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Musique
Transcription
00:00Bonjour Gilbert Montagné.
00:02Hélody, bonjour.
00:04L'auteur, compositeur, interprète que vous êtes n'a jamais cessé de nous accompagner avec vos chansons classées dans la catégorie tube.
00:09On pense à Les Sunlines des Tropiques, The Fool, On va s'aimer et tant d'autres.
00:13Ce qui vous représente le plus, d'une part, c'est votre voix à la tessiture assez impressionnante, votre jeu de piano et votre sourire.
00:21Jamais personne ne vous a vu triste de mauvaise humeur.
00:23Vous êtes toujours souriant et votre joie de vivre transpire.
00:26Depuis votre naissance, vous êtes privé de vos yeux et pourtant votre regard sur le monde et sur la vie force le respect
00:32et nous permet à nous les voyants de voir plus loin et mieux pour ne pas dire davantage que la vie est très très belle.
00:38Aujourd'hui, vous sortez un livre comptine intitulé On Chante, On Danse chez Fleurus.
00:42Soit cinq comptines indémodables de notre enfance, cinq comptines écrites et mises en musique par vous-même.
00:47Il y a un livret avec toutes les paroles et un CD et un QR code avec aussi des illustrations de Thierry Manès.
00:55Comment vous vous êtes retrouvé dans cette aventure, Gilbert ?
00:58Ce qui m'a vraiment plu d'un coup avec ça, c'est que je me suis retrouvé, ça m'a ramené, moi, vers ma petite enfance.
01:09C'est-à-dire que j'ai voulu que ce soit vraiment très épuré.
01:12J'ai pas cherché à faire des sons extraordinaires et tout ça parce que je voulais que ce soit vraiment limpide et éclairé et épuré.
01:27Et moi, ça m'a ramené vers mon jardin d'enfants.
01:30Tu sais, quand j'avais trois ans, j'allais le seul jardin d'enfants où on nous admettait en tant que nos voyants, le seul à Paris.
01:40À l'Institut de puériculture, maintenant.
01:42Et c'était un jardin d'enfants extraordinaire.
01:45Le matin, à chaque élève qui arrivait, on lui chantait une petite chanson, tous.
01:50Et c'était fantastique, quoi.
01:52Imagine, enfin, c'était à peu près vers 54, 55.
01:57Les monétrices qui étaient là, elles avaient pas du tout eu de formation.
02:02Déjà que maintenant, la formation, c'est très léger.
02:05Mais là, il n'y avait rien.
02:07Mais c'était fantastique parce qu'elles avaient compris notre mode d'appréhension des choses et de vision.
02:15Parce que, voyez-vous, vous qui nous écoutez, il n'y a pas qu'une sorte de vision.
02:20Il y a la vision des yeux, je suis sûr que ça doit être très bien.
02:23Moi, je ne connais rien du tout, donc je ne sais pas.
02:25Mais il y a aussi une autre vision, c'est la vision d'esprit.
02:28C'est la vision de la croyance au possible.
02:31C'est ce qui m'a toujours porté, depuis la couveuse, en fait, la croyance au possible.
02:37Je voudrais qu'on en parle, justement, de cette couveuse.
02:39L'histoire, elle est incroyable.
02:41C'est-à-dire que vous naissez sur la table de la cuisine du petit appartement familial dans le 20e arrondissement de Paris.
02:46C'est tout, c'est incroyable.
02:48Et en fait, il y a un manque d'oxygène.
02:52Donc le médecin qui habite dans la partie riche, parce que vous êtes dans la partie pauvre,
02:56la partie riche de l'immeuble vient vous visiter et vous met du produit dans les yeux.
03:01Il pense d'ailleurs que vous n'allez pas survivre.
03:04Et puis, vous partez à l'hôpital et là, il y a un manque d'oxygène.
03:07Oui. Là, l'hôpital, le secteur, ils ont dit, ah mais non, c'est pas pour nous ça.
03:10Mais ça respire encore, donc on va l'emmener au centre de néonatalité à Port-Royal.
03:15Et ils ont fait ce qu'ils ont pu.
03:17C'est-à-dire qu'ils ont mis beaucoup d'oxygène, sinon j'allais mourir.
03:20Mais trop.
03:21Mais ils en ont trop mis.
03:22Mais ils ne savaient pas, à l'époque.
03:23Ce n'est pas de leur faute.
03:25Je n'aurais jamais voulu.
03:27Je ne vois pas pourquoi je n'en aurais voulu, d'ailleurs.
03:30Parce que depuis tout petit bébé, moi, j'ai adoré mon monde.
03:35Le monde.
03:36Ce n'est pas juste mon monde.
03:37Je ne suis pas dans un monde enfermé.
03:40J'ai toujours voulu communiquer avec les gens.
03:45Je savais que, je ne sais pas, d'abord, c'était ma nature.
03:49Et puis, je savais que ce n'est peut-être pas eux qui viendraient vers moi.
03:53Donc, c'était à moi d'aller vers eux.
03:55Mais ce n'est pas grave.
03:56L'important, ce n'est pas qu'ils fassent le premier pas.
03:59Le premier pas soit fait.
04:00Il y a un moment, quand même, il faut l'aborder, où ça a été très, très difficile pour vous.
04:05Parce que c'est vrai qu'on a l'impression, comme ça, que ça a été un compte de fait.
04:08Que ça a quand même fonctionné dès le départ.
04:10Mais pas du tout.
04:11Vous avez fait la manche, à un moment donné.
04:12Oui, ça n'a pas duré longtemps.
04:13Mais j'ai fait.
04:14Mais ça a existé.
04:15Ça a existé, bien sûr.
04:16J'ai fait la manche pendant à peu près quatre, cinq jours.
04:19Mais pour moi, ça a paru d'illustre.
04:24J'avais une boîte de café, une boîte en fer.
04:31Et puis, j'avais quelques pièces et je m'en servais pour les percus.
04:34Et je chantais mes problèmes dans la rue.
04:37C'est-à-dire, je disais, ne croyez pas que je suis là pour rester.
04:41Moi, je cherche un job.
04:43Si vous avez entendu parler d'un job en tant que keyboard, pianiste, chanteur, ce que vous voulez.
04:49Faites-moi signe.
04:50Et là, je me suis rendu compte du dédain des gens quand ils voient quelqu'un faire la manche.
04:56C'est-à-dire qu'il passe.
04:58Il ne s'arrête même pas.
05:00Personne ne parle.
05:01Puis même, en tant qu'aveuille, ça paraît normal que tu fasses la manche à l'école.
05:08C'est tout ce qu'on nous avait appris, en plus de ne pas faire.
05:11Vraiment, c'était quelque chose de diabolique.
05:15Oui, j'ai fait la manche parce que mon ex-femme, j'avais un petit bébé, Eric, qui était tout petit.
05:23Et il fallait bien un peu d'argent pour manger, pour les couches et tout ça.
05:29Mais le truc avec moi, c'est que je ne retiens pas le négatif.
05:33Ce n'était pas grave.
05:35Je savais que ça n'allait pas durer.
05:37Je ne savais pas ce qui allait se passer, mais je savais que ça n'allait pas durer.
05:39Vous avez toujours cru en la vie.
05:40Vous avez toujours dit, par contre, que c'est le regard des autres qui vous a toujours gêné.
05:44Oui, gêné.
05:46Je trouvais que c'était une perte de temps et un manque de croyance au possible.
05:51Qu'ils avaient, eux, à me regarder comme ça.
05:54Les gens ne pensaient pas que je savais qu'ils me regardaient intensément.
05:58Et vous savez, ce qui était marrant, c'est que dans le métro, quand j'étais de l'âge de 3 ans,
06:03à l'âge de 13 ans, après, quand je me suis débrouillé tout seul,
06:06maman était avec moi et elle leur disait aux gens.
06:09Mais alors, vous n'avez rien vu ? Vous voulez sa photo ?
06:12Et puis moi, pendant des années, je lui ai donné mes photos à la sortie des concerts.
06:15C'est marrant quand même.
06:17Comme quoi, il n'y a pas de hasard.
06:19En 71, effectivement, il y a The Fool.
06:22Et puis en 84, il y a l'album Liberté.
06:24Là, ça va être un énorme carton.
06:27On ne peut pas appeler ça autrement.
06:28C'est rempli de tubes.
06:29Il y a notamment les Sunlight des Tropiques et On va s'aimer.
06:32Deux chansons signées Didier Barbelivien.
06:35Elles représentent quoi, ces chansons, pour vous, Gilles Maire ?
06:38Ce qui est merveilleux, vraiment, après 53 ans de carrière,
06:41c'est que, par exemple, cet été, on vient de faire une série de concerts,
06:45moi et mes musiciens.
06:47Extraordinaire.
06:49Les gens, un public pas possible.
06:51De plus en plus de jeunes, de 10 ans, 8 ans, 15 ans.
06:56Et c'est le feu.
06:57Et ça me fait tellement plaisir.
06:59Ça m'apporte tellement de force
07:03que je me suis dit, OK, là, j'ai envie de préparer un album.
07:09Alors, ce n'est pas ce dont on parle aujourd'hui,
07:11parce que j'adore mon livre illustré pour les petits bébés
07:16de 1 an à 5 ans, de 1 an à 4 ans, un truc comme ça.
07:20Mais dans quelques mois, je viendrai vous parler de mon album.
07:23Avec grand plaisir.
07:24Je l'ai fait parce que j'en avais envie.
07:25Sinon, je n'aurais pas fait.
07:26Pour terminer, Gilbert, que représentent ces 53 années passées à nos côtés ?
07:31Ce parcours.
07:33Je remercie la vie.
07:35Je remercie le ciel.
07:37Et même avec toutes les...
07:39Parce que ce n'est jamais tout droit.
07:41Toutes les difficultés.
07:43J'ai quand même...
07:45Pour l'instant, j'ai une très belle vie.
07:48Vraiment.
07:50Je veux dire, je ne peux pas me plaindre.
07:53Non, je ne peux pas me plaindre.
07:56J'essaie de rester digne de l'amour que me donne le public.

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