• il y a 2 mois
En salles le 23 octobre 2024
Transcription
00:00La vie d'Elvis au cinéma, c'était pas mal, celle d'Amie Winehouse, c'était déjà pas terrible,
00:05celle de Bob Marley, c'était la cata, et alors celle d'Aznavour, bah c'est pas brillant, c'est pas formidable, si j'ose dire.
00:12Ce qui manque en fait dans ce film, cruellement, c'est une vision.
00:31Qu'est-ce qu'on veut raconter sur l'homme aux 1200 chansons ?
00:36Et on veut tout raconter dans ce film.
00:38On veut raconter d'où il vient, son obsession de l'argent, son rapport aux femmes, son rapport au métier,
00:43le fait qu'il était le plus bosseur de tous les bosseurs, qu'il était capable de bosser 17 heures par jour,
00:47et sa relation avec Piaf, et sa relation avec Pierre Roche, et sa relation avec ses enfants,
00:51et sa sœur, et sa mère, et son cousin, on n'en peut plus.
00:55Donc c'est extrêmement long.
00:57Quelle évocation provoque Aznavour chez ses auteurs ?
01:01Bah on le saura jamais, à part qu'ils l'appellent Monsieur Aznavour, et qu'ils ont beaucoup d'admiration et de respect pour lui.
01:05Bah ça fait pas un film, malheureusement.
01:07On raconte toute sa vie, donc ça donne quelque chose de très très découpé,
01:11une succession de scénettes, voire de sketchs, qui s'enchaînent sans véritable point de vue,
01:15sinon celui très officiel de la famille.
01:18Car oui, Monsieur Aznavour, réalisé par Grand Corps Malade et Médiédire,
01:22c'est un film officiel, supervisé par la famille, par les ayants droit.
01:26Monsieur Aznavour emprunte le pire des chemins, qui est celui vraiment de l'imitation.
01:31C'est-à-dire que c'est le bébête chaud.
01:34Il y a quand même quelque chose de cet ordre-là.
01:37Tahar Rahim est grimé, mais par moments il a l'air d'être plaqué là,
01:42comme en 3D en fait, comme si on l'avait imprimé dans différentes scènes.
01:47C'est extrêmement dérangeant, pourquoi ?
01:49Parce qu'on reconnaît un peu Aznavour, et on reconnaît beaucoup Tahar Rahim,
01:53et les deux forment une espèce de chimère monstrueuse,
01:56qui détourne complètement du film.
02:00Marie l'a dit, le vrai problème du film, c'est le choix de direction d'acteur,
02:03c'est-à-dire que c'est l'imitation pure et simple.
02:06Il y a évidemment le personnage de Charles Aznavour par Tahar Rahim,
02:09mais ça concerne l'ensemble des personnages authentiques qu'on voit dans le film.
02:13Il y a Edith Piaf, interprétée par Julie Marie Baup,
02:16et il y a le compagnon des débuts d'Aznavour, Pierre Roche, que joue Bastien Bouillon.
02:22Alors lui, on le connaît beaucoup moins bien, forcément,
02:24mais Bastien Bouillon joue vraiment à la manière d'un comédien des années 40,
02:30qui jouerait le rôle d'un chanteur de l'époque,
02:33avec un phrasé très particulier, un vocabulaire très particulier.
02:37Ça voudrait sonner authentique, ça sonne vraiment très faux,
02:40malgré le grand talent de comédien de Bastien Bouillon.
02:42Et c'est la même chose pour Tahar Rahim,
02:44Dieu sait qu'on aime ce comédien, Télérama, un des grands comédiens français.
02:47On sait que c'est un immense busser,
02:49et donc il s'est investi comme jamais, plutôt comme toujours, à fond dans son rôle.
02:54Il a tout lu, il a rencontré tout le monde, il s'est entraîné au chant, etc.
02:58C'est vraiment la caricature de la méthode Acteur Studio.
03:01Il ne faut surtout pas faire ça dans un biopic,
03:03ça donne quelque chose de très artificiel, de très faux.
03:07Et en fait, on ne voit jamais Aznavour,
03:10on voit toujours Tahar Rahim qui essaie d'imiter Aznavour et qui ne le fait vraiment pas bien.
03:20Une bonne idée, parce que je me souviens quand même d'une.
03:31Aznavour enregistre en studio la chanson Parce que tu crois,
03:36et il fait refaire sans arrêt à ses musiciens l'intro du morceau.
03:40Et tout à coup, la bande son change, et cette intro, on la retrouve où ?
03:44On la retrouve dans un rap fameux de Dr Dre,
03:47qui a samplé ces mesures de la chanson d'Aznavour.
03:51Et tout à coup, c'est ce rap What's the Difference qui prend vraiment le pouvoir,
03:57j'allais dire, sur les images qu'on est en train de voir à l'écran.
03:59Et c'est très malin parce que ça correspond à la période d'Aznavour
04:02où justement, on a une espèce de montage du luxe de sa vie nouvelle,
04:06de ce fast, où on va voir sa Rolls, sa villa, son épouse suédoise,
04:12qui est belle comme un trophée.
04:14Comme c'est fait en famille et avec le plus grand respect,
04:17ça n'ira pas jusqu'à parler de ses montages financiers au Luxembourg
04:20ou d'un éventuel exil fiscal en Suisse. Il n'est pas du tout question de ça.
04:24M. Aznavour se voyait sans doute en haut de l'affiche,
04:27et peut-être encore plus en haut du box-office.
04:29C'est tout ce qu'on lui souhaite, mais d'un point de vue critique, c'est raté, hélas.
04:32J'aime Aznavour, j'aurais aimé aimer M. Aznavour.
04:36Hélas, ça n'a pas marché.

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