Chloé Sarra, cheffe de projet Femmes à l'Iso faculté de Mazan

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A Mazan, une marche blanche est organisée ce samedi 5 octobre 14h30 pour exprimer sa solidarité et son empathie à l'égard de toutes les victimes de violences.
Ce sont des femmes qui sont à l'origine ce cette marche, celle qui sont accueillies à l'Iso Faculté de Mazan, un centre de reconstruction des victimes avec notamment l'utilisation du cheval et de l'équitation.

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Transcription
00:00France Bleu Vaucluse, 7h46, et si on en parlait, en plein procès des viols de Mazan,
00:05une marche blanche est organisée demain dans la commune.
00:08Mobilisation de soutien à l'égard de Gisèle Pellicot et de toutes les victimes de violences.
00:13Une marche organisée par des femmes de l'association l'ISO Faculté de Mazan,
00:17dont fait partie l'invité d'ici matin, Romain Berget.
00:19Bonjour Chloé Sarah.
00:20Bonjour.
00:21Merci beaucoup d'être avec nous.
00:22Vous êtes la chef de projet Femmes au sein de ce centre de reconstruction de soins avec et par le cheval.
00:28On va justement parler de votre travail.
00:30D'un mot d'abord sur le thème marche blanche.
00:33Certains de nos auditeurs et nous-mêmes n'avons pas trop bien compris pourquoi c'est intitulé.
00:37Alors c'est intitulé marche blanche solidaire.
00:40Donc l'objectif qui est porté par les femmes qu'on accompagne,
00:45c'est vraiment de pouvoir apporter leur soutien à Gisèle Pellicot.
00:51Et cette marche se veut silencieuse.
00:54C'est pour ça qu'on a choisi avec elle de l'appeler marche blanche,
00:58parce que cette marche se veut silencieuse, elle se veut pacifique.
01:01L'objectif c'est vraiment de pouvoir se recueillir,
01:04même si en effet il n'y a pas eu de morts,
01:07mais l'idée c'est de pouvoir se recueillir et que tout le monde puisse avoir une pensée
01:11pour les femmes victimes de violences de manière générale
01:13et de pouvoir s'indigner contre la violence de manière pacifique.
01:17L'objectif est là.
01:18Marche blanche donc avec un véritable message derrière.
01:20C'est ça, tout à fait.
01:22Le but donc c'est de soutenir Gisèle Pellicot.
01:25Oui.
01:26C'est important aussi de l'organiser à Mazan.
01:28Là, votre centre est implanté à Mazan.
01:31Les viols ont lieu dans une maison de Mazan.
01:33D'ailleurs l'affaire porte le nom.
01:35C'est important de l'organiser sur place ?
01:37Oui, alors les femmes qu'on accompagne en effet ont été touchées au départ
01:42par l'histoire de Gisèle Pellicot.
01:45Le fait que nous, la structure d'accompagnement soit sur la commune de Mazan.
01:50Les femmes qu'on accompagne n'habitent pas forcément sur la commune de Mazan.
01:53Mais il y avait une cohérence entre les deux.
01:56Il y a des marches qui ont été faites dans d'autres villes de France.
02:01La commune de Mazan est présente dans les médias depuis quelques semaines.
02:08Donc l'idée c'était aussi de pouvoir dire les Mazanais,
02:11la commune de Mazan de manière générale.
02:13Mais ça n'est pas que la ville locale aussi on l'imagine ?
02:15Complètement.
02:16Au terme des discussions et dans votre centre ?
02:18Tout à fait. Sur la commune il y a beaucoup de discussions par rapport à tout ça.
02:23C'est un petit village Mazan.
02:25Il faut imaginer un petit peu le boomerang que cette affaire a pu causer sur la commune.
02:31Donc l'idée c'était aussi de pouvoir mettre les Mazanais au cœur d'une actualité
02:36qui est plus pacifique et plus sympa.
02:39Tout le monde peut venir demain à votre Marche Blanche ?
02:41Bien sûr.
02:42Les hommes notamment ?
02:43Les hommes notamment et on invite en effet tous les hommes à venir soutenir
02:46parce que les violences ce n'est pas seulement une histoire de femmes,
02:49c'est aussi une histoire d'hommes.
02:51Et nous dans la manière dont cette marche est envisagée,
02:56c'est porté par des femmes victimes de violences.
02:58C'est en soutien à Gisèle Pellicot,
03:00mais de manière générale c'est aussi une façon de pouvoir parler des violences
03:04et des hommes subissent aussi des violences.
03:06Donc bien sûr tous les hommes sont conviés.
03:09Oui parce que c'est vrai que depuis que ce procès a démarré,
03:12on les cherche les hommes un petit peu.
03:14Il y a plusieurs tribunes qui sont publiées,
03:16notamment dans le journal Libération,
03:18où 200 hommes, 200 personnalités
03:20appellent justement à cesser cette domination masculine.
03:24Vous aussi vous voulez chercher un peu les hommes,
03:26les prises de parole des hommes dans cette affaire Mazan ?
03:29Oui ce serait bien en effet qu'il y ait plus d'hommes qui prennent la parole.
03:35Nous dans ce qui est proposé samedi,
03:40il y a aussi des témoignages qui vont être mis en place.
03:43Donc des témoignages des femmes qu'on accompagne.
03:45On a aussi quelques hommes qui vont témoigner aussi de violences
03:48qu'ils ont pu subir dans l'enfance.
03:50Donc c'est vraiment commun, la cause est commune
03:53et on n'a pas de problématiques au contraire à ce que les hommes participent.
03:58Cette marche blanche organisée demain,
04:00samedi à Mazan, en soutien à Gisèle Pellicot,
04:02est-ce que vous allez y participer ? Pourquoi ?
04:04Est-ce que c'est important pour vous d'y aller ?
04:06Venez en discute avec nous 0490 14 0404.
04:09On évoque le sujet avec Chloé Sarah,
04:11chef de projet Femmes à l'ISO faculté de Mazan.
04:14On a notamment Isabelle qui écrit
04:16« Oui je participe pour rendre hommage à cette victime courageuse,
04:18un moyen de communier avec l'émotion du drame
04:21et de faire corps en toute neutralité.
04:23De savoir que des personnes se rassemblent à Mazan
04:25pour lui apporter du soutien ne peut que lui réchauffer le cœur. »
04:28C'est ce qu'elle nous écrit sur Facebook.
04:30Pendant que Capucinelle écrit
04:32« Lorsqu'on évoque la marche blanche,
04:34elle se demande qui est mort. »
04:36C'est ce que vous avez expliqué au début de l'entretien.
04:38Ça soutient quoi exactement ?
04:40Que des centaines de personnes se réunissent pour prendre l'air ?
04:42Ni cela ne la répare psychologiquement,
04:44ni cela ne juge les coupables.
04:46Il y a assez de foin sur les réseaux sociaux,
04:48comme ça je ne participerai pas à ce cirque.
04:50Qu'est-ce que vous pourriez lui dire à Capucine
04:52pour la convaincre de venir demain ?
04:54Bien sûr, Capucine,
04:56j'entends cette difficulté pour toi,
04:58en effet,
05:00pour Gisèle,
05:02le fait que des marches,
05:04des personnes marchent,
05:06ça ne va pas lui apporter
05:08quelque chose tout de suite.
05:10Mais il faut imaginer
05:12que beaucoup de gens sont touchés
05:14par ce qui se passe,
05:16par l'histoire de Mme Pellicot.
05:18Donc,
05:20l'idée c'est vraiment de faire solidarité,
05:22de faire corps, de montrer aussi que
05:24au-delà des violences,
05:26il peut y avoir une humanité derrière tout ça.
05:28Et c'est plutôt de se rassembler
05:30pour porter ensemble
05:32les mêmes valeurs et porter un message
05:34d'espoir et de solidarité.
05:36Et cette humanité, Chloé Sarah,
05:38vous la transmettez en quelque sorte
05:40un petit peu au sein du centre
05:42isofaculté de Mazin.
05:44Vous le disiez, les femmes que vous
05:46accompagnez sont à l'origine de cette marche.
05:48C'est important aussi de le repréciser.
05:50Les femmes victimes de violences,
05:52comment ça fonctionne le soin par et avec
05:54le cheval ? On a un peu du mal à
05:56comprendre les bienfaits de l'animal sur
05:58ces femmes.
06:00Pour les femmes qu'on accompagne,
06:02pour certaines, ça fait deux ans
06:04qu'elles participent au programme
06:06d'accompagnement via la médiation
06:08du cheval.
06:10C'est un programme d'accompagnement
06:12qui est financé par des subventions,
06:14dont la Fondation de France.
06:16Et comment ça fonctionne ?
06:18Ça fonctionne en séance
06:20individuelle. Les femmes sont
06:22accompagnées
06:24via un cheval et un animateur
06:26ou une animatrice. Et l'objectif
06:28de ces séances, c'est de retrouver
06:30de la confiance en elles, dans la relation au cheval.
06:32Le cheval
06:34est un animal social. C'est un animal
06:36aussi hiérarchique.
06:38Dans la relation au cheval, il y a tout
06:40un processus
06:42de relations
06:44à mettre en place
06:46avec lui. C'est-à-dire qu'il va falloir
06:48pouvoir prendre sa place, il va falloir
06:50communiquer avec lui. Donc on utilise
06:52le cheval communique de manière corporelle.
06:54Est-ce que le fait que l'animal soit impressionnant
06:56peut aider à ce qu'on
06:58mette du temps à l'apprivoiser,
07:00à venir vers lui, à monter sur le cheval ?
07:02Bien sûr. Dans les
07:04premières séances, beaucoup de
07:06femmes ont très peur.
07:08Surtout dans ce programme
07:10spécifiquement, ont très peur
07:12du cheval. On a affaire à des personnes
07:14qui ne connaissent pas du tout les chevaux, qui en plus
07:16ont subi des violences. Donc la masse du cheval
07:18peut être impressionnante.
07:20Donc l'idée justement, c'est de pouvoir
07:22leur permettre de prendre confiance
07:24dans l'animal, mais aussi en elles.
07:26Quand on est capable
07:28de monter sur un cheval, d'orienter un cheval,
07:30de lui demander des choses,
07:32forcément ça donne de la confiance et ça permet
07:34à ces femmes de se reconstruire.
07:36Pour la marche blanche, est-ce que vous avez demandé l'autorisation
07:38à Gisèle Pellicot et comment elle a reçu cette info ?
07:40Oui. On avait contacté
07:42sa fille, qui a une association
07:44sur la commune, pour
07:46l'informer de ce qu'on mettait en place.
07:48Elle nous a remercié en nous
07:50disant qu'eux ne seraient pas
07:52à présent, que sa maman
07:54aussi nous remerciait pour cette initiative.
07:56Eux ne seraient pas présents.
07:58Au vu des tensions
08:00qu'il y a autour de ce procès,
08:02ils ne souhaitaient pas être présents
08:04pour éviter toute problématique,
08:06mais qu'ils étaient ravis
08:08de cette initiative.
08:10Et vous, Chloé Sarah, les femmes que vous accompagnez
08:12au sein de ce centre Amazon, vous parlent
08:14de ce procès ? Oui, bien sûr.
08:16Tout le monde en parle à Amazon.
08:18Est-ce que ce procès,
08:20on l'entendait cette semaine,
08:22des associations qui accompagnent les victimes
08:24dire qu'il commence à y avoir
08:26un impact sur les femmes, qu'elles se sentent
08:28plus fortes, que ça libère en quelque sorte la parole,
08:30de voir qu'une femme peut se tenir
08:32devant 51 hommes dans une salle
08:34dans un palais de justice ?
08:36Est-ce qu'elles aussi
08:38ressentent cet impact de ce mois
08:40d'audience très médiatisé ?
08:42Bien sûr, ça leur a donné aussi beaucoup de force.
08:44Il faut savoir que
08:46cette initiative qui est prise justement
08:48par ces femmes, au départ on parle de
08:50femmes qui se cachent, on parle de femmes
08:52qui ne veulent pas du tout
08:54être dans la lumière, qui manquent de confiance.
08:56Donc prendre cette initiative
08:58de cette marche,
09:00vouloir témoigner parce que
09:02une partie d'entre elles sont prêtes
09:04aujourd'hui à témoigner
09:06de manière du coup un petit peu
09:08publique aussi au travers de cette marche.
09:10C'est une manière de reprendre
09:12le pouvoir sur ce qu'elles ont vécu.
09:14Et en effet, je pense que
09:16Gisèle Pellicot peut être un symbole
09:18aussi pour ces femmes,
09:20pour leur permettre de dire non
09:22et de s'affirmer, de pouvoir raconter
09:24leur histoire. Et de dire que vous n'êtes pas seul
09:26aussi, c'est l'un des messages portés par Gisèle Pellicot.
09:28Merci beaucoup, Chloé Sarah,
09:30d'avoir été avec nous ce matin, ici matin.
09:32Vous êtes du
09:34centre de reconstruction isofaculté
09:36de Mazan, le soin part et avec le cheval.
09:38Allez vous renseigner
09:40sur les bienfaits de ces soins
09:42et on rappelle cette marche blanche
09:44donc demain à 14h30, route de Carpentras
09:46au niveau du feu rouge de Mazan.
09:48Route d'Aubignan.
09:50Les coordonnées du centre
09:52à l'accueil France Bleu Vaucluse au 0490
09:5414 0404, sujet qu'on continue
09:56d'évoquer ensemble sur nos réseaux sociaux
09:58ce vendredi matin.

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