Le général de gendarmerie, Jacques-Charles Fombonne, était l’invité de Midi News, ce vendredi 25 octobre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur l’enquête ayant permis de retrouver le corps de la jeune Lina : «C’est un travail extrêmement minutieux. L’affaire va certainement continuer pour déterminer s’il y a des complices, mais ce serait étonnant».
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00:00Il a fallu 13 mois de recherche, un travail très minutieux effectué par les gendarmes
00:06qui n'ont jamais, jamais rien lâché et c'était important, évidemment, ô combien
00:11pour la famille de Lina.
00:12Alors c'est vrai que c'est souvent le cas dans les affaires criminelles qui sont confiées
00:17à la gendarmerie.
00:18On lâche jamais.
00:19Vous avez des affaires qui sont ouvertes, par exemple, sur des enlèvements d'enfants
00:21depuis 30 ans, depuis 35 ans.
00:23Je voudrais être prudent dans mes propos parce qu'effectivement, quand on parle d'enquête,
00:28en étant un spécialiste de la pégine, si tant est que je le sois, on oublie un peu
00:32l'aspect humain et c'est la mort d'une très très jeune fille et on imagine la douleur
00:37de la famille à une heure maintenant des obsèques.
00:39Alors c'est une affaire qui est assez emblématique, d'abord de la façon dont travaille la gendarmerie,
00:46c'est-à-dire qu'on part des faits et à partir de ces faits, on déroule plusieurs hypothèses
00:52que l'on essaye de vérifier et à partir de l'hypothèse qui va se vérifier, on va
00:55essayer de trouver l'auteur des faits.
00:57Et non le raisonnement récursif qui consisterait à partir d'une hypothèse pour essayer de
01:01la faire rentrer dans les faits et voir s'il rentre dans la boîte, ce qui ne marche pas.
01:04Il y a, comme vous l'avez dit, c'est un travail extrêmement minutieux, la difficulté,
01:10parce qu'il n'y a pas de témoin, il n'y a évidemment pas de scène d'infraction
01:12parce que c'est une disparition, ça c'est deux choses qui sont des paramètres qui compliquent
01:17évidemment l'affaire, c'est donc l'embarquement, c'est le récollement de tous les éléments
01:22et surtout des éléments techniques que l'on va pouvoir mettre dans la boîte pour les
01:26utiliser un jour, une semaine, un mois ou un an après, c'est-à-dire tout ce qui va
01:31être traces électroniques, péages, cartes bleues, téléphones, etc., etc., toutes choses
01:39que l'on va garder pour ensuite faire des recoupements.
01:41Là, il y a trois éléments qui vont jouer, c'est-à-dire ce recollement des indices,
01:46ensuite la découverte de la voiture avec l'ADN du présumé coupable et puis comme
01:54il a déjà été condamné à plusieurs reprises, cet ADN va matcher avec une fiche qui existe
01:59déjà dans le FNAG, le fichier national des empreintes génétiques et puis ceci va matcher
02:04avec la téléphonie, avec le véhicule, c'est-à-dire que les gendarmes vont pouvoir déterminer
02:09que c'est la voiture, que c'est le présumé coupable qui est dedans et surtout que la
02:14petite est montée dedans.
02:16Ce qui est, il y a un élément de chance et un élément parasitant.
02:22On dit souvent d'une façon un peu docte qu'il n'y a pas de hasard en matière criminelle,
02:27mais là, il y en a deux au début de l'enquête.
02:29La petite a déposé plainte pour viol collectif en juin 2022, quelques mois avant, et son
02:36petit ami de l'époque se tue en voiture quelques jours après sa disparition.
02:41Quand on est gendarme, on va forcément attacher une importance considérable à ces deux hypothèses.
02:46Il se tue, remort, c'est lui qui a fait le coup.
02:50Il n'ose pas l'avouer, mais il ne peut pas vivre avec cette charge.
02:53Viol collectif, le parquet avait classé, mais avait classé pour des raisons logiques
02:56qui étaient une absence de constitution des faits.
02:59Est-ce que les faits, finalement, ne seraient pas vérifiés avec des gens qui se seraient
03:04tout simplement vengés contre elles quelques mois plus tard ?
03:07Et puis, il y a un élément de chance parce que de temps en temps, il faut évidemment
03:11que même au bout du travail le plus sérieux, ça veuille fonctionner.
03:15C'est que la voiture à bord de laquelle Alina a été emmenée, c'est une voiture
03:20qui a été volée, qui est immatriculée en Allemagne et elle est retrouvée dans l'Aude,
03:24c'est-à-dire à l'autre bout de la France.
03:26Elle est mise en fourrière et quand les gens de la fourrière regardent à l'intérieur
03:29de la voiture, ils découvrent le sac avec les papiers.
03:33Tout de suite, ça fait tilt et évidemment, à ce moment-là, ça s'embraye.
03:36Il y a des cordelettes avec l'ADN de la jeune femme, avec l'ADN de l'auteur présumé.
03:42On revient au fichier central et là, on boucle l'affaire.
03:45Mais si à l'autre bout de la France, on ne voit pas le sac dans le coffre, si celui
03:50qui est chargé du truc ne le voit pas, on résout évidemment jamais l'affaire.
03:54Jacques Charles, vous l'avez rappelé, évoqué, le principal suspect, c'est suicidé.
04:03Donc, est-ce qu'on aura vraiment la vérité ? La vraie vérité ?
04:09C'est pour la famille.
04:10Je dirais que d'un point de vue enquêteur, d'un point de vue policier, avec les éléments
04:16que je viens de vous donner, c'est-à-dire le croisement du fait que la personne est
04:18sur place, que c'est son téléphone, qu'il a été dans la voiture et que son ADN est
04:22à côté de celui de la victime, on va aux assises avec un dossier comme ça.
04:26On n'a aucune surprise, évidemment, quant à la condamnation.
04:29Le problème, on le comprend bien, c'est qu'il y a toujours deux questions dans l'enquête
04:35criminelle.
04:36Il y a le comment et le pourquoi.
04:37Le comment, on sait, c'est un enlèvement, on sait à peu près comment ça s'est passé.
04:41L'autopsie sur Lina a donné des éléments qui sont univoques quant au fait qu'elle a
04:47été assassinée.
04:48Ça, on sait.
04:49La deuxième difficulté, c'est la question du pourquoi.
04:51Et le pourquoi, c'est le mobile.
04:53C'est-à-dire que seul celui qui a commis les faits est en mesure d'expliquer pourquoi
04:58il les a commis.
04:59Et ça, pour la famille, c'est déterminant parce qu'ils sont toujours dans l'incompréhension.
05:04Et puis, d'un point de vue judiciaire, l'affaire peut, va certainement continuer pour déterminer
05:10s'il y a des complices, des co-auteurs, des gens qui auraient fourni les éléments.
05:14Ça serait assez étonnant parce que ce genre de criminel agit généralement seul.
05:20Et puis, la deuxième difficulté, c'est, comme disait Maître Buffard à propos de
05:26l'adulte en chef Chanal qui s'était suicidé la veille de son jugement, la présomption
05:31d'innocence fait que Simon G. est innocent pour l'éternité.