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Atteinte d’un cancer de l’utérus à l’âge de 27 ans, puis d’un cancer du sein triple négatif à l’âge de 30 ans, , la chimiothérapie, la rémission, l’après…
Transcription
00:00J'ai eu un cancer de l'utérus à l'âge de 27 ans,
00:02puis un cancer du sein triple négatif à l'âge de mes 30 ans.
00:06Alors pour le premier cancer, en fait on m'a diagnostiqué un papillomavirus
00:11et sur le moment je ne m'attendais pas du tout à ce qu'on m'annonce que j'ai un cancer
00:14puisque le médecin m'a dit on fera une petite colonisation et ce sera terminé,
00:18donc une petite opération.
00:20C'est quand je suis venue pour voir si les sutures allaient bien et tout ça,
00:24je ne savais pas qu'ils avaient fait un prélèvement de ce qui se passait
00:27et en fait le médecin m'a glissé la feuille sur le bureau et j'ai vu le mot tumeur
00:34et c'est là que j'ai réalisé que j'avais un cancer.
00:37Donc sur le moment je me suis dit c'est pas possible,
00:40vous n'êtes pas en train de me dire que j'ai un cancer à l'âge de 27 ans,
00:42ce n'est pas logique.
00:44Et en fait c'était le cas et j'ai été abasourdie par la nouvelle
00:48à tel point qu'il m'a parlé pendant une heure et je n'ai rien entendu de ce qu'il me disait.
00:52Je n'y croyais pas.
00:53Après forcément la peur, on se dit qu'à 27 ans on n'a pas vécu grand chose.
00:57Est-ce qu'on a vraiment fait les choses qu'on voulait dans sa vie ?
01:00Est-ce que je vais mourir ? Est-ce que je vais perdre mes cheveux ?
01:02Enfin il y a tout un tas de questions qui restent en suspens le temps de faire d'autres examens.
01:06Pour le deuxième, ça s'est passé totalement autrement.
01:09Je sentais déjà les choses venir avec les examens,
01:11on a fait des ponctions et tout ça et puis en plus moi j'ai le gène BRCA1
01:15ce qui fait que j'ai 70% de risque d'avoir un cancer du sein ou des ovaires.
01:20Il y a plusieurs gènes, BRCA1, BRCA2, je crois qu'il y en a d'autres.
01:23Ce gène-là, moi c'est ma tata qui a eu de cancer du sein
01:26et du coup c'est dans la famille du côté de mon papa.
01:29Et ça c'est important de le dire parce que quand on a ce gène dans la famille,
01:33un homme ne peut le développer qu'à 2% ce qui est très peu.
01:36Mais par contre si cet homme-là a des enfants et des filles,
01:39elles, elles ont 70% de risque de développer un cancer du sein et des ovaires.
01:43Ce qui fait que du coup on doit être suivi assez tôt.
01:47Je me suis fait dépister à 23 ans et moi je me souviens qu'à 23 ans
01:51je voulais déjà faire enlever mes seins par prévention
01:53parce que 70% de risque c'était quand même plus d'une chance sur deux.
01:56Et j'avais très peur de ça.
01:57On n'a pas forcément voulu m'écouter.
01:58On m'a dit on vous attendait aux 30 ans et à 30 ans on le fera.
02:01Sauf qu'à mes 30 ans, quand j'ai fait mon premier examen,
02:04c'est là qu'on s'est rendu compte qu'il y avait quelque chose.
02:06Donc heureusement que mon papa a fait ce dépistage
02:10parce qu'il ne l'aurait pas fait, je ne serais plus là aujourd'hui.
02:13Donc de là, elle m'annonce qu'effectivement j'ai un cancer du sein de stade 3,
02:17donc un stade avancé et en plus un cancer du sein très agressif
02:21puisqu'il s'agit du triple négatif.
02:22Et là, bizarrement, j'avais prévu ma petite feuille,
02:25voilà, pour tout noter, pour rien oublier
02:28parce que j'avais eu tellement ce truc de...
02:30J'avais rien écouté à la première annonce que là, il fallait que j'écoute.
02:34Et j'étais très concentrée et assidue,
02:36même si sur le moment, je me suis dit rebelote quoi.
02:39J'ai contacté ma famille pour leur expliquer.
02:41C'était très compliqué parce que c'était une deuxième annonce de cancer.
02:44Bizarrement, je n'ai pas eu du tout cette appréhension de je vais mourir.
02:47Ça a été vraiment...
02:48Ça va être difficile parce que là, on rentre sur de la chimiothérapie et compagnie.
02:52Ça va être un an de galère, voire plus, en fonction de comment ça se passe.
02:55Mais je ne vais pas mourir.
02:56J'avais vraiment ça en tête.
02:57Du coup, le premier, au départ, je ne savais pas à quelle sauce j'allais être mangée.
03:02Et quand on m'a dit qu'il n'y avait que de la chirurgie, ça m'a soulagée.
03:05Après, j'avoue qu'ils ont commencé à parler de chirurgie pour enlever seulement la tumeur.
03:10Donc là, moi, ça m'arrangeait parce que je pouvais garder mon utérus.
03:13C'est la première chose qu'on a fait.
03:15Et en fait, ça n'a pas fonctionné puisqu'il y avait encore pas mal de lésions et tout ça.
03:18Donc là, on a dû enlever l'utérus.
03:20Ça a été le coup de massue, vraiment.
03:22Et le deuxième, par contre, là, rien à voir.
03:25Tout de suite, ils m'ont dit gros protocole, donc chimio.
03:29J'avais 16 cures de chimio à faire.
03:32Ensuite, on a fait l'opération, donc ablation du sein avec reconstruction par prothèse.
03:38Et après, j'ai fait des rayons pour essayer de faire en sorte que ça ne revienne pas.
03:44Et après tout ça, heureusement pour moi, je n'ai pas eu de traitement médicamenteux
03:49puisque moi, ce n'est pas hormonodépendant, c'est génétique.
03:52Par contre, là, très récemment, j'ai fait enlever l'autre sein par prévention.
03:56On ne le dit pas assez, mais une chimio, moi, je pensais que ça allait aller progressivement.
04:00Et en fait, non, vous faites la première chimio direct.
04:03Il y a tout qui arrive.
04:04Mal dans le corps, on se sent diminué.
04:08On a l'impression d'être un esprit jeune dans un corps de vieux.
04:10Alors qu'on a envie de faire plein de choses à ce moment-là.
04:12Notre vie commence, plus ou moins.
04:14En tout cas, c'est là où on commence à faire des projets à 30 ans.
04:17Et tout est en stand-by.
04:19C'est assez dur, en fait, à vivre pour le physique, je parle.
04:22C'était très fatiguant aussi.
04:23Par contre, psychologiquement, même si j'ai eu des moments de bad,
04:26ça c'est clair et net, je l'ai quand même bien vécu.
04:30En fait, je me suis amusée de la maladie.
04:32Parce que ce n'est pas parce qu'on est malade qu'on perd son sens de l'humour.
04:35En l'espace de très peu de temps, j'ai perdu mes cheveux,
04:38mon travail parce que j'étais auto-entrepreneuse
04:41et donc c'était trop compliqué avec la fatigue de gérer.
04:45J'ai perdu mes amis, mon fiancé.
04:48Du coup, j'ai déménagé chez mes parents à l'âge de 30 ans.
04:51Enfin bref, je n'avais plus rien.
04:52Sauf ma famille, ma famille qui a été très présente
04:55et qui, heureusement, était là
04:56parce que sinon, je pense que je ne serais plus là aujourd'hui.
04:59Et l'autre truc qui m'a vachement aidée, bizarrement,
05:02c'est les réseaux sociaux.
05:03Parce que ça a été un peu le journal intime
05:05dans lequel je pouvais parler de mes émotions
05:08et de ce qui se passait dans ma vie.
05:09Et j'ai eu beaucoup de soutien de gens que je ne connaissais pas.
05:12Mon fiancé est parti un mois avant le mariage,
05:15après l'annonce du cancer.
05:16Au départ, bon, je n'avais pas forcément d'explication.
05:18J'ai compris à quoi il avait eu peur.
05:20Et c'est vrai qu'on se sent un peu abandonnés,
05:23jetés à la poubelle un peu.
05:25C'est ça, tu ne sers plus à rien, donc on jette.
05:27Et moi, pour ma part, en fait, tous mes amis au départ étaient là.
05:30Mais en fait, au fil du temps,
05:31ils n'osent même plus prendre des nouvelles
05:33parce qu'ils ont certainement peur aussi.
05:35Ils se rendent compte que la victorine qui faisait la fiesta
05:38et qui venait boire les apéros
05:40n'était plus capable de faire ce genre de choses.
05:42On culpabilise finalement de faire vivre ça aux autres.
05:45Et ça, ça a été hyper dur.
05:46Un matin, je me suis réveillée à 5h du matin
05:49pour aller aux toilettes parce que je ne me sentais pas bien.
05:51Et donc, je vivais chez mes parents, j'étais à l'étage.
05:53Et en fait, je me suis écoulée parce que j'étais trop faible
05:56et j'étais incapable de me relever.
05:57Sauf que mes parents, ils étaient en bas.
05:59Ils se sont levés à 6h30, 7h, donc bien une heure et demie après.
06:02En fait, à chaque fois qu'ils se levaient,
06:03ils venaient me voir pour savoir si tout allait bien.
06:05Et en fait, là, ils ne m'avaient pas retrouvée dans mon lit.
06:06J'étais donc à partir dans la salle de bain.
06:09Et c'est mon papa, du coup, qui m'a pris dans ses bras
06:13pour me descendre dans le salon pour que je me repose,
06:18que je sois plus proche d'eux.
06:20Donc, c'est vrai que quand tu as 30 ans, il y a votre père
06:23qui, lui aussi, a du mal forcément à soulever quand même 60 kilos.
06:27Mais qui te porte comme un bébé
06:29parce que tu n'as plus de force et c'est dur.
06:32Donc, il y a la culpabilité qui est très présente pendant la maladie.
06:36La rémission, c'est fastidieux.
06:38Parce qu'on parle beaucoup de la maladie à chaque fois.
06:41La maladie, tout ça, on ne parle pas de l'après.
06:43Les gens pensent que c'est terminé, que l'on est guéri,
06:45alors qu'en fait, ce n'est pas du tout le cas.
06:46Le mot rémission, il est là pour une chose,
06:48c'est pour annoncer qu'on n'est plus malade, mais qu'on n'est pas guéri.
06:51Et ça, les gens n'ont pas conscience de ce mot-là.
06:53Ça veut dire aussi que, psychologiquement,
06:56il faut arriver à comprendre ce qui s'est passé
06:58parce que ça passe à une allure folle.
07:00Et ça va tellement vite qu'en fait, on ne comprend pas
07:02tout ce qu'on nous a enlevé, tout ce qui s'est passé,
07:04tout ce qu'on a subi.
07:05Et en fait, on a un choc post-traumatique qui arrive après,
07:09qui est très dur à gérer.
07:10Et puis après, on nous demande de reprendre la vie qu'on a laissée avant tout ça.
07:13Est-ce qu'on peut retrouver quelqu'un alors qu'on ne peut pas avoir d'enfant ?
07:17Même pour faire un prêt à la banque, il faut attendre les 5 ans de rémission.
07:20On n'est plus sujette, pour eux, à être enterré qu'à avoir un avenir.
07:23Je le dis assez crûment parce que c'est la réalité des choses.
07:26Les gens n'ont pas forcément confiance en nous,
07:28dans le sens où, même au travail, si on doit reprendre un travail,
07:31pourquoi on vous reprendrait alors que vous pouvez retomber malade ?
07:33On a tendance à assimiler le cancer avec la vieillesse alors que pas du tout.
07:38Il faut faire comprendre aux gens que ça peut arriver à tout âge,
07:40à tout moment de l'année.
07:42Et puis surtout, faire prendre conscience aux gens que ça peut leur arriver.
07:45Clairement, une autopalpation, ça peut changer une vie, ouais.
07:49Parce que quand c'est pris à temps, on a beaucoup plus de chances de s'en sortir.
07:53Et ça, c'est réel.
07:54Il y a un conseil qu'on m'avait donné lors de ma première chimio,
07:57c'était une petite dame, une petite mamie qui était en chimio aussi,
08:00et qui m'a dit, tu sais, vois juste un jour après l'autre.
08:03Ne regarde pas, ah, j'ai 8 mois de chimio ou plus,
08:07parce qu'on a l'impression que ça n'avance pas.
08:09Alors que si on vit le moment présent, vraiment un jour après l'autre,
08:13on savoure plus sa vie et on prend plus conscience
08:17des petites choses qui sont bénéfiques pour nous à ce moment-là.
08:20Et je peux vous garantir qu'avec beaucoup de recul,
08:24ça va vous permettre d'évoluer personnellement à cette maladie.
08:27On pense à la mort quand on dit cancer, mais finalement,
08:30ça peut être une renaissance.

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