Frédéric Ploquin, grand reporter et spécialiste du grand banditisme, et Jo Péraldi, ex-chef militaire du Front de Libération National Corse, étaient les invités du Face-à-Face sur BFMTV et RMC de ce vendredi 25 octobre. Ils ont évoqué leur livre, “Confessions d’un patriote corse, des services secrets français au FLNC” qui sort le 30 octobre prochain.
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00:00Vous allez nous raconter ce moment de l'histoire de la Vème République.
00:02D'abord, vous êtes né en effet en Algérie, et l'Algérie française donc à l'époque.
00:06À 13 ans, vous maniez les armes. Pourquoi ?
00:08Mais simplement parce que déjà, j'habitais en maison forestière avec mes parents.
00:13Mon père était agent technique des eaux et forêts.
00:15Et l'administration des eaux et forêts fournissait une dotation d'armes de guerre
00:22à chaque forestier qui se trouvait en maison forestière isolée.
00:25Événement ou pas événement.
00:27Il y avait un mousqueton, une stene, des grenades, un pistolet d'ordonnance, 8 mm.
00:35Et ça, c'était la dotation.
00:36Donc, très jeune, j'ai appris à 8 ou 9 ans à tirer à la stenne.
00:41Et ensuite, ce sont survenus les événements, ce qu'on a appelé la Toussaint Rouge,
00:45c'est-à-dire le soulèvement de l'indépendance de la guerre d'Algérie.
00:50Et là, comme j'allais à l'école seul le matin, je partais de chez moi à maison forestière.
00:56Je faisais 8 km et autant pour revenir.
00:59Et à ce moment-là, le FLN algérien assassinait tout ce qui n'était pas musulman.
01:07Si vous voulez, ça partait des plus anciens au berceau.
01:11Et je faisais partie de ces jeunes qui allaient à l'école à pied,
01:14à traverser une forêt, à traverser les cimetières arabes.
01:18Et par un moment de protection, de sécurité,
01:22j'avais un Walther P38 9 mm parabellum que je mettais dans l'austère.
01:28Arrivé à l'école, je le mettais dans un portail, je le mettais au fond du quartable.
01:32Et le soir, quand je rentrais chez moi,
01:36je le remettais dans l'austère pour refaire les 8 km pour rentrer à la maison.
01:39– Donc, vous êtes dans l'amitié de tous ces...
01:41– Donc, j'étais dans une question de protection personnelle.
01:45Ça veut dire qu'on pouvait m'enlever, m'égorger, me tuer à ce moment-là.
01:48Et je tenais à avoir, je savais manier le pistolet à l'époque,
01:52et c'est ce que j'ai fait.
01:53Il faut que vous sachiez, je vais ajouter juste un mot,
01:56en raison de tous ces événements, je ne les ai pas créés.
01:59Ce sont des événements qui sont venus percuter ma vie d'adolescent.
02:02– Et vous le dites d'ailleurs régulièrement dans le livre,
02:03et c'est important, vous le confiez à Frédéric Ploquin,
02:06combien vous avez basculé progressivement dans cette clandestinité.
02:10– Je n'ai pas progressé, c'est la vie qui m'a fait progresser,
02:12qui m'a fait affronter ces événements.
02:14Et quand les militaires corses sont arrivés en Algérie,
02:17j'étais constamment avec eux parce qu'ils fréquentaient les familles corses qui étaient là-bas.