[#Exclusif]le Dr. Greddy Koumba nous parle de la caravane médicale menée auprès des pygmées

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[#Exclusif]le Dr. Greddy Koumba nous parle de la caravane médicale menée auprès des pygmées

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00:00Je suis Docteur Grédy Combat, médecin-algologue, directeur national de la Fondation Horema Guilléoui, en français, le cœur sur la main.
00:12Déjà, il faut noter que ma présence dans vos locaux, c'est en quelque sorte, pas
00:26de la vulgarisation, mais comme une espèce de rapport d'activité que nous avons eu
00:33amené lors de la caravane Monongou 2024.
00:37La caravane Monongou 2024 est une initiative, comme on l'a dit, d'une idée originale
00:43de la Fondation Horema Guilléoui, suite à une inspection menée par ma volonté, du
00:51côté du village Monongou, et pendant cette mission d'inspection, qui au départ était
00:59beaucoup plus touristique, nous avons été confrontés à une réalité qui malheureusement
01:06ne nous a pas laissés insensibles, donc celle du contact direct avec les populations
01:13autochtones qui aimaient les pygmées, tout de suite, nous avons mis en place le projet
01:20portant création sur une caravane humanitaire en faveur des populations pygmées.
01:25Quelques mois plus tard, précisément le 14 août 2024, nous nous sommes rendus sur
01:31les dieux, nous avons séjourné du 14 août au 22 août 2024.
01:37Alors déjà, comme je le disais, la caravane s'est déroulée du 14 août au 22, nous avons
01:45terminé le 22 août au petit matin.
01:47Alors en termes d'organisation, il faut avouer que ça n'a pas été une chose facile, mais
01:56avec le concours de très bonne volonté, nous avons pu rendre ce qui était jusque-là
02:01un rêve, le rendre en réalité.
02:06Il fallait réunir déjà tout ce qui est ressources humaines, notamment médecins,
02:12nous étions trois médecins, deux interprètes, deux chargés des affaires sociales, je crois
02:21le reste, trois volontaires, parce qu'ils étaient un peu les hommes de toutes les tâches.
02:28Alors tout ce monde, il fallait organiser ça pendant toute la période que nous avons
02:34passé en zone forestière, il fallait gérer ça au quotidien.
02:38Les médicaments, idem parce qu'il y a des conditions qu'il faut pour gérer les médicaments,
02:45tout ça, il fallait acclimater tout ça, le conformer à la réalité qui nous attendait
02:52sur place en territoire pygmé.
02:55Bref, je bénis Dieu parce qu'aujourd'hui tout s'est bien passé, nous avons pu consulter
03:00démographiquement 185 personnes, 185 ordonnances, grands, adultes, hommes, femmes et enfants,
03:13185 ordonnances délivrées, mais qui derrière chaque ordonnance, c'était des médicaments
03:19tout de suite qui étaient distribués en fonction des ordonnances qui étaient données.
03:26Nous avons rencontré quatre cas compliqués, sur les quatre cas compliqués, nous avons
03:30pu résolver un seul, c'est le papa qui s'était fait mordre par la vipère, par une vipère
03:38pendant notre séjour, il s'est fait mordre deux jours après notre arrivée, en allant
03:44à ses travaux champêtres, il a marché sur une vipère qui l'a mordu, ils l'ont transporté
03:49jusqu'au village et de là, nous n'avions pas de choix que de nous rendre à la ville
03:54la plus proche.
03:55Malheureusement, la ville la plus proche n'est pas Mouila, Mouila qui est le chef-lieu de
04:00la province de Langounier, la ville la plus proche c'est Koulamoutou, oui, Koulamoutou
04:06la ville la plus proche, on rentre dans une autre province, or le village Mounungu appartient
04:12à la province de Langounier, donc nous nous sommes rendus à Koulamoutou, où avec la
04:18grâce divine, nous avons pu obtenir le sérum, mais vraiment à un coût très élevé, voilà,
04:26nous avons pu sauver ce monsieur.
04:27Les trois autres cas, ce sont des cas de dernier, de lombalgie chronique, qui malheureusement
04:33à cause de la réalité qui nous accablait, nous ne pouvons rien faire, parce qu'il faut
04:38avouer qu'en l'absence de certaines pièces administratives, nous ne pouvons même pas
04:44engager une procédure d'évacuation pour ces cas-là, parce que ce sont des personnes,
04:51pour la majorité, ce sont des personnes apatrides.
04:53Alors là, alors là, s'il faut parler des conditions d'accessibilité, on risque de
05:00faire tout un documentaire, hein, c'est tout un documentaire, les conditions sont
05:04très difficiles, il faut être armé de courage, avoir un bon véhicule, mais surtout le courage,
05:11et se donner la détermination d'y arriver, parce que si vous n'avez pas de détermination,
05:16je vous assure, vous n'arrivez pas, parce que la preuve dans le groupe, dans l'équipe,
05:19beaucoup étaient découragés et m'ont complètement, m'avaient presque convaincu de tout stopper
05:24et de faire des mitours, au risque de nous retrouver dans un ravin, ou encore de nous
05:31retrouver avec les véhicules plantés.
05:32Pour le médecin que je suis, et le responsable d'une fondation, je suis sorti de là avec
05:38une grosse amertume, le sentiment d'un goût d'inachevé, parce que je trouve là des compatriotes
05:43qui sont, ma foi, permettez-moi l'expression, abandonnés à eux-mêmes, sans véritable
05:51accompagnement.
05:52Tenez, je vous donne un détail important, quand j'arrive, on me fait comprendre qu'avant
05:55ma première arrivée, ils venaient de passer deux ans sans voir un seul véhicule.
06:00Deux ans sans voir un seul véhicule.
06:03Et cela fait aujourd'hui trois ans que tous les enfants dans ce village, ceux qui sont
06:10courageux pour avoir accès à l'école, ils sont obligés de parcourir 7 kilomètres,
06:14aller au village Mukandi, les enfants y vont tous les lundis, au village Mukandi, mais
06:20ne reviennent pas.
06:21Ils y restent jusqu'à vendredi.
06:24Donc ils dorment dans les salles de classe ou encore dans des familles d'accueil, parce
06:28qu'il faut avouer, les Pygmées, les Massangos, les Michogos sont des peuples très solidaires.
06:35Donc les enfants restent toute la semaine, ce ne sont pas leurs parents, ils restent
06:41là-bas pendant toute la semaine, et en fin de semaine, le vendredi après les cours,
06:45ils regagnent à pied, des petits-enfants, ils regagnent à pied le village de leur famille
06:51biologique.
06:52Ils ont une très belle école, mais quel agent de l'État accepterait d'aller travailler
06:58dans des conditions pareilles ? Pas d'eau, pas d'électricité, pas d'accessibilité.
07:02Vous savez, la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a.
07:05Je suis médecin, sentiment d'inachevé parce que pour le médecin que je suis, je trouve
07:10inacceptable et incompréhensif de savoir qu'en plein 2024, quelqu'un peut mourir
07:15d'une hernie inguinale, une hernie de laine, une crise de paludisme, ou encore l'agale.
07:20N'ayant pas de médicaments assez sur place, beaucoup sont restés sans soins, notamment
07:25pour les cas de dermatite, donc les problèmes de dermatologie, les petites blessures liées
07:31aux travaux champêtres qu'on n'a pas pu régler pour tout le monde parce qu'il nous
07:35manquait des éléments d'asepsie tels que d'aquin, bétadine, on n'en avait pas en
07:40grande quantité.
07:41Donc, comprenez un peu ma position, ce sont des éléments tellement accessibles mais
07:47que malheureusement, lors de cette caravane, nous avons été dans l'incapacité totale
07:53de satisfaire tout le monde.
07:55Je me dis, il faut tout de suite repartir en fait.
07:57Comme je l'ai dit, mon mot de fin c'est celui-là, c'est juste qu'on me permette,
08:02qu'on me donne la possibilité de repartir, terminer ce que j'ai commencé, celui de soigner
08:09et de prendre soin sur le plan médical, toutes ces personnes que nous avons consultées mais
08:13que malheureusement, nous n'avons pas pu apporter des médicaments nécessaires parce
08:18que nos stocks étaient complètement vidés.
08:22Merci.

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