Les inondations qui ont touché le sud-est de l'Espagne depuis mardi 29 octobre ont fait, selon un dernier bilan provisoire et qui devrait encore augmenter, au moins 158 morts. Des dizaines de personnes sont toujours portées disparues. Il s'agit là du pire bilan humain depuis près de cinquante ans et les inondations de 1973 qui avaient fait 300 morts.
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00:00Les dernières infos, c'est le bilan qui est d'au moins 158 morts, mais qui va s'alourdir parce qu'un ministre parle de dizaines et de dizaines de disparus.
00:08Marie-Jean Trick, on vous retrouve dans la ville de Cedavi, cette ville où il y a tous ces empilements de voitures, très impressionnant, avec la question des parkings qui se posent maintenant.
00:20Exactement. En fait, Cedavi, c'est devenu el cimentalo de los coches, le cimetière des voitures.
00:25C'est comme ça qu'on qualifie la ville dans la presse espagnole, parce qu'il y a des centaines de voitures qui sont empilées les unes sur les autres.
00:31Là, vous voyez seulement une portion de la route, mais des paysages comme ça s'étendent sur des dizaines et des dizaines de kilomètres.
00:36Et encore là, ce que vous voyez, c'est rien par rapport à ce qu'on pouvait voir il y a 24 heures, 48 heures.
00:40Les services de nettoyage sont en train de travailler d'arrache-pied de nuit comme de jour.
00:44Il y a également des bénévoles qu'on a croisés, qui viennent d'un petit peu partout pour aider à nettoyer les décombres.
00:49Alors, on est avec Juan, qui habite juste ici. Juan, dont le garage, le parking, le sous-sol est complètement inondé.
00:56Il me disait qu'il y avait peut-être des gens coincés à l'intérieur.
00:58Juan, dirais-tu qu'il y a peut-être des personnes attrapées dans ton garage, parce qu'il y a des personnes attrapées dans les garages ?
01:03Oui, il y a des personnes attrapées dans les garages, parce que les pompiers n'ont pas réussi à sortir l'eau des garages.
01:12Il y a des gens qui sont coincés dans les garages, nous dit-il, parce que les pompiers n'ont pas réussi à sortir toute l'eau des garages ?
01:18Oui, les pompiers n'ont pas réussi à sortir l'eau des garages, et ce qu'ils ont besoin le plus, c'est d'eau.
01:29Ce qu'il me dit, c'est qu'en fait, là, ce dont on a besoin à l'heure actuelle, ce sont vraiment des sondes pour pouvoir retirer l'eau de tous ces sous-sols.
01:35Et effectivement, tout à l'heure, on a croisé Michael, qui était allé rechercher son ami, et il pense que lui aussi est coincé dans un garage.
01:43Une autre question, Juan, parce qu'en fait, Juan fait la ronde avec ses voisins depuis ce matin.
01:47Il s'organise pour qu'il y ait toujours quelqu'un devant l'immeuble, parce qu'il craigne des pillages, il craigne des voleurs.
01:52Mais dirais-tu que tu as peur que les gens viennent à te voler ?
01:54Oui, il y a des pillages, et la chance que nous avons, c'est qu'à l'heure actuelle, la police est tout le temps dans la rue.
02:02Mais jusqu'à ce que la police arrive, il y a des boutiques, des bars, beaucoup de pillages.
02:09Il y a des pillages, me dit-il. Alors la police fait des rondes pendant la nuit, mais quand la police n'est pas là, quand elle ne passe pas ici,
02:15des magasins qui se font voler.
02:17Tu dirais aussi qu'il y a des gens qui viennent pour frapper les voitures ?
02:22Oui, ils viennent avec des pieds, et dans la nuit, ils prennent des flammes.
02:28Et malheureusement, ils vont encore voler tout ce qu'il y a dans les voitures. Ils ne sont pas misérables.
02:38Les gens qui viennent avec des barres de fer pour voler tout ce qu'il y a à l'intérieur des voitures, également pour voler l'église qu'on vous montrait tout à l'heure,
02:46ce sont des misérables. Voici ce que nous dit Juan en nous parlant de ces pilleurs.
02:50Et je vous disais, ces paysages de désolation qui s'étendent sur des dizaines et des dizaines de kilomètres.
02:54Un petit peu plus loin, il y a l'armée qui est présente avec des chiens pour chercher les corps potentiels parmi les décombres.
03:00Voilà, merci infiniment. Marie, vous restez avec nous sur des images de Margauxève.
03:04Plusieurs notions très importantes à évoquer par Marie-Jean Tritt et Yann Badrat, c'est les parkings.
03:09Ça fait deux jours que les pompiers, que les sauveteurs espagnols sont à l'oeuvre, mais il faut sonder désormais les parkings.
03:16Et ce n'est pas facile de sonder un parking qui a été envahi par la boue telle qu'on le voit sur notre image en direct.
03:24Complètement, effectivement. C'est très compliqué dans le sens où aujourd'hui, on a pas mal d'outils qui nous permettent de pouvoir évacuer l'eau
03:32quand l'eau est claire. Aujourd'hui, ce n'est pas de l'eau claire qu'il y a là-bas. Malheureusement, c'est de la boue.
03:39Et donc, toutes les pompes qu'on peut utiliser auront tendance à très vite avoir du mal, surtout pour des quantités d'eau comme ce qu'on pourrait retrouver dans les parkings.
03:48Donc la deuxième difficulté, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a pas d'électricité sur place.
03:53Donc tout ce qu'on pourra avoir, ce sera grâce à des motos-pompes, à des groupes électrogènes.
03:56Et donc, c'est ce que nous, on va décider d'emmener aujourd'hui pour pouvoir aider et rechercher, malheureusement, les victimes qui pourraient rester dans les parkings.
04:04– Mais ce que je comprends, c'est que le matériel peut s'user ou être bloqué très vite par la boue.
04:10Et quand on voit les volumes, on se dit qu'il en faut des pompes.
04:14– Complètement, oui. C'est bien ça le problème. C'est qu'aujourd'hui, pour pouvoir évacuer une cave qui serait inondée,
04:22en fonction de la capacité de la pompe utilisée, bien évidemment, des fois, ça se compte en heures.
04:28Alors, je vous laisse imaginer ce qu'il faudrait pour évacuer, effectivement, un parking.
04:32– Alors vous, vous partez avec quoi, par exemple, avec votre association ?
04:36– Alors nous, on part avec deux types de matériel.
04:39Le premier, c'est du matériel qui va nous permettre de pouvoir aller creuser,
04:44notamment pour aller faire de la recherche de victimes dans les décombres.
04:49Et puis la deuxième, bien évidemment, c'est tout ce qui va nous permettre de pouvoir faire le déblai et l'épuisement.
04:54Donc plusieurs motopompes qui vont fonctionner sur plusieurs groupes électrogènes.
04:58On part avec beaucoup de matériel et c'est pour ça qu'on prend la route dès aujourd'hui pour être opérationnel demain matin,
05:04puisque sans les véhicules, la quantité de matériel serait très compliquée à amener sur place.
05:09– On le disait, les sinistrés aussi manquent de tout. Ils ont besoin de quoi en priorité ? Qu'est-ce que vous apportez ?
05:16– Alors, en termes de matériel qu'on peut apporter aux sinistrés,
05:20dans ces situations quand elles sont compliquées, on revient en fait aux primaires, à la base.
05:27Donc ce qui va manquer essentiellement, ça va être l'eau, tout simplement.
05:30C'est des choses qui sont très simples pour nous ici, mais qui là-bas deviennent indispensables.
05:34Et puis bien évidemment, la nourriture.
05:36Après, tout ce qui est vêtements, ce n'est plus une priorité dans le sens où ça ne permet pas de vivre un vêtement,
05:42alors que l'eau et la nourriture, nous aussi.
05:44– Bien sûr, bien sûr. Je voudrais qu'on retrouve Marie-Jean Trick,
05:46parce que, Marie, je voudrais que vous continuiez avec Margaux Sèvres à avancer dans cette rue,
05:51parce qu'encore une fois, on a l'impression que la catastrophe s'est déroulée il y a quelques heures.
05:56Alors, ça fait maintenant plus de deux jours, et cette situation, elle est toujours figée.
06:01Et parmi les notions importantes que vous abordiez tout à l'heure avec vos invités,
06:05c'est celles des vols, des pillages, non seulement des voitures, mais aussi des magasins, et même de l'église.
06:12– Exactement, l'église dont vous parlez, Christophe, elle est juste derrière nous,
06:16si Margaux peut la montrer, juste derrière, vous voyez les chaises,
06:21vous voyez les objets qui ont été sortis, et certains, effectivement,
06:25qui ont été volés au cours de la nuit, puisque Juan, avec qui on discutait à l'instant,
06:29nous disait qu'en fait, les gens venaient, alors parfois volaient dans les voitures,
06:32volaient dans les magasins, la police fait des rondes,
06:34mais ce n'est pas suffisant pour éviter les vols.
06:37Nous-mêmes, tout à l'heure, quand on est venus, on voyait des gens qui étaient avec des lampes de poche
06:40en train de regarder dans les vitrines des magasins.
06:43Ce qui est très important ici aussi, c'est que les gens, je sais que vous le disiez à l'antenne,
06:47manquent d'eau, manquent de nourriture, certains n'ont plus l'électricité,
06:52et puis la colère aussi qu'on sent ici, la colère contre ces pilleurs, ces misérables,
06:56comme nous disait Juan, et la colère contre le gouvernement,
06:58avec le sentiment que les mesures de précaution n'ont pas été prises à temps,
07:02et que surtout, il n'y avait pas de volonté, quelque part, d'utiliser l'argent du gouvernement
07:06pour prendre en charge les populations et éviter cette catastrophe.
07:10– Merci Marie, on va aller sur les hauteurs, retrouver Antoine Forestier à l'Étour,
07:13c'était le chaos là aussi, vous avez réussi à vous avancer un peu plus dans le village, Antoine ?
07:20– Oui, en fait, on est redescendu de ce village dans lequel on est depuis maintenant 48 heures
07:24pour constater ce qui s'est passé après le village.
07:27Vous allez voir sur ces images de Julie Roser, notamment ce véhicule,
07:30on a été impressionné de tomber là-dessus il y a quelques minutes,
07:32complètement froissé, une voiture rouge qui se retrouve là sur le bord d'un cours d'eau
07:37qui habituellement, on le constate sur ces images,
07:39c'est à peine un petit filet d'eau qui passe ici,
07:42et bien on voit qu'ici, une fois que la grosse vague a traversé le village de l'Étour,
07:47et bien en contrebas, voilà les dégâts que l'on constate,
07:51c'est ici, dans cette zone, en tout cas pas très loin d'ici,
07:54qu'un premier corps avait été retrouvé,
07:55et c'est ce qui explique que la zone de recherche est étendue sur 5 km,
07:59ici il y a une maison, on voit que les abords de cette maison
08:02ont également été emportés par les eaux,
08:04elle n'a pas eu de plus de dégâts que ça,
08:06parce qu'ici la zone est beaucoup plus élargie,
08:08et donc l'eau a pu dévaler plus facilement que là-haut dans le village,
08:12en tout cas on est à peu près à quelques kilomètres en contrebas du village,
08:15et ici une partie des recherches vont continuer aujourd'hui
08:18pour tenter de retrouver les 5 personnes
08:21qui sont toujours portées disparues dans le village de l'Étour.
08:24– Merci beaucoup Antoine Forestier.
08:25Antoine Forestier, sur des images de Julie Roser,
08:27on a évidemment une pensée pour les Espagnols ce matin,
08:30des dizaines et des dizaines de disparues,
08:32et un bilan donc toujours officiel de 158 victimes.