Amélie Nothomb : “Quand je publie un livre, j’ai l’impression de remettre mon titre en jeu.” - Clique - CANAL+

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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours pour les abonnés, en deuxième partie de soirée sur CANAL+

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Transcription
00:00Depuis 1992, vous publiez un roman par an,
00:02plus de 20 millions de livres vendus,
00:04traduits dans une quarantaine de pays,
00:05certains adaptés au cinéma.
00:07Vous avez reçu de nombreux prix,
00:09dont le prix de l'Académie française et le prix Renaudot.
00:12Et vous dites que depuis 1992, à la sortie de chaque livre,
00:14vous avez de l'appréhension.
00:16Est-ce que finalement, ce n'est pas ça, l'impossible retour ?
00:18Parce que moi, j'ai l'impression que chaque livre est un retour,
00:21un retour à l'état originel de publier un livre, de stresser,
00:25de ne pas savoir ce qu'on va dire, comment il va être reçu, perçu.
00:28Je n'y avais pas pensé, mais c'est très ingénieux.
00:30D'ailleurs, c'est exactement la vérité,
00:33puisque à chaque fois que je publie un livre,
00:35j'ai l'impression de remettre mon titre en jeu.
00:38L'expression est peut-être un peu énorme,
00:39mais c'est comme ça que je le vis.
00:41Mais vous avez une face...
00:42C'est intéressant, cette expression, remettre votre titre en jeu,
00:45parce que moi, il y a un groupe de musique que j'adore,
00:48qui s'appelle Arsonic, qui dit que je boxe avec les mots.
00:51J'ai l'impression que c'est ce que vous faites.
00:53Vous parlez comme une boxeuse, vous boxez avec la littérature.
00:56Il y a certainement une violence,
00:58parce que quand j'écris,
01:01je sens une pulsion de mots très fortes,
01:04et je ne dois pas me laisser faire.
01:05À la fois, je dois accepter cette pulsion,
01:07parce que c'est quand même de là que ça vient,
01:09mais je dois faire entendre mon son parmi ces mots.
01:11Donc, il y a en effet un choix violent
01:13qui peut en effet s'apparenter à la boxe.
01:16Est-ce que cette violence, elle nous quitte ou elle vous poursuit tout le temps ?
01:20Elle ne me quitte certainement pas.
01:22En tout cas, à supposer qu'elle me quitte, elle revient chaque matin.
01:25Donc, chaque matin, je dois remonter sur le ring.
01:28Elle est comment ? Comme une voix dans votre tête ?
01:31Comme un démon ?
01:34C'est...
01:36Comment vous dire ?
01:37Chaque matin, je me réveille avec vraiment l'obligation
01:40d'aller me mettre face à un mur et de casser ce mur.
01:44Et chaque fois que je suis face à ce mur,
01:46je me dis, mais comment je vais faire ?
01:48Je ne suis pas Karateka.
01:50Eh bien, je me dis, tu t'en fous, tu casses le mur.
01:53Et je casse le mur chaque matin.
01:55Et je casse le mur chaque matin.
01:57Et je casse le mur chaque matin.
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