"Dans l'ombre du Star Wars Kid" explore le phénomène viral qui a émergé autour de ce jeune garçon devenu célèbre pour sa vidéo emblématique de combat au sabre laser. Ce documentaire retrace l'impact de cette vidéo sur sa vie et sur la culture Internet, tout en examinant comment l'humour, la créativité et l'innocence peuvent transcender les générations. À travers des interviews et des réflexions, la vidéo met en lumière le parcours du Star Wars Kid et la manière dont il a navigué entre la célébrité soudaine et la vie quotidienne.
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00:02:22Pour un travail scolaire, Ghislain Raza, c'est son nom, a produit une petite vidéo qui malheureusement s'est retrouvée grâce à la complicité de certains membres de ses collègues sur le web.
00:02:32Ils l'ont numérisée, l'ont diffusée sur le web afin de la rendre disponible à tous les internautes en créant un site au nom de Ghislain Raza.
00:02:40La suite est sans précédent dans l'histoire d'Internet.
00:02:44Aujourd'hui, ce petit Canadien de 15 ans est connu par des dizaines de millions de personnes sur le planète comme un enfant de Star Wars.
00:02:51Ce jeune homme est passé d'être un geek à être l'icône de l'Internet.
00:02:56C'est un exemple impressionnant de ce qui peut se passer quand votre image apparaît sur le web mondial.
00:03:05Au début des années 2000, les réseaux sociaux n'existaient pas, Facebook n'existait pas, YouTube n'existait pas.
00:03:10Malgré tout, cette vidéo a atteint une notoriété jamais vue.
00:03:15On estime aujourd'hui qu'elle a été vue plus d'un milliard de fois.
00:03:18Même dans les standards d'aujourd'hui, avec les réseaux qu'on connaît, ce serait une vidéo dont tout le monde parle.
00:03:25Évidemment, les amateurs de Star Wars, Pierre, ils sont des millions dans le monde.
00:03:29Je l'ai, le vidéo. Il y a 41 versions.
00:03:33Star Wars Kids, c'est un classique. C'est au panthéon des mèmes.
00:03:37Mais la vidéo la plus virale sur Internet est la Star Wars Kid.
00:03:44En 2003, la vidéo de Star Wars Kid a précipité un mouvement vers le web.
00:03:49C'est qu'elle est arrivée à une époque où on était en train de migrer vers le web.
00:03:54C'est une blague que ça ne sert à rien de raconter, il faut que tu la montres.
00:03:57C'est ça la viralité du web, c'est le partage.
00:03:59C'est vraiment là que ça a explosé et ça a explosé dans des chiffres immenses.
00:04:03Les quatre mineurs auraient enjoint les internautes à émettre des commentaires disgracieux.
00:04:34C'est un moment très important dans cette histoire.
00:04:39De le voir apparaître sur South Park, sur Family Guy, sur American Dad,
00:04:44et de le faire être un point de plot et un reste de développement.
00:04:47Stephen Colbert fait un défi à l'écran vert où il recrée la vidéo
00:04:51et encourage ses spectateurs à la remixer.
00:04:53De voir Weird Al Yankovic le parodier dans la vidéo White and Nerdy,
00:04:58un personnage dans un jeu vidéo de Tony Hawk,
00:05:00c'était tellement diffusé.
00:05:02Et quand YouTube a lancé, ce phénomène s'est normalisé.
00:05:06On a commencé à voir ça se produire tout le temps.
00:05:09Mais en 2003, ça n'avait jamais été entendu.
00:05:30J'ai grandi dans une banlieue de Trois-Rivières.
00:05:32Je suis le deuxième de deux enfants.
00:05:35Mon père était ingénieur dans le domaine de l'énergie nucléaire.
00:05:40Ma mère a travaillé comme programmeur-analyste.
00:05:44Quand ma soeur et moi, on était jeunes,
00:05:47on était constamment stimulés par toutes sortes de choses.
00:05:51Les connaissances, c'était quelque chose de valorisé à la maison.
00:05:54En 2003, j'étais étudiant en secondaire 3 au séminaire de Trois-Rivières.
00:06:05Les fois où je suis revenu au séminaire,
00:06:07ça a été par rapport au musée Pierre-Boucher.
00:06:10J'ai fait, dans le cadre de petites expositions muséales,
00:06:12des emprunts d'artefacts.
00:06:14Donc, j'étais revenu une fois ou deux pour les fêtes de la réserve du musée.
00:06:25Je vais aller faire un petit tour dans la classe.
00:06:30Ah bien, c'est thématique.
00:06:36Quand j'avais choisi le séminaire,
00:06:38je me souviens que j'avais aimé l'atmosphère du building.
00:06:41C'est un vieux bâtiment, je trouve assez intéressant.
00:06:44Une belle bibliothèque.
00:06:46Ça avait l'air d'être académiquement intéressant.
00:06:55J'ai toujours été quelqu'un de très curieux de nature.
00:06:58J'ai cherché à m'alimenter auprès d'activités parascolaires,
00:07:03comme le studio de la télévision étudiante, par exemple.
00:07:11Ça a bien changé.
00:07:12Dans le fond, on avait à l'époque le plateau.
00:07:15On l'utilisait occasionnellement pour filmer différents trucs.
00:07:21Pour ce qui est du fameux vidéo,
00:07:23ça aurait été dans le coin ici, plus ou moins où est la table.
00:07:31Il n'y a pas grand-chose lié à cette histoire-là
00:07:33que je m'attendais qu'on parle 20 ans plus tard,
00:07:35mais c'est certain que c'est un lieu qui a une histoire fantôme.
00:07:54Attends, attends.
00:07:56C'est lui, c'est lui, c'est lui.
00:07:57C'est lui?
00:08:02Bonjour, merci.
00:08:04Merci, merci.
00:08:07Comment allez-vous?
00:08:08Bien.
00:08:10Ce qui m'amène ici aujourd'hui, c'est un documentaire qu'on fait
00:08:16qui explore différentes thématiques
00:08:19par rapport à la vie numérique d'aujourd'hui, par rapport aux médias sociaux,
00:08:24mais qui parle aussi du fait que moi, quand j'avais votre âge,
00:08:28parce qu'en secondaire 3, j'étais ici au séminaire,
00:08:31il m'est arrivé une mésaventure.
00:08:33Et cette mésaventure-là, c'est une vidéo qui a été mise sur l'Internet
00:08:38sans mon consentement et qui a déclenché toute une tempête.
00:08:42C'était quoi le vrai contexte de la vidéo?
00:08:45Alors, il y avait un étudiant de secondaire 3
00:08:48et un étudiant de secondaire 5
00:08:50qui avaient reçu le mandat de faire une vidéo pour le Gala Méritasse
00:08:54de fin d'année, je pense, quelque chose comme ça.
00:08:57Il m'avait demandé de lui donner un coup de main.
00:08:59Lui, il voulait faire une espèce de parodie
00:09:01avec les films qui étaient populaires à l'époque.
00:09:03Fait que t'avais Le Seigneur des Anneaux, t'avais Star Wars.
00:09:06Et il m'avait demandé de donner un coup de main pour les effets spéciaux,
00:09:09notamment les fameux sables laser.
00:09:11Et il n'était pas prévu que je sois dedans, ce vidéo-là.
00:09:15C'était vraiment d'aider cet étudiant-là pour faire ces effets spéciaux-là.
00:09:19Non, je ne me trouvais pas être un grand fan de Star Wars.
00:09:23C'est peut-être une ironie de la chose.
00:09:26C'est vraiment un concours de circonstances
00:09:29que la vidéo a porté sur Star Wars.
00:09:31Ça aurait pu être autre chose.
00:09:33Ça aurait pu être, je ne sais trop, Le Seigneur des Anneaux.
00:09:35Qui sait?
00:09:36C'est un concours de circonstances.
00:09:38Donc, il y avait une séquence qui avait été tournée.
00:09:41Puis, un bonsoir de semaine, je suis au studio
00:09:44en train d'essayer de faire les effets spéciaux.
00:09:47Et sans le savoir, à l'époque, il y avait un bug dans le logiciel
00:09:51qui faisait en sorte que les images étaient décalées.
00:09:54Et là, sur le coup, je me dis,
00:09:56bon, si on pouvait filmer la séquence plus lentement,
00:09:59peut-être qu'il y aurait moyen d'éviter ce décalage-là.
00:10:02Et donc, j'installe rapidement une caméra,
00:10:05puis je fais un essai à la caméra pour ensuite essayer l'effet spécial.
00:10:09Ça ne fonctionne pas.
00:10:11Je reprends une autre séquence encore plus lentement
00:10:14pour essayer d'y parvenir.
00:10:16Et puis, après quelques séquences,
00:10:18il est rendu tard le soir,
00:10:20il y a sans doute de la frustration accumulée.
00:10:22Je me dis, j'en fais une dernière, puis après ça, je rentre chez nous.
00:10:25Je me remets devant la caméra,
00:10:27puis là, par fatigue ou par frustration ou les deux,
00:10:31je dis, non, c'est-tu, ça ne sera pas un dernier essai.
00:10:34En bon québécois, là, je lâche mon fou.
00:10:37Après quelques heures de travail bintannis,
00:10:39je me dis, tiens, je déconne.
00:10:41Alors là, ça a donné la vidéo que vous connaissez.
00:10:45Puis cette vidéo-là, ce n'était pas une vidéo qui était sérieuse.
00:10:49C'était une vidéo qui était faite par humour burlesque, si on veut,
00:10:52qui était pour moi-même.
00:10:54Ce n'était pas faite pour être diffusée ou montrée à quelqu'un d'autre.
00:10:56C'était vraiment juste pour relâcher mon fou.
00:10:58Et donc, une fois ça complété,
00:11:01j'éteins le tout, je remballe mes affaires,
00:11:04puis je rentre chez nous.
00:11:09Mais dans le fond, vous avez laissé la vidéo-là,
00:11:11puis quelqu'un l'a trouvée?
00:11:13Hum-hum. Combien de gens m'ont dit, j'aurais dû l'effacer,
00:11:16pourquoi t'as laissé ça-là?
00:11:18Mais tout simplement parce qu'on en faisait à tous les jours,
00:11:20des vidéos de toutes sortes,
00:11:22puis jamais ça ne me serait passé par la tête
00:11:24que quelqu'un souhaite en faire quoi que ce soit.
00:11:27Alors c'est...
00:11:30La cassette a tout simplement été retournée
00:11:33avec les autres cassettes de travail.
00:11:35Ça devait être le début de l'Internet,
00:11:37ça fait que personne n'était prêt à ce qu'une vidéo du séminaire,
00:11:40une petite vidéo dans une cassette,
00:11:42devienne une vidéo virale partout dans le monde.
00:11:46Je pense que ça a surpris tout le monde
00:11:48que ça puisse avoir cette envergure-là, c'est certain.
00:11:58Je m'en souviens très bien.
00:12:00J'avais 25 ans, je n'étais pas très loin de l'école.
00:12:03Je travaillais dans une entreprise financière
00:12:06et j'avais un boulot d'un jour où je m'habillais dans un vêtement tous les jours.
00:12:09Et je surfais sur Internet quand je pouvais,
00:12:14même au travail.
00:12:16Ce qu'on sait, c'est que le 19 avril 2003,
00:12:19la vidéo giselin-reza.mov
00:12:23a été partagée par des fréquentations à l'école de Giselin.
00:12:29Le 22, on commence à la voir de plus en plus
00:12:32sur des plateformes de partage et tout.
00:12:34Les gens se la passent parce que c'est très drôle.
00:12:37Quelques jours plus tard, je pense le 24 ou le 25,
00:12:40on voit les premières transformations qui sont faites.
00:13:05Le 29 avril, c'est Andy Bayou qui uploade la vidéo sur son site.
00:13:09Et c'est lui qui devient l'espèce de vecteur.
00:13:12C'est à partir de cet hébergement-là que ça part en flèche.
00:13:34Le 28 avril, le Giselin-reza.mov
00:13:39a été partagé par des fréquentations à l'école de Giselin.
00:13:43Le 29 avril, c'est Andy Bayou qui uploade la vidéo sur son site.
00:13:46Et c'est lui qui devient l'espèce de vecteur.
00:13:51Mon post initial était un paragraphe long.
00:13:55Ça m'a probablement pris 5 minutes pour uploader la vidéo
00:13:58et écrire le blog.
00:14:00Je ne savais pas ce qui allait arriver.
00:14:04Ça prend à peine quelques semaines,
00:14:06t'es rendu à peu près au 19 mai.
00:14:08C'est New York Times, c'est Wired.
00:14:11Et en l'espace d'un mois, c'est fulgurant ce qui s'est passé.
00:14:14Actuellement, on le voit un peu plus comme un parcours ordinaire
00:14:18pour une vidéo virale.
00:14:20Mais en 2003, il n'y avait pas une aussi grande population
00:14:24qui consommait le web de façon assidue.
00:14:27D'avoir ces chiffres-là,
00:14:29puis d'avoir ce cycle de transformation-là, c'est immense.
00:14:32C'est fulgurant, puis les gens ne l'avaient pas vu venir.
00:14:35Puis on peut comprendre parce que c'est presque l'histoire originelle.
00:14:39C'est l'archétype, c'est le canevas
00:14:42sur lequel on vit depuis ces années-là.
00:14:45Mais sur le moment quand c'est arrivé,
00:14:47ça a dû être totalement étourdissant.
00:14:50Pendant longtemps, c'est certain qu'il était difficile d'accepter
00:14:54que ces deux minutes-là viennent à définir
00:14:58qui je suis pour bien des gens.
00:15:04Pour moi, je ne suis pas le Star Wars Kid.
00:15:07Ce n'est pas moi. Moi, c'est Ghislain.
00:15:10Quand j'ai vu Ghislain,
00:15:12je me suis dit que c'était Ghislain.
00:15:15Alors, ce personnage-là, pour l'appeler comme ça,
00:15:18c'est quelque chose qui est différent de moi,
00:15:21qui ne me correspond pas,
00:15:23mais qui a sa propre vie en quelque part,
00:15:26ou qui a eu sa propre vie sur le web.
00:15:34Moi, je viens témoigner de ce que j'ai vécu.
00:15:38C'est quelque chose qui m'est arrivé,
00:15:41et dans la mesure où des gens peuvent vivre
00:15:44des situations difficiles aujourd'hui,
00:15:47des jeunes en particulier,
00:15:50c'est certainement quelque chose qui m'encourage
00:15:53à prendre parole et à dire,
00:15:56on peut passer au travers
00:15:59et on n'est pas obligé de se laisser définir
00:16:02par des événements comme ceux-là.
00:16:12Je vous demanderais d'accueillir Ghislain Razas.
00:16:22Bonjour tout le monde.
00:16:24C'est spécial parce que quand je préparais cette rencontre-là,
00:16:27je me disais, t'es une partie importante de mon développement
00:16:30en tant que personne et en tant que fan de culture pop et tout,
00:16:33mais je me rends compte qu'au final,
00:16:36je connais à peu près deux minutes de ta vie.
00:16:39Toi, qu'est-ce qui s'est passé après?
00:16:42Qu'est-ce que tu as fait dans la vie?
00:16:45Qu'est-ce qui définit Ghislain?
00:16:48Sur le plan personnel, j'ai été faire des études en droit.
00:16:51J'ai fait mon baccalauréat et ma maîtrise en droit à l'Université McGill.
00:16:54En ce moment, je suis en train de faire mon doctorat en droit
00:16:57à l'Université Queen's.
00:17:00Je suis quelqu'un qui m'intéresse beaucoup aux grandes questions.
00:17:03J'aime la philosophie, j'aime bien sûr la théorie du droit,
00:17:06donc il y avait quand même là quelque chose d'assez naturel pour moi
00:17:09de vouloir participer à une réflexion
00:17:12dans le cadre d'un documentaire.
00:17:15Je ne suis pas là pour venir faire une leçon.
00:17:18C'était loin de mon esprit.
00:17:21Moi, je voulais aller dialoguer.
00:17:29C'était quoi le regard que les élèves avaient envers vous
00:17:32après la diffusion de la vidéo?
00:17:36C'est certain qu'à l'école,
00:17:39l'impact s'est fait sentir assez rapidement.
00:17:42On peut s'imaginer les railleries, les insultes,
00:17:45les altercations qui habitent souvent
00:17:48les écoles secondaires,
00:17:51mais là, on parle d'un degré quand même supérieur.
00:17:54Je pouvais me retrouver par exemple dans les salles communes
00:17:57avec des élèves survoltés à monter sur les tables
00:18:00pour mieux me lancer des insultes.
00:18:03On a évidemment commencé d'abord à éviter
00:18:06certains endroits comme ça,
00:18:09et même dans les salles de classe,
00:18:12parfois il pouvait arriver des situations d'invectives
00:18:15et autres commentaires déplacés.
00:18:21L'atmosphère faisait en sorte que
00:18:24certainement je ne pouvais pas être dans un mode d'apprentissage.
00:18:27C'était le quotidien.
00:18:30C'était devenu un peu invivable.
00:18:35La direction de l'école
00:18:38n'a rien fait pour m'aider.
00:18:41Pour eux, il a toujours été question de minimiser
00:18:44la situation, minimiser ce qui avait été fait.
00:18:50Pour la direction, assez rapidement,
00:18:53le problème, c'était moi.
00:18:56J'étais devenu le problème, j'étais devenu celui
00:18:59qui ternissait l'image du séminaire.
00:19:05Est-ce que vous avez changé d'école?
00:19:08Je suis resté quand même un mois à l'école
00:19:11à faire face à la musique.
00:19:14C'est quand les médias locaux en particulier
00:19:17ont commencé à se mettre de la partie,
00:19:20à carrément vouloir me traquer,
00:19:23que là, la décision était inévitable
00:19:26que je devais me retirer de l'école.
00:19:44Salut!
00:19:45Ça va bien?
00:19:46Oui, ça va. Toi?
00:19:47Oui, ça va bien, merci.
00:19:48Il voulait avoir notre...
00:19:49Ça a changé.
00:19:50Ça peut arriver avec l'âge.
00:19:52Oui.
00:19:53C'est un effet secondaire indésirable.
00:19:55Non, t'es beau, pardon.
00:20:00En 2003, j'ai une tout jeune avocate
00:20:02qui a gradué en 2001.
00:20:04Les parents de Justin ont sollicité
00:20:06nos services professionnels,
00:20:07et puis ils nous ont exposé leurs problématiques,
00:20:10qui est une problématique qui a évolué dans le temps,
00:20:12mais à la base, initialement,
00:20:14c'était une gestion de crise
00:20:16en lien avec les médias,
00:20:18beaucoup de sollicitations de médias.
00:20:20Donc, on voulait trouver des solutions
00:20:23pour arrêter une situation
00:20:25qui était totalement hors de leur contrôle.
00:20:28Donc, j'ai eu affaire à un adolescent
00:20:30dont l'estime de soi a été...
00:20:33a été...
00:20:34J'ai pas de mots pour décrire comment...
00:20:38c'était difficile pour...
00:20:40Aïe, je suis émue.
00:20:45J'avais quelqu'un qui vivait une situation...
00:20:48J'avais un jeune ado
00:20:50qui vivait une situation difficile
00:20:52où de jour en jour,
00:20:54les réseaux sociaux étaient alimentés
00:20:56de messages gêneux.
00:20:58Mais j'avais un jeune ado
00:21:00qui était avec nous
00:21:02dans cette prise de décision-là,
00:21:04qui avait jamais l'esprit de vengeance,
00:21:06qui était à la recherche de solutions,
00:21:08malgré l'adversité qu'il vivait,
00:21:10malgré la situation qui était
00:21:12totalement inhabituelle
00:21:14puis paniquante, si c'était paniqué,
00:21:16même pour nous.
00:21:18En fait, à un certain moment,
00:21:19dans nos discussions et dans nos échanges,
00:21:21j'avais l'impression que c'est lui
00:21:23qui protégeait sa famille
00:21:25de l'ampleur de...
00:21:27de la situation puis de l'impact
00:21:29que ça pouvait avoir sur...
00:21:31sur la famille Agislin.
00:21:33Oui, j'avais cette impression-là.
00:21:36Au début, éloigner le danger,
00:21:38il était trop tard parce que...
00:21:41la pâte à dents était sortie du tube.
00:21:43Je veux dire, on pouvait pas
00:21:45empêcher le dommage de se propager.
00:21:47On parlait, dès le début,
00:21:49de millions de recherches.
00:21:51J'ai l'impression que ça a été
00:21:52des dizaines de millions de views.
00:21:54C'était fou.
00:21:56Les demandes...
00:21:58de recherches sur le nom
00:22:00de Star Wars Kids,
00:22:02puis ça dépassait, à l'époque,
00:22:04celles sur Pamela Anderson ou Le Pape,
00:22:06ce qui étaient les noms
00:22:07les plus recherchés à l'époque.
00:22:09Au début, c'était un fait divers,
00:22:11mais en 24 heures, ça l'était plus.
00:22:13Après la pause,
00:22:15comment un adolescent de Trois-Rivières
00:22:17jouant au Jedi
00:22:19devient la risée générale sur Internet.
00:22:21Selon les experts, c'est du jamais-vu
00:22:23de voir une vidéo devenir aussi populaire
00:22:25en si peu de temps.
00:22:27On parle même du Star Wars Kid
00:22:29dans le prestigieux New York Times.
00:22:31La portée immense du New York Times
00:22:34a donné de la crédibilité à cette histoire-là,
00:22:36puis il a aussi donné le goût
00:22:38aux médias locaux pour en parler,
00:22:40pour en faire une histoire,
00:22:42puis pour contacter Ghislain.
00:22:48La réaction initiale des médias au Québec
00:22:50était un peu une espèce de cirque médiatique.
00:22:53Je veux dire, on donnait mon nom,
00:22:55on donnait mon école,
00:22:57où est-ce que j'habitais, etc.
00:22:59Les journalistes étaient rendus sur le terrain chez nous.
00:23:01C'était un petit peu, je pense,
00:23:03déplacé à certains égards.
00:23:05Un délinquant juvénile,
00:23:07on n'a pas le droit de donner son nom, son image.
00:23:10Si j'avais commis un crime,
00:23:12j'aurais probablement été mieux protégé.
00:23:18Une fois, j'étais dans la cour arrière.
00:23:21Ma mère me dit,
00:23:23va te cacher derrière le cabanon.
00:23:25Et là, j'aperçois du même coup
00:23:27deux journalistes
00:23:29qui étaient rendus sur le terrain
00:23:31à côté, pas loin d'où j'étais.
00:23:34Au moins une fois, j'ai connaissance
00:23:36qu'il y en a qui ont essayé
00:23:38de prendre des images
00:23:40à travers les rideaux de la maison.
00:23:42C'est à ce moment-là
00:23:44qu'on a décidé
00:23:47qu'il valait mieux se retirer
00:23:49un certain temps de la maison.
00:23:55Quand on t'avait appelé, on disait,
00:23:57écoute, il y a des journalistes sur le terrain,
00:23:59on fait quoi dans ce temps-là?
00:24:01Puis tu es venue à la maison.
00:24:03Tu te souviens-tu de ça un peu?
00:24:05Oui, une fois.
00:24:07La mise en demande, c'était pas assez rapide.
00:24:09J'ai décidé de me présenter sur les lieux.
00:24:11Pendant qu'on parlait dans le diner,
00:24:13il y en a un autre qui a cogné à la porte.
00:24:15Merci.
00:24:24Giselin a eu des demandes d'entrevues
00:24:26de partout dans le monde.
00:24:28Il y a eu des émissions japonaises
00:24:30qui ont proposé de lui donner
00:24:32des sommes fortes pour aller enregistrer
00:24:34un show au Japon.
00:24:36Il y a eu des demandes
00:24:38de publicité au fil des ans.
00:24:40Il aurait pu possiblement,
00:24:42comme beaucoup de gens l'ont fait depuis,
00:24:44profiter de cette notoriété-là,
00:24:46même s'il était non voulu,
00:24:48pour faire un coup d'argent.
00:24:50C'était Jay Leno, David Letterman,
00:24:52Oprah Winfrey, BBC,
00:24:54le nom est là.
00:24:56Ils ont tous appelé de tous les pays,
00:24:58dans toutes les langues.
00:25:00Les petits papiers roses.
00:25:02Les papiers roses, tu dis?
00:25:04Les messages des médias,
00:25:06à l'époque, étaient gérés sur des petits papiers roses.
00:25:08Il y avait des montagnes de papiers roses.
00:25:10Je m'imagine.
00:25:12C'est assez rapidement
00:25:14que j'ai perdu
00:25:16une certaine naïveté, peut-être,
00:25:18par rapport aux médias.
00:25:20Ces médias-là
00:25:22me traitaient en bête de cirque.
00:25:24Je cherchais peut-être
00:25:26à combler
00:25:28leur code d'écoute.
00:25:30Je ne sais pas.
00:25:32Mais certainement pas.
00:25:34Ils n'étaient pas là pour m'aider.
00:25:36Tu lui parlais aujourd'hui.
00:25:38Il est très mal à l'aise de vivre
00:25:40et il devrait-il en rire?
00:25:42Oui, il devrait en rire.
00:25:44Il y a des gens de l'autre côté
00:25:46qui disent qu'ils vont ramasser des sous.
00:25:48Avec du négatif, il faut tenter
00:25:50de virer la crêpe à l'envers.
00:25:52Quand on ne vaut pas une raison,
00:25:54on ne vaut pas grand-chose.
00:25:56Ça fait mal.
00:26:04À cette époque-là,
00:26:06la culture geek
00:26:08n'était pas vraiment
00:26:10dans le genre.
00:26:12On s'était fait des grosses carapaces
00:26:14par rapport aux choses qu'on aimait.
00:26:16À cette époque-là,
00:26:18triper sur Star Wars n'était pas
00:26:20aussi bien coté que ça l'est maintenant.
00:26:22Suivre les films de Marvel,
00:26:24c'est devenu très courant.
00:26:26Mais moi, ces fascinations-là,
00:26:28je les avais à 13, 14, 15 ans.
00:26:30Ce Giselin qui était mis à l'écran,
00:26:32c'était une partie de nous.
00:26:34On le connaissait tous.
00:26:36On l'était tous.
00:26:38Puis on voyait les dangers
00:26:40d'être exposés
00:26:42dans ce fort intérieur-là,
00:26:44dans cette vulnérabilité-là,
00:26:46sur le Web,
00:26:48comme on l'avait déjà vu
00:26:50à l'école secondaire.
00:26:52Là, ce qu'on se rendait compte,
00:26:54c'est que le Web
00:26:56était cette cour d'école-là,
00:26:58mais globale.
00:27:00Il y avait quand même
00:27:02des lieux d'échange.
00:27:04Sauf que la ligne était très, très fine
00:27:06de « est-ce que je vais tomber
00:27:08dans la sphère publique, puis je vais devenir
00:27:10un paria, je vais devenir
00:27:12une « joke ».
00:27:14Ça fait peur. Ça fait très peur.
00:27:22Sur la vidéo,
00:27:24j'ai 14 ans. Je venais juste d'avoir
00:27:2615 ans au moment des événements.
00:27:28C'est peut-être pas facile
00:27:30de se souvenir pour les gens que,
00:27:32quand on a passé par là l'adolescence,
00:27:34la construction du
00:27:36soi, de l'image que l'on a
00:27:38de nous, de notre confiance en nous,
00:27:40c'est central.
00:27:42Les années 14, 15, 16 ans,
00:27:44on a heureusement
00:27:46souvent des bons souvenirs qu'on a
00:27:48passés au travers, mais au moment où on y est,
00:27:50c'est un peu spécial.
00:27:52Et c'est un moment
00:27:54charmière dans la vie
00:27:56de n'importe qui.
00:27:58Et c'est un moment peut-être un peu malheureux
00:28:00de vivre une situation où
00:28:02soudainement ton monde
00:28:04s'effrite,
00:28:06explose autour de toi.
00:28:08Tes lieux
00:28:10de sûreté disparaissent.
00:28:14L'humiliation
00:28:16qu'on te fait vivre à l'école
00:28:18ne cesse pas
00:28:20quand tu reviens à la maison parce que c'est
00:28:22sur l'Internet, parce que c'est
00:28:24sur les médias. Cette
00:28:26humiliation-là te suit partout.
00:28:28On voit dans les articles
00:28:30qui sont parus au fil des années
00:28:32que j'ai été plongé en dépression.
00:28:36C'est pas le cas,
00:28:38mais c'est dur quand même.
00:28:40Alors, je pense que j'avais
00:28:42la chance d'avoir une bonne
00:28:44maturité de l'esprit,
00:28:46sans doute une certaine maturité
00:28:48émotionnelle aussi,
00:28:50mais j'avais quand même 15 ans.
00:28:52Moi, qu'est-ce que je trouve
00:28:54vraiment comme sérieux,
00:28:56c'est que vous, vous avez juste fait
00:28:58une petite vidéo, vous l'avez laissée là,
00:29:00puis ça a tout changé comme votre vie.
00:29:0220 ans plus tard,
00:29:04on parle encore d'une
00:29:06petite soirée que vous avez filmée,
00:29:08une petite vidéo, puis sans
00:29:10votre consentement, vous êtes devenu
00:29:12comme vu par beaucoup,
00:29:14beaucoup, beaucoup de personnes.
00:29:16Puis dans le fond,
00:29:18vous avez rien fait, vous avez juste
00:29:20fait une petite vidéo, puis ça s'est ramassé
00:29:22partout.
00:29:24C'est sans doute un bel exemple
00:29:26que quelque chose d'aussi
00:29:28anodin que ça
00:29:30peut, dans des circonstances
00:29:32très particulières, devenir
00:29:34quelque chose d'autre complètement.
00:29:48J'ai rencontré Gislain Razard
00:29:50pour la première fois.
00:29:52Il était inscrit
00:29:54dans un programme que j'adorais
00:29:56au Collège Laflèche,
00:29:58qui est un programme d'histoire et civilisation.
00:30:00Alors avec Gislain,
00:30:02ce qui m'a frappé dans les cours,
00:30:04c'est que j'avais le sentiment
00:30:06que même s'il était
00:30:08près de moi,
00:30:10par sa curiosité,
00:30:12il y avait un mur
00:30:14transparent, une espèce de vitre
00:30:16épaisse qui me séparait de lui.
00:30:18Et j'avoue que ça m'intriguait
00:30:20de plus en plus.
00:30:22J'essayais de comprendre,
00:30:24mais quelle est donc cette vitre épaisse?
00:30:26Mais le mystère s'est éclairci
00:30:28le jour où un collègue,
00:30:30et là donc on est beaucoup plus tard dans la session,
00:30:32me dit, « Est-ce que tu savais
00:30:34que Gislain Razard, c'est le
00:30:36Star Wars Kid? »
00:30:38Et là, j'ai compris.
00:30:40J'ai dit, ça y est, ce type-là
00:30:42ne peut pas,
00:30:44je crois,
00:30:46ne pouvait pas à l'époque faire
00:30:48vraiment confiance.
00:30:50Parce que, précisément,
00:30:52il avait été victime
00:30:54d'intimidation.
00:30:56Là, tout à coup, je me suis dit, « Ah, ça y est,
00:30:58il faut faire tomber, il faut ouvrir
00:31:00cette fenêtre-là. »
00:31:06Moi-même, j'ai été intimidé
00:31:08quand j'étais jeune, au primaire,
00:31:10mais c'est dans ma tête,
00:31:12c'est mes souvenirs,
00:31:14je vis avec ça, c'est un poids, on vit avec ça.
00:31:16Mais c'est pas à l'écran!
00:31:18Moi, en tout cas, je peux dire
00:31:20aujourd'hui, je vais avoir 62 ans
00:31:22bientôt, je porte ça
00:31:24depuis toujours.
00:31:26Cette intimidation-là
00:31:28que j'ai eue quand j'étais au
00:31:30primaire, et là, à partir de ce
00:31:32moment-là, moi,
00:31:34je suis convaincu qu'on vit
00:31:36dans une espèce
00:31:38d'angoisse permanente
00:31:40du ridicule.
00:31:46L'intimidateur,
00:31:48qu'est-ce qu'il fait?
00:31:50Bien, il vient dire à quelqu'un,
00:31:52« Toutes tes aspirations
00:31:54ne valent
00:31:56strictement rien. »
00:32:06Soit dans la mésaventure
00:32:08que j'ai eue à vivre
00:32:10quand j'avais 14-15 ans,
00:32:12ça m'a aussi permis de rencontrer
00:32:14des gens
00:32:16d'une grande générosité
00:32:18de cœur
00:32:20qui ont été
00:32:22des modèles
00:32:24pour la vie.
00:32:26Il y a une question que je veux te poser depuis longtemps.
00:32:28Est-ce que ça t'a pas rendu
00:32:30quand même plus méfiant?
00:32:32Ce que t'as vécu
00:32:34à l'endroit des autres.
00:32:36C'est parce que tu dis, oui, il y a eu des modèles,
00:32:38il y a des gens qui t'ont marqué,
00:32:40des modèles de bienveillance,
00:32:42mais est-ce que ça, ça a fait en sorte
00:32:44que quand tu rencontres
00:32:46quelqu'un
00:32:48qui te semble
00:32:50bienveillant,
00:32:52est-ce que
00:32:54il n'y a tout de même pas un système d'alarme
00:32:56qui se déclenche en toi
00:32:58malgré toi?
00:33:02Je pourrais probablement jamais
00:33:04savoir si j'en ai
00:33:06plus ou moins
00:33:08que j'en aurais eu autrement.
00:33:10Si j'avais eu une vie
00:33:12des plus ordinaires,
00:33:14est-ce que j'aurais
00:33:16moins de méfiance, plus de méfiance?
00:33:18Je pense pas qu'il y ait moyen de le savoir.
00:33:20C'est certainement
00:33:22quelque chose sur laquelle j'ai eu
00:33:24à travailler consciemment
00:33:26pour me réconcilier
00:33:28un peu, en quelque sorte, avec
00:33:30la nature humaine
00:33:32qui a ses bons côtés, mais aussi
00:33:34ses moins bons. Parce que
00:33:36la seule façon d'avoir
00:33:38des interactions qui ont
00:33:40du sens, c'est d'abord
00:33:42d'accorder une confiance.
00:33:44Ça ne veut pas dire, bien sûr,
00:33:46que c'est toujours facile,
00:33:48je parle pour moi,
00:33:50mais ça vaut la peine.
00:33:56Le mal est venu par l'écran,
00:33:58par la caméra.
00:34:00Alors il se pourrait que la rédemption
00:34:02vienne aussi par l'écran, par la caméra.
00:34:04C'est un peu comme chez les Grecs,
00:34:06le pharmacone, le remède,
00:34:08c'est à la fois ce qui est bien
00:34:10et ce qui peut être mal.
00:34:12Il y a une question de dosage là-dedans.
00:34:14C'est un très beau vers du poète
00:34:16allemand Hölderlin
00:34:18qui disait
00:34:20« Là où croit le péril,
00:34:22là aussi croit
00:34:24ce qui sauve. »
00:34:28Et c'est l'occasion que ce documentaire
00:34:30lui fournit à mon sens
00:34:32de passer de l'autre côté de l'écran.
00:34:34J'ai l'impression que là par l'écran
00:34:36il peut faire sa traversée du miroir.
00:35:04C'est génial de vous rencontrer.
00:35:06C'est un plaisir de vous rencontrer.
00:35:08Après tout ce temps, je ne sais même pas
00:35:10ce que dire.
00:35:14J'ai pensé que vous apprécieriez le sac.
00:35:18Oui, c'est un truc drôle.
00:35:20Je ne sais même pas ce que dire.
00:35:22J'ai attendu
00:35:24de vous parler
00:35:26depuis tellement longtemps.
00:35:28Près de 20 ans.
00:35:30Je ne peux pas croire
00:35:32que ça se passe.
00:35:34Je sais à quel point
00:35:36tout cela a été difficile.
00:35:38Je suis heureux
00:35:40de voir que vous êtes là
00:35:42et que vous l'avez fait.
00:35:48Vous avez obtenu
00:35:50votre doctorat.
00:35:52C'est incroyable. Félicitations.
00:35:54Merci.
00:35:56C'est un grand accomplissement.
00:35:58Je suis devant
00:36:002 500 personnes.
00:36:02Je fais ça chaque année.
00:36:04Je suis plus nerveux
00:36:06que dans
00:36:08les festivals.
00:36:10Je ne sais pas.
00:36:12Je me sens
00:36:14comme si je revisissais quelque chose.
00:36:16J'avais 25 ans
00:36:18et vous avez 15.
00:36:22Il y a beaucoup à parler.
00:36:24Oui, absolument.
00:36:26La première fois
00:36:28que j'ai vu le Web,
00:36:30j'étais à l'université
00:36:32et j'avais vu
00:36:34un libraire
00:36:36utiliser un browser Web.
00:36:38J'ai dit, qu'est-ce que vous faites?
00:36:40Il m'a dit, vous devez voir ça.
00:36:42J'étais
00:36:44instantanément obsédé.
00:36:46L'idée que quelqu'un
00:36:48puisse publier instantanément,
00:36:50qu'il puisse être lu
00:36:52par tout le monde,
00:36:54c'était
00:36:56intoxiquant pour moi.
00:36:58Tout ce que vous étiez intéressé,
00:37:00vous pouviez trouver une communauté.
00:37:06Ce libraire m'a laissé rester dans son bureau
00:37:08et utiliser sa connexion Internet.
00:37:10Je suis allé sur Yahoo,
00:37:12qui était nouveau à l'époque,
00:37:14et j'ai cliqué sur tous les liens
00:37:16qui étaient nouveaux à ce jour.
00:37:18Je me sens comme si j'avais lu
00:37:20tout le Web mondial, tous les jours,
00:37:22et c'était
00:37:24magique.
00:37:30J'étais toujours
00:37:32très geeky,
00:37:34étrange,
00:37:36je ne m'adaptais pas
00:37:38à l'école.
00:37:40J'ai été bullié
00:37:42par moi-même.
00:37:44J'ai été poussé à l'avant
00:37:46à très jeune âge.
00:37:48J'étais plus jeune et plus petit
00:37:50que n'importe qui dans ma classe.
00:37:56Pour moi,
00:37:58l'école publique,
00:38:00l'école junior,
00:38:02c'était un endroit très inconfortable
00:38:04pour moi.
00:38:06Les ordinateurs
00:38:08et l'Internet
00:38:10n'étaient pas pour moi.
00:38:12Je me sens comme si j'étais
00:38:14avec mes gens.
00:38:20Quand la vidéo de Gislan
00:38:22a été diffusée, en 2003,
00:38:24on est vraiment à un moment charnier.
00:38:26On est d'une part,
00:38:28tout juste après le 11 septembre 2001,
00:38:30où finalement il y avait l'apothéose télévisuelle
00:38:32dont la plupart sont
00:38:34encore témoins,
00:38:36de cette expérience aussi où l'image
00:38:38était l'événement et l'événement l'image.
00:38:40Et tout juste après 2003,
00:38:42arrive le Web 2.0.
00:38:44On est dans une période assez charnière.
00:38:46Avant le Web 2.0,
00:38:48l'Internet était surtout
00:38:50réservé ou habité
00:38:52par les plus geeks
00:38:54de ce monde.
00:38:56C'était un monde
00:38:58libre, libertaire.
00:39:00C'était un partage ouvert,
00:39:02il n'y avait pas de règles,
00:39:04c'était un « far west ».
00:39:06Et donc on ne parlait pas ici d'un outil comme la télévision démocratique
00:39:08pour tout le monde.
00:39:10C'est le début de l'interconnexion,
00:39:12le début de la culture participative,
00:39:14le début de la démocratisation
00:39:16de ce qu'on appelle le « prosumer »
00:39:18ou le pro-amateur.
00:39:20C'est que le contenu n'est plus
00:39:22créé par des professionnels,
00:39:24mais maintenant est créé
00:39:26pour et par des usagers.
00:39:28Le Star Wars Kid est arrivé
00:39:30à cette époque-là où ça,
00:39:32ça se définissait.
00:39:34Avec la vidéo originale,
00:39:36on a décidé d'ajouter plus d'effets spéciaux
00:39:38qui rappelaient la franchise de Star Wars.
00:39:40Ça, c'est un peu dans une transformation de continuité.
00:39:42Mais là, tout d'un coup,
00:39:44il y avait aussi des gens qui allaient complètement
00:39:46à l'inverse du sens et qui la transformaient
00:39:48pour la décontextualiser au maximum.
00:39:56Ça, c'est aussi quelque chose qui est extrêmement présent actuellement.
00:39:58Puis c'est encore un truc
00:40:00qui est fondamental au web, cette transformation-là.
00:40:02Avec cette vidéo-là,
00:40:04on a cimenté un type de comportement
00:40:06par rapport à comment est-ce qu'on interagit
00:40:08avec le contenu sur le web.
00:40:10Puis ça fait école.
00:40:12Quand ce soit une image, quand ce soit une vidéo drôle,
00:40:14tu trouves ça drôle, tu veux le montrer à quelqu'un,
00:40:16puis après ça, tu le transformes et tu le passes au suivant.
00:40:18Le fait que ce comportement-là,
00:40:20il y a personne qui l'a dicté,
00:40:22que ça s'est juste
00:40:24naturellement, instinctivement
00:40:26fait avec la vidéo du Star Wars Kid,
00:40:28c'est extraordinaire.
00:40:34Pour moi, une des démonstrations concrètes
00:40:36que quand on parle de mime, on est en train de parler de quelque chose
00:40:38qui a un impact, qui a une valeur culturelle,
00:40:40c'est qu'on a une archiviste.
00:40:42Ça fait que Amanda Brennan
00:40:44est considérée par tous
00:40:46comme la personne qui s'occupe
00:40:48de la mémoire collective du mime.
00:41:10Il y a une culture de mime
00:41:12et de partage.
00:41:14Ce n'est pas aussi
00:41:16mainstream de trouver une vidéo écrite
00:41:18et il y a quelque chose
00:41:20de voyeuriste.
00:41:22C'est quoi ce truc que les gens parlent?
00:41:24Comment le vois-je?
00:41:26Je pense que c'était un des premiers moments
00:41:28d'entendre le pouvoir
00:41:30de l'Internet,
00:41:32que quelque chose peut être partagé comme ça.
00:41:40La vidéo de Star Wars Kid
00:41:42et sa propagation
00:41:44étaient inusuelles
00:41:46de toutes les manières,
00:41:48en partie à cause de la vitesse
00:41:50de l'événement.
00:41:52Au cours d'une semaine,
00:41:54plus d'un million de personnes
00:41:56l'ont téléchargée de mon site seul.
00:41:58Le nombre de remixes
00:42:00qui apparaissaient,
00:42:02la vitesse de l'événement
00:42:04et l'énorme
00:42:06impact culturel.
00:42:08Voir quelque chose
00:42:10partir de l'Internet
00:42:12vers une culture populaire
00:42:14comme ça,
00:42:16comme il l'a fait
00:42:18dans les mois suivants
00:42:20de la publication de la vidéo,
00:42:22c'était vraiment imprécédent.
00:42:24Je n'ai jamais vu un meme
00:42:26avoir ce genre de vitesse de vie.
00:42:28Qu'est-ce que c'était comme
00:42:30de voir ça devenir
00:42:32une caricature
00:42:34dans les médias populaires?
00:42:36Par exemple,
00:42:38j'ai regardé
00:42:40Arrested Development
00:42:42avant qu'ils n'introduisent
00:42:44ce plot point,
00:42:46ou cette histoire.
00:42:48Il semble que,
00:42:50comme 13 ans,
00:42:52George Michael a été
00:42:54très influencé par les films
00:42:56de Star Wars.
00:42:58Il y a quelque chose
00:43:00d'assez surréel
00:43:02quand tu écoutes
00:43:04des films de Star Wars.
00:43:06Je pense que c'est le mot
00:43:08que je vais répéter
00:43:10jusqu'à demain,
00:43:12c'est surréel.
00:43:14Ce n'est pas un hasard
00:43:16que le Star Wars Kid
00:43:18se soit retrouvé dans South Park,
00:43:20à la télévision,
00:43:22dans les médias
00:43:24plus traditionnels.
00:43:26Pour moi, ça a beaucoup
00:43:28à voir avec les producteurs
00:43:30des trucs comme South Park
00:43:32qui ont une reconnaissance
00:43:34envers le Star Wars Kid.
00:43:36Quand ils l'ont mis
00:43:38dans leurs émissions,
00:43:40c'est parce que c'est ces gars-là.
00:43:42Ils le savent.
00:43:44Je suis convaincu
00:43:46que c'est un hommage.
00:43:48Ils n'ont pas récupéré
00:43:50cette personne-là
00:43:52pour s'en moquer.
00:43:54Ils l'ont récupérée
00:43:56pour lui donner
00:43:58un saut d'approbation,
00:44:00par exemple.
00:44:02Maintenant, on peut faire
00:44:04de l'argent sur les réseaux sociaux.
00:44:06J'aimerais savoir
00:44:08si vous, vous avez enllamé fait.
00:44:10Vous avez quand même été
00:44:12dans des émissions connues.
00:44:14Euh, non, il n'y a pas
00:44:16aucune de ces émissions-là
00:44:18qui m'ont rapporté lien.
00:44:20Vous avez pensé à poursuivre
00:44:22les compagnies pour avoir
00:44:24utilisé votre vidéo
00:44:26pour leur émission
00:44:28c'est compliqué, ce genre de choses.
00:44:31Parce qu'il y a le concept de la parodie,
00:44:34et quand quelqu'un parodie, par exemple, une vidéo,
00:44:38il n'y a pas nécessairement besoin d'aller chercher
00:44:40des droits de toute façon.
00:44:42Mais la réponse la plus simple, c'est d'abord de dire
00:44:44que si je m'étais lancé là-dedans,
00:44:46j'y aurais consacré ma vie,
00:44:48puis je suis pas sûr que ça m'aurait aidé au final.
00:44:50♪♪♪
00:45:09As a scholar, you wrote a book
00:45:12and my story spoke to you, right?
00:45:14There was something in there that compelled you
00:45:16to include it in your book, right?
00:45:18What was it for yourself that made it relevant
00:45:22to tell that story?
00:45:24As a scholar, it's just a very well-known example of,
00:45:27you know, some people refer to it as, you know,
00:45:29the first example of a meme going viral, right?
00:45:33It comes up in media studies quite frequently.
00:45:37It was a moment when people didn't really
00:45:39totally understand yet
00:45:42that if you put something online,
00:45:45it might linger for a very long time.
00:45:48Search engines were not as refined as they are now.
00:45:51We didn't have as many examples
00:45:54of people's lives being destroyed
00:45:57by the circulation of online images
00:46:00and texts and videos.
00:46:03So it was a wake-up call,
00:46:05and I think changed how we thought
00:46:08about the permanence of digital texts and images.
00:46:13♪♪♪
00:46:43♪♪♪
00:47:13...
00:47:42♪♪♪
00:48:12♪♪♪
00:48:15♪♪♪
00:48:18♪♪♪
00:48:21♪♪♪
00:48:24♪♪♪
00:48:27♪♪♪
00:48:30♪♪♪
00:48:33♪♪♪
00:48:36♪♪♪
00:48:39♪♪♪
00:48:42♪♪♪
00:48:45♪♪
00:49:16♪♪♪
00:49:19♪♪♪
00:49:22♪♪♪
00:49:25♪♪♪
00:49:29♪♪♪
00:49:32♪♪♪
00:49:35♪♪♪
00:49:38♪♪♪
00:49:41♪♪♪
00:50:11...
00:50:41...
00:51:11...
00:51:42...
00:51:56♪♪♪
00:51:59♪♪♪
00:52:02♪♪♪
00:52:05...
00:52:11Bien, c'est sûr que, concrètement,
00:52:13il y aurait probablement eu moins de répercussions.
00:52:16Si presque 20 ans plus tard,
00:52:18il y a encore un intérêt pour en parler,
00:52:21c'est en partie parce que ça a eu cette envergure-là.
00:52:25Tout le monde est capable, par exemple, avec TikTok
00:52:27ou des trucs comme ça, de faire 500 000 vues
00:52:29ou juste 2 millions.
00:52:30Ce serait très possible pour n'importe qui de faire ça maintenant.
00:52:34Bien, ça pourrait arriver, mais ça serait moins partout.
00:52:37C'est sûr, au scénario, on se ferait connaître,
00:52:40mais pas jusqu'à New York ou dans des jeux vidéo, vraiment pas.
00:52:44Tout le monde en parlerait pendant quelques semaines,
00:52:47mais après ça, plus personne n'en parlerait,
00:52:50puis ça serait oublié.
00:52:51Maintenant, il y a beaucoup de vidéos qui ont des millions de vues,
00:52:54donc elle se perdrait un peu dans toutes les vidéos connues, dans le fond.
00:53:11Dans toute cette histoire-là,
00:53:12ce qui a peut-être fait couler le plus d'angles,
00:53:14c'est les démarches judiciaires.
00:53:16L'adolescent et ses parents intentent alors une poursuite de 225 000 $
00:53:20contre les quatre adolescents qui ont créé le site
00:53:23et leurs parents, à titre de tuteurs.
00:53:25Ils accusent les quatre internautes d'avoir porté atteinte
00:53:28à la réputation de Ghislain Razan.
00:53:31C'est pas quelque chose qui s'est arrêté
00:53:33avec l'envoi des mises en demeure,
00:53:35tant aux médias, tant aux familles des gens impliqués,
00:53:40des élèves impliqués,
00:53:41mais c'est quelque chose qui s'est perpétué dans le temps.
00:53:44C'était incessant.
00:53:47Il faut comprendre, pour mes parents,
00:53:49la gestion de la crise médiatique
00:53:51a entraîné certainement des frais d'honoraires, des coûts.
00:53:55Il y a eu éventuellement des cours privés,
00:53:57qui étaient devenus nécessaires pour moi.
00:53:59Ça aussi, c'était des frais.
00:54:01La facture montait rapidement.
00:54:03Et je pense que c'était juste pour mes parents
00:54:06d'avoir une compensation pour cette réalité-là.
00:54:10Et donc, on a reçu le conseil
00:54:13que des démarches judiciaires étaient à viser
00:54:16dans une situation comme celle-là.
00:54:18J'ai fait de la responsabilité civile beaucoup dans ma vie
00:54:22pour des compagnies d'assurance, un peu, puis d'autres.
00:54:24Bien, c'était facile de deviner
00:54:27que la personne qui commet la faute originale
00:54:30est responsable de l'ensemble du dommage après.
00:54:33Et dans ce cas-ci, on se doutait
00:54:36qu'il y avait 4 ou 5 personnes à l'origine de la médiatisation.
00:54:42Si c'était une blague, elle était de bien mauvais goût.
00:54:45D'ailleurs, la défense de farce au Québec
00:54:48n'est pas une défense admissible.
00:54:50À partir du moment où tu transmets une vidéo,
00:54:53que le but de la vidéo, c'est de rire de quelqu'un,
00:54:56il n'y a pas grand défense possible.
00:54:58Le fait que tu devines pas
00:55:00l'ampleur des dommages que ça va causer,
00:55:03évidemment, ça n'excuse rien.
00:55:05Moi, si je vous pousse pour faire une blague
00:55:08puis vous tuer dans l'escalier,
00:55:10bien, je suis responsable de votre décès,
00:55:12civilement parlant.
00:55:14Puis au retour, je vais peut-être vous la représenter, la séquence,
00:55:17pour que vous sachiez de quoi on parle,
00:55:19pour que vous jugiez si, effectivement, c'est dommageable ou pas.
00:55:22Y aurait-tu pu faire autrement puis en tirer parti?
00:55:24Mais pour savoir si je vous la présente ou pas,
00:55:26je vais vous parler au téléphone.
00:55:28Je vais en prendre cinq appels, vous me direz oui, non, oui, non,
00:55:30je la présente ou pas. Au retour, téléphone, puis tout le reste.
00:55:37Vous savez, les démarches judiciaires, c'est là pour compenser un tort.
00:55:41C'est pour réparer, autant que possible, un dommage.
00:55:45C'est pas pour faire un profit.
00:55:47Mais pour bien des gens, c'était l'impression que ça donnait.
00:55:51Alors qu'une partie du message
00:55:54qu'on espérait pouvoir avoir avec des démarches judiciaires,
00:55:57à savoir, c'est pas correct ce qu'on me fait vivre,
00:56:01c'est pas correct ce qui m'arrive,
00:56:04bien, soudainement, c'est moi, mes parents surtout,
00:56:08qui sont soudainement dépeints comme des espèces de bourreaux.
00:56:13Quand on voit ses parents être accusés sur la place publique
00:56:17de toutes sortes de choses, de profiteurs, d'exploiteurs,
00:56:21alors qu'ils ne font que leur devoir le plus élémentaire de parents,
00:56:25c'est quand même troublant.
00:56:28Je sais pas si tu te souviens, quand, je pense, c'était le week-end,
00:56:32avant où c'était supposé aller à procès,
00:56:35quand on avait pris la décision, finalement, d'essentiellement laisser tomber,
00:56:39le palais de justice t'avait appelé, il avait dit,
00:56:42« Là, on engage une firme de sécurité, on va être débordés. »
00:56:45Puis là, les médias s'appelaient.
00:56:47« Y a-tu des hôtels réservés? On a-tu des accréditations? »
00:56:50Puis de ça mettre à raison, oui.
00:56:52Et là, moi, je suis, à ce moment-là, rendu au collégial,
00:56:56et je vois ce tsunami se lever à l'horizon
00:56:59d'un nouveau cirque médiatique énorme,
00:57:03et je me dis comment je peux faire vivre ça à mes parents.
00:57:09Après m'être assis avec Kathleen,
00:57:11après avoir pris la pleine mesure de ce qui s'en venait à l'horizon,
00:57:15j'ai pris la décision de laisser tomber.
00:57:20Ça a été réglé hors cour.
00:57:22Je peux dire, malgré que je ne puisse pas rentrer dans les détails,
00:57:25que le montant en question a absolument rien à voir
00:57:29avec ce qu'on peut voir sur l'Internet ou même dans les médias.
00:57:34Si c'était à refaire, là, probablement que je recommanderais de ne pas poursuivre.
00:57:40Parce qu'Édouard, c'est pas Giselin sur la confrontation.
00:57:44Puis Giselin, y avait pas l'intérêt,
00:57:46y avait pas de motivation avec l'argent non plus.
00:57:50Parce qu'on aurait fait d'autres choix.
00:57:52Est-ce qu'à l'époque, c'était le moyen pour arrêter tout ça?
00:57:55Arrêter l'hémorragie? Arrêter l'espèce de perte de contrôle?
00:57:59Peut-être.
00:58:01Mais c'est pas lui, ça, Giselin, la confrontation. Assurément.
00:58:04Est-ce que vous en voulez encore aux gens qui ont posté la vidéo?
00:58:08Moi, j'ai pas de rancune.
00:58:10J'ai pas de rancune par rapport à ça.
00:58:13Puis...
00:58:15Ça fait très, très, très longtemps que j'en ai pas de rancune.
00:58:18Je pense pas qu'ils s'attendaient nécessairement
00:58:21à ce que ça devienne l'immense affaire que c'est devenu.
00:58:26Ça, je pense pas que quelqu'un aurait pu le prédire à l'époque.
00:58:30Mais par exemple, on pourrait dire « as-tu pardonné? »
00:58:35Mais pour moi, le pardon, c'est quelque chose qu'on accorde quand on nous le demande.
00:58:40J'ai jamais eu l'occasion de l'accorder.
00:58:44Ce qui m'a le plus déçu dans cette affaire-là
00:58:47est certainement le manque d'empathie des intervenants,
00:58:56mais aussi des autres enfants et des autres parents.
00:58:58Les enfants, c'est tel que tel, c'est des enfants par définition.
00:59:02Mais le manque de capacité d'introspection
00:59:08des adultes qui ont été mêlés à cette affaire-là
00:59:11aura jamais fini de me fasciner.
00:59:14Les gens sont insensibles aux drames qui ne les touchent pas.
00:59:30Si on se remet dans un contexte d'aujourd'hui, à l'ère des médias sociaux,
00:59:34je suis convaincu que la compassion peut mener à l'inaction bénéfique.
00:59:39C'est-à-dire qu'il y a des gens qui, pour être tentés pour une risée,
00:59:44pour se s'amuser de laisser un commentaire déplaisant sur le web,
00:59:49peut-être que la compassion pourrait amener à l'inaction, et là, c'est bénéfique.
00:59:53Et à travers l'éducation, je pense que d'aborder les choses sous le sens de la compassion
01:00:02peut être une façon de conscientiser jeunes et moins jeunes.
01:00:10Tu as fait un récent voyage aux États-Unis.
01:00:14On n'a pas eu l'occasion d'en parler beaucoup.
01:00:16Tu as rencontré des gens qui t'ont marqué.
01:00:19Je pense, entre autres, par exemple, à Andy Bayou, à Portland,
01:00:22qui a eu un rôle dans ce qui m'est arrivé.
01:00:26Ah bon?
01:00:27C'est lui qui a notamment pondu le fameux épithète ou le surnom Star Wars Kid.
01:00:32Et bon sang, c'est sûr que ce n'est pas facile pour toi
01:00:37d'aller à sa rencontre, non?
01:00:39Moi, la personne que j'ai rencontrée à Portland,
01:00:42c'est un homme d'une grande empathie, d'une grande humanité.
01:00:48Et même si je n'avais pas nécessairement d'attente,
01:00:52ça a été une belle surprise que de rencontrer cette personne-là,
01:00:56avec qui j'avais en plus certaines affinités.
01:01:03Je me suis même passé la réflexion, dans une autre vie,
01:01:07est-ce que je n'aurais pas pu être un Andy Bayou?
01:01:10C'est vrai? Pourquoi?
01:01:13C'est quelqu'un qui avait des habiletés avec la technologie.
01:01:17Dans ma jeunesse, le Web n'a pas nécessairement occupé une place,
01:01:21certainement pas comparable à ce que ça a pu occuper dans la vie d'Andy.
01:01:25Mais est-ce que je n'aurais pas pu,
01:01:29dans des circonstances différentes,
01:01:32aller dans une voie similaire que lui? Peut-être bien.
01:01:35Mais est-ce que tu irais jusqu'à dire que t'aurais pu,
01:01:39dans des circonstances similaires,
01:01:41toi-même, si tu avais reçu une telle vidéo,
01:01:46la diffuser comme lui l'a fait?
01:01:50As-tu l'impression que ça va jusque-là?
01:01:53On peut tous se dire non, je n'aurais pas fait ça,
01:01:56c'est certain que je ne l'aurais pas fait.
01:01:58Mais ultimement, on ne le sait pas.
01:02:00Si quelqu'un comme Andy, qui est une bonne personne,
01:02:04a pu faire une erreur, il n'y a absolument aucune garantie
01:02:07qu'on n'aurait pas pu faire la même erreur.
01:02:09Ça, j'en suis convaincu.
01:02:16C'est quelque chose avec lequel j'ai travaillé depuis 19 ans.
01:02:19Je n'ai pas parlé à personne depuis.
01:02:25Si je savais ce que je connais maintenant,
01:02:30je n'aurais jamais posté ça.
01:02:34Je ne peux pas...
01:02:36Je ne peux pas le diminuer.
01:02:38J'ai donné un endroit pour que les gens voient
01:02:43ce qu'il s'est passé depuis le début.
01:02:48Je...
01:02:51J'ai un énorme regret d'avoir posté la vidéo.
01:02:56Je n'ai pas parlé à personne de ça, c'est la première fois.
01:02:59Et je...
01:03:01Je suis juste profondément désolé.
01:03:03Je...
01:03:05Tu sais, je l'ai lié en pensant que c'était drôle.
01:03:09Je l'ai gardé pour un moment
01:03:11quand je ne me suis pas rendu compte
01:03:14de l'impact que ça avait sur toi.
01:03:16Et bien sûr, je devais le faire.
01:03:18Je ne pense pas que quelqu'un l'ait attendue
01:03:20à exploser comme ça.
01:03:22Il n'y a pas eu quelque chose comme ça depuis.
01:03:25Ce n'était pas quelque chose que tu voulais.
01:03:28Ce n'était pas quelque chose que tu as demandé.
01:03:32Et ça n'a été grand-chose
01:03:35depuis que la culture de la mainstream l'a trouvé.
01:03:38Je veux juste dire que je suis profondément désolé
01:03:43pour mon rôle dans la gestion du tout.
01:03:47Je ne devrais pas...
01:03:49J'ai entendu qu'il a été regardé plus de 900 millions de fois.
01:03:52Et les premiers millions d'entre eux, c'était moi.
01:04:18à l'ère des médias sociaux, à l'ère du Web.
01:04:21Il y a là quelque chose de fondamental
01:04:24entre le rapport humain par l'entremise d'un écran
01:04:28versus en personne.
01:04:31Et je pense qu'il y a de nouveaux réflexes à développer.
01:04:34On en a sans doute déjà développé certains,
01:04:37mais je ne pense pas qu'on est arrivé à destination encore.
01:04:40Je pense qu'il y a un besoin de réfléchir,
01:04:43de s'adapter à ces nouvelles technologies-là.
01:04:46Pour y parvenir, ça prend une prise de conscience.
01:04:49Et pour faire une prise de conscience, ça prend un dialogue.
01:04:59Vous, les médias sociaux, ça occupe quelle place dans votre vie?
01:05:03Moi, c'est une place très importante pour moi.
01:05:06Je pense que sans les médias sociaux, j'aurais de la difficulté.
01:05:09Mettons, seulement en passe-temps ou quoi que ce soit.
01:05:13C'est pas mal ça. C'est important dans ma vie.
01:05:16Ça serait dur de s'en passer.
01:05:19Dans une journée, combien de temps passes-tu, par exemple?
01:05:22Environ une heure et demie, deux heures.
01:05:25C'est bizarre, mais je suis rassurée d'avoir mon téléphone sur moi.
01:05:29Je sens que j'ai quelque chose pour m'occuper.
01:05:32Est-ce que c'est le lien que ça peut te donner avec tes amis
01:05:36ou est-ce que c'est autre chose?
01:05:39Surtout ça. Tu communiques avec n'importe quel ami, n'importe quand.
01:05:43Moi, je trouve ça quand même important.
01:05:45Je l'utilise comme Jayden un peu, mon téléphone.
01:05:47Il est tout le temps proche de moi.
01:05:49Quand je l'ai pas avec moi, ça me stresse un peu.
01:05:53Je suis obligée d'avoir mon cellulaire avec moi.
01:05:55C'est pas quelque chose que tu pourrais oublier.
01:05:57Non, non. Jamais.
01:05:59Évidemment, vous êtes conscient que des fois,
01:06:02il peut y avoir des côtés plus négatifs associés aux médias sociaux.
01:06:05Qu'est-ce que vous en pensez de tout ça?
01:06:07Je pense que c'est vrai.
01:06:09Moi, c'est mon sommeil.
01:06:11Des fois, je me dis que quelqu'un me texte.
01:06:13Ou des fois, je me dis que je vais finir ma vidéo
01:06:15et j'en écoute une autre d'après.
01:06:17Mon sommeil, des fois, ça joue un peu là-dessus.
01:06:20Ça joue, je pense, sur la confiance en soi.
01:06:23Des fois, tu vois du monde et tu fais...
01:06:26Moi, j'aimerais ça être comme ça ou quoi que ce soit.
01:06:29J'aimerais ça être meilleur que lui. J'aimerais ça être comme lui.
01:06:32Mais des fois, c'est pas possible.
01:06:34Des fois, ça rend... ça augmente comme le stress, mettons.
01:06:38Ça te dit...
01:06:40T'as l'impression d'être nul comparé aux autres,
01:06:43alors qu'en fait, ils montent juste les meilleurs.
01:07:04C'est ça, c'est ça, c'est ça.
01:07:35Oui, la plateforme n'a pas d'intérêt à ce que le contenu soit,
01:07:38tant que tu le postes.
01:07:40Ils n'ont vraiment pas d'intérêt à la position politique que tu as
01:07:44ou à la nature de ce contenu,
01:07:46tant que tu le postes 24 heures,
01:07:49et c'est encore mieux si d'autres s'y engagent.
01:07:52C'est vraiment leur seule expectation ou besoin.
01:07:55Et ils font des décisions
01:07:57qui impactent des millions, des dizaines de millions,
01:08:01des centaines de millions de personnes.
01:08:03Et tu n'as rien à ne rien dire.
01:08:08Et donc, oui, c'est... c'est frustrant.
01:08:13C'est plus que frustrant.
01:08:15C'est...
01:08:20C'est le genre de chose qui endangère les démocraties.
01:08:26Finalement, les plateformes technologiques
01:08:29vont devoir s'occuper de l'oubli.
01:08:32Ils vont devoir s'investir pour nous aider à oublier
01:08:37et à être oubliés par d'autres.
01:08:39Mais récemment,
01:08:41une des plus grandes plateformes de pornographie du monde
01:08:46a un nombre de vidéos sur elle,
01:08:49des milliers de vidéos, en fait,
01:08:51qui ont été téléchargées par les utilisateurs.
01:08:54Et ils font très peu pour aider les gens
01:08:58à télécharger ces vidéos,
01:09:00à les écrire.
01:09:02La réalité, c'est qu'ils n'ont rien à gagner
01:09:05de prendre ce contenu de leur plateforme.
01:09:08Et ils ont tout à perdre.
01:09:14La seule façon dont l'oubli est probablement
01:09:17accueilli par l'industrie technologique,
01:09:20c'est s'ils peuvent faire de l'argent en oubliant,
01:09:22de la même façon qu'ils ont fait de l'argent en se souvenant.
01:09:31Tant Amanda qu'Andy sont des gens qui ont dit
01:09:35à quel point le Web avait été bénéfique pour eux
01:09:38pour briser l'isolement,
01:09:41d'aller chercher dans les forums,
01:09:43dans les communautés en ligne,
01:09:45un contact humain qu'ils ne pouvaient peut-être pas nécessairement avoir
01:09:48dans leur quotidien.
01:09:50Mais tous les deux ont dit
01:09:52que ça nous a amenés à rechercher
01:09:55le contact humain vrai en personne.
01:09:58Donc comme si l'écran n'était plus l'écran,
01:10:02mais plutôt la porte.
01:10:05L'écran devienne porte.
01:10:06Devienne porte.
01:10:28La vidéo n'avait aucun contexte à parler,
01:10:32ce qui, je pense, a probablement
01:10:34poussé la popularité de cette vidéo,
01:10:37parce que les gens pouvaient voir ce qu'ils voulaient voir.
01:10:40Qu'avez-vous vu avec vos propres yeux,
01:10:42avec cette vidéo?
01:10:44Wow.
01:10:45Quand je l'ai vue pour la première fois,
01:10:46je me suis dit que tu l'avais laissée là-bas.
01:10:48Ce n'était pas jusqu'à ce que je devienne
01:10:52un professionnel de l'Internet,
01:10:53où je connaissais l'histoire complète,
01:10:55et je me suis dit que c'était totalement différent.
01:10:59Mais la histoire que j'avais racontée moi-même
01:11:02quand je l'ai vue,
01:11:03c'était que, mon Dieu,
01:11:04ce garçon est vraiment bon à éditer des vidéos.
01:11:07Et j'étais impressionnée.
01:11:11J'étais comme, oh, oui, je ferais ça.
01:11:14Et puis, avant d'avoir réalisé cette histoire,
01:11:17c'était comme, oh, non,
01:11:19c'est beaucoup plus sombre que je pensais.
01:11:22Je pense que, fondamentalement,
01:11:24le regard que porte quelqu'un sur la vidéo
01:11:28va aussi dépendre de la personne
01:11:31qui porte ce regard-là.
01:11:34La vidéo n'a aucun contexte.
01:11:38On peut y voir des choses,
01:11:40on peut y voir des choses
01:11:41qui ne sont pas des choses
01:11:42que quelqu'un peut voir sur la vidéo,
01:11:44mais on peut y voir des choses
01:11:46qui ne sont pas des choses
01:11:47que quelqu'un peut voir sur la vidéo.
01:11:49La vidéo n'a aucun contexte.
01:11:51On peut y voir un peu ce qu'on veut.
01:11:54Et peut-être parce qu'on peut y voir
01:11:56un peu ce qu'on veut,
01:11:58c'est un reflet comme un miroir
01:12:02de la personne qui regarde
01:12:04et de la société qui entoure
01:12:05cette personne-là.
01:12:13Je pense que l'éthique de la technologie
01:12:14est quelque chose qui peut être appris dans les écoles,
01:12:16qui devrait être appris dans les écoles,
01:12:18ou ailleurs.
01:12:19Mais, vous savez, la maison.
01:12:21Oui.
01:12:22Mon fils, ma femme et moi
01:12:24avons essayé de l'élever
01:12:25pour être humains et empathiques.
01:12:27J'espère que s'il était jamais
01:12:32dans la situation que je suis dans,
01:12:35qu'il prendrait ce moment
01:12:39et réfléchissera plus profondément
01:12:41à ce qui peut arriver,
01:12:42les répercussions possibles.
01:12:45Je peux seulement imaginer
01:12:46qu'élever un enfant
01:12:48et le voir
01:12:50s'adapter à cette nouvelle réalité
01:12:52que les enfants ont maintenant autour d'eux,
01:12:56a-t-il changé votre point de vue
01:12:58sur certaines de ces choses?
01:13:01Je...
01:13:03Ça ne m'a pas pris
01:13:04d'avoir un enfant de 15 ans
01:13:06pour imaginer ce que vous avez
01:13:09vécu en tant qu'enfant de 15 ans.
01:13:10Parce que j'étais un enfant de 15 ans.
01:13:12Et j'aimerais pouvoir le reconnaître plus tôt
01:13:19que je l'ai fait.
01:13:21Ce qui est évident,
01:13:24c'est que vous n'avez pas
01:13:26accepté ceci.
01:13:35Je pense que cette génération,
01:13:37quand je pense à la façon
01:13:39dont Gen Z s'approche de l'Internet,
01:13:41c'est qu'ils sont tellement plus au courant du consent.
01:13:44Et tellement plus au courant de l'ownership.
01:13:47Le consent, c'est un mot
01:13:49dans la conversation d'aujourd'hui.
01:13:51Et ce n'était pas 20 ans auparavant.
01:13:55Où commençons-nous,
01:13:56nous qui sommes plus âgés?
01:13:58Demandez-vous-même
01:13:59pourquoi vous partagez des choses.
01:14:05Serait-ce possible d'envoyer une photo
01:14:07avec vous après?
01:14:08Ah, bien sûr, bien sûr.
01:14:11Moi, je voudrais vous féliciter.
01:14:12Déjà d'avoir gardé la tête haute
01:14:14après tous les harcèlements que vous avez eus.
01:14:16La vidéo a été mise en ligne
01:14:18sans votre consentement.
01:14:19Puis ça vous a vraiment touché.
01:14:22Puis vous avez réussi à garder la tête haute.
01:14:24Je voulais vous féliciter.
01:14:26C'est gentil. Merci.
01:14:28Moi, ce qui m'impressionne surtout,
01:14:30c'est que vous avez réussi à construire une vie
01:14:32que vous vouliez à travers ça.
01:14:34Ça, ça m'impressionne vraiment.
01:14:36Puis comment dire?
01:14:37C'est une bonne source de...
01:14:40d'inspiration.
01:14:41Oui, d'inspiration, c'est ça.
01:14:43Après, après.
01:14:44Oui, mais tu en avais quelques-unes.
01:14:46Oui, bien là...
01:14:54Une fois le documentaire réalisé, diffusé,
01:14:59ces vieilles images-là vont réapparaître automatiquement.
01:15:03Est-ce que c'est quelque chose que tu crains,
01:15:05dont tu crains les effets?
01:15:07T'as l'impression que là,
01:15:08la carapace pourrait te percer ou t'appréhender?
01:15:13Là où on peut passer au travers,
01:15:16c'est de savoir qui l'on est,
01:15:18savoir que c'est pas nous, c'est pas moi, cette vidéo-là.
01:15:23Ça ne l'a jamais été, mais ça ne l'est pas plus aujourd'hui.
01:15:26Je sais qui je suis, j'ai ma vie à moi.
01:15:29D'avoir cette fondation-là
01:15:32permet de passer au travers,
01:15:35soit-on-le, sans trop d'écueil.
01:15:38Et qui es-tu, Gisela?
01:15:40Je suis...
01:15:41Ça, c'est une belle question facile.
01:15:50J'aime la vie.
01:15:53J'aime...
01:15:56être en contact du nouveau,
01:15:59de la connaissance des gens, de l'humain.
01:16:03J'aime la vie.
01:16:07À la base, c'est ça.
01:16:10J'aime la vie.
01:16:12Ce que j'aime dans notre amitié,
01:16:15j'en sors avec ta conclusion.
01:16:17J'aime la vie.
01:16:19Quand on rencontre quelqu'un avec qui on a ce contact-là,
01:16:23cette authenticité, ce vrai,
01:16:25c'est ce que la vie a de plus beau à offrir.
01:16:28Merci, Gisela, de m'offrir ce qu'il y a de plus beau.
01:16:31Je te le retourne en dix.
01:16:34Merci.
01:16:41Bon, on va démarcher.
01:16:42Oui, on va démarcher.
01:16:52J'ai voulu te parler depuis près de 20 ans.
01:16:55Et je suis reconnaissant qu'on ait eu le temps de s'asseoir.
01:16:58C'est un grand plaisir de te rencontrer.
01:17:00De même.
01:17:01Et je pense qu'en plus de tout,
01:17:04je suis heureux que tu ailles bien.
01:17:06Est-ce bizarre ?
01:17:07Je...
01:17:09Je suivrais, vous savez,
01:17:11toute la petite information que je pouvais trouver
01:17:13sur ta vie au cours des années.
01:17:15Et chaque fois que je voyais quelque chose,
01:17:17je me disais qu'il allait à l'école, qu'il allait...
01:17:20Vous étiez impliqué dans la société historique
01:17:22pour votre ville.
01:17:24Je veux dire,
01:17:25chaque fois que je cherchais quelque chose,
01:17:27parce que c'est quelque chose que je fais,
01:17:29je cherchais sur Internet.
01:17:30Et...
01:17:32Je suis juste reconnaissant que tu ailles bien.
01:17:35J'étais très inquiétant de toi.
01:17:37Et si quelque chose t'est arrivé,
01:17:39je...
01:17:40j'aurais...
01:17:41tu sais,
01:17:42eu...
01:17:44Je ne sais pas ce que j'aurais fait.
01:17:47C'est...
01:17:49Je prends ça de l'esprit.
01:17:50Merci.
01:17:51Merci beaucoup.
01:17:53Un Comic-Con ne pourrait pas être complet sans une signature.
01:17:56Mon Dieu!
01:17:57Je suis tombé sur
01:17:58«Histoire de garçons qui veulent changer le monde»,
01:18:00«Destin d'hommes géniaux qui ont fait la différence»,
01:18:02«108 dragons».
01:18:04Et...
01:18:05C'est avec beaucoup d'émotion que je constate que t'es dedans.
01:18:08C'est particulier.
01:18:09C'est là vraiment qu'il faut faire preuve d'humilité,
01:18:11parce qu'on m'a mis en compagnie
01:18:13pendant plusieurs années.
01:18:14C'est...
01:18:15C'est...
01:18:16C'est...
01:18:17C'est...
01:18:18C'est...
01:18:19C'est...
01:18:20C'est...
01:18:21C'est là qu'on m'a mis en compagnie
01:18:22avec qui je n'aurais jamais osé me placer moi-même.
01:18:24Fait que c'est...
01:18:25C'est spécial.
01:18:26Mais t'es quand même quelqu'un qui a changé mon monde.
01:18:28Fait que je voulais savoir si tu pouvais signer.
01:18:36Merci énormément, Justin.
01:18:51Merci.
01:19:21Merci.
01:19:51Sous-titrage Société Radio-Canada