• il y a 13 heures
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Henri de Beauregard, avocat au barreau de Paris, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la proposition de Rachida Dati de faire payer l'entrée de Notre-Dame aux touristes pour financer la sauvegarde du patrimoine religieux français.

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Transcription
00:007h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'avocat au barreau de Paris, Henri de Beauregard.
00:06Bonjour Henri de Beauregard.
00:07Bonjour Dimitri.
00:08Bienvenue sur Europe 1.
00:09Est-ce qu'il faut faire payer l'accès à Notre-Dame de Paris pour financer la restauration du patrimoine religieux ?
00:14On manque chroniquement de fonds pour rénover, entretenir nos vieilles églises.
00:18Henri de Beauregard, qu'à cela ne tienne, il suffirait être 5 euros par visiteur pour rassembler l'argent nécessaire,
00:24nous dit Rachida Dati, la ministre de la Culture.
00:26On voit que sa proposition divise.
00:28Stéphane Bern, grand défenseur du patrimoine, grande voix d'Europe 1, est plutôt favorable à cette idée de rendre Notre-Dame payante.
00:35Le diocèse de Paris lui est contre, pas question de faire payer pour entrer dans la maison du bon Dieu.
00:39Henri de Beauregard, dans un long message sur X, hier, vous prenez position contre l'entrée payante que vous jugez choquante.
00:47Qu'est-ce qui vous choque dans cette proposition ?
00:49Alors d'abord je la juge choquante pour des raisons historiques.
00:52On a pris à l'église ses églises, dans les suites de la révolution puis après 1905,
00:59en leur disant on vous prend vos églises mais on va les entretenir.
01:03Et puis en fait on les a pas entretenues, et maintenant on vient nous dire bon...
01:06C'est dans la loi de 1905, la loi de séparation de l'église et de l'État.
01:09Donc en fait on les a pas entretenues, elles tombent en ruine,
01:12donc pour les sauver on va vous demander de bien vouloir rendre payants vos cathédrales.
01:16Et je juge que c'est une manière évidemment biaisée,
01:19et nous on est contraints en quelque sorte de réfléchir maintenant à partir d'une obligation
01:25que les personnes publiques, l'État et les communes n'ont pas respectée.
01:29Ils n'ont pas respecté leur part du contrat,
01:31et donc je juge que historiquement, et il y a une continuité de l'État,
01:34ce que l'État a dit hier, il doit en principe le respecter demain.
01:38Ça peut être des conséquences de la crise des finances publiques finalement, Henri de Beauregard,
01:42si on en arrive à ce genre de proposition.
01:44Mais je pense que c'est aussi une conséquence de choix politique,
01:46et je pense qu'aujourd'hui encore c'est une conséquence de choix politique.
01:50J'ai trouvé...
01:52C'est un choix politique ?
01:53C'est-à-dire qu'on s'aperçoit lorsque l'on cherche que le patrimoine représente 3% du budget du ministère de la Culture.
02:01Qui pèse 2% du budget de la Nation.
02:04Exactement.
02:04Donc c'est 3% de 2%.
02:06Exactement.
02:06C'est dérisoire.
02:07C'est dérisoire.
02:08Et donc je pense qu'on peut faire des choix
02:10que l'obligation première en quelque sorte du ministère de la Culture,
02:13de la même manière que l'obligation première d'un médecin c'est de ne pas nuire,
02:16et bien l'obligation première du ministère de la Culture c'est d'abord d'entretenir ce qu'il a,
02:20avant ensuite éventuellement d'enrichir le Fonds culturel national.
02:24Mais d'abord on transmet, et donc d'abord on veille à pouvoir préserver ce qu'on a.
02:28Mais j'entends ce que vous nous dites sur les principes Henri de Beauregard,
02:32mais la situation elle est la suivante.
02:34On a amputé cette année pour raisons budgétaires,
02:36le fonds dédié à l'entretien du patrimoine de 100 millions d'euros dans le budget du ministère de la Culture.
02:42Pardonnez-moi, mais si on ne les a pas, on a des églises qui vont tomber en ruines.
02:45On a plusieurs milliers d'édifices, notamment religieux, qui sont au bord de la ruine Henri de Beauregard.
02:52On ne peut pas rester indifférent à cette situation-là.
02:55On ne peut pas rester indifférent, une fois encore,
02:56moi je soutiens que c'est affaire de choix politique
03:00et qu'on a la possibilité de faire des économies sur d'autres dépenses
03:04qui sont faites par le ministère de la Culture dans d'autres registres.
03:09Par exemple ?
03:10Non mais allez-y.
03:10J'en sais rien.
03:11À qui vous prenez ?
03:12Non mais je sais qu'on finance des choses qui peuvent être plus originales
03:16autour des FIAC, autour de que sais-je.
03:18Alors ça remonte maintenant un peu,
03:20mais enfin chacun se souvient d'un sex-toys géant sur la place Vendôme.
03:25L'art contemporain.
03:25J'ignore combien tout ça a pu coûter, peu importe.
03:29Je ne suis pas sûr que ça suffisait,
03:30mais c'est un exemple pour dire que c'est affaire de choix
03:33et je crois que la transmission est la première obligation du ministère de la Culture.
03:37Alors il y a la position de l'église de France qui nous dit
03:41pas question de rendre payante l'entrée des cathédrales
03:46et la ministre de la Culture dit
03:48mais regardez ce qui se fait ailleurs à l'étranger,
03:49dans des pays qui sont plus catholiques que nous encore,
03:51eh bien on n'a pas de scrupules à faire payer à l'entrée de la Sagrada Familia,
03:55dans les grands édifices religieux au Royaume-Uni,
03:59en Italie également, rue de Beauregard.
04:01Qu'est-ce que vous pensez de cela ?
04:02Je vous invoque l'exemple cité par le journal du dimanche cette semaine
04:06de l'église Saint-Tritat à Paris dans le 15ème.
04:08Pour la sauver, on a dû en faire une salle d'escalade.
04:11Alors l'église Saint-Tritat, qui à vrai dire, sauf erreur de ma part,
04:14n'appartenait déjà plus au diocèse de Paris depuis un certain temps.
04:17Mais si vous voulez, je crois que cette affaire de comparaison avec l'étranger,
04:22c'est toujours la question du moins-disant en fait.
04:24Bien sûr qu'on trouve toujours à l'étranger,
04:26dans d'autres matières, en matière que sais-je, de mœurs,
04:29on va toujours nous dire, oui mais à l'étranger,
04:31la GPA c'est possible, oui mais à l'étranger,
04:33il y a des gens qui payent beaucoup moins d'impôts,
04:34il y a des gens qui payent plus d'impôts,
04:35on peut toujours se comparer aux autres.
04:36Les Italiens ne sont pas moins-disants religieusement que les Français ?
04:39Non mais ils peuvent être moins-disants culturellement,
04:41puis surtout en Italie, ce qui est un peu différent,
04:43c'est qu'en Italie, les églises sont propriétaires de leurs églises.
04:46On n'a pas cette raison historique dont je parlais tout à l'heure pour la France,
04:49qui est que chez nous, ce sont les communes qui sont propriétaires des églises.
04:53J'entends bien, mais vous vous arc-boutez quelque part sur cette loi de 1905
04:56qui nous dit que l'État peut tout.
04:57Ben non, l'État ne peut plus tout, Henri de Beauregard.
04:59Henri de Beauregard, on en est là, on en est rendu à voir notre patrimoine tomber en ruine,
05:03et soyons pragmatiques, parce que par exemple,
05:06quand vous voyez qu'on est capable de lever par charité
05:08pour sauver Notre-Dame plusieurs centaines de millions d'euros,
05:10là, il n'y a pas de problème.
05:11Quand il s'agit de définir un business model,
05:13là, en revanche, ça coince, Henri de Beauregard.
05:15Je suis d'accord, mais je trouve que c'est encore une manière de raisonner,
05:20c'est-à-dire qu'on accepte de raisonner à partir d'une situation
05:23qui a été créée par la carence des personnes publiques.
05:26Et ça, ça me paraît être, j'allais dire, un aveu d'échec,
05:29ou un constat d'échec.
05:30Et moi, je me refuse à ce constat d'échec,
05:32outre le fait que chacun comprend bien que ça va être extrêmement difficile à appliquer.
05:37Chacun comprend bien que le touriste,
05:39il est un pèlerin simultanément ou successivement,
05:43que le pèlerin, il est également un touriste,
05:45et que ça me paraît extrêmement difficile à appliquer.
05:49J'ajoute que symboliquement,
05:50mais vous l'avez dit au tout début de cet entretien,
05:53symboliquement, ça me paraît poser une grave difficulté quand même,
05:56et que je me demande, tout de même,
05:58si Paul Claudel serait rentré dans Notre-Dame de Paris
06:01s'il avait fallu payer 5 euros.
06:03Je me demande si Esmeralda aurait rencontré le bossu
06:05s'il avait fallu payer 5 euros.
06:07D'ailleurs, vous dites, on ne fait pas payer l'accès à ses origines,
06:12parce que Notre-Dame de Paris, c'est aussi l'histoire de France,
06:15au-delà de l'histoire religieuse.
06:16À quoi je pourrais vous répondre, Henri de Beauregard ?
06:19Oui, mais regardez, le Mont-Saint-Michel, l'accès est payant.
06:21Versailles, l'accès est payant.
06:23Ce sont aussi nos origines.
06:25Bien sûr, mais il y a une dimension symbolique dans une église
06:29qui est, vous le disiez tout à l'heure, la maison du bon Dieu,
06:32pour ceux qui s'y reconnaissent comme pratiquants, comme fidèles,
06:36mais aussi pour tous ceux qui viennent y chercher
06:38un peu de silence, un peu de paix,
06:40une espèce d'oasis de silence.
06:43On disait pendant les canicules que c'était une oasis de fraîcheur.
06:46Il y avait des gens qui venaient juste pour rien faire, en fait,
06:49pour s'y ennuyer, pour regarder ce qu'il y a à voir.
06:52Et je pense que ça, c'est utile que dans nos villes,
06:55qui sont des villes agitées, des villes d'argent, des villes de bruit,
06:59il est important de conserver des espaces de silence
07:03et des espaces gratuits, dédiés à l'intériorité.
07:06Merci beaucoup, Henri de Beauregard.
07:08Le débat n'est pas prêt d'être tranché, j'ai l'impression,
07:10autour de cette question.
07:12Faut-il ou non rendre l'accès à nos cathédrales payants ?
07:16Merci d'être venu nous en parler sur Europe 1
07:18Votre fil sur Twitter, sur XAA,
07:21c'est un accès totalement gratuit, il n'y a pas besoin de payer.

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