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NewsTranscription
00:00Vous vous souvenez de la chanson de Michel Jonas, la boîte de jazz ?
00:13Un peu partie, un peu naze !
00:15Et dans cette chanson à un moment il dit « Hey Gus, tu connais Charlie Mingus ? »
00:19C'est ce qu'on entend entendre là, Charlie Mingus.
00:21Et ça c'est une des passions de Douglas Kennedy qu'il développe dans ce livre aussi « Ailleurs chez moi »,
00:27une passion pour le jazz, mais je sais que vous aimez aussi d'autres styles de musique.
00:31Et on va en parler avec Joe Hume de la musique américaine, qui est à l'honneur de votre chronique.
00:35Exactement, à l'Amérique, ou plutôt les Amériques,
00:38parce que la musique populaire aux USA est représentative de la fracture complexe
00:42et beaucoup moins binaire qu'on ne le pense entre les différents coureaux,
00:45les différents idéaux du peuple américain.
00:48Je vous ai donc préparé une playlist qui représente différentes facettes des Etats-Unis.
00:51Et on commence avec The Doors.
00:58Quand Jim Morrison chante que les gens sont étranges, vous pensez qu'il parle de ses compatriotes ?
01:03En tout cas ce qui est sûr c'est que Jim Morrison c'était un outsider,
01:06il était un petit peu à la marge.
01:08D'ailleurs, au-delà des paroles, la musique de People Are Strange évoque plus le cabaret européen
01:13que la Floride natale de Morrison.
01:15Aux USA, les gens peuvent devenir vos amis pour une journée,
01:18mais rarement plus, comme s'il y avait toujours une défiance envers les gens venus d'ailleurs.
01:22Après, il y a ceux qui préviennent directement,
01:25que l'Amérique, ce n'est pas simple comme nation.
01:382018, deux ans avant les manifestations Black Lives Matter,
01:41le rappeur et comédien Donald Glover frappe très fort avec This Is America,
01:45une logorée hip-hop qui fait état des violences policières,
01:48du racisme systémique aux Etats-Unis, de l'omniprésence des armes à feu.
01:52C'est un message envoyé au monde, n'oubliez pas que l'Amérique, c'est aussi ça.
01:56Mais alors rassurez-nous, ce n'est pas seulement ça les Etats-Unis.
01:59Non, loin de là, l'Amérique, c'est aussi une terre d'opportunités,
02:02un des pays les plus multiculturels du monde.
02:04C'est l'âge d'or d'Hollywood, c'est le berceau du blues, du jazz, du rock'n'roll, de la soul, du rap.
02:09C'est aussi le pays d'artistes qui ont su mettre des mots sur le cœur de l'Amérique
02:13avec ses paradoxes fascinants.
02:23Alors, là on est en 1944.
02:27Bruce Springsteen, le boss, sort son morceau le plus connu à ce jour,
02:31Born in the USA, un hymne incompris.
02:33Pourquoi incompris ?
02:34Parce que c'est l'un des plus gros malentendus de l'histoire du rock'n'roll, figurez-vous.
02:38Interprété à tort par le grand public en Europe, mais aussi un peu aux USA,
02:42comme un hymne patriotique, alors que les paroles très dures
02:45sont quand même chantées du point de vue d'un prolétaire envoyé au Vietnam,
02:49puis qui revient au pays pour être broyé par la société.
02:52Mais comme toujours chez Springsteen, il y a cette exaltation des gens du peuple,
02:56des cols bleus, de celles et ceux qui sont selon lui le véritable cœur battant de l'Amérique.
03:01Un petit commentaire Douglas Kennedy ?
03:03Je comprends pourquoi Jim Morrison a écrit « People are strange »,
03:09parce qu'il a parlé de lui-même tout le temps.
03:14Le truc en fait, aux Etats-Unis, on a une grande culture de la musique,
03:21et franchement le jazz qui est mon truc, c'est un goût minoritaire,
03:28mais à New York, en fait New York est le siège social du jazz,
03:32et le jazz pour moi c'est une miroir des Etats-Unis.
03:37Franchement, parmi les musiciens africains et américains contre le racisme,
03:44aussi au début du XXe siècle, c'était considéré en fait la musique sale par des chrétiens,
03:53parce que c'était des musiciens dans des bordels qui ont joué le jazz.
04:00Avec Gershwin qui était blanc, mais surtout avec Duke Ellington, avec Count Basie,
04:08des années 30, le jazz est devenu une forme d'art.
04:14Et puis depuis les années 40, fin des années 40, avec Charlie Parker, avec Bebop, Miles Davis,
04:22le coup de jazz, etc.
04:25C'est notre langue américaine, et j'ai passé beaucoup de temps pendant une adolescence,
04:32en dehors de la maison, au Village Vanguard, à New York,
04:35qui est pour moi le Carnegie Hall du jazz, c'est le temple.
04:39Et je vais vous faire écouter maintenant un petit peu de musique française.