes cyclables,
20:13plus aussi de cyclistes et que c'était plus dans les mœurs, c'est plus d'habitude,
20:20donc il faut développer ce moyen-là parce que c'est agréable, utile et bon pour la santé.
20:26Et l'appel est lancé, Guillaume Martin, guillauner, toujours coureur professionnel,
20:29vous signez ce roman « Les gens qui rêvent » chez Grasset, Olivier Haralambou, ancien
20:33coureur cycliste semi-professionnel et auteur du livre « Un corps d'homme » publié
20:37en septembre dernier, je voudrais rassurer les auditeurs parce que ce livre c'est aussi
20:40l'histoire d'une réinvention, pas seulement celui d'une chute.
20:43Ce n'est pas un drame, pas du tout.
20:45Merci beaucoup à tous les deux d'être venus sur Inter.
20:47Merci à vous.