"Ça aurait pu être moi" : les chauffeurs VTC marseillais ont tous la peur comme passager

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Depuis une semaine, le décès de leur collègue, Nessim Ramdane, secoue la profession. Une manifestation est organisée ce vendredi 11 octobre dès midi devant l’hôtel de ville de Marseille.
"Ça aurait pu être moi. Ça me touche vraiment car je me suis retrouvé dans cette situation", confie Mourad (*), livreur le jour, chauffeur VTC la nuit, à Marseille. Et de se souvenir : "Un soir, j’ai récupéré deux jeunes pour les conduire dans un lieu mal fréquenté : à l’arrivée, ils m’ont demandé d’attendre, j’ai compris et n’ai rien dit. L’un est resté dans la voiture, l’autre est sorti avant de remonter. Depuis, j’évite les quartiers Nord. Le problème, c’est qu’on ne sait pas qui on transporte et ce genre d’épisode n’est plus rare. J’ai un ami qui s’est fait carrément tirer dessus. Mes proches me disent d’arrêter, mais c’est un métier que j’aime et qui m’apporte un complément de revenus. Alors, je vais prendre plus de précautions et installer une caméra embarquée dans mon véhicule."

L’ami de Mourad, c’est Hamza. Un autre conducteur de VTC sans lien, lui aussi, avec le trafic de drogue, blessé en janvier 2023 de deux tirs de kalachnikov après avoir déposé des clients aux Aygalades (15e).

Vendredi 4 octobre, Nessim Ramdane, lui, n’a pas survécu à la guerre des gangs. Le chauffeur VTC de 37 ans et père de famille sans histoire a été tué au volant de sa voiture par un adolescent. Ce dernier était venu de Nîmes pour "exécuter un contrat".

La cible, ce n’était donc pas le conducteur. En attendant, Nessim Ramdane n’est plus là. Son nom s’ajoute à la trop longue liste des victimes collatérales du narcobanditisme.

"C’est un drame et une épreuve pour nous aussi. L’ensemble des professionnels travaillent avec la peur, la boule au ventre. Cela fait des années que nous alertons les autorités. Là, une personne a perdu la vie, il est temps de tirer la sonnette d’alarme !, lance Nicolas Pascal, président de l’association VTC Paca, qui va entrer en contact avec la famille de Nessim Ramdane (des cagnottes de soutien ont déjà été ouvertes). Mais l’État se range toujours du côté des applications car elles participent à la baisse du chômage dans ces quartiers difficiles. Et nous ? On nous laisse à la dérive."

"Un dysfonctionnement"
L’autorité des relations sociales des plateformes d’emploi, créée en 2021 sous la tutelle des ministères du Travail et des Transports, est supposée réguler le dialogue social entre les travailleurs et les plateformes. Or, des failles remontées depuis trois ans demeurent. Comme la possibilité d’ouvrir un compte sans authentification et même commander une course avec un seul profil Facebook. Nicolas Pascal appelle alors à des mesures strictes et dénonce un laxisme des leaders du marché (Uber, Bolt, Heetch).

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