Le philosophe, académicien et auteur, Alain Finkielkraut, était l'invité de l’émission Le Grand RDV, ce dimanche 20 octobre, sur CNEWS. Il s'est exprimé sur la hausse des agressions d'enseignants : «L'école publique est l'objet d'une méfiance de plus en plus grande».
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00:00Est-ce que l'école aujourd'hui, est-ce qu'on ne se retrouve pas dans une situation où elle ne pourrait être sauvée que dans les marges ?
00:04Je m'explique. Les parents misent de plus en plus sur le privé, le hors-contrat se développe,
00:09donc plusieurs ne croient plus vraiment, sauf pour les établissements d'élite à l'éducation nationale,
00:13et se tournent vers... Donc autrement dit, la société survivra, la culture survivra dans l'Oasis,
00:18mais non plus au cœur des institutions.
00:20C'est possible, ce serait terrible, si vous voulez.
00:23Mais est-ce que ce n'est pas déjà un peu ça ?
00:24Il y avait des monastères au Moyen Âge, et puis il y a eu l'invention de l'imprimerie,
00:28avec cette idée d'une démocratisation maximale, le grand humanisme, si vous voulez.
00:34Il s'agissait pour tous de passer par le détour des signes d'humanité déposés dans les œuvres de culture,
00:41pour mieux se comprendre et mieux comprendre le monde.
00:44L'école est née de ce mouvement.
00:46Alors si on retourne aux monastères, ce serait une régression médiévale absolument bouleversante.
00:54J'espère qu'on n'en ira pas là, mais il est vrai que l'école publique est l'objet d'une méfiance de plus en plus grande.
01:02Je parlais de ce professeur qui enseigne le nazisme sans parler des Juifs,
01:08mais il faut évidemment évoquer la situation des Juifs dans les territoires perdus de la République,
01:14la Seine-Saint-Denis et ailleurs.
01:16Il n'y en a plus d'élèves juifs.
01:18Ils ont quitté l'école publique, soit pour les lycées juifs, soit même pour les lycées catholiques.
01:25Parce que là, ils sont plus en sécurité et ils sont plus sûrs aussi d'avoir un enseignement digne de ce nom.
01:31Il faudrait tout faire pour enrayer cette évolution, mais peut-être sera-t-elle l'ultime salut.