La représentation des années sida est-elle réussie dans “Vivre, mourir, renaître“

  • il y a 7 heures
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00D'en vivre, mourir, renaître de Gaëlle Morel, Loulan Proz, Victor Belmondo et Théo Christine s'aiment et se désirent.
00:07Mais nous sommes dans les années 90 et ce qui pourrait être un heureux marivaudage va être percuté par l'arrivée du sida, Chloé.
00:14Bah oui, ces trois jeunes, à la beauté quand même, il faut le reconnaître, assez fulgurants.
00:18Ils ne sont pas dégueux.
00:19Ils sont même l'inverse de dégueux. Ils sont fauchés en plein vol par le sida.
00:23Et ce qui est intéressant, c'est que Gaëlle Morel a voulu qu'il y ait le même nombre de plans sur chacun des personnages.
00:27Dit comme ça, ça peut paraître une coquetterie un peu de marketing ou formelle.
00:31Et en fait, je trouve que ça se ressent.
00:32On sent un metteur en scène qui a envie de mettre sur un pied d'égalité ces trois personnages,
00:36qui est complètement fasciné par eux et qui va leur donner de l'espace et du temps.
00:40Et ça, c'est important parce que, paradoxalement, ces jeunes, l'histoire, c'est qu'on va les priver de leur corps.
00:45On va les priver de leur corps et on va leur priver de leur temps.
00:48Et d'avoir un cinéaste qui leur laisse le temps, qui les accompagne de façon aussi bienveillante,
00:53moi, j'ai trouvé que ça crée un décalage qui était vraiment assez touchant, en fait.
00:56Oui, mais comment ils nous replongent, effectivement, dans ces années 90 ?
01:00Ça commence par des sortes de rave party, des soirées.
01:04Il y a un peu ces amours de jeunesse, cette fulgurance.
01:06Et puis après, on les voit quelques années plus tard.
01:08On est déjà dans la vie familiale avec un enfant.
01:12Mais c'est vrai que cette relation, elle est vraiment, je ne vais pas dire jouissive,
01:16mais en tout cas, je trouve qu'il réinvente un peu le discours narratif autour du couple amoureux,
01:21de la notion de jalousie, d'appartenance.
01:24Il y a vraiment des discussions très belles entre les personnages.
01:27Et c'est vrai que je pense qu'on va les avoir tous nominés au César parce qu'ils ont une prestation.
01:31Oui, le trio est assez passionnant.
01:34Marie ?
01:35Moi, je suis très embêtée.
01:37Je suis très embêtée parce que j'y allais pour aimer.
01:39J'y allais pour aimer.
01:40J'y allais pour voir un film en regard, à plaire aimer courir vite, d'Honoré.
01:46Le film, il y a des citations, évidemment.
01:49Carax, enfin voilà, quand on court aujourd'hui le long d'un mur sur Modern Love.
01:54Voilà, ça cite beaucoup.
01:56Et je dirais que la jolie idée, c'est que c'est des amoureux qui courent vers un distributeur de capotes à un franc.
02:02Oui, le film est en franc.
02:04Voilà, ça s'approprie toute une époque, tous nos souvenirs de cinéphiles, etc.
02:11Aussi des films de l'époque.
02:13Moi, j'avoue, j'y allais pour aimer.
02:15J'y allais pour être très émue.
02:16Ça m'a arrachée quelques larmes, mais je dis bien arrachée.
02:18Ça me les a arrachées à coup de musique, non-stop.
02:21Ça me les a arrachées à coup de...
02:24Et je me disais, c'est fou parce que, je l'ai vu hier, j'ai pas de scène.
02:30J'ai beaucoup de scènes qui s'enchaînent parce que c'est censé couvrir 10 ans,
02:34c'est censé avoir une espèce d'ampleur romanesque, etc.
02:37J'ai pas de scène.
02:38C'est terrible.
02:39Je peux citer de mémoire des scènes de 120 battements par minute.
02:43Mais c'est parce que c'est traversé par un élan qui va...
02:47Je suis restée sur le côté, je l'organisais.
02:50Tu as la scène de la cave à la Brockbeck Mountain.
02:53Mais tu l'as vu à quel moment ?
02:55Tu l'as vu 50 fois, cette scène ?
02:57Marie s'attendait à un film qui ressemblera un peu à un film de Christophe Honoré.
03:00Moi, j'ai pensé à un cinéaste plus contemporain.
03:02J'ai pensé à Michael Ayers quand j'ai vu le film.
03:04C'est vrai.
03:05C'est quand même cette façon de tout amidonner, de tout caresser,
03:09de tout noyer dans la mélancolie, sans cesse, en permanence.
03:14C'est un film qui est comme une sorte de bulle de préservation des personnages,
03:18comme tu disais, qui sont extrêmement beaux.
03:21On a l'impression que le réel, jusqu'à évidemment la catastrophe,
03:24ne les affecte absolument pas.
03:26Quand il conduit une rame de métro, c'est sublime.
03:29Tout est toujours caressant.
03:31Il y a un film que vous ne me citez pas, qui est quand même la référence.
03:34Les Nuits fauves de Cyril Nicolas.
03:36On y pense, évidemment, parce que l'histoire a des acquaintances.
03:40C'était le film où on racontait ça.
03:42Sauf que c'était un film de l'époque.
03:44C'est-à-dire que ce qu'il y avait de palpitant dans Les Nuits fauves,
03:48regardez les deux affiches.
03:50Je veux dire, la citation, elle est évidente.
03:53Mais il y avait un côté brûlant.
03:56Moi, je n'étais pas fou des Nuits fauves.
03:58Tu ne l'es pas revue non plus.
04:00Non, je déconseille.
04:01Mais il y avait un côté brûlant, témoignage de cette époque.
04:04Alors que là, c'est un côté rétrospectif.
04:07Et le point de vue avec Téchiné et les Roseaux sauvages,
04:10parce que dans les Roseaux sauvages,
04:12c'est un point de vue rétrospectif sur son adolescence.
04:14Mais il y a l'autre fil de Téchiné,
04:16auquel on peut penser, qui est le témoin,
04:18qui est la chronique des années Sida,
04:20et qui était, sur cette évocation, je trouve, beaucoup plus fort.
04:22Parce que là, la faiblesse, c'est les personnages.
04:25Les personnages, ce que vous dites, c'est des icônes.
04:28Ce sont des icônes.
04:30Et quand tu penses à Téchiné, et même à Honoré,
04:33ça dissonne à un moment donné.
04:35Ça ne dissonne jamais dans ce film.

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