Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Anna Diakeré, Camille Cotin, bonjour à toutes les deux.
00:02Je suis ravie de vous recevoir pour parler, en plus de ce film puissant,
00:05ni chaîne ni maître, un film fort, un film dur,
00:08un film engagé, un film qui marque, surtout.
00:10J'imagine que pour toutes les deux, c'était le cas aussi,
00:12après avoir tourné dans ce film ?
00:14Oui, on n'a pas eu la chance d'avoir de scène ensemble.
00:20Et moi, j'entendais parler du travail d'Anna quand je n'étais pas sur le bateau.
00:25Et j'avais vraiment hâte de découvrir dans le film.
00:27Mais oui, c'était un tournage intense.
00:30Ni chaîne ni maître, ça se passe en 1759,
00:32donc à l'époque de l'esclavagisme, sur l'île de France.
00:35Aujourd'hui, c'est l'île Maurice.
00:36Vous jouez cette jeune femme, Mathie, qui va s'enfuir avec son père.
00:39Et vous, Camille, vous jouez un personnage
00:41qui a vraiment existé, une chasseuse d'esclaves.
00:43Vous allez partir à sa poursuite.
00:45Quand on vous propose ce type de rôle, qu'est-ce que vous vous dites ?
00:48C'est vrai qu'en lisant le scénario, j'ai un peu hésité.
00:50Qu'est-ce qui vous a fait hésiter ?
00:52Justement, parce que c'est un rôle très dur et que je ne savais pas
00:57si je pourrais l'interpréter, en fait.
01:00Et vous, vous avez eu quelle réaction ? C'est votre premier rôle ?
01:02Oui, c'est mon premier long, on va dire.
01:05Premier grand rôle.
01:06Premier grand rôle, oui, mais...
01:09Écoutez, j'ai adoré d'interpréter ce rôle,
01:11parce que c'est un message que je passe.
01:14Quand je me suis dit, dans la tête, que tu fais...
01:17par le biais de la rébellion de Mathie,
01:19tu libères les jeunes, tu libères les femmes,
01:22alors j'y suis allée.
01:24Vous vous êtes senties comment, le premier jour de tournage ?
01:28Parce qu'on sait qu'on va participer à un film nécessaire,
01:31un film qui va laisser une trace forte.
01:34Très ambitieuse, déjà.
01:36Très ambitieuse de poursuivre les choses.
01:39Très physique, mais...
01:40Aussi, c'est vrai.
01:42Mais oui, parce que dès que tu sens que tu as un message à faire passer
01:45et que ça doit faire de l'impact,
01:47tu as envie de foncer et de faire plusieurs choses.
01:50Simon Interu, le réalisateur,
01:52dit que lorsqu'il vous a rencontrées, c'était une évidence
01:55et que vous aviez ce même feu intérieur qu'elle a, Mathie.
01:59Oui, c'est ça.
02:00Il vient d'où, ce feu intérieur ?
02:02Il a été là. Je suis grandi au Sénégal.
02:05C'est pas commun. Si tu as des rêves, il faut que tu te battes vraiment.
02:08Moi, j'y vais jusqu'au bout.
02:11Pour mes rêves et pour ce que je veux,
02:13je vais vraiment foncer.
02:15Et il a senti ça.
02:17Et même quand on s'est rencontrés, j'ai senti qu'il y allait y avoir quelque chose.
02:21Et vous, Camille, effectivement,
02:22il dit que vous avez eu le courage d'accepter l'ambiguïté de ce rôle.
02:26Ça fait partie aussi du plaisir de jouer ?
02:28Absolument. Mais d'ailleurs, la question de plaisir,
02:30elle est venue assez vite, comme une entrave.
02:33Quel plaisir...
02:34Parce que c'est vrai que normalement, le plaisir,
02:36c'est une composante importante du jeu.
02:39Bien sûr.
02:40Et là, quel plaisir on peut trouver à jouer une chasseuse d'esclaves.
02:43C'était un petit peu...
02:44Ça a créé pas mal de peur chez moi.
02:47Et ça rejoint ce que dit Anna aussi.
02:50C'est déjà le fait de participer à un film
02:54dont le message est aussi important, en tout cas, la portée du film.
02:58Et après, c'est dans l'aspect physique
03:00que j'ai pu trouver une liberté et me laisser aller.
03:04Vous montez à cheval dans le film.
03:06Je crois que vous montez à cheval dans la vie, donc ça, c'était...
03:10Oui, enfin, j'ai monté à cheval il y a un épisode de 10 %,
03:14parce qu'en fait, ça faisait très longtemps que j'étais pas montée à cheval.
03:17Et donc, quand Simon m'a dit que je montais à cheval,
03:18je me souviens hyper bien.
03:19Bien sûr.
03:20Je suis un peu tétanisée au début,
03:22mais pareil, avec le rôle, et puis après, c'est parti.
03:27Les malgaches, eux,
03:30ne cherchent jamais à s'enfuir.
03:32C'est vous, les Wolofs,
03:34qui me forcez à agir comme ça.
03:39Si c'est rondi dans la troisième règle...
03:44Vous avez vu le cheval ?
03:46C'est le cheval qui va vous tuer.
03:48Ce code, c'est la loi.
03:52Il n'y a jamais eu d'exécution sur cette terre.
03:54Faites en sorte que ça n'arrive jamais.
03:58Personne ne s'est tué, personne.
04:01Il n'y en a pas un seul.
04:03Le film est en partie tourné en Wolof aussi.
04:06C'était quelque chose d'important, politiquement parlant.
04:08Oui, c'était très important, parce que ça va vraiment toucher...
04:12Mais c'était un Wolof très ancien,
04:14puisque nous, les jeunes, on parle un Wolof françaisisé.
04:17On a dû apprendre le Wolof, tout comme tu l'as fait.
04:21Une phrase.
04:22Mais c'était grave crédible.
04:25C'était très crédible.
04:26Elle m'a fait répéter.
04:28Bien sûr.
04:35Tu m'as fait répéter en français.
04:37Moi aussi, oui.
04:38Il y a une dimension politique très forte.
04:40Et en même temps, je crois que c'est vous, Anna, vous le dites,
04:43c'est pas un règlement de compte, ce film.
04:45Oui, je dis que c'est pas un règlement de compte.
04:48C'est un éveillement.
04:49Et c'est un message.
04:51Et c'est une lumière.
04:53Il y a aussi un plus grand message qui dit aux femmes
04:57d'arrêter de se faire oppresser, en fait.
05:01Jouer dans un film comme celui-là, pour vous,
05:03c'est un engagement fort, j'imagine.
05:04C'est aussi mettre votre notoriété au service de projets importants,
05:08politiques.
05:09Je dirais déjà, de manière générale,
05:10de pouvoir travailler avec un réalisateur ou une réalisatrice
05:13qui est habitée par son sujet.
05:15C'est une grande chance pour un acteur
05:16parce que cette énergie, elle est communiquée.
05:20Et oui, c'est un sujet qui me touche profondément,
05:24qui est un sujet fondamental aujourd'hui.
05:30Donc oui, je suis heureuse de participer à ce type de projet.
05:39Je vais m'occuper de ça.
05:42Je vais m'occuper de ma gun.
05:47Oui, je serai, madame.
05:49Tu n'as pas l'air de comprendre.
05:53Si d'autres chasseurs la trouvent avant moi, ils la tueront.
05:57Pour ma part, j'amène toujours mes marrons vivants.
06:02Ce qui m'a frappée aussi dans ce film, c'est qu'il ose aller loin.
06:04Il y a de la violence, elle est crue.
06:06On détourne les yeux à certains moments,
06:08et en même temps, elle est toujours justifiée.
06:11Elle sert, je trouve, le propos du film.
06:13Ce n'est pas facile d'avoir cet équilibre
06:15et de montrer les choses comme ça.
06:17C'est ce qu'ils ont vraiment vécu ou pire.
06:19En fait, c'est ça qui a poussé à ce qu'il fait.
06:23Donc il y a vraiment une mise en conscience pour moi.
06:25Il y a une violence, mais c'est pour mettre en conscience,
06:27c'est pour éveiller, c'est pour montrer ce qui a été vécu.
06:30C'était nécessaire avec ce film.
06:31C'était nécessaire pour qu'on puisse comprendre.
06:34La folie, en plus, c'est que la violence du début,
06:38elle illustre le code noir, avec des règles bien précises.
06:41Première tentative de fuite, deuxième tentative de fuite.
06:44Donc il y a la fleur de lys, on coupe les oreilles, on coupe les...
06:48Déjà, arrêt.
06:49Je comprends. Déjà, oui.
06:50Et la troisième, c'est la mise à mort.
06:51Et ce qui est fou, c'est de savoir que le code noir a été établi
06:55pour contenir la violence.
06:57C'était justement pour limiter l'explosion de violence
07:01et que ce soit régulé.
07:03Vous la recevez comment, toutes les deux,
07:04en tant que spectatrice, la violence au cinéma ?
07:07Par exemple, je suis une grande femme de...
07:08Fan, pas femme, je ne suis pas la femme de Tarantino.
07:13Je suis une grande fan.
07:14Non, mais je vous aurais bien vues dans Kill Bill, quand même.
07:16Non, mais voilà, typiquement, j'adore, justement,
07:20l'esthétisation de la violence.
07:22Après, quand c'est sur des faits historiques, comme celui-ci,
07:26c'est très difficile.
07:28C'est très difficile à supporter.
07:30Oui, parce qu'il y a un poids de l'histoire.
07:32Mais même sur le plateau, quand on recrée la scène des coups de fouet
07:36et qu'il y avait tous les acteurs
07:39qui jouaient, justement, les marrons de la plantation,
07:43il y avait une ambiance très, très lourde sur le plateau.
08:37C'est votre premier grand rôle au cinéma.
08:39C'est le premier long-métrage de Simon Monterroux.
08:42Vous vous souvenez, vous, de votre premier tournage, Camille ?
08:45Oui, oui, c'était Yamakasi, où j'avais une phrase.
08:49Donc, voilà, petit à petit...
08:51C'est un souvenir heureux.
08:53Oui, très heureux, j'étais ravie.
08:56Un mot sur la Mostra de Venise.
08:57Vous y étiez présentée le film d'Emmanuel Mouret,
08:59mais aussi pour rendre hommage à Simon Monterroux.
09:01Oui, c'est vrai.
09:02C'était une très belle édition. C'est vraiment un modèle pour vous.
09:05Vous saviez jouer ensemble aussi dans 10 %.
09:07Ça vous a ressenti, quoi ?
09:08Ça m'a touchée énormément, j'étais...
09:11C'était aussi à son initiative,
09:15donc j'étais stressée,
09:19mais très touchée, très heureuse de partager ce moment avec elle.
09:22Elle est tellement inspirante.
09:24Et puis, on parle des modèles féminins.
09:27Elle est vraiment...
09:28Elle est vraiment...
09:30On parle des modèles féminins.
09:32Elle dit qu'en fait, plus elle vieillit,
09:35plus elle prend de plaisir
09:37à se faire traverser par plein d'autres vies que la sienne.
09:42Donc, je trouve que c'est un beau message aussi.
09:44C'est inspirant.