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"Puisqu’on est toutes des tanas, moi je m’en vais à Tanaland"
Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi la tendance, Tanaland est un monde safe, fait de sororité et d’empowerment féminin créé par les femmes, pour les femmes.

Melissa Amneris, créatrice de contenu et animatrice du podcast DEEP, souligne l’importance de cette trend pour lutter contre le harcèlement, en se réappropriant des termes oppressifs pour en faire des symboles de force et d’unité.
Transcription
00:00La traîne Tana Land a été lancée par Hadja, on l'a un peu oubliée, ça a un peu été repris par
00:11Polska, Too Much Lucille et il y a certaines personnes qui ont dit que c'était pas très
00:13bien surtout pour la cause anti-raciste. Mais le terme Tana Land il est apparu avec cette vidéo
00:17là où elle dit en fait, puisqu'on est toutes des Tana, moi je m'en vais à Tana Land de façon
00:20très humoristique. Elle exprime le ras-le-bol des femmes face à ça. Le Tana Land du coup c'est
00:25un monde tout rose, un peu à l'image de Barbie Land où il n'y a que des femmes, on peut être qui
00:29on veut, on peut faire ce qu'on veut et surtout il n'y a pas d'hommes pour nous harceler, nous
00:33cyber harceler ou nous maltraiter et on n'est qu'entre nous en sororité. Pour autant je pense
00:36que c'est une action-réaction un peu extrême face à des comportements qui le sont aussi. On n'aura
00:41jamais un monde sans hommes, il faut surtout prendre ça de plus haut, c'est sociologique et
00:44c'est juste dire c'est un ras-le-bol. Alors je pense que ce mouvement il est considéré comme
00:47féministe parce que ça fait depuis très longtemps finalement que les militantes féministes se
00:52réapproprient des termes. En fait c'est un ras-le-bol qui se manifeste avec le fait de tout
00:55le temps être qualifié de PITE, de prostituée et en fait quoi qu'il arrive, quoi qu'on fasse,
01:00qui qu'on soit, on sera des putes aux yeux des hommes donc autant l'être à notre façon et se
01:04réapproprier. Moi ça me fait penser vachement aux manifestes des 343 salopes, c'est Charlie Hebdo
01:09qui a commencé à l'appeler comme ça mais finalement c'est rentré en fait dans l'histoire
01:13parce que c'est des femmes qui ont osé dire bah ouais je suis une salope, j'ai avorté et c'est
01:17grâce à elles qu'aujourd'hui l'IVG est réalisée. Je vois totalement le rapprochement avec la traîne
01:20de l'ours, la traîne de l'ours c'est on a commencé à demander à des femmes aux Etats-Unis si elles
01:24préféraient être avec un homme dans la forêt ou être face à un ours. La plupart, même quasi toutes,
01:28la majorité ont répondu je préférais être face à un ours et là encore une fois on choisit de
01:32mettre à l'écart l'homme parce qu'on en a marre d'être en danger face à lui, on en a marre de
01:36devoir se méfier donc en fait c'est ne pas oublier ce changement de définition et cette réappropriation
01:41par la langue et on n'est pas obligé de du coup devenir ce cliché-là, rentrer dans ce cliché-là,
01:45hyper sexualiser, c'est un des symptômes aussi qu'on voit beaucoup quand des femmes se font
01:48agresser sexuellement, elles hyper sexualisent pour se réapproprier leur corps et des fois ça peut
01:52devenir toxique pour elles-mêmes donc faire attention et ne pas oublier qu'en fait la liberté
01:55c'est faire ce qu'on veut pour soi et pas pour les autres. On aurait peut-être pu dire que
01:59l'ignorance, le silence, c'est la meilleure des réponses mais je ne suis pas sûre parce que ce
02:03serait en fait dire aux harcelés de se taire face aux harceleurs et en fait il faut qu'on renverse
02:07la situation. Là je pense que la solution c'est de ne pas trouver quelles réponses les femmes ont
02:10apportées à ces insultes-là et à ce cyber harcèlement-là mais plutôt à commencer à éduquer
02:14les garçons et leur dire que non les femmes ne sont pas toutes des putes juste parce qu'elles
02:17osent exister et parce qu'elles osent s'approprier en fait l'espace public comme les hommes le font.

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