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Dans le quartier du Tonkin, à Lyon, le retour des dealers inquiète. Plus de 600 policiers avaient été mobilisés pour les opérations Place nette. Malgré ces deux opérations, le trafic a repris. 

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00:00Madame Anan Bakhioui, bonjour. Secrétaire nationale adjointe du syndicat des commissaires de police pour commenter avec vous un coup de gueule en fait, coup de gueule, ras-le-bol
00:08des habitants du quartier du Tonquin qui est un quartier de ville urbaine près de Lyon. Un an après une série de trois fusillades liées au trafic de drogue,
00:15dont deux d'ailleurs de ces fusillades survenues tout près des écoles. Eh bien, et on le voit sur ces images, les trafics ont repris et voilà ce que disent les riverains.
00:24On ne voit plus beaucoup de policiers dans les rues. Les réseaux se réinstallent, à l'exception de celui qui est en bas de nos immeubles et sur lequel on intervient en groupe de riverains pour chasser les dealers.
00:37Tous les autres ont repris une activité et on craint que ça ne revienne à l'état antérieur. Là, actuellement, le sentiment c'est plutôt la colère.
00:44Reprise du trafic de drogue malgré deux opérations place nette qui ont été menées en novembre 2023 puis en mars dernier. Pourquoi a-t-on toujours l'impression que les trafiquants, malgré ces opérations, sont plus forts que la police ?
00:55Ce n'est pas qu'ils sont plus forts que la police, c'est que je pense que c'est une vision globale qu'il faut avoir. Les opérations place nette, elles ont eu un effet, bien évidemment.
01:02On a eu plus de 120 opérations. On a eu plus de 6 000 policiers qui ont été engagés, donc je tiens à saluer aussi l'effort qui a été fait notamment par les policiers de terrain,
01:11notamment dans ce cadre de place nette. On a eu quasiment 2 millions d'euros de saisie d'avoirs criminels dans des véhicules qui ont été saisis. On a eu des armes qui ont été saisies.
01:19Mais en matière de lutte contre le narcotrafic, c'est une stratégie globale qu'il faut avoir.
01:24Oui, stratégie globale, mais les habitants, eux, ont une vision locale.
01:26Oui, bien évidemment. Mais je veux dire, le global, c'est-à-dire qu'il faut aussi s'attaquer au haut du spectre. Et le haut du spectre, c'est vraiment la pierre angulaire
01:34qui fait qu'on se retrouve avec des points de deal qui se multiplient de manière exponentielle.
01:38C'est-à-dire que vous dites qu'il faut accepter que ces points de deal se réinstallent ?
01:42Non, pas du tout. Ce n'est pas ce que je dis du tout. Ce n'est pas du tout ça. C'est d'avoir une stratégie globale. Là, on ne va pas sans l'autre.
01:49La présence sur la voie publique est importante, bien évidemment, parce que les places nettes ont eu un effet assez dissuasif, et on l'a vu dans certains quartiers.
01:57Mais à côté de ça, il faut aussi lutter contre le haut du spectre. C'est une vision globale qu'il faut avoir.
02:02Donc si on veut avoir une politique efficace, il faut qu'elle soit globale, pas fragmentée avec différentes strates.
02:13Il faut justement avoir une vision, d'une part, avec la justice qui puisse intervenir dans ce domaine-là, avec des parquets spécialisés,
02:24avec des juridictions spécialisées, avec plus d'effectifs en matière d'enquête, parce que la voie publique, c'est une chose également.
02:31Mais il faut aussi des enquêteurs qui fassent également les procédures, parce que quand on veut démanteler, on démantèle,
02:37mais il faut également, derrière, des procédures pour que la justice puisse se propenser.
02:42Mais ce qui m'inquiète dans ce qu'a dit ce riverain à l'instant, c'est qu'ils sont obligés d'intervenir eux-mêmes, d'aller à la rencontre des dealers pour essayer de les chasser.
02:51Ça, ce n'est pas normal, et c'est quand même extrêmement risqué, non ?
02:54Évidemment, la police, c'est un pouvoir régalien de l'État, donc les riverains, ça devient un non-sens. Il y a une vraie difficulté en ce sens-là.
03:06Je pense qu'il y a aussi une difficulté en matière... Les chefs de police que je représente se rendent compte qu'il y a également des difficultés en matière de recrutement,
03:15des difficultés en matière d'objectifs.
03:16Justement, c'est ce que dit le maire de Villers-Bas, il dit qu'il manque la promesse formulée par le précédent ministre de l'Intérieur, en l'occurrence, Gérald Darmanin. On l'écoute.
03:24C'est vrai que, comme les habitants, moi j'attends la brigade de sécurité territoriale qui avait été annoncée par le ministre de l'Intérieur Darmanin,
03:32parce que c'est ce qui va permettre de maintenir la pression, parce que sinon, effectivement, dans quelques semaines ou dans quelques mois, ce sera tout ça pour rien.
03:40Est-ce qu'on est sûr qu'elle va être déployée, cette brigade ?
03:43Bien évidemment qu'elle sera déployée. Vous savez, la formation d'un gardien de la paix, c'est 12 mois de formation. Donc il y a aussi les recrutements.
03:51Donc on est en train de recruter, on a pas mal recruté, mais la difficulté c'est qu'on a dû faire face aussi à la politique qu'on avait connue sous l'air il y a quelques années de ça,
04:03où on a justement une vision comptable. La sécurité, c'est un coût. C'est comme l'éducation, c'est comme la santé. C'est un service public.
04:10Et le service public, il faut accepter qu'il y a un coût. On peut pas avoir une conception comptable de la sécurité.
04:15Et comme on a eu une politique à une époque où on a réduit, on a fait un remplacement d'un fonctionnaire sur deux, et notamment au sein de la police,
04:23donc il y a tout ce volet-là qu'il faut rattraper. Donc c'est pas tout de suite et ça met du temps, en sachant qu'il faut des recrutements, il faut les former.
04:30C'est 12 mois de formation pour un gardien de la paix. Donc forcément, ça met du temps de pouvoir retrouver un équilibre et des effectifs qu'on a connus il y a quelques années de ça.
04:39En tenu des budgets contraints, est-ce que l'on est sûr que les promesses qui ont été tenues et les besoins évidemment de tous ces quartiers seront tenus, respectés ?
04:48Il semble-t-il que, j'ose espérer, mais il semble-t-il que le budget concernant la sécurité soit sanctuarisé. Alors je sais pas.
04:55Oui, mais pour ce qui est des recrutements, l'annonce qui avait été faite, c'était un gel en 2025, pas de nouveaux recrutements.
05:00Il y a déjà ceux qui ont été recrutés cette année et qui seront formés et qui vont sortir cette année et qui auront leur prise de poste en 2025.
05:07Donc on aura des effectifs qui vont arriver dans différentes agglomérations et dans différentes villes.
05:13Mais c'est vrai que le narcotrafic aujourd'hui, autant qu'il y a quelques années de ça, ça a touché des grandes agglomérations.
05:18Mais aujourd'hui, c'est toutes les petites villes.
05:21D'où les attentes des riverains, parce qu'on parle de Villeurbanne, on pourrait parler de Marseille, on pourrait parler de Nîmes.
05:24On peut parler de plein d'autres villes. On peut parler de Nîmes, on peut parler de Grenoble.
05:28Il y a une vraie... Mais je pense que ce qu'il faut retenir, c'est que je pense qu'il faut vraiment une stratégie, une politique globale.
05:34Il ne faut pas avoir des politiques au coup par coup. Il faut vraiment avoir une vision globale sur la problématique.
05:38Quand vous dites ça aux gens, ils vous répondent, moi je pense, local.
05:40Oui, bien évidemment.
05:41Ce qui est important, c'est la police devant le domicile, devant les poignets.
05:44Exactement, c'est la police de proximité.
05:46Merci d'être venue nous voir ce matin. Il est 7h24.

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