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Le film sort en salles le mercredi 30 octobre.
Transcription
00:00Est-ce que la génération Z a droit au Happy End ?
00:02Vous le saurez en allant voir Anora de Sean Baker
00:05qui a reçu une récompense suprême, la Palme d'Or, au dernier festival de Cannes.
00:09Tu dois savoir le russe, c'est vrai ?
00:11Привет Иван !
00:13Putain !
00:15Je voulais te demander, tu travailles hors de club ?
00:21God bless America.
00:28Qu'est-ce que tu fais pour avoir tout ça ?
00:29Mon père c'est Nicolas Zaharoff, google lui.
00:32Oh merde !
00:34Oh merde !
00:37Peut-être que tu veux être exclusivement avec moi ?
00:4015, le cash en avant.
00:43Alors c'est une comédie déjà, ce qui est assez rare à Cannes,
00:47une comédie très mélancolique,
00:49qui raconte donc la rencontre d'Anora, qui est jouée par Mikey Madison,
00:54qui est une jeune stripteaseuse, escorte-girl, prostituée pour dire les choses,
00:59et d'un garçon, tout jeune, tout jeune, à peine majeur, qui s'appelle Vania,
01:03qui est joué par Mark Edelstein.
01:05Lui est le fils d'un oligarque, il est pété de fric,
01:09et il a un vrai coup de, appelons ça de cœur, pour Anora,
01:14et donc il décide de l'engager pour la semaine.
01:16Il profite effectivement de ses relations tarifées avec Anora,
01:20et puis quand il a réuni ses copains et sur un coup de tête, il dit
01:23« Et si on allait à Las Vegas ? »
01:25Et qu'est-ce qu'on fait à Las Vegas ?
01:26On dépense de l'argent, on fait un peu n'importe quoi, et puis on se marie.
01:30Sauf que les parents du jeune homme ne l'entendent pas du tout,
01:32mais alors pas du tout de cette oreille,
01:34et donc vont dépêcher leurs hommes de main
01:36pour essayer de convaincre la petite Anora de renoncer à ce mariage funeste.
01:41Il y a, en particulier, 20 minutes de séquence absolument anthologique dans la maison,
01:47où les hommes de main sont arrivés, et Anora ne se laisse pas faire du tout.
01:50Elle casse tout, il casse tout involontairement dans la maison,
01:53C'est un grand moment de pur burlesque, génial, vraiment formidable.
02:08Et après ça, ça se passe tellement mal que le petit Vanya,
02:11il a beau être très sympathique, il est surtout très très lâche, et il se sauve.
02:14Le film prend encore une nouvelle dimension, très réussi,
02:17ça compense un début un poil laborieux,
02:20un poil limite aussi dans la représentation du sexe.
02:23Alors c'est un petit peu le défaut de Sean Baker,
02:24qui s'intéresse beaucoup aux travailleurs du sexe,
02:27avec parfois une certaine complaisance dans sa représentation.
02:30C'était vraiment le cas dans son film précédent,
02:31Red Rocket, qui était déjà en compétition au Festival de Cannes.
02:34Il a changé un peu, dans Anora, il y a quand même beaucoup moins,
02:36mais il y a quand même toujours une espèce de complaisance à filmer.
02:40Le corps, certes ravissant de Mikey Madison, mais sous toutes les coutures,
02:44ce n'était pas la peine d'en faire autant.
02:46Au bout de trois levrettes, on a à peu près compris.
02:48Il y a un moment où on ne peut pas sans arrêt filmer les gens au niveau des fesses.
02:51Après, ce qui se passe dans la maison,
02:54et là vraiment prend une toute autre dimension,
02:56parce qu'on est dans une pure screwball comédie,
02:59avec, et c'est ça vraiment qui m'a beaucoup plu dans le film,
03:02il y a une sorte de fossé générationnel entre les personnages.
03:05Anora, en fait, quand elle se retrouve aux prises avec les hommes de main,
03:08il faut quand même se dire que ce n'est pas des mafieux bien méchants,
03:11c'est même les hommes de main les plus gentils qu'on ait vus depuis longtemps au cinéma,
03:14mais elle, elle considère que dès qu'on pose un doigt sur elle
03:16et qu'elle n'a pas donné son consentement,
03:17eh bien, en fait, on l'agresse.
03:18Et il y a un des hommes de main, un des sbires,
03:22qui lui traduit, je pense que c'est ma réplique préférée du film,
03:25traduit extrêmement bien ce fossé générationnel.
03:27Il dit « mais moi, je n'ai pas Instagram, je suis un adulte ».
03:30On est dans une partie comique extrêmement efficace.
03:33Tu aurais peut-être gagné à t'un peu resserrer aussi.
03:35Je trouve que globalement, c'est le petit problème du film.
03:38Voilà, c'est ça, c'est qu'il déborde, il déborde, il déborde.
03:41Mais c'est vrai que dans la nuit qui s'en suit,
03:44il y a une sorte de frénésie enfantine et de mélancolie.
03:48Sean Baker, il est très fort pour filmer les espaces.
03:51Passer de la petite cabine de strip-tease à la grande maison de Vanya.
03:56Et puis, tout à coup, eh bien, on nerre dans la rue de restaurant en restaurant.
04:01On passe par un magasin de bonbons.
04:02Tout vient tout le temps rappeler l'extrême jeunesse des personnages.
04:06Aussi bien le corps complètement élastique de chalamet miniature de Mark Edelstein
04:12que la beauté très étrange d'Anora,
04:15et qui en même temps a quelque chose d'extrêmement fier,
04:19d'extrêmement impressionnant, mais d'extrêmement douloureux aussi.
04:22C'est ce qui m'a le plus touchée, en fait, dans ce film.
04:26C'est la beauté de ce personnage féminin.
04:28La beauté de ce personnage féminin doit énormément à son interprète.
04:31Elle est absolument formidable.
04:32C'est Mikey Madison.
04:34Vous l'avez peut-être déjà vue au cinéma.
04:36Criez beaucoup, c'est dans son registre.
04:38Et en particulier pour son premier rôle au cinéma,
04:40c'était dans Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino.
04:45C'était la jeune hippie un peu dégénérée qui se faisait carboniser au lance-flammes
04:49par Leonardo DiCaprio dans la scène finale.
04:51Mikey Madison, elle revient, elle est de tous les plans ou presque pendant 2h19.
04:56Une bombe économique, énergique, hallucinante.
05:00Elle est aussi capable de jouer vraiment la mélancolie et le désespoir
05:03avec beaucoup, beaucoup d'intensité.
05:05Une actrice aînée, elle est absolument formidable.
05:07Alors bravo à Sean Baker d'avoir révélé son talent.
05:09Anora, c'est bien.
05:11Anora de Sean Baker, c'est peut-être un peu trop une palme d'or,
05:15mais c'est bien quand même.

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