La crise au Moyen-Orient s'intensifie ce mercredi 2 octobre au lendemain d'une vaste attaque de l'Iran contre Israël. Entre 180 et 200 missiles ont été tirés par Téhéran vers l'État hébreu, qui prépare une riposte avec les États-Unis. Olivier Rafowicz, porte-parole francophone de l'armée israélienne et le général Patrick Dutartre, ancien pilote de chasse et ancien général de l'Armée de l'Air nous expliquent le contexte.
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00:00Au moment où on se parle, d'abord il y a une pluie de missiles du Hezbollah dans le nord d'Israël.
00:05Je rappelle que toute cette opération est due au fait que le Hezbollah attaque Israël depuis le 8 octobre 2023
00:11et que nous avons 70 000 personnes à peu près qui ont dû quitter leur maison dans le nord de l'État d'Israël.
00:18Hier on a présenté au monde une opération qui était préparée par le Hezbollah d'envahir le nord d'Israël, la Galilée,
00:28et nos forces spéciales, entre autres, pendant des mois, en secret évidemment,
00:33ont démantelé des préparations et des préparatifs du Hezbollah avec des armes, des munitions et des tunnels
00:41dans le sud-liban vers Israël.
00:43Donc actuellement ce que vous voyez ce sont des frappes ciblées dans le quartier de Darya, au sud de Beyrouth,
00:49là où se trouvent les puissances, le quartier général qui d'ailleurs est fermé à l'armée libanaise et aux autorités libanaises
00:56et qui est en fait sous contrôle total du Hezbollah.
00:59Et d'ailleurs nous avertissons tout le temps en arabe par différents moyens à la population locale
01:05de partir, de s'éloigner des centres gérés et contrôlés par le Hezbollah à Beyrouth sud.
01:12– Est-ce que vous nous confirmez qu'il y a aussi des combats au sol, au sud du Liban
01:15où l'opération terrestre israélienne a commencé hier matin ?
01:19Et est-ce que vous rencontrez une opposition forte ?
01:23– En aucun cas je ne peux vous confirmer une telle chose.
01:26Il y a ici un appareil de propagande du Hezbollah qui essaie de vendre une situation
01:32qui n'est pas la situation actuelle.
01:34Nous sommes là-bas dans des opérations de raid avec des forces qui sont dans une opération de style,
01:43comment dire, limitée et pointue et ciblée.
01:50Ce n'est pas une invasion de forces comme on l'a vu dans d'autres opérations, dans d'autres guerres.
01:57Et le but ici n'est pas d'envahir le Liban, de rester au Liban.
01:59Le but ici est de nettoyer tout ce qui est Hezbollah, militaires, infrastructures.
02:06Et c'est seulement malheureusement, mais il n'y a pas le choix, par les bottes de nos soldats
02:11que nous pouvons découvrir les tunnels, l'entrée des tunnels qui ont été creusés
02:15par la voie des drones ou des avions.
02:17Vous avez sur place des spécialistes de l'armée de l'air, ils vous confirmeront.
02:20Il est impossible de trouver des embouchures qui font à peu près un mètre ou moins d'un mètre d'envergure
02:27pour les ouvrir et elles sont recouvertes par des feuillages, par des pierres.
02:31Et donc nous devons faire ce travail avec nos forces.
02:34Mais nous ne rencontrerons pas aujourd'hui d'opposition sur le terrain.
02:37– Patrick Sosso.
02:38– Colonel, je reviens sur vos premières déclarations.
02:40C'est nouveau, c'est une véritable information ce que vous nous donnez.
02:43C'est-à-dire qu'il y avait un plan du Hezbollah pour envahir Israël.
02:49Ça veut dire quoi ? Un 12ème 7 octobre, c'était ça ?
02:53– Exactement.
02:54Je vais le répéter avec peut-être plus de détails.
02:57Le Hezbollah était en train de préparer un plan d'invasion terrestre
03:02avec des centaines, peut-être des milliers de membres des unités qu'on appelle les Radouanes,
03:08unités spéciales ou unités d'élite du Hezbollah en territoire israélien.
03:12On a découvert donc des quantités d'armes gigantesques.
03:17On a découvert des cartes qui indiquaient non pas seulement les noms des villes et des villages,
03:22mais également les routes et les chemins qu'on pouvait emprunter du Sud-Liban vers Israël
03:27pour déjouer les présences d'autorités israéliennes.
03:31Et je vous rappelle, ça c'est nos services de renseignement qui ont agi.
03:35Il y a à peu près une dizaine de jours, vous vous souvenez,
03:38on a fait une frappe ciblée dans le quartier de Darya.
03:42On a éliminé Ibrahim Akhil, un des responsables à l'époque de l'attaque du Drakkar
03:48dans laquelle 58 parachutistes français avaient trouvé la mort.
03:52Il était avec 15 autres membres de l'unité Radouane, donc des chefs, des commandants de Radouane.
03:57Et durant cette rencontre, ils préparaient l'attaque style 7 octobre du Hamas en territoire israélien.
04:05Ils ont tous été éliminés et aujourd'hui nous sommes dans une phase d'initiative
04:09où nous engageons le Hezbollah et nous le démantelons de manière extrêmement sérieuse.
04:15– Restez avec nous Olivier Raffovitz, Général du Tarte.
04:17Comment vous qualifiez ce matin la stratégie d'Israël, la stratégie tous azimuts ?
04:23– Absolument, au nord, à l'est bien sûr, avec l'Iran, à Gaza,
04:29également contre les Houthis au Yémen.
04:32En fait, la stratégie qui apparaît c'est qu'Israël, dans une dynamique extrêmement positive,
04:37pourrait aller attaquer toutes les menaces.
04:40Et ce que vient de dire Olivier Raffovitz est assez intéressant
04:42parce qu'il y avait manifestement un plan identique au 7 octobre
04:47et c'est pour ça que ces opérations qu'il prépare depuis plusieurs jours maintenant
04:53visent à éliminer cette menace, c'est-à-dire à aller détruire les tunnels,
04:56à aller détruire les emplacements d'armes qui sont à proximité
05:01et éventuellement les combattants qui attendaient le feu vert
05:04pour faire une opération type 7 octobre.
05:06– Il y a une formule qui revient souvent évidemment
05:08et là c'est le risque d'embrasement récurrent.
05:10Est-ce que cette formule est plus juste que jamais aujourd'hui ?
05:15Et est-ce que du coup Israël doit vraiment bien réfléchir
05:19à la nature et à la dimension de sa riposte contre l'Iran ?
05:22– Absolument, c'est mon opinion, c'est-à-dire que la riposte d'Israël, à mon sens,
05:26doit être à la mesure, si vous voulez, des dégâts occasionnés,
05:29pas à la mesure des 180, ce qui est énorme, 180 missiles balistiques,
05:32c'est une première historique, jamais dans l'histoire,
05:35dans aucun autre pays n'a subi une telle attaque en si peu de temps.
05:39En une demi-heure, un peu moins d'une demi-heure,
05:41vous avez 180 missiles balistiques qui tombent dans une zone donnée.
05:44Vous imaginez que si ça avait été ciblé vraiment sur les villes
05:47de Tel Aviv ou de Jérusalem, il y aurait pu y avoir des dégâts extrêmement importants.
05:50– Et si ça n'avait pas été intercepté ?
05:52– Et si ça n'avait pas été intercepté, 90% ont été interceptés.
05:54Donc la riposte va se faire au moment souhaité, sous une forme souhaitée,
05:59mais évidemment elle doit être réfléchie et notamment coordonnée avec les Américains.
06:03– Colonel Raffovitz, est-ce que cette riposte sera proportionnée, dosée ?
06:09– Le général que je salue de l'armée de l'air française a dit une chose très juste,
06:15je vais encore une fois le répéter.
06:16Cette attaque est une attaque sans précédent au niveau historique
06:20de l'utilisation de missiles balistiques de longue portée
06:23avec des charges explosives d'une tonne.
06:25Et les Iraniens hier ont présenté dans leur propagande télévisée
06:30ces lancements de missiles avec une espèce de jouissance
06:34que seul peut apprécier un Molla ou un Ayatollah bien assis sur une chaise à terre.
06:39Et ces missiles avaient pour but non pas seulement de faire peur
06:42mais de frapper et de tuer des milliers d'Israéliens.
06:45Et effectivement nos systèmes antimissiles de type Arrow, de type flèche,
06:49qui se rajoutent aux missiles antimissiles de type dôme de fer et front de David,
06:55ont fait un travail extraordinaire.
06:57Je voudrais également saluer si vous me permettez la collaboration
07:00avec les Américains et d'autres partenaires dont la France
07:04et d'autres pays qui ont joué un rôle important dans l'identification de ces menaces.
07:11Mais il est clair encore une fois que la réaction israélienne est obligatoire.
07:16Et quand vous me parlez de proportionnalité,
07:20vous savez dans la guerre ce terme n'existe pas,
07:23il existe en philosophie mais pas dans la guerre.
07:25Parce que si on garde ce terme dans la guerre,
07:28eh bien il y a égalité et dans la guerre on fait la guerre pour la gagner.