Luc Abratkiewicz, avocat de pompiers victimes de l'incendie de Gabian

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C'est une décision qui était très attendue par plusieurs victimes de l'incendie de Gabian. Après 8 ans d'enquête, cinq pompiers, dont l’ancien patron des pompiers de l'Hérault, seront jugés pour des dysfonctionnements de matériel et de commandement.

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Transcription
00:00Le héros Guillaume Rouland est l'avocat des pompiers victimes de l'incendie de Gabian.
00:04Bonjour Maître Lucas Brackevitch, merci d'être venu nous rejoindre ce matin au lendemain de cette annonce.
00:10Le procès pour l'incendie de Gabian aura bien lieu, on ne sait pas encore quand,
00:16mais il a fallu attendre huit ans avant enfin d'apprendre cette décision judiciaire.
00:22Effectivement, c'est une décision importante puisque le juge d'instruction a rendu une ordonnance
00:28estimant qu'il y avait des charges suffisantes pour renvoyer cinq officiers du SDIS devant la justice
00:34pour s'expliquer sur les faits et l'accident du mois d'août 2016.
00:40Ça a été très long quand même, j'imagine que pour vos clients, victimes, survivantes ou pas d'ailleurs,
00:45de ce terrible incendie, ça a été long, huit ans quand même, très très long.
00:48C'est un parcours judiciaire qui est long, qui est douloureux, mais c'était nécessaire.
00:52C'est un dossier extrêmement technique, la procédure est très volumineuse,
00:57la stratégie de défense est de dire qu'il n'y a pas eu de fautes et il fallait que la justice investigue longuement.
01:06On a des auditions de témoins, on a des rapports d'expertise,
01:11on a aussi des analyses de SDIS, de l'héros d'Occitanie qui sont venus s'expliquer.
01:18On a beaucoup d'éléments aujourd'hui qui permettent d'appuyer cette ordonnance, de la motiver.
01:24Parce que s'il y a procès, il faut qu'il y ait matière, sinon ce serait une étape encore plus douloureuse.
01:30– Cinq officiers sont donc renvoyés devant le tribunal judiciaire de Béziers
01:34pour homicide involontaire et blessure involontaire, ce qui n'est pas rien.
01:39On rappelle rapidement les faits, effectivement lors de cet incendie,
01:43un équipage de quatre sapeurs-pompiers, dont Jérémy Baillère qui a perdu la vie,
01:48se retrouve prisonnier des flammes et là il y a un certain nombre de choses qui ne fonctionnent pas,
01:52qui auraient pu leur éviter, soit d'y laisser la vie, soit d'être brièvement brûlés, ce qui est le cas pour trois autres.
02:00– Le débat il porte sur des dysfonctionnements importants.
02:04– On rappelle rapidement lesquels ?
02:06– Oui, le juge d'instruction les énonce dans son ordonnance,
02:09c'est des dysfonctionnements au niveau du CCF, du camion,
02:15le système d'autoprotection qui permettait effectivement d'utiliser de l'eau
02:20pour éviter la chaleur et les flammes ne fonctionnaient pas,
02:23les joints n'étaient pas étanches donc les fumées pouvaient rentrer,
02:30les planchers des camions étaient tellement rouillés que la fumée pouvait rentrer
02:35et donc les camions ne fonctionnaient pas.
02:38– C'est un camion qui à la limite n'aurait jamais dû se retrouver là ?
02:40– Tout à fait, puisque ce sont des camions qui n'étaient pas aux normes,
02:44les camions étaient de 1995, ils n'étaient pas normés,
02:47c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas de double système d'autoprotection
02:51et surtout il n'y avait pas de système d'air respirable pour éviter ces fumées qui sont toxiques.
02:58Force est de constater, c'est simple, il y avait quatre camions,
03:03deux CCF nouvelle génération et deux CCF, les trois et les quatre d'ancienne génération.
03:09Les gens qui étaient dans les camions nouvelle génération sont restés à l'intérieur
03:14et l'incendie a pu passer sans dégâts.
03:17Heureusement pour le CCF 4, ils ont pu se réfugier dans les camions nouvelle génération,
03:23malheureusement pour les autres, ils ont dû sortir précipitamment du camion.
03:29– Ils ont fui, oui.
03:29– Ah, ils ont fui dans les flammes, et certains avec moins de chance,
03:32notamment Jérémy Bayer.
03:34– Oui, qui a donc laissé la vie.
03:36Lucas Canoël, qui fait partie des trois pompiers brillamment brûlés,
03:40est souvent venu à ce micro, vous êtes aussi son avocat,
03:43alors comment est la maman de Jérémy Bayer
03:47et Lucas Canoël et les autres victimes prennent cette décision aujourd'hui ?
03:51Avec une forme de soulagement malgré tout quand même, non ?
03:56– Ils s'estiment qu'ils ont été victimes d'un mépris terrible.
04:02Déjà ils n'ont jamais été indemnisés…
04:03– De la part de qui ?
04:04– De la part du SDIS.
04:05Ils n'ont jamais été indemnisés.
04:06– SDIS, Service Départemental d'Incendie et de Secours.
04:10– Spontanément le SDIS aurait pu les indemniser, ils ne l'ont jamais fait.
04:14On a fait une procédure qui vient de se terminer devant le tribunal administratif
04:17où le SDIS a été condamné à indemniser les préjudices.
04:21Il a fallu une procédure, on aurait pu l'éviter.
04:24Et puis surtout, je pense que ce sera le procès de la vérité
04:27mais aussi le procès de la honte car si les familles ont déposé plainte,
04:32c'est que quelques jours après l'accident,
04:35alors que Jérémy Bayer et les autres étaient luttés pour leur survie,
04:40on a osé faire un communiqué de presse indiquant que la responsabilité pesait
04:45sur Jérémy Bayer parce qu'il avait commis une faute dans la conduite du camion
04:50et on a estimé que, après avoir présenté les condoléances,
04:54que s'ils étaient restés dans le camion, personne n'aurait été blessé.
04:59Aujourd'hui, huit ans après, l'instruction est accablante.
05:03S'ils étaient restés dans le camion, nous aurions quatre morts.
05:06– On ne connaît pas la date du procès,
05:08on peut raisonnablement imaginer une audience pour courant 2025,
05:12sur à peu près les délais ?
05:13– Je sais que le tribunal judiciaire de Béziers est en train d'organiser l'audience
05:18qui devrait se dérouler sur trois ou quatre jours dans le cours de l'année.
05:21– Merci Maître Luc Abraki, d'être venu ce matin à notre micro.
05:24Bonne journée à vous. – Merci.

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