Le 7 octobre, un an après - Le billet de Sophia Aram

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D'habitude, condamner la barbarie c’est un peu comme dénoncer le racisme, la torture, le viol ou les bombardements de civils, c’est aussi subversif et clivant qu’un discours de miss France sur la faim dans le monde aux assises de la bienveillance.

Le billet d'humeur de Sophia Aram dans le 7/10 (8h55 - 7 Octobre 2024)) Retrouvez tous les billets de Sophia Aram sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram

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Amusant
Transcription
00:00Bonjour, Sophia Aram, on vous écoute.
00:02Et bien, d'habitude, condamner la barbariste, un peu comme dénoncer le racisme, la torture,
00:08le viol ou les bombardements de civils, c'est aussi subversif et clivant qu'un discours
00:11de Miss France sur la faim dans le monde aux assises de la bienveillance.
00:14Moi, pour avoir demandé benoîtement « comment être solidaire des milliers de civils morts
00:20à Gaza sans être aussi solidaire des victimes israéliennes ? ».
00:24Non mais la meuf qui se cite quoi ! Bah ouais, voilà.
00:29Mais figurez-vous que depuis ce jour, je suis accusée d'être, je cite, « une suceuse
00:34de sioniste ». Ce qui, au-delà de ma mâchoire et de mon petit égo, m'oblige à constater
00:38que depuis le 7 octobre, tout se passe comme s'il était impossible de déplorer à la
00:43fois les trop nombreuses victimes civiles des bombardements israéliens qui ont eu lieu
00:48après le 7 octobre et la barbarie du 7 octobre.
00:51Comme s'il était impossible de condamner les victimes civiles au Liban et la transformation
00:55de ce petit pays par le Hezbollah en base d'entraînement de sa milice et en rampe
00:59de lancement de missiles tournés vers Israël.
01:01Comme s'il était impossible de dénoncer la politique ultra-nationaliste de Netanyahou
01:06et de regarder en face le projet du Hamas et du Hezbollah et de la dictature islamique
01:11d'Iran d'éradiquer toute forme de présence juive au Moyen-Orient, voire sur Terre.
01:15Comme s'il était impossible de défendre le droit des Palestiniens à disposer d'un
01:20Etat et de leur souhaiter aussi de se débarrasser de ces crevures du Hamas.
01:24Comme s'il était impossible de chantonner son soutien aux Palestiniens et de réaliser
01:28qu'en voulant libérer la Palestine from the river to the sea, ça ne laissait pas
01:32beaucoup de place à l'existence d'Israël.
01:33Comme s'il était impossible d'avoir de la compassion pour les civils gazaouis et
01:37libanais morts sous les bombes et condamner le choix du Hamas et du Hezbollah de mettre
01:42les hommes armés aux abris et de laisser les civils à découvert.
01:46Comme s'il était devenu impossible de reconnaître à des israéliens le statut de victime sans
01:51les rendre automatiquement responsables de ce qui leur arrive.
01:55Bref, un peu comme s'il était impossible de partager tous ces constats et de refuser
01:59de tout mettre sur le même plan, de tout relativiser ou de tout excuser.
02:03Voilà, vous pardonnerez ma naïveté mais moi, avant le 7 octobre 2023, j'imaginais
02:09que massacrer méthodiquement des familles entières, les brûler vives, exhiber leurs
02:13cadavres, violer des femmes devant leur famille, égorger des enfants ou les kidnapper, séquestrer
02:17des individus et les torturer, filmer ces abominations et les retransmettre sur les
02:22comptes Facebook des victimes tout en exultant de joie.
02:25J'imaginais que toute cette barbarie pouvait être condamnée sans aucune réserve.
02:30Voilà pourquoi je pense qu'il est de notre devoir aujourd'hui de condamner la barbarie
02:35du 7 octobre, les manifestations de joie qui ont suivi et l'explosion des actes antisémites
02:39depuis ce jour sans aucune réserve, sans relativisme, sans confondre la barbarie avec
02:44un acte de résistance.
02:46De prendre enfin le temps de regarder vraiment la barbarie en face, de penser à tous ces
02:51jeunes gens qui étaient venus danser, à toutes ces familles qui ont vécu les pires
02:54horreurs, aux otages encore détenus et à leurs proches qui désespèrent de les voir
02:58revenir.
02:59Nicolas Demorand – Sophia Aram, merci.

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