"Un personnage très attachant et fragile": Le comédien Pierre Arditi rend hommage à Michel Blanc
L'acteur Michel Blanc est décédé à l'âge de 72 ans dans la nuit de jeudi à vendredi d'un malaise cardiaque causé par un choc anaphylactique.
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00:00J'ai été triste, surtout, oui.
00:02D'abord, on a fait Musée haut, Musée bas,
00:05mais c'est un film de troupes,
00:07et donc on a fait un passage, lui et moi, dans le même film,
00:10mais je l'ai surtout connu
00:12quand nous avons joué Art de Yasmina Reza au théâtre.
00:15Il a joué pendant six mois.
00:16Et là, c'est pas tout à fait la même chose.
00:18On a eu le temps d'approfondir notre rapport,
00:21qui a été excellent, d'ailleurs, un peu iconoclaste,
00:24comme ça, on a beaucoup passé notre temps
00:26à se foutre de la gueule l'un de l'autre,
00:28mais en toute amitié.
00:29Et j'ai découvert, effectivement,
00:31une partie de la personnalité de Michel
00:34qui n'était pas tout à fait celle qu'on pouvait voir à l'écran,
00:37dans la partie du cas du Splendide,
00:39qui était formidable, qui était très bien,
00:41mais lui-même a eu envie d'aller voir ailleurs,
00:43à l'intérieur de lui-même,
00:45pour se prouver à lui-même qu'il pouvait jouer autre chose,
00:47ce qu'il a fait d'une manière brillante.
00:49C'est un personnage très attachant et fragile, fragile, sensible,
00:54c'est-à-dire qu'il cherchait plutôt une voie interne
00:56plutôt qu'une voie extravertie,
00:58et ce qu'il a parfaitement réussi.
01:00Ce qui m'avait touché chez lui, c'est que...
01:02C'est très étrange, parce qu'il n'était pas...
01:05Enfin, il ne se dévoilait pas,
01:07mais j'ai très vite senti, quand on jouait ensemble,
01:10qu'il avait cette espèce de fragilité,
01:12dont, d'ailleurs, il se servait, comme tout bon acteur,
01:15pour incarner un autre personnage.
01:17D'ailleurs, Dominique Besniard parlait tout à l'heure
01:20de clown triste, pour le qualifier,
01:22et je lisais tout à l'heure une interview
01:24où il expliquait Michel Blanc
01:27comment il avait repris le rôle de Jean-Claude Dusse.
01:30Il disait qu'il fallait que tout le monde dans Les Bronzés
01:32trouve un petit peu son personnage comique.
01:34Il disait que Junio a trouvé facilement le sien
01:37en se basant sur son physique.
01:38Et puis, lui, il a tâtonné avant de comprendre
01:40comment utiliser ses névroses et ses maladresses
01:43au service du rôle.
01:45Oui, bien sûr.
01:46En ce sens, il a épousé la méthode de Stanislavski,
01:50qui est la mienne.
01:51Stanislavski étant le metteur en scène de Tchaikov,
01:54c'est celui qui a inventé une méthode
01:55qui a ressemblé après à celle de l'acteur studio,
01:58se servir de soi pour incarner un autre.
02:01Il était tout à fait comme ça.
02:02Il a senti qu'à l'intérieur de lui-même,
02:04il pouvait trouver son personnage autrement
02:07que la façon qu'avaient les autres de le trouver.
02:09C'est ça qui, d'ailleurs, était le...
02:11Ce qui m'a le plus frappé, c'est ça,
02:13parce qu'il venait d'une équipe formidable, d'ailleurs,
02:17bon, voilà, d'état de splendide,
02:19mais il sait non pas qu'il a méprisé ce qu'il avait fait avant,
02:21mais il a trouvé quelque chose qu'il avait envie d'aborder,
02:25c'est-à-dire, comment dire,
02:27à la fois une introversion et en même temps quelque chose
02:30qui pouvait exprimer un grand nombre de choses,
02:33mais d'une manière non extravertie.
02:36Et c'est vrai qu'il n'a pas été récompensé
02:38d'une palme d'or pour rien, ce garçon.