• il y a 2 mois
Cette vidéo rend hommage à Michel Blanc, l'un des acteurs les plus appréciés du cinéma français, à travers les souvenirs et les réflexions de Gérard Jugnot. En évoquant leur amitié, leurs collaborations et les moments marquants de leur carrière, Jugnot partage des anecdotes touchantes et révèle l'impact que Michel Blanc a eu sur le paysage cinématographique et sur ceux qui l'ont côtoyé. Ce témoignage émouvant souligne non seulement le talent de Blanc, mais aussi l'héritage qu'il laisse derrière lui dans le cœur de ses amis et du public.
Transcription
00:00En plus c'était un coup de massueux, c'est un truc très soudain, je crois qu'il a fait
00:04une énorme allergie à un médicament, c'était vraiment, tout allait bien et là on s'était
00:11vu il n'y a pas longtemps pour la couverture de match, on avait ri comme des cons, comme
00:16d'habitude.
00:17Et à chaque fois qu'on se retrouvait, on ne se voyait pas souvent, mais quand on se
00:20retrouvait on reprenait l'histoire, là on l'avait laissé avec beaucoup de drôleries,
00:25de dérisons sur nous, et ben voilà, c'est la gamme iceberg qui a heurté le bateau.
00:32Décès extrêmement soudain, vous savez ce qu'il s'est passé Gérard Junot ?
00:36Je crois qu'on m'a dit qu'il a fait une énorme allergie, un choc anaphylactique sur
00:43un médicament, enfin je ne sais pas, mais je sais qu'ils ont essayé de le ranimer,
00:49enfin ça a été terrible pour toute la journée d'hier, mais il est parti.
00:55Gérard Junot, quels souvenirs vous reviennent, vous sont revenus quand vous avez appris cette
00:59nouvelle, c'est tellement brutal, c'est tellement une partie de nos vies et on imagine
01:02encore plus de la vôtre qui s'en va.
01:04Bah oui, ce qui est fou c'est, non on vient de terminer, en plus c'est dingue, on vient
01:11de terminer un bouquin à l'initiative des Outils Islamiques au profit de la recherche
01:15médicale, ça ne s'invente pas, où on a pris toutes nos photos personnelles et chacun
01:21a écrit des textes sur notre aventure, sur nos films, enfin sur cette aventure qui nous
01:26même nous affole et nous sidère, c'est tellement étonnant tout ce qui nous est arrivé,
01:33tellement imprévu, et donc dans ce bouquin, chacun a parlé de son point de vue, moi j'avais
01:43déjà fait ça de mon côté, mais là tout le monde l'a fait, et Michel parmi d'autres,
01:47c'est assez touchant je crois, on pensait le fêter avec joie ce petit bouquin, et malheureusement
01:54ça ne sera pas le cas, mais il restera ça, et il était toujours fidèle à lui-même,
02:01c'est terriblement angoissé avec ce sens du dialogue hallucinant de cette politesse
02:06du désespoir comme on dit, mais il avait, c'était le Woody Allen français.
02:10Il l'avait aussi dans la vie, dans le quotidien ça, c'était pas seulement un vieux docteur ?
02:14Non, il avait un sens du dialogue absolument génial, c'est ça qui a fait la force du groupe,
02:22c'est qu'on était très différents avec chacun des qualités différentes qui se sont accumulées,
02:27on était un groupe d'individualistes collectifs, c'était assez unique, moi je l'ai rencontré en
02:34quatrième pendant la cour d'allemand, on ne s'est plus lâché. Vous étiez en cours ensemble ?
02:41Ouais, et le prof qui nous a vu chahuter nous a dit « je vous sépare, je ne veux plus vous voir ensemble ».
02:45Et c'était quel type de gamin en quatrième ?
02:49Je crois qu'il était comme moi, comme Christian, on était des vieux cons déjà,
02:56la jeunesse nous est venue sur le tard, comme Michel il faisait du cheval, il avait beaucoup
03:03un grand plaisir pour le chic anglais, il s'habillait comme ça, il faisait beaucoup de piano,
03:10il voulait faire de la musique, et puis quand il a vu qu'il n'arrivait pas le niveau pour être un
03:13grand concertiste, il a bifurqué vers le théâtre et vers la littérature, mais en fait c'est grâce
03:23à Michel que j'ai fait du théâtre au cours, parce qu'il était dans un club théâtre du
03:30lycée Pasteur, et je me souviens d'un cours où le prof de français lui a dit « écoutez,
03:34monsieur l'artiste va pouvoir s'en aller pour répéter », et moi j'étais vert qu'il puisse se barrer,
03:39et donc je me suis inscrit dans ce club, et puis on a fait cette route-là, mais bon,
03:47moi je faisais des films en 8mm dans lesquels il jouait d'ailleurs.
03:49Donc c'est un peu grâce à Michel Blancs qu'il y en a eu, Gérard Junior aussi, c'est ce que vous nous dites.
03:53Comme acteur en tout cas.
03:54Stéphane Boutsa qui est avec nous, Gérard Junior.
03:57Gérard, de quelle manière est-ce que vous aviez vu l'évolution aussi d'auteur, d'acteur et même
04:03de metteur en scène de Michel Blancs, parce qu'il y a cette épopée du splendide qui continuera de
04:07nous ravir pendant des années, mais à un moment, on parlait tout à l'heure de « Tenue de soirée »,
04:12il y a eu une sorte de virage, il a accepté d'aller aussi dans un autre univers ?
04:16Je pense que surtout il avait accepté de faire le clown, c'était quelque chose qui lui pesait plus
04:22que la seconde partie de sa vie. Il a toujours adoré la comédie, mais il souffrait parfois de
04:29l'image de Jean-Claude Dusque, je veux dire, qui lui collait au basque. Mais ce qui était beau,
04:38c'est qu'à la fois ça lui posait un souci d'image, mais en même temps il acceptait quand même,
04:44et il assumait d'être le clown qu'il était aussi.
04:49D'autant que les Français l'adoraient ce Jean-Claude Dusque, enfin, l'adorent toujours d'ailleurs.
04:53Oui, oui, mais ce n'est pas forcément ça qui l'épanouissait le plus. Il l'osait, il l'osait
04:59vachement bien et il adorait ça, mais il était plus heureux quand il pouvait faire « Tenue de
05:04soirée » ou des films plus, comme « Mon Satie », des films plus, comment dire, je n'aime pas le
05:11mot, ambitieux, parce qu'il a de l'ambition dans la comédie, mais disons plus, où le masque tombait
05:17un peu plus. Le problème de la comédie, c'est que c'est un masque, donc il aimait bien le faire
05:23tomber, comme tous, d'ailleurs on l'a tous fait un peu tomber par moment.
05:26Florian Gazan.
05:28Salut Gérard, c'est Florian. Il disait d'ailleurs, Michel, qu'il avait accepté de faire « Les
05:32Bronzés 3 » parce qu'il s'était passé beaucoup de temps, plus de dix ans, et qu'il avait prouvé
05:36qu'il était capable de faire autre chose et d'avoir du faire autrement quand Jean-Claude Dusque,
05:40il y avait « Tenue de soirée », etc., c'était pour ça qu'il avait accepté de revenir avec vous.
05:44Oui, c'est très bizarre, on a fait ce bouquin-là, et il en parlait, c'est vrai qu'il n'a pas aimé
05:53« Les Bronzés 3 » depuis quatre ans, mais en même temps il l'a fait, il l'a fait génialement,
05:58parce que c'était un personnage de clown hallucinant, et il l'a fait par amitié,
06:04ou parce que comme si jamais on proposait de leur faire un film avec des caractères,
06:10c'est évident, mais il n'a jamais, franchement, à aucun moment, il a toujours aimé faire autre
06:31chose, faire à la fois le clown et à la fois des choses plus sérieuses, plus proches de ses
06:37inquiétudes et de sa vie, et il a fait des trucs formidables, mais surtout il avait un sens du
06:45dialogue absolument génial, et dans la vie aussi, il était extrêmement drôle, même s'il était un
06:52peu parfois tourmenté, même très tourmenté. Stéphane Boutsac ? Oui, Gérard, à chaque fois
06:57qu'on vous croise, vous, les membres du Splendide, on vous pose la question, est-ce qu'il y avait
07:00quand même chez vous, ça sera compliqué évidemment maintenant, mais cette envie quand même de vous
07:05retrouver, peut-être pas pour les bronzer d'ailleurs, mais pour un film où l'esprit
07:08d'équipe Splendide aurait été là, ou serait là ? Oui, peut-être, mais je ne sais pas si Michel serait
07:14reparti lui, justement, il a toujours été un petit peu, c'est ce que je dis, on est des individualistes
07:21qui ont fait du collectif, on l'a dit nous, et tout le monde a eu au moment besoin, des envies,
07:26de dire ça, et c'est ça d'ailleurs qui nous épatent les premiers, qu'après quelques succès en
07:32groupe, on a réussi à faire chacun des jolies carrières, très différentes, et oui, c'est sûr
07:40qu'il y a cette, je veux dire, quand on s'est retrouvé pour cette couverture, c'était un délire de
07:47connerie, de dérision, et ça, il y en a un qui va manquer à la pelle. Evidemment, si vous deviez
07:55revoir un film, par lequel vous commenceriez, Gérard Jugnot ? C'est très bizarre qu'on voit assez peu
08:02de nos films, avec Michel, je sais qu'il aimait beaucoup Marche à l'ombre, non, oui, c'était Marche à l'ombre.
08:15Son premier film en tant que réalisateur ? Moi, je l'avais vu dans l'Exercice du pouvoir, il était
08:21absolument incroyable, comme beaucoup d'acteurs de comédie, il savait très bien jouer aussi des
08:26choses sérieuses, avec beaucoup de profondeur et sens du drame. Et là, j'ai revu aussi dans
08:35ses derniers films, les petites victoires, il était vachement bien, et il a fait tellement de choses, il était bien à chaque fois.
08:44Merci, merci Gérard Jugnot d'avoir accepté de réagir à la disparition de Michel Blanc. Je vais vous donner un tweet d'Étienne Dorcé,
08:52qui est un conte parodique de Jean Rochefort. Michel Blanc a enfin conclu, pour notre plus grande tristesse.

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