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Virgilia Hess, journaliste et présentatrice météo BFMTV est atteinte d'un cancer du sein à 32 ans. Une nouvelle qu'elle a appris alors qu'elle était enceinte de sa petite fille.

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Transcription
00:00 -C'est extraordinaire, vous faites la pluie et le beau temps sur BFM TV.
00:03 Vous êtes partie en début d'année pour un congé maternité.
00:06 Jusqu'ici, tout était normal.
00:08 Et puis, le 15 février, il me semble, vous annoncez sur les réseaux sociaux
00:12 qu'en réalité, vous souffrez d'un cancer du sein.
00:15 Vous allez aujourd'hui nous donner de vos nouvelles, des nouvelles de votre petite fille,
00:19 qui a deux mois maintenant. -Bientôt deux mois.
00:21 -Bientôt deux mois maintenant.
00:23 Est-ce que vous pouvez d'abord nous raconter comment ça commence ?
00:26 Comment vous apprenez que vous avez un cancer ?
00:28 -J'ai un examen banal de grossesse, en fait.
00:31 J'avais des examens tous les mois pour vérifier que la grossesse se passait bien.
00:36 Et mon obstétricienne me vérifiait en même temps la poitrine.
00:40 Et ce jour-là, donc on était le 22 décembre,
00:43 elle sent une petite boule, mais elle s'inquiète pas du tout.
00:46 En fait, elle s'inquiète pas, elle me dit "Bon, c'est bizarre,
00:49 tiens, c'était pas là le mois dernier."
00:52 Mais t'inquiète pas, concrètement, c'est la grossesse.
00:55 Avec les hormones de grossesse, on peut avoir des petits nodules, des petits kystes.
00:59 Mais dans le doute, quand même, on va passer une échographie, ma mère,
01:03 parce que comme j'étais enceinte, elle préférait ça à une mammographie.
01:06 Mais elle était pas inquiète, donc du coup, je laisse passer les fêtes à ce moment-là,
01:10 même si j'aime bien quand même ne pas laisser traîner les choses.
01:13 Je laisse passer Noël, je laisse passer le jour de l'an.
01:16 Je vais faire mon échographie, ma mère, début janvier.
01:19 Et là, j'étais sereine, mais c'est vrai qu'en voyant la tête de la radiologue,
01:24 je l'étais un petit peu moins.
01:26 Là, elle m'explique qu'en fait, ce qu'elle voit, ça s'apparente plus à une tumeur.
01:32 Donc tout de suite, le mot fait très, très peur, parce que "tumeur",
01:35 c'est un mot qui est fort.
01:37 Mais elle me rassure quand même, elle me dit qu'une tumeur,
01:39 ça peut être bénin, c'est pas forcément cancéreux.
01:42 Mais ce qui l'inquiète, c'est qu'elle emploie des mots que je comprends pas trop.
01:46 Elle me dit que les bords sont irréguliers, sont flous,
01:50 donc qu'on préfère dans ces cas-là faire une biopsie.
01:54 Et je savais pas du tout ce qu'était une biopsie.
01:57 Le docteur confirmera ça, mais concrètement,
02:00 c'est une anesthésie locale qu'on nous fait avec une aiguille.
02:02 On prélève un peu de tissu de la tumeur en question pour l'envoyer au labo.
02:07 Et ensuite, ils analysent les tissus.
02:11 Et ensuite, il y a une attente inferminable.
02:13 - 11 jours, vous attendez ?
02:14 - Ouais, ça a été 11 jours.
02:15 Alors apparemment, ça dépend des labos.
02:19 Moi, en l'occurrence, j'ai pas eu de chance,
02:21 parce que je crois que ça a tombé avant un week-end.
02:24 Ensuite, le lundi, ils étaient fermés.
02:26 Donc forcément, ça a reporté ça à 11 jours.
02:29 Et 11 jours, ouais, assez difficile,
02:32 parce que j'avais une intuition que c'était ça.
02:37 En fait, j'avais cette intuition, je sais pas pourquoi j'avais cette intuition,
02:40 même si forcément, à ce moment-là, j'ai fait ce qu'il faut pas faire,
02:43 mais que tout le monde va faire finalement, aller regarder sur Internet.
02:46 Donc j'ai vu que c'était quand même assez rare d'avoir un cancer
02:49 en ayant la trentaine et encore plus enceinte.
02:52 - Ça, ça devrait vous rassurer ?
02:54 - Ça me rassurait, c'est vrai, ça me rassurait,
02:56 mais quelque part, en fait, je me disais "c'est pas possible",
03:00 mais quand même, je gardais cette...
03:02 Enfin, je sais pas, il y avait cette petite voix
03:04 où je me disais "potentiellement, c'est ça".
03:07 Mais c'était quand même très bizarre, parce que j'avais pas mal.
03:11 En fait, on a pas mal, on se sent pas du tout malade à ce moment-là.
03:14 C'est ça qui est incroyable.
03:15 Alors on sent qu'on a une petite boule, effectivement.
03:17 Moi, je l'avais pas sentie, parce qu'on n'a jamais appris finalement
03:20 à faire l'autopalpation.
03:21 C'est vrai que les gynécologues nous apprennent pas forcément à le faire,
03:24 et moi, j'y allais quand même assez régulièrement,
03:26 même quand j'étais pas enceinte,
03:27 et à chaque fois, elles me vérifiaient la poitrine,
03:29 il y avait pas de souci, donc je lui faisais confiance,
03:31 je me le faisais pas moi-même.
03:33 Et donc certes, il y avait cette boule-là,
03:35 mais j'avais aucune douleur.
03:37 - Comment vous l'apprenez ensuite ?
03:39 Il y a le résultat de la biopsie qui tombe,
03:41 mais c'est quelqu'un qui vous l'annonce ?
03:43 - C'est la radiologue qui me l'a annoncé.
03:46 En fait, ce jour-là, on m'avait déjà planifié ce rendez-vous.
03:50 C'est-à-dire que là où j'ai été faire ma biopsie,
03:53 ils nous fixent un rendez-vous déjà,
03:55 quels que soient les résultats,
03:57 pour être sûre que dans le cas où les résultats seraient négatifs,
04:01 la personne ne les reçoive pas par mail,
04:03 ou n'y aille pas toute seule peut-être les chercher.
04:06 Donc, ils m'avaient fixé un rendez-vous,
04:08 et ils m'avaient conseillé d'être accompagnée de quelqu'un.
04:10 Ma maman est venue avec moi pour chercher ces rendez-vous.
04:13 Quand je suis arrivée, j'étais un petit peu rassurée,
04:17 parce qu'il se trouve que la personne qui m'a accueillie,
04:20 c'était une jeune femme qui travaillait là.
04:23 C'était très maladroit, mais en même temps, je ne lui en veux pas.
04:26 Elle nous dit à ma maman et à moi-même,
04:29 "Vous allez attendre ici, la radiologue va arriver."
04:33 Moi, je connais les résultats,
04:35 mais je suis désolée, je ne peux pas vous les dire,
04:37 c'est vraiment le médecin.
04:38 C'est d'un ton un peu enjoué, donc on se regarde avec ma maman,
04:41 on se dit, "Bon, c'est que ça va si elle nous dit ça comme ça."
04:45 Et là, en fait, on attend cinq minutes,
04:47 et la radiologue rentre dans la pièce, aucun mot.
04:51 Juste, "Bonjour, voilà, ça va, installez-vous."
04:54 Rien, rien par rapport aux résultats.
04:56 Donc là, on se regarde de nouveau avec ma mère,
04:58 et moi, je me dis, "Ok."
04:59 J'avais compris tout de suite, parce que je me suis dit,
05:02 s'il n'y avait rien, elle serait rentrée,
05:04 elle sait que ça fait onze jours que j'attends mes résultats,
05:07 elle m'aurait dit tout de suite, "Bon, ne vous inquiétez pas,
05:09 tout va bien."
05:10 Mais comme j'avais eu la biopsie, j'avais un hématome à ce moment-là
05:13 à cause de la biopsie, elle m'aurait dit,
05:16 "Bon, je vais juste vérifier, voir si tout va bien."
05:18 Là, elle ne me disait rien, elle m'a auscultée,
05:20 elle a regardé sous l'aisselle aussi,
05:22 ça a duré un certain temps, où elle ne m'a rien dit.
05:25 Mais encore une fois, à ce moment-là,
05:27 je n'en veux à personne, mais c'est vrai que,
05:30 malheureusement, et c'est normal,
05:32 ce ne sont pas les oncologues qui nous donnent le diagnostic,
05:35 les oncologues, on va les voir ensuite,
05:37 une fois qu'on sait qu'on a un cancer.
05:39 Et c'est le radiologue, du coup, qui doit nous annoncer ça,
05:42 et je pense qu'ils n'ont pas forcément,
05:44 et heureusement, ils ne le font pas tous les jours,
05:46 et du coup, il y a peut-être ce manque de formation là-dessus.
05:49 Et c'est vrai que c'est moi qui ai prononcé le mot "cancer",
05:52 elle ne me l'a pas dit.
05:53 - Elle ne vous l'a pas dit ?
05:54 - Elle ne me l'a pas dit.
05:55 - Vous lui avez dit, "J'ai un cancer" ?
05:57 - En fait, elle tournait un peu autour du pot,
05:59 en me disant, voilà, elle parlait d'autres choses,
06:01 elle me rappelait, "Bah oui, vous avez fait cette biopsie tel jour,
06:07 ça a été un petit peu long, voilà, mais là, on a reçu les résultats,
06:11 donc bon, c'est vrai que c'est pas très bon,
06:16 enfin voilà, je ne sais plus exactement ces mots,
06:18 mais elle ne me dit pas le mot "cancer" à ce moment-là.
06:20 Et c'est moi qui lui dis, parce qu'une biopsie,
06:23 c'est pour voir s'il y a des cellules cancéreuses ou pas,
06:26 donc soit c'est mauvais, soit c'est bon.
06:28 Donc là, à partir du moment où elle me dit
06:30 "Les résultats sont pas bons", c'est moi qui lui dis
06:33 "Bah du coup, j'ai un cancer", et elle me dit "Oui, c'est un cancer".
06:36 - Et là, c'est le coup de massue ?
06:38 - Ah bah là, à ce moment-là, je ne sais plus du tout ce qu'elle m'a dit.
06:42 Je n'ai aucun souvenir de ce qu'elle m'a dit,
06:46 parce que forcément, sur le coup, on pleure, on n'est pas bien,
06:49 on entend les mots, mais on n'arrive pas du tout à les digérer.
06:54 C'est impossible, en fait.
06:56 Moi, j'étais à 6 mois de grossesse, presque 6, oui, 6 mois.
07:00 C'était que des rendez-vous médicaux par rapport à mon bébé,
07:05 on est dans notre bulle, c'est première grossesse, tout va bien,
07:09 parce qu'à part les mots du premier trimestre,
07:11 je n'ai pas eu de complications,
07:14 j'ai eu cette chance-là de ne pas avoir de complications de grossesse.
07:17 Et c'est vrai que quand elle nous explique,
07:20 et en plus c'est tellement d'informations d'un coup...
07:23 - Il y a plein de questions, on se dit "Est-ce que c'est grave ?
07:26 Comment je me soigne et quelles conséquences pour mon bébé ?"
07:29 - Exactement, il y a tout ça en même temps, et puis on se dit "Non, mais ce n'est pas possible,
07:32 j'ai 32 ans, à ce moment-là, je suis enceinte, le cancer,
07:37 non, enfin, c'est inconcevable."
07:40 Et sur Internet, effectivement, j'ai été voir avant sur Internet,
07:43 même si j'avais cette petite voix au fond de moi,
07:46 je sentais qu'il y avait quelque chose, comme une intuition,
07:48 pour moi, c'était quand même des statistiques,
07:51 enfin, il n'y avait quasiment aucune chance.
07:54 Et après ça, justement, elle m'avait déjà fixé un rendez-vous
07:57 avec une oncologue qui m'a expliqué mieux le protocole,
08:01 donc c'était peut-être 2-3 heures après,
08:04 mais pareil, c'est le jour même, on a encore ce choc,
08:08 on n'arrive pas à y croire, elle nous sort plein de mots
08:11 qu'on connaît mais sans connaître.
08:13 Jacques Cancer, alors moi, je n'ai jamais été confrontée de près au cancer,
08:17 donc tout de suite, ça fait très très peur, on pense à la mort,
08:20 même si ça se soigne, tout de suite, on pense à ça.
08:24 Moi, dans le protocole, on me prononce le mot "chimiothérapie",
08:27 donc tout de suite, forcément, on pense aux cheveux.
08:30 En fait, c'est plein de mots qu'on connaît, on sait que c'est très grave,
08:34 mais on ne comprend pas, on ne peut pas se dire que ça nous concerne
08:39 et qu'on va devoir faire ça, ça, ça, ça.
08:42 - Et justement, quelle est la suite ?
08:43 Est-ce que vous faites la première chimio rapidement
08:45 et l'enfant est quand même protégé ?
08:48 - Alors, en fait, oui, la première chimio était assez rapide.
08:52 Dans un premier temps, forcément, j'essaye de négocier,
08:57 savoir s'il y a moyen d'attendre mon accouchement pour démarrer les chimios,
09:02 mais on m'explique à ce moment-là que c'est vrai qu'à mon âge,
09:06 plus les hormones de grossesse, il faut vraiment le faire dans l'immédiat
09:11 et il n'y a aucune conséquence sur mon bébé.
09:13 On me rassure beaucoup là-dessus et c'est le cas, très très bien.
09:16 Donc on me rassure par rapport à ça, même si au début,
09:19 c'est vrai qu'il y a toujours ce moment où on se dit
09:22 "mais comment c'est possible que ça n'ait aucun impact sur mon enfant ?"
09:26 Sachant que quand on est enceinte, on nous dit "alors, il ne faut pas manger ci,
09:30 il ne faut pas boire ça, il ne faut pas fumer une cigarette,
09:32 juste un verre d'alcool, non, ce n'est pas possible".
09:34 Donc comment c'est possible que des produits aussi forts qui, moi,
09:37 me mettent KO ne vont rien faire à mon bébé ?
09:40 Mais c'est vrai que là-dessus, ils ont quand même du recul
09:43 et il n'y a eu aucun problème avec mon enfant.
09:46 J'ai même mieux supporté les chimios enceintes que pas enceintes
09:50 et j'avais l'impression de former un peu un duo avec ma fille.
09:54 Je n'avais pas envie de lui imposer ça, bien sûr,
09:56 mais je me disais "il faut quand même que je me soigne,
09:58 il faut qu'elle ait sa maman, donc il n'y a pas le choix".
10:01 On démarre les chimios tout de suite et je crois que deux semaines après,
10:05 j'ai eu ma première chimio.
10:07 Elle va bien aujourd'hui ?
10:08 Elle va super bien.
10:09 Elle a presque deux mois, vous nous dites.
10:11 Vous la regardez, je sais que c'est intime comme question,
10:13 mais elle vous a sauvé ?
10:15 Oui, oui.
10:17 Bien sûr, on ne nous donne jamais de pronostic.
10:21 On ne nous dit pas "vous allez mourir, vous avez 50 % de chance".
10:25 Je ne sais pas, peut-être que ça aurait été pour moi, j'en sais rien.
10:29 Mais de ce qu'on m'avait dit la première fois,
10:32 l'oncologue que j'ai vu m'avait dit qu'effectivement,
10:34 il fallait faire la chimio rapidement pour me soigner rapidement
10:37 parce que si j'attendais l'accouchement,
10:39 vu que c'était stade 1, ça veut dire que c'était le début,
10:43 vraiment le tout début, il n'y avait pas de métastase,
10:45 donc heureusement que ça a été détecté rapidement.
10:47 Mais grade 3, ça veut dire que c'est un peu agressif quand même
10:50 et il ne faut pas traîner.
10:52 Et du coup, effectivement, si je n'avais pas été enceinte,
10:55 clairement, je n'aurais pas eu cette obstétricienne,
10:57 je lui dois beaucoup, qui a senti cette petite boule,
11:01 je ne m'en serais sûrement pas aperçue.
11:03 Et voilà, c'est grâce à elle, parce qu'on ne peut pas dater le cancer,
11:07 mais il était là, ce n'est pas la grossesse qui apparemment a...
11:11 Alors, ça l'a un peu nourrie peut-être, forcément,
11:14 ça a un petit peu accentué, voilà, fait grossir la tumeur,
11:18 a priori peut-être, mais apparemment, il était là depuis peu,
11:21 peut-être quelques semaines, quelques mois avant la grossesse.
11:24 Et donc oui, effectivement, elle m'a sauvée.
11:26 Pour moi, c'est mon ange.
11:28 - Docteur Paul Cotu, vous êtes avec nous,
11:29 on colloque médical à l'Institut Curie.
11:31 Ce genre d'histoire, c'est rarissime,
11:33 qu'une femme enceinte ait un cancer.
11:35 Virgilia nous raconte qu'elle faisait ses recherches Google.
11:38 Je ne sais pas quel est le pourcentage.
11:40 - C'est rarissime, oui et non.
11:42 - Ah.
11:43 - Oui, c'est dans l'ensemble des cancers,
11:45 et même dans l'ensemble des cancers du sein,
11:46 des événements qui ne sont pas si fréquents que ça, Dieu merci.
11:48 Mais malgré tout, et pour on ne se perd rien pour quoi,
11:51 l'augmentation de l'incidence des cancers s'observe aussi un petit peu
11:55 chez les femmes jeunes, voire très jeunes, comme vous,
11:58 et parfois chez des femmes enceintes.
12:00 Donc c'est en fait une situation à laquelle on est assez rompus, finalement.
12:03 - Et Virgilia nous disait en effet qu'il y a cette interrogation,
12:06 est-ce que ça peut avoir des conséquences pour l'enfant ?
12:08 Vous nous confirmez que la chimio n'a aucune conséquence sur la santé du bébé ?
12:12 - À une nuance près d'importance, c'est la chimio à partir du deuxième trimestre de la grossesse.
12:17 C'est-à-dire, disons, d'un quatrième mois bien entamé, si vous voulez.
12:20 Le premier mois, qui est le mois de l'embryogénèse,
12:22 la formation initiale du bébé, si vous voulez,
12:24 le placenta reste perméable, et donc ce sont des situations
12:28 où on ne peut pas faire de la chimiothérapie,
12:30 et on propose à ce moment-là des interruptions de grossesse.
12:32 Si votre grossesse était survenue de manière beaucoup plus précoce
12:36 par rapport au diagnostic du cancer, ou le contraire,
12:38 on aurait dû, en tout cas, discuter d'interrompre votre grossesse.
12:41 À un stade plus avancé comme le vôtre, là il n'y a pas de problème,
12:44 et ça on est une littérature médicale tout à fait abondante et récurrente
12:47 et internationalement reconnue pour être tranquille en termes de sécurité.
12:51 - Virgilia, très vite vous vous êtes dit "ce qui m'arrive, il faut que je le raconte".
12:55 - Oui. - Pourquoi ?
12:57 - Alors, il faut savoir que dans un premier temps, il a fallu que je digère la nouvelle.
13:02 Et pour le digérer, c'est vrai que ma thérapie,
13:05 alors moi j'aime beaucoup écrire, donc très vite j'ai écrit,
13:08 je ne savais pas ce que j'allais en faire, c'était pour moi.
13:10 J'ai pris mon ordinateur à chaque fois que je vivais une journée compliquée,
13:13 voilà, je n'avais pas envie de saouler mes proches avec ça,
13:16 même si bien sûr c'est important d'être entourée et de leur en parler,
13:18 j'avais envie moi de l'écrire, ça me faisait du bien,
13:21 donc j'écrivais sur mon ordi.
13:23 Et puis à un moment, en parlant autour de moi,
13:27 parce que forcément il y a eu un mois avant que j'en parle sur les réseaux sociaux,
13:31 où je me suis rapprochée d'associations,
13:33 je me suis rapprochée d'autres femmes sur les réseaux sociaux
13:36 qui avaient eu ou qui avaient ce cancer.
13:40 J'en ai rencontré en allant à l'hôpital, à l'Institut Curie,
13:45 et en fait en en parlant, je me suis rendue compte que ça faisait du bien,
13:49 on se faisait du bien mutuellement, et je me suis dit,
13:51 alors déjà d'une part, je ne vais pas le garder pour moi,
13:54 parce qu'au bout d'un moment les téléspectateurs vont se dire,
13:57 alors oui il y avait le congé maternité qui me "sauvait",
14:00 donc ça expliquait mon absence, mais ça a une fin.
14:03 Donc à un moment ils vont se dire, tiens, pourquoi il ne revient pas ?
14:05 C'est quelque chose aussi qui fait partie de ma vie,
14:08 maintenant c'est beaucoup de rendez-vous,
14:10 il y a une année peut-être qui va être assez difficile,
14:12 donc je ne me voyais pas, moi qui postais beaucoup,
14:14 je ne me voyais pas faire comme si tout allait bien et qu'il n'y avait pas ça,
14:17 alors que ça a un impact assez important sur mon nouveau quotidien.
14:22 Et en plus, oui effectivement, en parlant à des associations et à d'autres personnes,
14:27 on m'a un peu confortée dans cette idée que c'est important d'en parler,
14:33 et donc j'ai tenté, déjà j'ai fait un premier post,
14:36 où j'ai dit ce qui se passait, j'ai dit tout de suite que j'avais pas envie
14:40 de recevoir des messages, parce que moi j'avais peur de ça,
14:42 j'avais peur qu'on m'envoie des messages,
14:44 "oh la pauvre, oh c'est triste, comment tu fais, je déteste ça".
14:49 - Oui mais dans ces moments-là, on ne sait pas quoi vous dire,
14:51 on ne sait pas quoi faire, parce qu'on a évidemment envie de vous serrer dans les bras,
14:55 de vous envoyer des messages de soutien,
14:57 mais on ne sait pas quels sont les mots qui peuvent blesser,
14:59 quels sont les mots qui font du bien non plus, s'il y en a ?
15:02 - Simplement être là, je pense, s'il y a quelqu'un dans votre entourage qui a ça,
15:07 juste être là, prendre des nouvelles, lui demander si je peux faire quelque chose pour toi,
15:13 mais je pense que c'est tout, pas forcément moi,
15:17 je vais me faire entre guillemets la porte-parole de beaucoup de femmes qui ont cette maladie,
15:22 mais c'est vrai qu'il y a des choses, j'ai remarqué, qui énervent.
15:25 Les phrases "ah mais t'es jeune, ça se soigne bien, t'inquiète pas".
15:29 - On vous l'a dit aujourd'hui ça.
15:31 - Oui, moi je le prends pas mal, mais en parlant à d'autres sœurs de combat,
15:34 on appelle ça comme ça, j'ai pu constater qu'effectivement c'est un truc qui énerve,
15:38 de dire "ah ça se soigne bien maintenant".
15:41 Mais c'est vrai, heureusement, si c'est pris à temps, il n'y a pas de raison,
15:45 il faut être positif, de toute façon, il n'y a pas le choix, la tumeur elle est là,
15:48 on ne va pas pleurer toute la journée, donc il faut être positif,
15:51 mais c'est vrai que j'ai pu constater que certaines femmes, ça, ça allait les énerver.
15:55 Moi je pense que juste être bien entourée et être là pour vos proches qui ont ça,
15:59 c'est le plus important.
16:01 - La présence suffit.
16:03 En même temps, vous décidez de raconter quand même beaucoup de choses,
16:06 il y a le moment où vous devez vous couper les cheveux,
16:09 vous rasez le crâne même, que vous choisissez de raconter,
16:12 on voit les photos des nattes de vos cheveux que vous allez ensuite donner
16:17 pour que ça puisse être une perruque plus tard sur la tête d'une femme.
16:23 - C'est ça, ça c'est une association qui s'appelle "Fake Hair Don't Care",
16:27 en fait ils récupèrent des cheveux,
16:30 donc voilà, si une personne a envie de se faire couper les cheveux,
16:33 je crois qu'il faut au moins 10 cm, il me semble,
16:36 mais ils les récupèrent effectivement.
16:39 Il faut plusieurs personnes quand même pour faire une perruque,
16:42 il faut au moins 7 ou 8 dons pour faire une perruque entière,
16:46 mais au moins ça contribue à faire des perruques pour les femmes qui sont atteintes de cancer.
16:52 Et moi ça me tenait à cœur parce que j'aimais beaucoup mes cheveux,
16:56 je me suis dit "j'ai pas envie qu'ils partent à la poubelle comme ça",
17:00 et si en plus je peux aider une femme à...
17:04 ça peut créer une perruque et que ce soit un jour sur la tête d'une autre femme,
17:09 bon bah tant mieux.
17:11 - C'est un moment difficile aussi, ce moment où on dit au revoir à sa chevelure,
17:14 c'est aussi pour dire aux autres femmes "je sais pas à quoi vous passez".
17:17 - J'en ai parlé en fait, le premier poste comme je vous le disais,
17:20 c'était un peu le post-test, je me suis dit "il faut que je le dise,
17:23 et puis après on verra, est-ce que je vais mettre sur les réseaux sociaux
17:26 ce que j'avais écrit à la base pour moi",
17:28 et en fait j'ai eu tellement de retours, je m'attendais vraiment pas à ça.
17:32 Alors bien sûr j'ai eu des retours de mes collègues qui ont été extraordinaires,
17:35 de mes amis, des proches, mais aussi des personnes que je connaissais pas,
17:39 et notamment des femmes qui avaient cette maladie, ou qui ont eu cette maladie,
17:44 ou dont la mère, la sœur, le frère même, parce qu'il y a des hommes
17:47 qui ont des cancers du sein, c'est rare, mais surtout des femmes,
17:51 mais c'est vrai que c'est un peu les oubliés, je pense à eux,
17:53 parce qu'on parle beaucoup des cancers du sein chez la femme,
17:56 mais il y en a aussi chez les hommes, et qui m'ont envoyé justement des messages,
17:59 et même encore tout à l'heure ce matin, il y a deux femmes qui sont venues me voir
18:03 à l'Institut, parce que j'ai eu une chimio ce matin,
18:06 et qui m'ont dit "ah bah je vous suis, franchement, merci, c'est super,
18:11 c'est super", alors que j'ai pas l'impression de faire grand-chose,
18:14 je le raconte, mais en fait ça leur fait du bien, parce qu'elles vivent la même chose,
18:17 elles arrivent pas forcément à le verbaliser, et du coup j'ai beaucoup de retours
18:21 du style "ah bah je vous lis, franchement, j'ai l'impression,
18:25 ouais ça me rappelle ce que j'ai vécu, ou c'est ce que je suis en train de vivre,
18:28 ou ah bah moi j'ai ma première chimio demain, ça me donne beaucoup de courage
18:32 de vous lire, donc je suis contente".
18:35 - Mais d'où vous venez cette fois ? Parce que quand je vous vois arriver,
18:37 je trouve resplendissante déjà.
18:39 - Alors non mais, alors faut savoir que je craque aussi, voilà, ça je veux le dire,
18:43 je tiens à le dire, parce que j'ai eu pas mal de messages dans ce sens-là aussi,
18:47 des femmes qui me disaient qu'elles culpabilisaient parce qu'elles me trouvaient forte,
18:53 et qu'elles, elles avaient pas... Non non, je pleure, ça je voulais le dire,
18:58 vraiment je pleure aussi, il y a des moments où ça va pas, mais en fait dès le départ,
19:02 il y a eu peut-être deux, trois semaines où j'étais vraiment pas bien,
19:05 j'arrivais pas à me lever de mon lit, et au bout d'un moment je me suis dit
19:08 "écoute Virgilia, voilà, le truc il est là, tu vas pas faire que pleurer,
19:13 c'est pas comme ça que ça va se guérir, il faut maintenant qu'il aille,
19:17 ça va être, voilà, j'ai pris conscience que ça allait être plusieurs mois,
19:20 voire une année, pas facile du tout, les années qui vont suivre aussi,
19:25 parce que forcément on nous parle de rémission et pas de guérison,
19:30 donc il y a toujours un peu cette épée de Damoclès, mais il faut...
19:33 Moi c'est le seul truc que je leur ai dit à ces femmes-là, c'est que bien sûr que c'est dur,
19:37 il faut craquer, mais de toute façon on n'a pas le choix, il faut se mettre en mode guerrière,
19:41 il faut positiver, il faut se dire, et ça c'est ce que je me répète, qu'on s'en va pas,
19:45 je me dis, voilà, c'est qu'une parenthèse désenchantée dans ma vie, c'est temporaire,
19:49 ça aurait pu être plus grave, il y a toujours plus grave, moi, voilà,
19:53 je vais me soigner, je vais guérir, j'ai plein de médecins qui m'entourent,
19:57 qui sont bienveillants et qui sont hyper compétents, voilà, il faut en fait,
20:01 et être bien entourée aussi par ses proches, ça c'est important,
20:05 mais je pense que voilà, si on a cette positivité et ce moral,
20:10 ça fait peut-être 50% du travail, quoi.
20:13 - Virgilia S. et notre invité ce soir dans le 90 minutes reçoit plein de messages
20:17 de personnes qui sont très contentes de vous revoir à l'antenne.
20:20 - Ah mais moi, je suis très heureuse d'être là, ça me touche beaucoup d'être là,
20:24 ça m'avait manqué, ça me fait quelque chose, je vais pas pleurer,
20:28 mais je me suis dit que je n'allais pas pleurer.
20:31 - Et c'est impressionnant de voir à quel point vous êtes forte,
20:33 docteur Paul Cotillot, vous êtes, je l'imagine aussi, impressionné,
20:36 vous êtes oncologue médicale à l'Institut Curie,
20:39 justement pour les téléspectateurs, les téléspectatrices qui nous rejoignent,
20:43 comment allez-vous aujourd'hui ?
20:45 - Ça va bien, non, ça va bien, alors bien sûr, il y a des hauts et des bas,
20:48 encore une fois, je ne veux culpabiliser personne,
20:51 parce que souvent sur les réseaux sociaux, on a l'impression que tout est beau,
20:55 tout est rose, moi je tiens à le dire, c'est que, bah oui,
20:58 il y a des moments où forcément c'est dur, il faut prendre conscience
21:01 du fait que c'est compliqué, c'est un long protocole
21:05 pour, et encore une fois, au début, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
21:09 on ne se sent pas malade, c'est ces traitements qui nous rendent malades,
21:12 mais à la fois c'est des traitements qu'il faut voir comme notre meilleur ami,
21:16 c'est des traitements qui nous sauvent la vie,
21:18 donc voilà, mais c'est vrai que, oui, je garde le sourire,
21:21 parce que c'est important, encore une fois, je ne vais pas creuser ma tombe tout de suite,
21:25 je me bats pour moi, pour ceux que j'aime, pour mon bébé qui va avoir deux mois,
21:29 mais je pense que c'est important de le dire,
21:31 qu'il y a des moments où ce n'est pas facile,
21:34 là j'ai eu une chimio ce matin, mais c'est un nouveau traitement que j'ai,
21:38 donc je n'ai pas encore les effets secondaires,
21:40 donc là j'en profite, je vais bien, je suis en forme.
21:42 À quoi vont ressembler les prochains jours ?
21:44 C'est-à-dire, quel est le rythme de chimio dont vous parlez ?
21:48 Les moments où vous vous sentez bien ?
21:50 Les moments qui sont nombreux ?
21:52 Alors là, comme c'est un nouveau traitement de chimio,
21:55 en fait, moi, mon protocole, pour vous dire, je démarre par huit chimios,
21:59 donc quatre d'une solution qu'on appelle EC,
22:04 et quatre taxotères,
22:06 et en fait, ce ne sont pas les mêmes effets secondaires, a priori, que je vais avoir,
22:10 et c'est vrai qu'avec le EC, je les avais dès le soir même,
22:14 donc ça a duré peut-être une grosse semaine,
22:17 ou, bon, ben voilà, ce ne sont pas des choses très drôles.
22:20 Alors, encore une fois, je n'aime pas parler des effets secondaires,
22:22 parce que ça dépend vraiment des personnes.
22:24 Il y en a qui ne vont rien avoir,
22:26 il y en a qui vont avoir tel effet secondaire, d'autres non.
22:29 Moi, en l'occurrence, voilà, bon, je n'étais pas bien,
22:31 j'avais beaucoup de fatigue, des maux de tête,
22:33 et puis nausées, vomissements,
22:35 alors à début, je ne savais pas si c'était la grossesse ou pas,
22:37 c'est vrai que c'était, voilà, comme j'étais enceinte pendant deux chimios,
22:41 j'ai fait deux chimios enceintes, voilà.
22:44 Mais là, la nouvelle cure que j'ai démarrée ce matin,
22:47 c'est un petit peu à retardement,
22:50 donc peut-être que les effets secondaires, ils arriveront après,
22:53 c'est d'autres effets secondaires,
22:54 donc pour l'instant, je ne peux pas vous dire ce que ça va donner,
22:56 mais en général, c'est vrai que je me dis,
22:58 bon, il faut que je compte une grosse semaine après le début des effets secondaires
23:03 pour commencer à me ressentir un petit peu mieux.
23:06 - Et vous sentez déjà les effets positifs ?
23:10 Vous arrivez à combattre ce cancer, à le faire diminuer ?
23:13 Ça, vous le voyez ?
23:14 - Alors, je ne le ressens pas directement,
23:16 mais grâce aux examens, oui, a priori,
23:19 et heureusement, sur moi, en tout cas,
23:22 ce protocole marche très bien,
23:24 parce que d'une tumeur qui faisait 3 cm,
23:27 là, elle fait un petit peu plus de 1 cm,
23:29 juste après quatre chimios,
23:30 donc c'est hyper rassurant,
23:32 et voilà, et elle va vite déguerpir, j'espère.
23:37 - Vous le disiez tout à l'heure,
23:38 le combat est long dans la mesure où ensuite on est mis en rémission,
23:41 c'est sur combien de...
23:42 Est-ce que vous arrivez à vous projeter,
23:44 à vous dire, à un moment, vous l'aurez vaincu,
23:47 et je passerai à autre chose ?
23:49 - En fait, je ne pense pas forcément,
23:53 j'essaie de ne pas y penser,
23:54 parce qu'il y a tellement déjà d'étapes,
23:57 qu'au début, c'est vrai que quand on nous annonce le protocole,
24:01 donc voilà, avant même de démarrer les chimios,
24:03 on nous dit, tu as l'examen, ensuite tu auras ça,
24:06 demain, tu en as deux,
24:07 tu en as un le matin, tu as celui-là,
24:08 enfin, il y a tellement de choses que c'est vrai que,
24:10 dès le départ, je me suis dit,
24:12 bon, on va m'expliquer les choses step by step,
24:15 vraiment, parce que là, c'est même plus un escalier,
24:18 c'est une montagne,
24:19 donc fouiller, c'est ça, en fait,
24:21 qui nous fait réaliser que ça va être très compliqué
24:23 et que c'est dur aussi, moralement,
24:25 et qu'on se rend compte à quel point c'est finalement une maladie.
24:30 C'est ça, moi, qui m'a fait vraiment réaliser que c'était grave.
24:32 C'est toutes les ordonnances, c'est tout le protocole,
24:35 parce qu'heureusement, on nous imprime une feuille avec,
24:38 voilà, alors tu vas avoir d'abord ces quatre chimios,
24:40 au bout de quatre chimios,
24:41 on fait la mammographie pour voir si déjà,
24:44 il y a eu un impact positif sur la tumeur.
24:47 Ensuite, il y a les quatre prochaines chimios.
24:49 Ensuite, il y a l'opération.
24:52 Donc, pour moi, c'est une tumorectomie,
24:54 ce n'est pas une...
24:55 - On enlève la tumeur, on n'enlève pas le sein.
24:57 - On enlève la tumeur, effectivement,
24:59 et on fait comme une grosse biopsie.
25:02 Je parle sous le contrôle du docteur.
25:04 - Il a l'air d'approuver.
25:05 - Il devient un peu oncologue soi-même au bout d'un moment.
25:08 Mais en fait, on analyse effectivement,
25:10 après opération, ce qui reste de la tumeur.
25:13 S'il n'y a plus de cellules cancéreuses,
25:16 on peut attaquer la radiothérapie.
25:18 Ça, c'est sur plusieurs semaines.
25:20 Je pense que ça dépend des cancers et des personnes,
25:22 parce qu'il y a plusieurs cancers du sein,
25:24 ça aussi, il faut le dire.
25:25 Et ensuite, effectivement, on a l'hormonothérapie.
25:29 Donc, ça, c'est plus "facile" par rapport à la chimio,
25:33 c'est-à-dire que c'est un comprimé à prendre chez soi tous les jours.
25:36 Mais effectivement, c'est pendant plusieurs années.
25:38 Moi, pour le coup, ça sera cinq ans.
25:40 Il y en a, c'est dix ans.
25:41 Ça aussi, ça dépend des cas.
25:44 Et voilà.
25:46 Donc, c'est vrai que c'est long,
25:47 parce qu'en fait, l'hormonothérapie,
25:49 si j'ai bien compris ce qu'on m'a dit,
25:51 à ce moment-là, même s'il n'y a plus de tumeur,
25:53 on ne nous parle pas de guérison, on nous parle de rémission.
25:55 Ça veut dire que l'hormonothérapie,
25:58 et voilà, arrêtez-moi si je me trompe,
26:00 ça sert à empêcher cancer numéro deux d'arriver.
26:03 C'est un petit peu ça.
26:04 C'est-à-dire que le cancer, super, vous ne l'avez plus,
26:07 mais on va tout faire pour éviter une récidive.
26:10 Et c'est pour ça que c'est important
26:11 de faire ce traitement d'hormonothérapie.
26:13 N'hésitez pas à me confesser.
26:15 L'ensemble est fait pour empêcher la récidive.
26:18 Oui.
26:19 La guérison, c'est l'absence de récidive.
26:21 C'est comme ça que ça se définit, en fait.
26:22 Oui, et à un moment, on dit qu'on est guéri.
26:25 Ça y est, l'histoire est terminée.
26:26 C'est une définition qui est subtile, en fait,
26:27 la guérison en cancérologie.
26:29 Guérir, c'est ne pas rechuter.
26:31 Donc après, à quel moment vous dites
26:33 que vous ne rechuterez jamais ?
26:34 Je pense que c'est l'éternel,
26:35 c'est le bout de la réflexion de la cancérologie.
26:37 Je ne suis pas sûr qu'on y réponde.
26:39 Il est important, le récit de Virgilia,
26:40 on en parlait tout à l'heure.
26:41 Ça fait du bien, déjà,
26:42 de pouvoir s'identifier à son quotidien.
26:44 Pour toutes les femmes qui se posent des questions,
26:46 Virgilia raconte son parcours.
26:48 Et d'ailleurs, il n'y a pas de séance de questions-réponses
26:50 où vous répondez.
26:51 Il y a même ce que disait tout à l'heure Virgilia,
26:53 la palpation du sein,
26:54 les femmes ne savent pas forcément faire.
26:56 Non, c'est vrai, parce que ça ne s'apprend pas, en fait.
26:58 Donc, si les femmes qui sont intéressées
27:01 par ce qu'on appelle l'autopalpation,
27:03 peuvent demander à leur gynécologue,
27:04 ou doivent, ou devraient demander à leur gynécologue
27:07 d'apprendre l'autopalpation,
27:08 quelque chose qui n'est pas très compliqué.
27:10 On devrait toutes savoir le faire.
27:11 Vous devriez toutes savoir le faire,
27:12 maintenant c'est une injonction,
27:13 donc vous pourriez toutes vous poser la question.
27:15 Nous pourrions tous nous poser la question,
27:17 parce qu'il y a aussi des conjoints
27:18 qui pourraient participer.
27:19 Mais après, c'est quand même une décision individuelle.
27:22 Et c'est mettre en jeu tellement de difficultés profondes,
27:25 d'interrogations profondes sur ce que nous sommes,
27:27 que s'autodépister un cancer
27:29 n'est pas forcément quelque chose qui est si simple que ça.
27:31 Il faut aussi le considérer.
27:32 Mais ça existe, et ça s'apprend.
27:34 Merci mille fois. Merci Virgilia.
27:37 Avec plaisir, merci pour l'invitation.
27:39 On va continuer à vous suivre sur les réseaux sociaux.
27:42 Avec plaisir.
27:43 À suivre le récit de ce combat.
27:45 On était très contentes de vous rencontrer.
27:47 Moi aussi, je suis très touchée d'être de retour à la maison.
27:50 Ça fait du bien.
27:51 Merci beaucoup.

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