Propagande les nouveaux manipulateurs

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Cette enquête explore les coulisses du mouvement populiste mondial, en décrypte les stratégies numériques,
part à la rencontre des « ingénieurs du chaos », ceux qui, dans l’ombre, élaborent leurs plans d'attaque.
Ils sont informaticiens, spécialistes des big data. Ce sont les nouveaux conseillers occultes du monde politique.
Pour faire gagner leurs candidats, ces experts du micro-ciblage et de la manipulation son prêts à cultiver la haine,
à additionner les colères. Peu les importe si cela sape les fondements mêmes de la démocratie. Cette enquête
nous conduit sur plusieurs continents, à l'image d'un flux d'informations qui circule sans frontières d'un bout
à l'autre de la planète et modifie, partout, le comportement des citoyens. De Washington à Brasilia, en passant
par Rome, les recette sont les même, la technologie aussi. L'abondance d'informations, les frontières de plus en
plus floues entre vérité et mensonge ont changé à jamais le paradigme de la politique, partout dans le monde.
Mais, la résistance s'organise. Fact-checkers, activistes et politiques se mobilisent pour contrer la désinformation
en ligne. Les démocraties peuvent-elles reprendre la main sur les réseaux sociaux ?
Faut-il au contraire se résigner à voir le populisme numérique étendre sa toile ?

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Transcription
00:00C'est l'histoire d'une colère qui embrase le monde, l'histoire d'une rancœur exploitée
00:11à des fins politiques.
00:12Les réseaux sociaux sont l'instrument parfait pour un leader populiste, pour pousser les
00:22gens à croire des messages de plus en plus extrêmes.
00:25Pour les journalistes, le problème, c'est pas cette foutue gigane, mais le ministre
00:30de l'Intérieur.
00:31Mais je vous donne ma parole, qu'on va raser leur squat.
00:34Les nationalistes de l'ère numérique additionnent les rages.
00:39Ils désignent au peuple de nouveaux ennemis, les politiques, les journalistes, les minorités,
00:49les étrangers.
00:51Ils ramènent de la drogue, ils commettent des crimes, ils violent.
00:56Ce connard de mer prend un décret à la con et confine les gens chez eux.
01:01Si j'étais armé, je descendrais dans la rue.
01:04Dans l'ombre des démagogues, des conseillers occultes ajustent leurs algorithmes, manipulent
01:11les consciences.
01:12Ils sont informaticiens, sondeurs d'opinion, experts en big data.
01:19Ils sont les ingénieurs du chaos contemporain.
01:24Un ingénieur du chaos est quelqu'un qui a emporté en politique la logique des grandes
01:30plateformes internet.
01:32Il va aller exploiter toutes les poches de colère qui se trouvent à l'intérieur de
01:39la société.
01:40Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, on peut analyser en temps réel le sentiment
01:49des gens.
01:50Et ça, ça change tout.
01:53C'est de la pure manipulation.
01:57La France et l'Allemagne n'ont pas encore cédé.
02:01Mais la vague nationaliste a déferlé sur d'autres grandes démocraties.
02:06Aux Etats-Unis, en Italie, au Brésil, c'est dans ce laboratoire mondialisé que nous avons
02:13enquêté.
02:14Pour mieux cibler nos émotions, ces ingénieurs du chaos s'emparent de nos données personnelles.
02:21Ils infiltrent les réseaux sociaux.
02:24Tous ces gens ont utilisé le hashtag avortement sur Instagram.
02:29Je peux extraire leur nom complet, leur téléphone, leur email, leur date de naissance, leur
02:33sexe.
02:34Whatsapp est le canal idéal pour propager de la désinformation, parce que c'est crypté.
02:40C'est vraiment l'arme du crime parfait.
02:42Aucune société n'est à l'abri.
02:58Aucune démocratie.
03:01Pas même la vôtre.
03:03Aucune démocratie.
03:05Aucune démocratie.
03:33Je prends mes ordres du président Trump et s'il dit qu'il est temps de descendre dans
03:59la rue, alors nous descendrons dans la rue.
04:11Trump a tweeté « Rendez-vous le 6 ». C'était partout sur Twitter et tout le monde a décidé
04:21de venir.
04:22Ce 6 janvier 2021, Scott McKenzie a traversé toute l'Amérique pour soutenir Donald Trump.
04:32Comme lui, il est convaincu que Joe Biden leur a volé l'élection présidentielle.
04:37A la toute fin du discours, le président Trump a dit « Marchons jusqu'au Capitole ».
04:46Et quand nous sommes arrivés au Capitole, la scène était plutôt chaotique.
04:50Scott n'a pas participé à l'assaut du Capitole.
04:59S'il condamne les violences, c'est pour accuser le camp d'en face, les gauchistes,
05:04qui auraient comploté contre Donald Trump.
05:09Je pense vraiment que c'est l'extrême gauche qui a planifié l'attaque du Capitole.
05:16Beaucoup de gens ne me croient pas.
05:18Ils préfèrent croire les médias, qui disent que ce sont les trumpistes qui ont causé
05:22tout ça.
05:23Toutes les preuves disent le contraire.
05:28Mais dans les rangs trumpistes, on ne fait plus confiance aux grands médias depuis
05:33des années.
05:34Les accusations de l'ex-président ont sapé leur crédibilité.
05:37Le populisme passe par une série d'étapes.
05:43Vous créez un ennemi, c'est la première étape.
05:46L'ennemi central de Donald Trump, après qu'il ait devenu président, a été les
05:50médias traditionnels.
05:51Et il a mené une guerre totale contre les médias traditionnels aux États-Unis.
06:08Les grands médias, les gens qui les possèdent et qui veulent contrôler le monde, c'est-à-dire
06:14les mondialistes, ont pour mission d'imposer un récit idéologique unique à toute la population
06:20mondiale.
06:21Et ce récit, c'est celui de la gauche, selon lequel le socialisme est une bonne chose,
06:26le mondialisme est une bonne chose, les Nations Unies sont une bonne chose.
06:45Le terme « fake news » n'est jamais utilisé par Donald Trump avant son élection à la
06:52présidence.
06:53Pas une seule fois.
06:55Littéralement, quelques semaines après avoir été élu, il s'est retourné contre l'appareil
07:01médiatique qui l'a aidé à gagner.
07:02Les populistes ne veulent pas qu'on remette en question leurs idées.
07:07Donald Trump a utilisé le terme « fake news » pour désigner tout type de journalisme
07:17qu'il n'aimait pas.
07:18À partir de ce moment-là, il est devenu la source d'information la plus fiable pour
07:25ses partisans.
07:26Quand j'ai commencé à croire en Trump, j'ai vu que le seul moyen d'obtenir de
07:33bonnes informations sur lui ou de lui, c'était à travers Twitter.
07:37Pendant sa présidence, Donald Trump a augmenté la fréquence de ses tweets.
07:46Très souvent, il dépassait la centaine de tweets par jour.
07:53Dans le cas de Twitter, il y a des biais structurels en termes de simplicité, d'impulsivité
08:03et d'incivilité.
08:04La simplicité à cause de sa limitation à 280 caractères.
08:09Il y a une barrière structurelle qui empêche quelqu'un de dire quelque chose de complexe
08:14ou de sophistiqué sur Twitter.
08:16Ce qu'il a à dire, il peut me le dire directement.
08:22Il y a aussi ses vidéos et tout ça, je l'ai directement de sa bouche.
08:25Deux, l'impulsivité, parce qu'un individu peut vraiment tweeter de n'importe où,
08:33à n'importe quel moment, à toute heure de la journée.
08:35Et c'est un médium très émotionnel.
08:39Et Trump utilise fréquemment des mots liés à l'émotion pour susciter la colère ou
08:43la haine.
08:44Après avoir fait une attaque très simple, il insère le mot triste avec un point d'exclamation.
08:53Il nomme pour ses followers l'émotion exacte qu'il veut leur faire ressentir.
09:02Et puis, il y a aussi un biais pour ce qui concerne l'incivilité.
09:11Nous savons, par exemple, que les émotions négatives voyagent plus vite et plus loin
09:15sur la plateforme Twitter.
09:17L'essentiel de ce que Trump a dit sur Twitter n'aurait jamais passé le filtre des médias
09:25traditionnels.
09:26Jamais.
09:27Il détestait le fait que Trump s'adresse directement au peuple.
09:34Dans l'Amérique de Trump, l'ingénieur du chaos était le président lui-même.
09:42Mais la plupart du temps, c'est un conseiller occulte qui chuchote à l'oreille du prince,
09:49à la fois expert en algorithmes et maître des émotions.
10:04Parlez au peuple directement.
10:23Le chef de file de la droite italienne est un maître en la matière.
10:27Facebook, c'est le réseau social le plus populaire, le plus peuple.
10:35Je sais très bien qu'avec une vidéo, un message, je peux atteindre des millions de
10:39personnes.
10:40De mémoire, je dois avoir, quoi, 4 millions d'abonnés sur Facebook ?
10:52Son compte Facebook est le plus suivi de tous les politiques européens.
10:57Matteo Salvini a fait de son parti, la Ligue, la formation politique la plus populaire du
11:04pays en moins de dix ans.
11:06Derrière ce succès, il y a un homme très discret.
11:13Sur les photos, c'est celui qu'on voit de dos ou en retrait.
11:20Luca Morisi, le conseiller de l'ombre, c'est lui qui méthodiquement a fait des réseaux
11:31sociaux le mégaphone de Matteo Salvini.
11:35La première chose remarquable qu'a faite Morisi après avoir rencontré Salvini, c'est
11:43de lui dire, ne va pas sur Twitter, c'est le réseau social des professionnels.
11:47Le peuple, lui, il est sur Facebook.
11:50Tu dois tout miser sur Facebook.
11:55C'est la première intuition de Morisi.
11:57Quand il se rencontre, Salvini n'a que 18 000 followers sur Facebook.
12:06Ce n'était pas encore le Salvini aux millions de fans sur Facebook.
12:15Luca Morisi, je l'ai rencontré sur Facebook.
12:21Il m'a plu parce qu'il était génial.
12:24Il est génial et il s'occupait de thèmes qui étaient très loin de moi.
12:29Philosophie de la communication.
12:32Il avait une vision très moderne.
12:35Alors, ou tu le prenais pour un fou ou tu le faisais travailler avec toi.
12:40Moi, j'ai choisi la deuxième option.
12:44Luca Morisi n'a pas répondu à nos demandes d'interview.
12:48Il n'en donne jamais.
12:50Il n'apparaît publiquement que dans de rares conférences privées réservées à ses pairs.
12:59Morisi a compris à travers l'utilisation des réseaux sociaux que ça n'était plus le moment d'être modéré.
13:08Il a compris que c'était le moment d'être radical.
13:14Il y a là une grande dichotomie avec eux d'un côté et nous de l'autre.
13:20Cette logique de polarisation fonctionne très bien en général et pour notre communication en particulier.
13:27Et naturellement, l'attaque contre les ennemis, ça marche toujours très bien.
13:35Cette stratégie appliquée à la lettre l'a mené à sa première grande victoire.
13:41En 2018, Matteo Selvini devient vice-premier ministre après une croisade numérique.
13:47Et toujours le même message répété, martelé.
13:53Pour les clandestins, c'est fini la belle vie.
13:56Préparez vos valises, préparez vos valises.
14:02Vous comprenez les amis, ils veulent plus d'argent.
14:05Au lieu de dire merci, ils veulent plus d'argent.
14:08Est ce que c'est normal ?
14:11Ils arrivent à Véronne.
14:13Ils veulent regarder le foot sur Sky.
14:15Ils veulent manger, être tranquilles et qui payent ?
14:19C'est nous, c'est vous.
14:30Bien sûr, la communication sur les réseaux sociaux, elle est plus libre, plus immédiatement infiltrée en bien et en mal.
14:36Si nous n'avions pas pu communiquer directement avec ces millions de gens, ça aurait été plus difficile.
14:53Matteo Selvini et Luca Morisi se rencontrent en 2013.
14:58À l'époque, Selvini est indépendantiste et son ennemi, c'est l'Italien du Sud.
15:06Le bouzeux.
15:07Avec ses camarades de la Ligue du Nord, son petit parti régionaliste, il les dénigre sans retenue.
15:14Et Matteo Capoducco, et Matteo Capoducco.
15:31Sous l'influence de Luca Morisi, le parti se fixe une ambition nationale.
15:39Il faut donc une nouvelle cible pour s'adresser à tous les Italiens.
15:44Un ennemi extérieur, les immigrés clandestins.
15:56Ce changement, je le définirais comme un travail de deux petits chimistes dans un laboratoire, Selvini et Morisi.
16:05Les réseaux sociaux permettent de tester les messages au jour le jour.
16:09Et Morisi disait souvent, mon travail est bien parce que je vois le jour suivant les résultats des choses que je fais, des thèmes que je propose.
16:24Et il découvre simplement que ces thèmes là, les immigrés, les noirs, sont des thèmes transversaux.
16:31Morisi m'a expliqué exactement ce concept.
16:35Il s'était rendu compte que ces sujets réussissaient à percer au sud.
16:38C'est en explorant les entrailles des réseaux sociaux que Selvini et Morisi ont choisi leur nouvel ennemi.
16:51Une technique bien connue des spécialistes de marketing numérique.
16:55On appelle cela l'analyse des sentiments.
17:02L'analyse des sentiments, ça a vraiment changé la donne en communication politique.
17:07Avec les sondages, quand tu fais ton étude, tu dois parfois attendre plusieurs jours pour obtenir le résultat.
17:16Et souvent, en politique, plusieurs jours, c'est déjà trop.
17:24Imaginez que vous vouliez comprendre l'opinion des gens sur des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook.
17:31Comment est-ce qu'ils parlent de l'immigration ?
17:34S'ils l'évoquent de manière positive ou négative ?
17:40Qu'est-ce que vous faites ?
17:41Eh bien, vous commencez par identifier des mots-clés.
17:44Par exemple, migrant, bien sûr, ou bien immigration, mais pas seulement.
17:49Par exemple, nous savons que certaines personnes en Italie, lorsqu'elles discutent de migrant, elles utilisent le mot « nègre ».
17:59Donc, vous ajoutez aussi ça aux mots-clés.
18:04Imaginez que vous collectiez un million de messages.
18:08Vous avez une énorme quantité d'informations avec lesquelles vous pouvez jouer.
18:13Alors, qu'est-ce que vous faites ?
18:14Vous voyez simplement ce dont les gens discutent, vous observez le sentiment général autour de ce thème et vous surfez dessus.
18:33Il y a eu des manifestations racistes au cours de plus ou moins de deux mois.
18:38C'est une honte de voir comment Salvini a construit une histoire qui a rendu l'Italie un pays plus raciste dans les derniers mois.
18:47Qu'est-ce qu'a fait Matteo Salvini ? Il a créé la peur, il a créé le chaos.
18:53Luca Morisi a réussi son coup.
18:56Faire parler de son candidat, en mal ou en bien, peu importe.
19:00Pourvu que les électeurs plébiscitent le tribun italien.
19:07Luca Morisi, je l'ai perçu comme un visionnaire.
19:10Et en fait, maintenant, il est sûrement en train de penser à quelque chose de plus avancé que je ne comprends pas, mais que je comprendrai avec le temps.
19:17C'est pour ça que je travaille avec lui.
19:23Matteo Salvini et son discret Machiavel ont domestiqué les réseaux sociaux sans se cacher.
19:31Leur réaction ?
19:40Ailleurs, c'est un cabinet de l'ombre qui est à l'œuvre, au sommet de l'État.
19:45Un clan quasi-mafieux, organisé de façon pyramidale, qui n'hésite pas à menacer ses propres citoyens.
19:54L'an dernier, j'ai reçu toutes sortes de menaces, comme « en ce moment tu vis aux États-Unis, ne reviens pas ».
19:59Jamais. Je suis devenu une cible.
20:04Ce jeune professeur de San Paolo enquête depuis quatre ans sur la désinformation numérique.
20:10Au Brésil, c'est une activité dangereuse.
20:16Pour son enquête, David Nemer a plongé dans les méandres de la messagerie WhatsApp.
20:22C'est là que sévissent les ingénieurs du chaos brésilien.
20:26WhatsApp joue un rôle essentiel dans la communication au Brésil.
20:32Et parce que c'est une plateforme cryptée, il y est plus facile de cacher de la désinformation et de la propager.
20:46WhatsApp au Brésil, c'est 130 millions d'utilisateurs, presque deux Brésiliens sur trois.
20:52Des groupes de famille, de loisirs, d'amis, où chacun fait confiance à l'autre.
20:58Un peu comme vous et votre propre communauté WhatsApp.
21:03Imaginez que quelqu'un de mal intentionné infiltre ce cercle intime.
21:08Il répande de fausses nouvelles.
21:11C'est ce qui va arriver à des millions de Brésiliens pendant la campagne présidentielle de 2018.
21:17Bolsonaro était une personnalité nouvelle dans l'élection et les gens voulaient en savoir plus à son sujet.
21:27Le capitaine de réserve Jair Bolsonaro, à l'époque presque un inconnu sur la scène nationale, commence à grimper dans les sondages.
21:36Pour diffuser sa propagande, il choisit d'infiltrer incognito la messagerie préférée des Brésiliens.
21:47Dans mon propre groupe WhatsApp, avec ma famille, avec mes oncles, mes tantes et ma mère,
21:53j'ai remarqué qu'ils partageaient des contenus qui étaient essentiellement des fake news.
21:58Des fausses nouvelles, pour semer le trouble chez les électeurs.
22:03Comme cette vidéo, l'une des plus partagées sur WhatsApp.
22:07Voici ce qui est distribué à la crèche de votre enfant, sous prétexte de combattre l'homophobe.
22:12Voici ce qui est distribué à la crèche de votre enfant, sous prétexte de combattre l'homophobie.
22:17Faut voter Bolsonaro les gars !
22:22J'ai voulu savoir d'où provenaient tous ces messages.
22:27Donc j'ai rejoint quatre groupes WhatsApp qui se disaient pro-Bolsonaro
22:34et j'ai découvert que l'infrastructure humaine était organisée comme une pyramide.
22:38A la base de cette pyramide, vous avez ce que j'appelle les Brésiliens moyens.
22:47Au deuxième niveau, il y avait l'armée Bolso, l'armée qui travaillait pour faire passer les mots de Bolsonaro.
22:54Ils travaillaient pour diffuser la désinformation de ces groupes vers les groupes auxquels mes parents, mes oncles, mes tantes appartenaient.
23:04Et au sommet de la pyramide, il y avait les influenceurs.
23:08Je les appelle influenceurs parce que ce sont eux qui fournissent une désinformation originale et inédite à ces groupes.
23:18L'enquête de David Nehmer révèle surtout que les ingénieurs du chaos, au sommet de la pyramide, appartiendraient à l'entourage très proche du président brésilien.
23:28En 2018, les fils de Bolsonaro, Flavio et Eduardo Bolsonaro, ont publié leurs numéros de téléphone sur leurs propres comptes de réseaux sociaux.
23:42Et quand j'ai enregistré ces numéros dans le téléphone avec lequel je surveillais ces groupes WhatsApp, j'ai réalisé que ces numéros étaient dans ces groupes.
23:58Non seulement ils s'y trouvaient, mais ils en étaient même les administrateurs, c'est-à-dire les gestionnaires.
24:05Ils savaient ce qu'il se passait, ils savaient qu'il y avait de la désinformation.
24:11Les fils Bolsonaro non seulement savaient, mais ils orchestraient aussi.
24:17La presse brésilienne a donné un nom à cette garde rapprochée, le cabinet de la haine, dirigé par les trois fils de Jair Bolsonaro.
24:28Carlos, dit le pitbull, c'est un grand nostalgique de la dictature militaire.
24:36Eduardo, le benjamin, il vénère les armes à feu et Steve Bannon, le conseiller populiste qui a aidé Trump à devenir président.
24:48Et Flavio, l'aîné, soupçonné d'avoir des liens avec le monde du crime.
24:54Leur méthode, le pays tout entier les découvre à la une des médias, à quelques jours de l'élection présidentielle.
25:03L'application de messagerie WhatsApp a déclaré enquêter sur les entreprises dénoncées hier par le journal Folha de Sao Paulo.
25:11La campagne de Jair Bolsonaro a tenté d'influencer les élections à travers des millions de fake news envoyés par WhatsApp contre le parti des travailleurs.
25:22Voici celle qui a révélé le mode opératoire du clan Bolsonaro, Patricia Campos.
25:29Cette journaliste chevronnée a montré comment l'équipe du candidat aurait envoyé des millions de messages politiques à des électeurs grâce à des logiciels automatisés.
25:40Le premier article que j'ai fait sur cette histoire démontrait que pendant la campagne, ils avaient des hommes d'affaires qui collectaient de l'argent de donateurs.
25:50Et ces businessmen achetaient à des agences de marketing politique des lots d'envois massifs de messages sur WhatsApp.
25:58Le cabinet de la haine n'a pas supporté que la presse dévoile sa manipulation électorale.
26:04Les représailles contre la journaliste sont foudroyantes.
26:08Eduardo Bolsonaro, le candidat de Jair Bolsonaro, a évoqué le fait qu'il n'y avait pas d'élection présidentielle.
26:16Il a dit qu'il n'y avait pas d'élection présidentielle, qu'il n'y avait pas d'élection présidentielle.
26:20Eduardo Bolsonaro a tweeté que j'avais proposé des relations sexuelles pour obtenir des informations contre son père.
26:30Tous les blogueurs de droite ont commencé à tweeter, à publier sur Facebook.
26:35En quelques heures, ils avaient posté toutes sortes de mèmes, des messages satiriques, avec des images pornographiques, des femmes nues et un montage avec mon visage dessus.
26:55C'est à ce moment-là que ces groupes d'entre eux ont commencé à s'intégrer.
26:59C'est à ce moment-là que ces groupes WhatsApp ont commencé à se mobiliser et à produire du contenu misogyne pour attaquer Patricia.
27:14Je recevais ça sur WhatsApp, Facebook, Twitter, Instagram.
27:19Nous avons publié toutes les preuves de notre enquête.
27:23Les audios, les messages, les photos.
27:27Ça ne servait à rien.
27:32C'est ce que j'ai fait.
27:35C'est ce que j'ai fait.
27:39C'est ce que j'ai fait.
27:42C'est ce que j'ai fait.
27:45C'est ce que j'ai fait.
27:48C'est ce que j'ai fait.
27:54Maintenant, quand je suis sur le point de publier un article, je marque une pause.
27:59Je ne dis pas que je ne publie pas, mais je fais une pause.
28:06Parce qu'à qui vont-ils s'attaquer ? Est-ce que ça va être mon fils la prochaine fois ?
28:11Ou est-ce qu'ils vont...
28:14Moi, je réfléchis avant de publier. Je réfléchis beaucoup.
28:29Ce cabinet de la haine est aujourd'hui au centre d'une enquête parlementaire lancée par l'opposition.
28:35J'ai parcouru ce Brésil en faisant campagne pour un homme nommé Jair Messias Bolsonaro.
28:43Je ne sais pas si le président est conscient de l'ampleur de la folie que produit ce bureau de la haine.
28:52Joyce Aselman connaît bien le cabinet de la haine.
28:56Hier, alliée de Bolsonaro, elle a été en colère.
28:59Joyce Aselman connaît bien le cabinet de la haine.
29:03Hier, alliée de Bolsonaro, cette députée en est aujourd'hui sa cible.
29:08Elle accuse publiquement Eduardo et Carlos, les deux fils du président.
29:15J'ai été victime du cabinet de la haine parce que j'ai dit non à Bolsonaro.
29:19Je ne voulais pas défendre son fils.
29:21Il ne voulait pas qu'on enquête sur lui pour des affaires de détournement d'argent public et de corruption.
29:26À partir de là, il y a eu une avalanche d'attaques contre moi et ma famille.
29:36Ils avaient même un calendrier sur lequel ils choisissaient qui serait attaqué par le groupe entier
29:41et de quel jour à quel jour ça aurait lieu.
29:46Par exemple, nous allons attaquer Joyce et le hashtag sera Peppa Pig.
29:56Avec les femmes, c'est toujours plus agressif.
30:00Et c'est toujours du style tu es laide, tu es vieille, tu es grosse, ton mari fait ça, ton père fait ça.
30:07Ou alors tu offres du sexe.
30:11On peut poursuivre en justice quelqu'un pour calomnie, injure ou diffamation.
30:16Mais c'est seulement une personne ou deux.
30:18Mais comment faire pour réagir contre une fausse information partagée par 50 millions de personnes,
30:24100 millions de personnes ? C'est impossible.
30:29Vous avez le réseau social de Bolsonaro et ceux de ses fils.
30:33Ils ont des millions de followers.
30:35Ensuite, il y a cet écosystème de blogueurs de droite, le cabinet de la haine.
30:40Ils amplifient tous ces influenceurs qui ont eux aussi des millions de followers.
30:46C'est tout un écosystème.
30:50Un écosystème que le clan Bolsonaro cultive méthodiquement.
30:54Sur Facebook, Youtube ou Instagram,
30:57le président recommande à ses millions de followers ses influenceurs préférés.
31:03Parmi elles, celle de Bernardo Custer.
31:09Près d'un million d'abonnés sur Youtube.
31:14A la fois catholique réactionnaire et influenceur chevronné.
31:20C'est un écosystème.
31:23C'est un écosystème qui est en train de s'améliorer.
31:27A la fois catholique réactionnaire et influenceur chevronné.
31:37Quand j'utilise Facebook, c'est pour les longs textes et les pensées intellectuelles,
31:42ou les idées, ou autre chose.
31:45Twitter, je pense que c'est un réseau social très chaud.
31:49C'est là que le sang coule, pour ainsi dire.
31:53Parce que c'est violent et c'est très rapide.
31:56Et je pense que c'est excitant.
31:58C'est la démocratie.
32:02Derrière son air affable, un discours parfois complotiste,
32:06toujours très musclé.
32:10Féministes, mon œil, à quoi servent vos combats ?
32:13À légaliser l'avortement ?
32:15À assassiner des enfants dans le ventre de leur mère ?
32:19Faites bien attention avec Disney,
32:22parce qu'ils sont explicitement pro-LGBT et pro-idéologie de genre.
32:30Alors, madame Joyce Hasselman, tu chies sur le gouvernement.
32:33Tu m'excuseras, mais tu as fait une belle merde, une belle connerie.
32:39La justice a condamné le youtubeur deux fois pour diffamation.
32:43Facebook et Twitter ont fermé ses comptes.
32:46Youtube a supprimé les publicités sur sa chaîne.
32:50Mais Bernard Ocuster assume.
32:52Tout ce qui divise fait prospérer sa cause.
32:57Quand vous traitez Joyce Hasselman de paie-pas-la-truie,
33:02traiter une femme de truie, c'est pertinent, selon vous ?
33:08Mais à l'époque, elle était en surpoids,
33:12elle est blanche,
33:15et elle ressemblait à ça.
33:19Je ne sais pas, nous sommes...
33:21Je pense que nous sommes une société pleurnicharde.
33:24Nous sommes trop pleurnichards.
33:26Alors, je suis désolé, mais nous sommes faibles.
33:35On dit que le Brésil est polarisé,
33:37mais je pense que c'est très bien,
33:39parce que si vous regardez Bolsonaro, il a un discours dur.
33:42Il a dit des choses qui ont choqué les gens,
33:44et il a été élu.
33:53Les ingénieurs du chaos ont imposé leurs vérités alternatives
33:57dans le monde parallèle des réseaux sociaux.
34:00Une stratégie d'autant plus efficace
34:03que les médias traditionnels ont perdu beaucoup de terrain.
34:12Les réseaux sociaux ont commencé à transformer
34:14tout notre paysage de communication.
34:16Mais ils ont fait autre chose.
34:18Ils ont mis les journaux locaux en faillite
34:20dans de nombreuses régions,
34:22parce que ces journaux ne pouvaient pas rivaliser
34:24avec ce qui se passait sur Internet.
34:32En 15 ans, la déferlante numérique a enseveli
34:35pas moins de 1800 journaux locaux aux États-Unis.
34:39C'est l'Amérique des villes moyennes
34:41et des campagnes qui est touchée de plein fouet.
34:45Une débâcle que les populistes exploitent
34:47pour tromper les citoyens.
35:00Bienvenue de retour dans le Tennessee Star Report.
35:03Ici Michael Patrick Lahey.
35:05Il est 6h17 en direct de nos studios
35:07à Nashville, Tennessee.
35:11Michael Patrick est un irréductible républicain.
35:16Il appartient à cette nébuleuse ultra-conservatrice
35:19qui veut informer l'Amérique des régions
35:22à sa manière.
35:24Une stratégie apparemment locale
35:26qui masque un objectif clairement national.
35:36Nous sommes en mission pour apporter la vérité
35:38d'un point de vue conservateur.
35:42En mission.
35:43Comme une mission patriotique, candidat.
35:53Sa mission ?
35:54Michael Patrick la pilote en fait d'Internet.
35:57Plus souterrainement.
35:59Il possède 5 sites d'information
36:01à l'apparence trompeuse.
36:03Aucune mention n'y indique son trumpisme militant.
36:06Et pour attirer des lecteurs,
36:08il fait passer ses sites pour d'authentiques médias locaux.
36:12Le Tennessee Star.
36:14Le Michigan Star.
36:16Le Virginia Star.
36:18Le Ohio Star.
36:20Et le Minnesota Sun.
36:25Mais étrangement, toutes les unes se ressemblent.
36:30Du Michigan Star au Minnesota Sun,
36:32les mêmes articles.
36:34Exemple dans cette édition d'octobre 2020.
36:38Donald Trump, encore président,
36:40occupe la une de tous les sites.
36:42Trump avec la première dame.
36:44Trump et les sondages.
36:46Trump et l'immigration.
36:49Les informations locales, elles,
36:51sont presque inexistantes.
36:54La supercherie va beaucoup plus loin.
36:58Jusqu'à publier des fausses nouvelles.
37:02Comme cette annonce surprenante
37:04en pleine pandémie du Covid.
37:07Le rapport du Centre de contrôle des maladies
37:09indique que les masques pourraient augmenter
37:11le risque d'infection au Covid
37:13ou à d'autres maladies respiratoires.
37:18Dans le rapport de cet organisme officiel,
37:20cette conclusion n'y apparaît jamais.
37:23Il rappelle même qu'il faut porter son masque.
37:31Sur les réseaux sociaux,
37:3360% de ceux qui partagent un article
37:35ne lisent que le titre.
37:37Mais pour Michael Patrick,
37:39peu importe que le titre soit faux,
37:41seul compte l'idéologie.
37:45Donc votre objection porte sur le titre.
37:47Oui.
37:49Eh bien non, ce titre était tout à fait correct.
37:53Mais votre titre dit exactement le contraire.
37:55Le rapport du CDC indique que les masques
37:57peuvent augmenter le risque d'infection
37:59par le Covid.
38:01Eh bien nous avons juste un point de vue différent sur ce sujet.
38:03Mais on ne peut pas avoir une opinion différente
38:05sur des faits.
38:07C'est l'interprétation des faits et du titre.
38:11Une tactique qui fonctionne très bien
38:13pour les propagateurs de désinformation,
38:15c'est la manipulation.
38:17Ils affirment que ce que vous voyez
38:19n'est pas la vérité
38:21ou qu'il pourrait y avoir deux vérités possibles
38:23dans une situation.
38:27La tactique est efficace
38:29et elle devient contagieuse.
38:31Dans le camp d'en face,
38:33certains sont tentés d'imiter leurs adversaires.
38:39Tara McGowan
38:41est une tacticienne démocrate
38:43et controversée,
38:45jusque dans son camp.
38:47Elle gère un budget de 100 millions de dollars
38:49récolté auprès
38:51d'influents donateurs.
38:53Avec cet argent,
38:55elle aussi a lancé son groupe d'information local
38:57pro-démocrate.
38:59Par exemple, dans l'Arizona
39:01ou le Michigan.
39:03Contrairement à Michael Patrick,
39:05les fact-checkers
39:07ici n'ont jamais trouvé de fake news.
39:09Mais comme lui,
39:11elle trompe les internautes
39:13avec ses articles partisans.
39:17Notre but n'est pas de fournir
39:19un point de vue équilibré.
39:21Nous sommes une organisation d'information de gauche.
39:23Nous ne pouvons pas compter
39:25sur les médias traditionnels
39:27et les médias partisans.
39:29Les médias partisans
39:31ne peuvent pas être
39:33qualifiés au-dessus des mensonges
39:35parce qu'ils sont dans une position défensive
39:37pour ne pas être traités
39:39de médias de gauche par la droite.
39:41Ils ont pour principe
39:43de donner la parole à chaque camp
39:45et ils élèvent le mensonge
39:47d'un républicain au même niveau
39:49qu'un fait énoncé par un démocrate.
39:51Je suis d'accord sur le fait
39:53que les médias partisans
39:55ne comprennent pas la méthode.
39:57Dans ce cas,
39:59ils perdraient la guerre de l'information.
40:01Je préfère gagner la guerre de l'information
40:03plutôt que gagner un concours de vertu.
40:05Le problème est
40:07qu'on vit dans deux réalités différentes.
40:09Donc, qu'est-ce qu'on va faire
40:11à un feu rouge
40:13si on n'est pas d'accord
40:15sur ce que signifie un feu rouge ?
40:17Si nous ne pouvons pas
40:19nous mettre d'accord sur les faits,
40:21il va être très difficile
40:23de construire un monde civilisé
40:25basé sur la compréhension mutuelle
40:27et la confiance.
40:29Dans un monde de post-vérité,
40:31les faits s'effacent
40:33devant les opinions.
40:35Aujourd'hui,
40:37l'Amérique tout entière
40:39étale ses divisions.
40:45J'avais des amis démocrates,
40:47mais je n'en ai plus maintenant.
40:49Scott McKenzie
40:51est devenu accro,
40:53à Trump, à Twitter,
40:55aux théories du complot charrié par Internet.
40:59Cette nouvelle vision du monde
41:01l'est isolée des siens.
41:03Je n'ai pas pu parler avec mes enfants
41:05depuis environ un an,
41:07peut-être un an et demi,
41:09à cause de la division,
41:11de la division idéologique entre nous.
41:19Ce qui dirige vraiment le monde actuel,
41:21c'est un culte satanique,
41:23un culte satanique très bien financé.
41:25Et Obama, Clinton, Bush
41:27et tous ces gens en font partie.
41:33Les quatre années de Trump,
41:35le Make America Great Again,
41:37faisaient partie d'un effort plus large
41:39appelé le Grand Réveil.
41:41Le Grand Réveil
41:43dénonce les réseaux pédophiles,
41:45le trafic d'êtres humains,
41:47la prise de contrôle communiste
41:49des États-Unis et d'autres nations.
42:09Le Grand Réveil,
42:11j'en ai entendu parler sur Twitter.
42:13Je passais beaucoup de temps sur Twitter,
42:15parfois dix heures par jour.
42:21Chacun dans sa bulle,
42:23chacun chez soi.
42:25Des millions de supporters de Trump
42:27attendent le Grand Réveil.
42:31Sur les réseaux sociaux,
42:33les théories du complot pullulent.
42:35Elles sont les matrices du populisme numérique.
42:45Un populisme
42:47qu'un jeune geek de 32 ans
42:49a contribué à faire naître.
42:59Christopher Wiley,
43:01un ingénieur du chaos malgré lui.
43:03C'est ce lanceur d'alerte
43:05qui est à l'origine du scandale mondial
43:07Cambridge Analytica,
43:09du nom de son employeur.
43:11Christopher Wiley a dévoilé
43:13comment le camp de Donald Trump
43:15a ciblé sur Internet
43:17des dizaines de millions d'Américains
43:19pour les radicaliser.
43:33Mon rôle était d'identifier
43:35les gens susceptibles de croire
43:37aux théories du complot
43:39et de les attirer
43:41dans des groupes Facebook.
43:49Imaginez,
43:51vous êtes un type quelconque
43:53quelque part aux Etats-Unis.
43:55Vous voyez une publicité
43:57ou un groupe recommandé
43:59et vous cliquez dessus.
44:01Vous avez des groupes
44:03avec des noms un peu ambigus,
44:05les Patriotes de Smith County.
44:07Et vous,
44:09vous vivez dans le comté de Smith.
44:11Tout semble naturel,
44:13tout semble le fruit du hasard.
44:17Mais en fait,
44:19vous avez été sélectionné pour ce groupe
44:21parce que votre profil de données
44:23suggère à l'algorithme de Cambridge Analytica
44:25que vous êtes probablement
44:27plus enclin à la pensée complotiste,
44:29vous êtes probablement névrosé.
44:33Il s'agissait de lancer,
44:35de provoquer la naissance
44:37d'un mouvement politique
44:39qui est devenu énorme aux Etats-Unis
44:41et qui a contribué à l'ascension
44:43de Donald Trump à la présidence.
44:59J'ai fait de mon mieux
45:01avec mes enfants
45:03pour leur ouvrir les yeux
45:05sur ce qui se passait vraiment.
45:07Je leur ai envoyé des vidéos,
45:09des articles de presse,
45:11je leur ai demandé de les lire,
45:13je leur fournissais ma propre analyse
45:15de la même manière que je le faisais sur Twitter.
45:17Et finalement,
45:19ils m'ont appelé et m'ont demandé
45:21d'arrêter de leur envoyer ces trucs.
45:25En gros, et c'est mon résumé,
45:27ils pensent que c'est moi
45:29qui ai subi un lavage de cerveau,
45:31je suis leur radical.
45:33Tant qu'ils n'auront pas ouvert les yeux,
45:35nous ne nous parlerons probablement pas beaucoup.
45:43Mais pour ce qui est
45:45de mon univers quotidien,
45:47j'ai ma communauté sur Twitter.
45:49Ce sont des gens qui sont idéologiquement
45:51d'accord avec moi.
45:53Et quand je communique avec eux,
45:55c'est presque comme si j'étais assis
45:57dans la même pièce.
46:01Aujourd'hui, comme Donald Trump,
46:03Scott n'est plus sur Twitter.
46:05La plateforme les a tous les deux bannis.
46:07Définitivement.
46:21Au Brésil, le clan Bolsonaro
46:23est toujours aussi actif sur les réseaux sociaux.
46:25Et les ingénieurs du chaos
46:27y perfectionnent une arme redoutable.
46:29Le vol de données numériques
46:31à grande échelle.
46:33C'est le travail des
46:35data miners, en français,
46:37les extracteurs de données.
46:39Ils pillent des informations privées
46:41sur Internet pour le compte
46:43d'hommes politiques peu scrupuleux.
46:45Ces pirates ont
46:47des clients jusqu'en Europe.
46:49De quoi fausser le jeu démocratique
46:51y compris chez nous.
46:55Dénoncer ces pratiques au Brésil,
46:57c'est le combat de Bruno Maia.
46:59Ce militant des droits
47:01de l'homme veut rassembler
47:03le plus d'informations possibles
47:05sur ces pirates.
47:07Au téléphone,
47:09il se fait passer pour un candidat
47:11à des élections locales
47:13qui voudrait envoyer anonymement
47:15de la propagande politique
47:17à des électeurs.
47:19A l'autre bout du fil,
47:21un extracteur de données.
47:23Bonjour.
47:25J'aimerais savoir s'il est possible
47:27de mener une opération d'influence
47:29dans la ville de Fortaleza,
47:31maintenant ?
47:33Parce que dimanche,
47:35on a besoin de quelque chose
47:37de très rapide.
47:39Il y a une élection.
47:41Vous ciblez tout Fortaleza,
47:43c'est ça ?
47:45Oui, ou du moins
47:47une bonne partie de la ville.
47:49Il faut que tu me dises
47:51quelle population tu veux cibler,
47:53si je veux, par exemple,
47:55cibler un quartier et les hommes
47:57de plus de 40 ans.
47:59Vous pouvez le faire ?
48:01OK, pas de problème.
48:05Vendre clé en main
48:07une base de données personnelles
48:09pour une élection,
48:11c'est totalement illégal.
48:13Il y a toujours eu
48:15des rumeurs lors des élections.
48:17Mais aujourd'hui,
48:19c'est devenu une usine.
48:21C'est comme s'il y avait
48:23une industrialisation des rumeurs,
48:25des mensonges.
48:27Ils se font de l'argent
48:29en affaiblissant la démocratie.
48:31Selon moi,
48:33ces gens sont dangereux.
48:41Nous avons voulu comprendre
48:43comment ces chasseurs de données
48:45semblent opérer en toute impunité.
48:47Pour les approcher,
48:49nous avons créé un faux parti politique,
48:51les Femmes pour la France,
48:53un parti de droite
48:55très conservateur
48:57et anti-avortement.
49:09Nous filmons en caméra cachée
49:11dans une agence
49:13qui a pignon sur rue.
49:15Nous prétendons vouloir cibler
49:17des électeurs français anti-avortement
49:19dans la région parisienne.
49:21Grâce à son logiciel,
49:23l'informaticien va pouvoir les repérer
49:25sur n'importe quel réseau social.
49:29Par exemple,
49:31je tape « avortement ».
49:33Je peux extraire
49:35le nom complet, le téléphone,
49:37l'email, la date de naissance.
49:43Là,
49:45vous pouvez voir qu'on est déjà
49:47à mille nouveaux posts
49:49qui ont utilisé le mot « avortement ».
49:51En quelques minutes,
49:53l'homme siphonne de son bureau brésilien
49:55les données numériques
49:57de tous les internautes français
49:59qui ont posté dans un périmètre donné
50:01le mot « avortement ».
50:03Des coordonnées GPS
50:05qui permettent de suivre à la trace
50:07le nom, l'email,
50:09le numéro de téléphone.
50:11Cette collecte d'informations
50:13viole toutes les règles
50:15de protection des données personnelles.
50:19Et on peut chercher
50:21avec des critères LGBT par exemple ?
50:25Oui, c'est très facile.
50:27Notre système marche mieux
50:29sur Facebook et Instagram
50:31parce que WhatsApp est encore très protégé.
50:33Instagram et Facebook nous mettent régulièrement
50:35des obstacles pour nous empêcher
50:37de faire ce qu'on fait.
50:39Le logiciel s'arrête de fonctionner
50:41on doit le réécrire,
50:43on s'adapte en permanence.
50:51Ils sont efficaces,
50:53ils ont réussi à récupérer
50:55un nombre de pages incroyable
50:57sans être détecté
50:59et tout ça va très vite.
51:01Et de l'autre côté,
51:03les réseaux sociaux Facebook, Instagram
51:05et les autres sont au courant
51:07qu'il y a des sociétés
51:09qui sont en train
51:11de s'enfuir.
51:13C'est difficile parce que
51:15c'est le jeu du chat et de la souris.
51:17Il y a une industrie derrière,
51:19il y a une industrie de la donnée.
51:21Vous pouvez nous garantir
51:23qu'après le paiement
51:25on ne se fera pas repérer ?
51:27Il n'y a pas de danger.
51:29Tout est fait depuis l'étranger,
51:31rien n'est fait localement.
51:33On recevra le paiement par Bitcoins,
51:35il n'y aura rien qui vous reliera à nous.
51:39Quelques heures plus tard,
51:41un autre consultant
51:43vient nous rendre visite.
51:45Lui aurait déjà travaillé
51:47pour des clients italiens
51:49et espagnols.
51:51Dans son catalogue de services,
51:53un outil redoutable.
51:55Son nom,
51:57l'IMC Catcher,
51:59une sorte d'antenne relais
52:01cachée dans un petit sac à dos.
52:03J'ai apporté une antenne.
52:05J'ai 80 antennes
52:07comme celle-ci
52:09dispersées dans l'état de São Paulo.
52:11Ça m'inquiétait
52:13d'en discuter par téléphone
52:15parce que c'est interdit ici.
52:17Mais je le fais quand même.
52:19Cette antenne est hors-la-loi
52:21au Brésil comme en Europe
52:23et pour cause.
52:25Elle est réservée aux services d'espionnage.
52:27Elle aspire autour d'elle
52:29tous les numéros de portable
52:31en toute discrétion.
52:33Si on pose ça à l'aéroport,
52:35on aura le numéro de portable
52:37de tous les gens
52:39qui font leur check-in
52:41enregistré ici.
52:43Je l'ai utilisé
52:45à l'aéroport de Malpensa.
52:47En une semaine,
52:49j'ai eu plus de 3 millions
52:51de numéros de téléphone.
52:53Vous pouvez être sûr
52:55qu'en 2022,
52:57tout le monde aura ça.
52:59C'est extrêmement inquiétant.
53:01Je connaissais Limsy Ketcher.
53:03Son utilisation dans un cadre politique,
53:05je ne connaissais absolument pas.
53:07C'est extrêmement dangereux
53:09parce que si demain,
53:11je prends une manifestation
53:13contre le droit à l'avortement,
53:15je me mets dans la foule
53:17en mode incognito
53:19avec un sac à dos
53:21et je récupère tous les téléphones
53:23qui sont autour de moi,
53:25je vais avoir des informations
53:27très particulières sur vous.
53:29Je sais que vous êtes
53:31contre le droit à l'avortement.
53:33Ensuite, je vais récupérer
53:35des données annexes
53:37et je vais pouvoir vous cibler
53:39et vous ficher
53:41de manière très précise.
53:43Je suis gay,
53:45donc je suis inquiet.
53:47Nous avons aujourd'hui au Brésil
53:49un gouvernement fédéral
53:51hostile à la cause LGBT.
53:55Si le bolsonarisme
53:57n'arrive pas encore,
53:59alors ils pourront tout simplement
54:01localiser les personnes LGBT
54:03et les persécuter.
54:09De l'incitation à la violence en ligne
54:11à la violence dans la vie réelle,
54:13Bruno sait bien qu'il n'y a qu'un pas.
54:216 janvier 2021.
54:23Les fanatiques de Trump
54:25annoncent un improbable coup de force
54:27à Washington, chauffé à blanc
54:29par l'ex-président.
54:31Les plateformes numériques
54:33incarnaient hier l'espoir de libérer les peuples.
54:35On les accuse aujourd'hui
54:37de faire le jeu des populistes.
54:41Bilan des émeutes.
54:435 morts.
54:45Un pays plus divisé que jamais.
54:49Et quelques jours plus tard,
54:51une décision inédite.
54:53L'une après l'autre,
54:55les plateformes bannissent
54:57le président des Etats-Unis.
54:59Twitter.
55:01Facebook.
55:03Youtube.
55:09Les parlementaires américains
55:11reprochent aux plateformes
55:13d'être elles-mêmes des agents du chaos.
55:15Sur le banc des accusés,
55:17les géants des réseaux sociaux
55:19et leurs présidents.
55:21Facebook.
55:23Sundar Pichai, Google.
55:25Et Jack Dorsey,
55:27Twitter.
55:31Je voudrais commencer par vous demander
55:33à tous les trois si votre plateforme
55:35porte une responsabilité dans la diffusion
55:37de la désinformation liée à l'élection
55:39qui a conduit à l'attaque du capital.
55:43Juste une réponse, oui ou non.
55:45Monsieur Zuckerberg ?
55:47Notre responsabilité,
55:49c'est de construire des systèmes
55:51qui peuvent aider...
55:53Monsieur Zuckerberg,
55:55je veux une réponse par oui ou par non.
55:57Avez-vous une part de responsabilité
55:59dans ce qu'il s'est passé ?
56:01Notre responsabilité,
56:03c'est de nous assurer que nous construisons
56:05des systèmes efficaces.
56:07OK, le monsieur ne veut pas répondre à la question.
56:09Monsieur Pichai, oui ou non ?
56:11Nous ressentons toujours
56:13une profonde responsabilité,
56:15et c'est l'un de nos efforts les plus importants.
56:17Est-ce que c'est oui ou non ?
56:19Monsieur le député, c'est une question compliquée.
56:21OK, continuons.
56:23Monsieur Dorsey ?
56:27Oui, mais vous devez prendre en compte
56:29un écosystème plus large,
56:31et pas seulement la technologie.
56:35Imaginez si vous aviez un autre secteur
56:37qui utilisait l'argument de la Silicon Valley.
56:39Oui, nos médicaments empoisonnent les gens,
56:41mais nous faisons notre possible.
56:43Oui, nos avions tombent du ciel,
56:45mais on fait ce qu'on peut.
56:47On n'accepterait jamais ça
56:49de la part de n'importe quel autre secteur.
56:51Et donc ma question est,
56:53pourquoi devraient-ils gagner de l'argent
56:55s'ils n'ont pas prouvé
56:57que leurs algorithmes sont sûrs ?
56:59Nous n'avons jamais décidé
57:01si c'est de ce système d'information
57:03dont nous voulons vraiment.
57:05Un système où les faits n'ont plus d'importance,
57:07où ce sont les voix les plus fortes qui gagnent,
57:09où nous pouvons être poussés
57:11de plus en plus loin
57:13dans nos propres bulles d'informations.
57:15Et je ne dis pas que c'est ce qui arrive
57:17à chaque personne sur les réseaux sociaux.
57:19Ce n'est pas ce que je dis,
57:21mais il n'est pas nécessaire
57:23que ça arrive à tout le monde.
57:25Les réseaux sociaux ont mis suffisamment
57:27de personnes dans cette situation
57:29pour que cela nous affecte tous.
57:33Maintenant que Twitter a suspendu mon compte,
57:35c'est vrai que je me sens un peu isolé.
57:41Je ne pense pas que ça va durer encore longtemps,
57:43parce que maintenant que Trump
57:45est dans le privé,
57:47il va créer un empire de médias
57:49qui diront la vérité,
57:51qui seront libres.
57:53Et alors,
57:55je pense qu'il n'y aura rien
57:57ni personne qui pourra arrêter
57:59l'unité du monde
58:01et le grand réveil du monde,
58:03parce que c'est un grand,
58:05grand réveil mondial.
58:11C'est un réveil mondial.
58:41C'est un réveil mondial.
58:43C'est un réveil mondial.
58:45C'est un réveil mondial.
58:47C'est un réveil mondial.
58:49C'est un réveil mondial.
58:51C'est un réveil mondial.
58:53C'est un réveil mondial.
58:55C'est un réveil mondial.
58:57C'est un réveil mondial.

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