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L'économie tunisienne est dans une impasse : la croissance patine et n'a toujours pas retrouvé son niveau d'avant Covid. C'est le seul pays de la région dans cette situation. Cette faiblesse de l'activité se retrouve dans l'évolution du marché du travail avec un taux de chômage qui ne parvient pas à casser le plancher des 16% et qui évolue même autour de 40% pour l'ensemble des jeunes âgés de 15 à 24 ans. [...]

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00:00Générique
00:09L'économie tunisienne est dans une impasse.
00:12La croissance patine et n'a toujours pas retrouvé son niveau d'avant Covid.
00:16C'est le seul pays de la région dans cette situation.
00:20Cette faiblesse de l'activité se retrouve dans l'évolution du marché du travail,
00:23avec un taux de chômage qui ne parvient pas à casser le plancher des 16%
00:28et qui évolue même autour de 40% pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans.
00:33Les diplômés du supérieur ne sont pas épargnés
00:36et la fuite des cerveaux, médecins, ingénieurs et autres,
00:39prend des proportions inquiétantes.
00:41Mais ce ne sont là que des symptômes ou les conséquences
00:44d'un pays plongé dans un stress financier extrême
00:47lié à un énorme besoin de financement externe.
00:50Ces derniers correspondent plus ou moins à la somme d'argent
00:53que la Tunisie doit emprunter à l'étranger chaque année
00:57pour combler l'écart entre ses dépenses et ses revenus,
00:59notamment pour financer son déficit budgétaire et rembourser sa dette.
01:04Au cœur de la problématique,
01:06l'empilement depuis des années d'importants déficits budgétaires
01:09et une dette à rembourser qui gonfle et avec elle le risque de défaut de paiement.
01:13Selon les estimations officielles,
01:15les besoins de financement culmineront ainsi autour de 17% du PIB en 2024-2025.
01:22Pour comprendre la situation actuelle, il faut revenir à 2022,
01:26date à laquelle la Tunisie a subi un double choc.
01:29D'abord, l'ensemble des créanciers extérieurs traditionnels du pays
01:32s'accordent pour ne plus financer le budget en absence d'une thérapie de choc
01:38qui devra être validée par un nouveau programme FMI
01:41garantissant la soutenabilité des finances publiques.
01:45Puis survient la guerre en Ukraine,
01:47un coup terrible pour l'économie tunisienne
01:50qui passe par la flambée des prix à l'importation du pétrole et du blé,
01:54dont le pays est un grand importateur.
01:57L'impact de cette dérive est triple.
02:00Le déficit du commerce extérieur se creuse jusqu'à atteindre des niveaux historiques.
02:04L'inflation se réveille pour dépasser 10%.
02:07Cela reste modéré, mais c'est suffisant pour mordre sur les revenus des ménages et la consommation.
02:13Et si la hausse des prix n'a pas été plus explosive,
02:15c'est que le pays dispose d'un système de subvention des produits importés
02:19pour contrôler, du moins en partie, l'évolution des prix.
02:23Un système extrêmement coûteux pour les finances publiques
02:26quand en amont les cours flambent.
02:29Le troisième impact de l'embardée des cours de matière première
02:31est donc celui du renchérissement des besoins de financement budgétaire et extérieur,
02:36précisément au moment où les créanciers se sont retirés.
02:40La situation n'est pas nouvelle.
02:42Depuis les printemps arabes de 2011 qui ont fait vaciller le pouvoir,
02:45les différentes coalitions parlementaires n'ont eu de cesse d'acheter la paix sociale,
02:49via le système de subvention,
02:52mais aussi de l'emploi public avec à la clé le gonflement de la masse salariale publique.
02:56Le coût de ces deux postes de dépense, augmenté des intérêts de la dette,
03:00représente près de 30% du PIB, soit la quasi-totalité des revenus fiscaux.
03:07Bref, le budget est en déficit avant même d'intégrer les dépenses opérationnelles et l'investissement public.
03:13Mal embarqué, l'économie tunisienne n'en est pas moins dépourvue d'atouts.
03:17Elle possède notamment d'importantes ressources de phosphate,
03:20essentielles pour la production mondiale d'engrais.
03:23Le secteur agricole est aussi une force.
03:26Exportateur incontournable d'huile d'olive, le pays dispose de positions fortes
03:30dans les fruits et légumes, les céréales et la pêche.
03:33Seule ombre au tableau, les périodes de sécheresse se multiplient
03:36avec le changement climatique épaisent sur les rendements.
03:39Mais c'est aussi une industrie touristique de premier plan, important pourvoyeur de devises.
03:45Les effets de la crise de la Covid sont passés et les visiteurs sont de retour.
03:48Un bémol toutefois.
03:49Son choix du tourisme de masse, notamment les formules all-inclusives,
03:53bénéficie aux tour-opérateurs et à leurs compagnies charters,
03:57moins aux opérateurs touristiques locaux et à l'État tunisien.
04:01Le pays est aussi un hub régional pour la production de pièces automobiles,
04:05de composants électriques et de vêtements grâce à sa proximité géographique avec l'Europe
04:10et à une main-d'œuvre qualifiée et compétitive.
04:13C'est aussi un acteur régional de premier plan dans le domaine de l'externalisation de services,
04:18centres d'appel, gestion de données, comptabilité et développement informatique
04:22pour des entreprises étrangères.
04:24L'économie tunisienne ne manque pas d'atouts sectoriels,
04:27mais reste prisonnière de sa vulnérabilité externe et est sur le fil du rasoir du risque souverain.
04:32Chaque choc, chaque crise la rapproche un peu plus du risque de défaut.

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