La journaliste météo de BFMTV Virgilia Hess raconte son histoire dans un livre "Ma grossesse m'a sauvé la vie" aux éditions Leduc. Elle y raconte comment une future maman découvre qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. Et malgré cette dramatique nouvelle, Virgilia Hess va parvenir à combattre sa maladie
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00:00Les spectateurs de BFM TV la connaissent bien. Virgilia Est, journaliste, présentatrice météo pour BFM TV, allez-y, vous pouvez rentrer, on vous connaît bien parce qu'effectivement, vous présentez la météo sur BFM TV, sur les BFM Régions.
00:15Bonjour. Bonjour Virgilia. Aujourd'hui, vous racontez dans votre lit, parce qu'on ne vous a pas vu pendant plusieurs mois à l'antenne, vous n'en êtes pas caché parce que vous êtes battue contre un cancer du sein,
00:26et vous racontez votre histoire aujourd'hui dans un livre, « Ma grossesse m'a sauvé la vie ». Déjà, j'aimerais juste savoir comment vous allez.
00:34Écoutez, je vais très bien, je vois la vie différemment, déjà parce que je suis devenue maman, effectivement, depuis cette épreuve.
00:42La petite Léna Rose, votre sauveuse.
00:44De Léna Rose, ma sauveuse, qui va très bien aussi, donc à partir du moment où elle va très bien, moi tout va bien.
00:50Je suis heureuse d'être là, je profite de la vie encore plus qu'avant, et la vie est belle, même si elle n'est pas toujours juste.
00:58Vous avez encore des traitements aujourd'hui ?
01:00Oui, j'ai encore des traitements. Là, je suis sous hormonothérapie pendant quatre ans et demi encore, mais les gros traitements, je les appelle comme ça,
01:09à savoir les chimiothérapies, sont passés. J'en ai eu pendant un an et demi, et la dernière c'était il y a trois, quatre mois.
01:16On va revenir sur ces traitements. Le cancer du sein, ça se soigne bien, vous l'avez beaucoup entendu, et il faut voir les effets qui sont très très lourds.
01:24Vous allez nous raconter ça, parce que ce livre, c'est l'histoire d'une jeune maman de 32 ans, sans problème de santé, qui n'a pas d'antécédent,
01:32qui est sur un petit nuage, parce que vous allez avoir votre premier enfant, et puis là, tout bascule.
01:38Ça bascule le jour où vous avez une visite classique chez votre gynécologue.
01:42C'est ça, exactement. J'étais à quasiment six mois de grossesse, et donc, vous l'avez dit, j'étais vraiment dans ma bulle paisible de femmes enceintes,
01:50sur mon petit nuage, où on était en train de préparer l'arrivée du bébé, et donc un examen classique de grossesse,
01:56et là, mon obstétricienne a ce réflexe qui m'a sauvée, clairement, de me palper, alors que beaucoup de praticiens...
02:05Parce que tout le monde ne le fait pas ?
02:06Non, non. Des témoignages que j'ai pu entendre, c'est que souvent, on met tout sur le dos de la grossesse.
02:14C'est-à-dire que si on va sentir un kiss d'une petite boule, comme c'était mon cas, on va mettre ça sur le fait qu'il y a la poitrine qui se prépare,
02:22avec l'allaitement, et donc, on vérifiera ça après l'accouchement.
02:26Sauf qu'on sait très bien aujourd'hui qu'un diagnostic précoce, à nos âges, peut nous sauver la vie,
02:33et donc, heureusement qu'elle a eu ce geste, où elle a senti justement une boule dans ma poitrine lors du sixième mois de grossesse.
02:41Elle a vérifié mes seins, en plus de vérifier le bébé.
02:45Elle a le bon réflexe, et elle va vous amener à faire une série d'examens, d'échographies et puis biopsies,
02:51qui s'écoulent plusieurs jours d'attente, d'inquiétude, jusqu'au jour où on vous confirme que c'est un cancer.
02:57Et là, vous dites, je me sens tomber d'un gras de ciel, une chute interminable, inexorable,
03:02et dans cette chute, je pense à ce bébé et au fait que je ne la verrai peut-être pas grandir.
03:06Oui, parce qu'on ne sait pas, au début, c'est vrai que, moi, que ce soit cancer ou cancer du sein, il n'y en avait aucun dans ma famille.
03:13Donc, c'était un monde totalement inconnu pour moi, et donc, tout de suite, on nous parle de traitements très lourds,
03:21chimiothérapie notamment, donc un mot qui fait extrêmement peur, et je ne sais pas, à ce moment-là,
03:26si on ne nous donne pas de pronostic, on ne nous dit pas, vous allez guérir, ne vous inquiétez pas, on ne nous dit rien.
03:31Vous allez voir sur Internet ?
03:33Je vais voir sur Internet, forcément, et là, je vois pas mal de choses, notamment qu'il n'y avait quasiment aucun risque qu'il m'arrive ça.
03:43Je crois que le chiffre, c'était 350 à 700 grossesses par an, ça correspond à 0,05 pour 100.
03:51Oui, c'est extrêmement rare en Suède quand on est enceinte.
03:53Donc, voilà, et puis c'est surtout quand on est jeune et de surcroît enceinte, on ne s'imagine pas du tout,
04:00on associe le cancer à quelque chose, d'ailleurs, les mammographies, je crois que c'est à partir de 50 ans,
04:06mais en fait, moi, j'aurais pu clairement passer sous le radar du dépistage si je n'avais pas eu ces gestes simples de palpation,
04:14et puis après, j'ai appris l'autopalpation aussi, parce que c'est un geste que je ne faisais jamais,
04:19tout simplement parce qu'on ne me l'avait jamais appris, en fait, et ça, on sait que ça peut sauver vraiment une vie d'avoir un dépistage précoce.
04:28Et d'ailleurs, votre oncologue vous dit heureusement qu'on s'en est aperçu maintenant,
04:31parce que si on s'en était aperçu plus tard, ça aurait sans doute été trop tard.
04:35C'est justement ça, je m'en suis rendue compte dès le départ, parce que quand ils m'ont parlé de chimiothérapie,
04:42moi, le premier réflexe, c'était de dire non, mais ce n'est pas possible, je ne vais pas avoir de la chimio,
04:47alors qu'on nous interdit plein de choses pendant la grossesse, et en fait, il m'a fait comprendre que si on attendait trois mois de plus,
04:54à savoir mon accouchement, c'était prendre un risque considérable, peut-être que je développe, je ne sais pas, des métastases,
05:01ou que justement, le cancer, il se propage ailleurs, étant donné que c'était un cancer très agressif.
05:08Il y a le choc de l'annonce, vous êtes prise à temps, mais vient ensuite le traitement, la chimio,
05:13et là, vous dites que la chimio, ça fait aussi peur que le cancer, c'est ce que je disais tout à l'heure,
05:17on entend, le cancer du sein, ça se soigne bien, oui, mais d'accord, mais enfin, il faut voir les effets secondaires que vous décrivez,
05:23au début, ça va, mais après, vous avez des effets qui sont extrêmement lourds.
05:28Horrible, oui, et je pense effectivement que c'est une phrase qui a un peu l'art d'énerver,
05:33donc je vais me faire, entre guillemets, un peu la porte-parole, mais c'est vrai que la phrase, la fameuse phrase,
05:37t'inquiète pas, c'est qu'un cancer du sein, ou c'est un cancer du sein, ça se soigne bien,
05:42c'est contre-productif, parce qu'à partir du moment où ça se soigne bien, on va répondre,
05:47ok, alors pourquoi s'autopalper, pourquoi faire des mammographies, pourquoi donner pour la recherche,
05:52ça se soigne, si c'est pris à temps, certes, et encore, il y a trois cancers du sein,
05:57ça aussi, c'est une chose que beaucoup de personnes, ils n'ont pas conscience de ça,
06:03donc ça dépend, on n'a pas tous et toutes les mêmes protocoles,
06:07mais c'est vrai que c'est une phrase qui se veut rassurante, mais finalement, ça soigne bien, mais à quel prix ?
06:13Effectivement, on passe par la chimio, la radiothérapie, la mastectomie, l'hormonothérapie,
06:18l'immunothérapie pour certains cancers du sein, moi j'ai eu un an et demi quasiment de chimio,
06:23c'est pas, enfin, souvent la phrase, on a l'impression, on prend un médicament et c'est fini,
06:28et c'est pas ça la réalité.
06:30Le prix à payer, il est lourd, et vous racontez effectivement, ça s'est étalé sur plusieurs mois,
06:34et vous êtes en plus enceinte, vous êtes enceinte, vous allez accoucher entre deux séances de chimio,
06:39et vous expliquez qu'une fois que votre bébé arrive au monde,
06:43et on sait à quel point c'est difficile de s'occuper d'un bébé, et à quel point ça demande de l'énergie,
06:47à ce moment-là, vous reprenez les séances de chimio,
06:50et là, c'est le coup de massue en termes d'effets secondaires,
06:53comment vous allez réussir à gérer à la fois l'arrivée de ce bébé, et votre traitement ?
06:59Alors, les proches sont très importants.
07:02Votre compagnon, notamment.
07:03Mon compagnon a été vraiment essentiel,
07:06et c'est vrai que c'était un peu la campagne de Ruben Rose, justement, cette année,
07:10de mettre en lumière et en valeur tous les accompagnants et les aidants,
07:14parce que c'est un combat qui se mène à plusieurs, en fait.
07:19Moi, j'étais pas seule, déjà parce que j'étais enceinte dès le départ dans ce combat-là,
07:24mais c'est surtout que j'ai embarqué tout le monde, en fait.
07:27Si j'ai un conseil à donner aux fans...
07:29Pour un peu d'hommage à vos sœurs de combat, d'ailleurs, vous les appelez comme ça.
07:31Oui, c'est ça, mes sœurs de combat, et on a besoin de cette sororité.
07:37Donc déjà, je pense de partager notre expérience les unes avec les autres,
07:42et aussi de compter sur notre famille, nos proches, parce qu'ils sont essentiels.
07:46Et moi, justement, pour répondre à votre question,
07:48heureusement que mon conjoint était là, parce qu'après mon accouchement,
07:52j'avais la fatigue, je pense, de l'accouchement,
07:54plus d'avoir un tout petit bébé, et de mes traitements qui étaient très lourds,
07:58et toute seule, j'aurais pas pu.
08:00J'arrivais même pas à me sortir du lit, j'en parle beaucoup dans le livre,
08:03j'arrivais même pas à m'occuper de moi-même.
08:06Alors c'était impossible de s'occuper d'un tout petit bébé à ce moment-là.
08:10J'avais vraiment besoin d'autres bras.
08:12Le soutien des proches qui est indispensable, le soutien de ces fameuses sœurs de combat,
08:16et justement, Karine, les combattantes, comme vous les appelez,
08:20elles sont nombreuses, et c'est aussi l'importance,
08:23c'est aussi pour ça que c'est extrêmement important,
08:25cette opération d'Octobre Rose, ce mois de sensibilisation
08:28au dépistage et à la lutte contre le cancer du sein.
08:30Oui, Périne, parce qu'il faut savoir tout de même qu'il y a
08:33une femme sur huit qui va développer un cancer du sein au cours de sa vie.
08:37Ce sont les chiffres en France, c'est-à-dire plus de 61 000 nouveaux cas chaque année.
08:43En tout, en France, il y a 900 000 femmes qui sont atteintes.
08:47C'est le premier cancer, le cancer du sein, qui touche les femmes.
08:50Il est la cause, il faut le dire tout de même, de 12 000 décès par an.
08:54D'où l'importance du dépistage.
08:56Détecté tôt, et c'est un chiffre qui fait du bien, détecté tôt,
08:59le cancer du sein guérit aujourd'hui dans neuf cas sur dix.
09:04Alors, il faut savoir que près de 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans.
09:09C'est pourquoi il existe en France un programme national de dépistage
09:12pour les femmes allant de 50 à 74 ans.
09:15C'est une mammographie qui a lieu tous les deux ans.
09:17En tout, dix millions de personnes sont concernées.
09:20C'est un examen qui est pris en charge à 100 % par l'assurance maladie.
09:23Et pourtant, selon les derniers chiffres, le taux de dépistage n'atteint que 46,5 %.
09:29C'est-à-dire que moins d'une femme sur deux concernée par ce programme national de dépistage donne suite.
09:36Alors, soyez-en conscients, c'est important. Faites-vous dépister.
09:40Merci, merci pour le message, Karine.
09:42Virgilia, d'ailleurs, dans votre livre, vous écrivez à la fin de votre livre une lettre aux nouveaux combattants,
09:47d'une façon générale, femmes, hommes, à tous ceux qui sont atteints d'un cancer.
09:52Et vous avez aussi des petites informations pratiques avec votre carnet d'adresses,
09:58les associations pour ne pas se sentir seule, pour se sentir soutenue.
10:01Et vous parlez aussi, et ça c'est important, les marques préférées pour les perruques, foulards ou franges.
10:05Parce que vous dites, on pourrait croire, quand on se bat contre un cancer,
10:08que c'est superficiel de perdre ses cheveux.
10:10Et vous vous y consacrez de longues pages dans votre livre.
10:12Vous avez eu le sentiment de perdre une partie de votre identité, et ça a été très dur, ça aussi.
10:15Oui, oui, oui, totalement. Et pour vous dire, j'ai hésité à en parler aussi longuement,
10:19parce que, voilà, bon, ça c'est très personnel, mais il y a toujours ce cliché, entre guillemets, de la Miss Météo,
10:25alors que nous sommes journalistes météo.
10:27Et du coup, je me suis dit, bon, alors là, si je parle vraiment de l'aspect physique,
10:31les gens qui disent ça vont se dire, bah oui, elle est vraiment superficielle, pour le coup, c'est bien la Miss Météo.
10:37Mais non, en fait, c'était très important pour moi d'en parler, parce qu'effectivement,
10:41c'est d'une violence inouïe de perdre ses cheveux, ses cils, ses sourcils.
10:46C'est vraiment l'image, finalement, du cancer.
10:48Quand on se regarde dans la glace, on ne se reconnaît pas.
10:51On a perdu notre identité, et encore une fois, si ce n'était pas si important que ça,
10:55pourquoi on se casserait la tête à aller chez le coiffeur se faire des coupes de cheveux ?
10:58Donc c'est que c'est essentiel.
11:00Et juste, si je peux dire une dernière petite chose par rapport au dépistage,
11:04parce que là, effectivement, on parlait du dépistage dans la tranche d'âge à partir de 50 ans,
11:09mais voilà, à partir du moment où on a une poitrine, il faut vraiment la vérifier.
11:16C'est le message que je veux faire passer.
11:18Je suis la preuve, moi j'avais 32 ans, j'étais enceinte,
11:21ça peut donc arriver à n'importe qui, à n'importe quel moment de vie, à n'importe quel âge,
11:24et à partir du moment où...
11:27Checkez vos nénés, en gros, c'est ça, c'est ça le message.
11:30Vous auriez dû l'appeler comme ça, votre livre, Checkez vos nénés.
11:32J'aurais pas osé, je pense.
11:34Non, non, c'est vraiment important, parce que ça peut arriver,
11:37je veux pas, et c'est ce que je dis dans le livre,
11:39je veux pas que ça devienne quelque chose d'anxiogène,
11:42mais je voulais pas non plus que ce soit un livre larmoyant,
11:44je voulais vraiment décrire la réalité de la difficulté de la maladie,
11:48et en même temps que ce soit porteur d'espoir,
11:51et en même temps de la prévention pour toutes les jeunes femmes,
11:54plus ou moins jeunes d'ailleurs, qui nous regardent.
11:56Avec effectivement, vous parliez de sororité tout à l'heure,
11:59c'est ce qui ressort aussi de votre livre.
12:01Ma grossesse m'a sauvée la vie.
12:03Merci beaucoup, Virgilia, et on embrasse très fort Léna Rose,
12:06votre sauveuse.
12:08Merci, merci beaucoup.