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Arnaud Benedetti, politologue, déplore la faillite de l'Etat dans sa mission de protection de la population. «Lorsque l’Etat n’assure plus sa mission, on assiste à un recul civilisationnel», selon lui.

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Transcription
00:00Quand l'État n'assure plus la mission qui est la mission quasiment anthropologique qui est la sienne, c'est-à-dire d'assurer la sécurité, je rappelle que c'est ça,
00:07on l'oublie, on l'oublie, c'est d'abord d'assurer la sécurité et de permettre à une société de vivre à peu près en paix et de manière apaisée.
00:16Lorsque l'État n'assure plus cette mission ou ne peut plus assurer cette mission, vous avez des contre-modèles, vous avez des contre-sociétés qui surgissent.
00:23Donc c'est presque un recul, c'est pas presque, c'est un recul civilisationnel, parce que l'État et la civilisation ça va de pair historiquement.
00:30Donc c'est ce à quoi nous assistons, c'est ce à quoi nous voyons se développer dans un certain nombre de quartiers.
00:35Vous avez des contre-sociétés qui se substituent en effet à l'État et qui imposent leurs propres lois.
00:40Ce qu'on a appelé les territoires perdus de la République, ça a été parfaitement documenté il y a 25 ans par Georges Bensoussan.
00:46Et ça a été le cas à Poitiers, vous le voyez bien.
00:50Donc c'est un vrai sujet.
00:52Moi je pense qu'en effet il y a une responsabilité quand même des politiques dans ce pays depuis 30 ans de ne pas avoir pris à bras le corps ce problème.
00:59Pour toutes les raisons qu'on a évoquées, des raisons techniques, des raisons idéologiques qui ont très souvent en effet inhibé l'action publique, l'ont empêchée volontairement.
01:11Mais je crois qu'aujourd'hui on est, et de ce point-là Rotaïou a parfaitement raison, je suis même pas sûr qu'on soit à un point de bascule.
01:17Je crains qu'on ait déjà basculé, en l'occurrence dans un certain nombre de territoires.
01:22Parce que ce qui est quand même très frappant, on parle de Poitiers, mais si vous voulez c'est cette extension géographique du sujet.
01:28Il y a un écrivain sicilien que j'aime beaucoup qui s'appelait Leonardo Sciaccia,
01:34qui a beaucoup écrit sur la mafia et qui dans les années 70-80 expliquait comment le phénomène mafieux s'était progressivement répandu sur l'ensemble de l'Italie.
01:43Il avait une très belle formule, il disait « la ligne du palmier n'a cessé de monter en Italie ».
01:48Parce que la Sicile était quelque part le cœur, j'allais dire le réacteur nucléaire du phénomène mafieux, la Sicile et Naples notamment.
01:57On a un peu ce phénomène aujourd'hui en France, alors de manière très différente, dans une société qui est très archipélisée,
02:03mais on voit bien qu'il y a des territoires dont on n'aurait jamais imaginé il y a 20 ans, il y a 30 ans,
02:08qu'ils deviennent le lieu de ceux à quoi nous assistons, je pense notamment à Poitiers mais il y en a plein d'autres.
02:12Et parfois des toutes petites villes.

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