Nadège Arnault - L'invitée d'ici matin - 03/10/2024
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00:00Alors, notre invitée ce matin est la présidente du conseil départemental d'Indre-et-Loire, Nadège Arnault.
00:04Ça fait un an ce mois-ci qu'elle est élue à la tête du département, elle répond à vos questions d'avis de malle.
00:09En effet, bonjour Nadège Arnault.
00:11Bonjour à tous.
00:12L'argent d'abord, c'est le nerf de la guerre.
00:14Est-ce que ce matin, vous pouvez nous dire, Madame la Présidente et aux habitants de la Touraine,
00:18que vous serez capable de boucler le prochain budget du département ?
00:23Aujourd'hui, je suis dans la capacité de vous le dire.
00:26Nous y travaillons depuis plusieurs mois.
00:28Nous travaillons l'optimisation de nos dépenses et de nos recettes.
00:32Aujourd'hui, j'ai un délta de déficit de plus de 45 millions d'euros.
00:38Il vous manque 45 millions pour équilibrer le budget ?
00:40L'équilibre, c'est obligatoire dans une collectivité locale ?
00:43C'est imposé au département.
00:44S'il ne présente pas un budget équilibré, il sera mis sous tutelle par le préfet.
00:50Alors, la situation est grave ?
00:52La situation est grave parce que nous n'avons plus la libre gestion de notre collectivité.
00:58Nous dépendons de dotations de l'Etat qui sont fluctuantes sur des fractions de TVA
01:05qui, vu le contexte économique, vont être en baisse.
01:09Et de plus, nous dépendons d'une recette qui s'appelle les droits de mutation
01:14et qui concerne des taxes imposées sur les ventes, les cessions de biens immobiliers
01:21qui sont en baisse constante depuis 2023.
01:24Nous avons une baisse de plus de 27 millions en 2023
01:26et cette année, on va faire le constat de probablement entre 15 et 17 millions encore de baisse.
01:31Pour caricaturer, on dirait que l'argent ne rentre plus autant qu'avant,
01:35l'argent dans les caisses ne rentre plus parce que les biens immobiliers se vendent moins,
01:38que la vie économique est au ralenti, que cette part de TVA rentre moins,
01:43mais que les dépenses sociales, elles, sont en hausse.
01:45C'est ce qui explique ce trou de 45 millions, c'est ce que vous nous dites ce matin, Nadège Arnault.
01:48Vous écriviez la semaine dernière à la ministre Vautrin que votre collectivité,
01:52et je cite, au bord de l'asphyxie, que je cite encore, le département dans une impasse budgétaire majeure,
01:58c'est une supplique, c'est une plainte ou c'est autre chose ?
02:02Non, ce n'est pas une plainte, c'est simplement une réalité, un constat
02:06et nous souhaitons travailler pour trouver des pistes pour sortir de cette difficulté.
02:11Pourtant, on a l'impression, à vous écouter, qu'il n'y a pas beaucoup de motifs d'espoir.
02:14Je souhaite qu'on trouve des pistes pour se sortir de cette situation et qu'elle n'est que momentanée.
02:20J'espère qu'un jour, les départements reviendront à meilleure fortune.
02:24Alors, on comprend votre inquiétude, on entend votre demande ce matin, Nadège Arnault.
02:28Un mot sur l'actualité, ce que préconise la Cour des comptes, hier, pour ramener le déficit public dans les clous européens.
02:35La Cour des comptes suggère une suppression progressive de 100 000 effectifs dans les collectivités locales.
02:40Ce n'est pas que les départements, c'est les mairies, c'est les comcoms.
02:42On supprimerait quoi en André Loire ? Des agents des routes, dans les collèges, des agents de la PMI ?
02:47Alors aujourd'hui, je vous dirais qu'il nous est impossible de réduire notre effectif de personnel.
02:55Cette démarche a déjà été entreprise en 2015-2016 par mes prédécesseurs.
03:00Donc aujourd'hui, le personnel qui est en place est indispensable pour le fonctionnement
03:05et répondre aux besoins de la population et du département.
03:09– Quand les magistrats de la Cour des comptes vous demandent ou demandent aux élus de limiter
03:13ou de diminuer le nombre d'agents, ça vous agace ou ça vous fait doucement sourire ?
03:17– Ça m'agace et ça me fait sourire en même temps,
03:20parce qu'on ne regarde pas si la collectivité a déjà fait la démarche ou pas.
03:25– Alors, venons-en, Nadège Arnault, à la solidarité.
03:28C'est l'autre actu du département, puisque vous avez présenté, il y a quelques jours,
03:32le schéma départemental unique des solidarités.
03:35Bon, c'est pas qu'un petit fascicule, c'est un vrai changement de philosophie.
03:39Ça change quoi pour concrètement les quelques 40 000 dossiers accompagnés par le département ?
03:44– Eh bien, ça change que la personne qui est donc, on va dire l'usager,
03:49est au centre de ses soucis et de ses problématiques.
03:55Nous souhaitons que la personne soit reçue par des agents
04:00qui puissent entendre l'ensemble de ses problématiques
04:03et qui ensuite sera soutenue par une personne référente
04:07et elle sera acteur de ce qu'elle souhaite entreprendre
04:12et trouver comme solution pour se sortir de ses problématiques.
04:16– Et pour ça, vous mettez en place des nouvelles façons de faire
04:19avec des maisons du département un petit peu partout ?
04:22– Alors, nous avions déjà nos 22 maisons départementales de la solidarité
04:26avec nos 131 points d'accueil dans diverses communes.
04:30C'est peut-être la seule collectivité qui garde cette proximité,
04:33mais elle est indispensable.
04:35Nous sommes aussi la dernière institution qui peut se rendre à domicile
04:39quand les personnes ne sont pas autonomes.
04:41– Un mot Nadège Arnaud, il y a 7 orientations,
04:4499 objectifs dans ce schéma départemental de solidarité.
04:47On vient de parler des finances, est-ce que le langage de vérité,
04:50ce ne serait pas de dire on n'a pas les moyens de tout faire,
04:52on devra faire des choix ?
04:53– Alors, je pense que dans ce schéma, nous n'avons pas que des questions financières.
04:57Nous avons aussi une interrogation sur ce que nous pouvons faire autrement
05:02et répondre autrement.
05:03J'ai ma collègue en charge de la petite enfance
05:06qui souhaite solliciter le mentorat et les tiers dignes de confiance par exemple.
05:13Et c'est une autre méthode de travail qui est proposée.
05:17– Vous parlez de la petite enfance, l'actualité ces jours-ci en Touraine
05:20sur la petite enfance, c'est la prise en charge d'enfants qui sont à la rue.
05:24On a entendu cette semaine sur France Bleu Touraine,
05:26le collectif Pas d'enfants à la rue qui sollicite tous les pouvoirs publics.
05:29Vous entendez la détresse de ces gens qui sont sans solution
05:32et notamment des enfants qui sont de votre ressort, des enfants de moins de 3 ans.
05:36– Alors, nous accueillons les femmes isolées avec enfants ou en attente d'un enfant.
05:43Nous les prenons en compte et nous assurons la mise à l'abri de ces personnes.
05:48– Et pourtant, il reste des gens à la rue.
05:50– Il reste des gens à la rue mais qui sont normalement des publics de l'État.
05:54Je dis toujours que nous voudrions prendre en charge tous les besoins
05:59mais il nous faut déjà répondre à ce qui nous est imposé,
06:03ce qui est de notre compétence obligatoire.
06:05– Merci Nadège Arnaud d'avoir été notre invitée ce matin sur France Bleu Touraine.
06:09On a bien compris la demande que vous faites à l'État
06:12d'équilibrer le budget du département.
06:14C'est ce que vous nous dites ce matin sur France Bleu Touraine.