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Pierre Lellouche, ancien ministre, livre son analyse sur la guerre en Ukraine : «Le plus difficile c'est de savoir comment gérer la paix».

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Transcription
00:00Mais là aussi, vous avez raison.
00:02L'un des drames dans cette histoire,
00:04et que je décris longuement dans le livre,
00:06c'est que cette guerre n'a pas de but.
00:08On ne connaît pas le but de guerre.
00:09C'est quoi ? C'est de renverser Poutine ?
00:12C'est de refaire les frontières de 91 ?
00:14C'est d'empêcher l'expansion de Poutine jusqu'à Lisbonne,
00:17comme il y a eu des théories, effectivement.
00:19Mais avec quoi ?
00:21Ils arrivent à peine à grignoter des territoires
00:23face à une armée qui est exempte,
00:24et vous les voyez arriver à Paris demain ou à Berlin ?
00:27Vous le savez aussi bien que moi, c'était la théorie il y a encore quelques années.
00:30Il y a plein de gens qui ont écrit des bouquins
00:31et qui ont fait des plateaux de télé depuis deux ans
00:34pour expliquer qu'on était au bord d'une guerre mondiale,
00:36qu'il y avait Daladier, que c'était Daladier, c'était Munich.
00:39Rappelez-vous quand même la campagne européenne de Macron
00:43et de Valéry Hayer, qui ressortait Daladier,
00:46qui ressortait Chamberlain, on était au bord.
00:49Et puis il y avait Churchill d'un côté, Hitler de l'autre.
00:51Une paix négociée, ça veut dire une paix de concession territoriale.
00:54Mais ce qui va se passer, c'est quoi ?
00:55Ça va être un statut de neutralité,
00:57très probablement une frontière qui va passer
01:00par le rapport de force sur le terrain aujourd'hui.
01:03Quand nous n'allons pas la reconnaître, à juste titre,
01:07on va faire comme pour l'Allemagne divisée, on n'a pas reconnu...
01:10Comme pour la Crimée, ça sera pareil.
01:11Oui, pour la Crimée, pour l'Allemagne.
01:14On n'a jamais reconnu officiellement que l'Allemagne était coupée à vide.
01:18Pareil pour la Corée, il y a deux Corées, il y aura une partition.
01:23Et après, l'Ukraine a le droit d'entrer dans l'Union européenne.
01:26Ça, c'était acté dès avril 2022.
01:29Le problème qui va se poser, ce sont les garanties de sécurité.
01:32Qui va s'occuper de la reconstruction de l'Ukraine ?
01:35700 milliards d'euros.
01:36Qui va s'occuper des garanties de sécurité ?
01:39Parce que s'ils rentrent dans l'Union, il faudra assurer la sécurité du pays.
01:42Avec quel budget de défense, sachant que,
01:45quoi qu'on raconte sur l'économie de guerre,
01:47personne n'est en économie de guerre en Europe.
01:49Donc, nous avons devant nous des questions absolument majeures
01:52que personne ne se posait.
01:53On est trop occupé par d'autres choses à l'Assemblée en ce moment.
01:56Mais comment on va gérer la paix ?
01:58Le plus difficile, c'est comment gérer la paix ?
02:01Comment faire en sorte de éviter qu'en 1918,
02:05on recouse la plaie en laissant l'infection dedans ?
02:09Ça, ce serait la pire des choses.
02:10Donc, il faut qu'on trouve quelque chose qui tienne la route
02:13et qui garantisse la sécurité de l'Ukraine
02:16et qui permette de reprendre des relations...
02:19Pierre Lelouch.
02:23Sous-titrage Société Radio-Canada

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