• il y a 3 mois
Un déjeuner partagé avec Benoît Biteau, député Écologiste de Charente-Maritime pour parler des méga-bassines: bonne ou mauvaise solution face à l'épuisement de l'or bleu ? Au menu également: à l'approche de Noël les consommateurs sont de plus en plus nombreux à bouder les huîtres et les moules en raison des contaminations au norovirus. Faut-il vraiment s'inquiéter ? Toutes les huîtres sont-elles concernées et comment rassurer les amateurs ?

Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.

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Transcription
00:00Générique
00:02...
00:18Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table,
00:22l'émission qui traite avec gourmandise
00:24de l'une de nos préoccupations majeures, l'alimentation.
00:26Et pour ce tout nouveau numéro de la rentrée,
00:29nous avons le plaisir d'accueillir Benoît Biteau.
00:32Et à vos côtés, vous le reconnaissez,
00:34évidemment, le sémillant Jean-Pierre Montaner.
00:36Bonjour.
00:38Alors, Benoît Biteau,
00:39vous êtes député écologiste de la 2e circonscription
00:42de Charente-Maritime.
00:43C'est votre tout premier mandat ici, à l'Assemblée nationale,
00:46mais la graine de la politique grandit en vous depuis 2019,
00:50où vous avez été élu député européen.
00:52Et c'est d'abord à Bruxelles que vous avez porté la voix
00:55de l'agriculture biologique, du malaise paysan,
00:58de celles et ceux qui luttent contre les méga-bassines
01:01des boutures de vos combats menés là-bas,
01:03que vous comptez faire pousser ici, dans l'hémicycle.
01:06Fin du modèle productiviste, stop aux pesticides,
01:10soignez la détresse du monde agricole.
01:12Voilà ce que vous espérez récolter,
01:14vous qui avez quitté votre poste d'ingénieur
01:16vers l'âge de 40 ans pour reprendre l'exploitation familiale.
01:20Votre papa était, lui aussi, agriculteur.
01:22Il cultivait le maïs, mais lui, il avait développé un modèle intensif.
01:27Alors quand vous décidez de remonter dans son tracteur,
01:30c'est pour tout changer et pour prouver qu'on peut y arriver,
01:33le maïs bio, ça existe, il paraît même que ça se déguste en dessert,
01:36on y reviendra tout à l'heure.
01:38La transition écologique est pour vous le meilleur des engrais,
01:41il fait germer les idées et les bonnes pratiques.
01:44Et on passe tout de suite au menu, Jean-Pierre.
01:46Eh oui, des tagliatelle carbonara à la française
01:49avec des truffes, s'il vous plaît,
01:51et un dessert bien de chez vous, le mia, un gâteau au maïs.
01:54Dans le dessous des plats, on parlera des méga bassines bonnes
01:57ou mauvaises solutions face à l'épuisement de l'or bleu.
02:00Dans les pieds d'emplats, alerte au norovirus.
02:02Sur les coquillages, notre santé est-elle en danger ?
02:06Enquête à suivre.
02:07Voilà, pour le menu, maintenant, on passe à table
02:09et je vous propose de nous ouvrir l'appétit avec cuisine et confidence.
02:19Benoît Biteau, vous êtes notre premier invité de la saison
02:22et je dis chapeau.
02:23Quel démarrage ! On trombe !
02:25Au lieu de nous commander une mouclade raîtesse bien de chez vous,
02:28histoire de valoriser le terroir de votre île dorée,
02:31d'emblée, vous mettez le feu sur ce plateau
02:33en rouvrant la guéguerre avec nos voisins italiens
02:36sur un sujet mais hyper sensible de l'autre côté des Alpes,
02:40les pâtes à la carbonara.
02:42Trivialement, j'ai envie de dire que c'est vous qui êtes carbo.
02:45Comme carbonisé !
02:47Quelle idée de toucher à ce totem de la botte
02:49en rajoutant de la crème et du vulgaire lardon
02:52à la base du guanciale,
02:53cette sublime viande séchée épicée concoctée à partir des joues de porc.
02:57Sacrilège !
02:58Pour faire passer la pilule, vous ajoutez des truffes hérétiques.
03:01J'entends d'ici mon ami Massimo Mori,
03:04dépositaire de l'authentique cuisine italienne, me dire
03:06« Mais che casino ! »
03:07et encore l'arrogance des Français avec les truffes « Mamma mia ».
03:10Non, Benoît Biteau, en tant qu'agriculteur écologiste,
03:13vous ne pouvez pas piétiner le patrimoine culinaire
03:15pour faire plaisir à votre estomac.
03:17Alors après un tel réquisitoire teinté de mauvaise foi,
03:19je l'avoue, je vous laisse la parole, la parole à la défense
03:23et bon courage pour vous rabibocher avec les Italiens.
03:26Alors d'abord j'aime beaucoup les Italiens et dans mon parcours,
03:32j'ai été l'un des acteurs du relais du mouvement Slow Food.
03:38Slow Food qui est né en Italie avec Carlo Petrini
03:42qui est un très bon ami à moi.
03:43Année 80 ça non ? Slow Food ?
03:46Pour nous en France, c'est plutôt fin des années 90.
03:50Et Carlo Petrini avait très envie que le mouvement Slow Food
03:53dépasse l'Italie et en France, il s'est appuyé pour développer
03:58Slow Food sur les conservatoires de races locales et anciennes.
04:01Et je venais de créer un conservatoire de races locales
04:04et de variétés locales et anciennes sur le territoire du Marais-Poix-de-Vin.
04:07Et c'est comme ça que Carlo Petrini s'est approché de moi
04:12et globalement des conservatoires de races et de variétés locales et anciennes
04:15pour être le socle de l'émergence de Slow Food en France.
04:19J'ai beaucoup d'amitié pour les Italiens et pour la gastronomie italienne
04:23et quand je vais en Italie, c'est toujours un régal.
04:25Alors pourquoi ce choix ?
04:26Alors pourquoi ce choix ?
04:28Pourquoi les pâtes à la carbonara ?
04:29Pourquoi ce choix ?
04:30C'est une facette de mon parcours, de ma personnalité
04:35qui m'a amené à faire ce choix.
04:36C'est-à-dire que quand j'étais adolescent, jeune adulte,
04:40j'étais sportif de très haut niveau.
04:42Vous avez fait du cyclisme, on peut le dire.
04:44On en reparlera.
04:45Du vélo.
04:46J'étais cycliste, j'avais un profil de grimpeur
04:48même si je suis né sur un territoire qui est plat comme une carte postale.
04:52Mon physique faisait 1,80m, 67-68kg.
04:56Pourtant les grimpeurs sont plus petits d'habitude.
04:59Il y a des grands grimpeurs.
05:01Les Charlie Gold étaient très grands par exemple.
05:03Et donc, j'étais plutôt un profil de grimpeur
05:06ce qui m'a amené à m'exporter d'ailleurs sur un territoire que j'adore
05:10qui est la Drôme.
05:12Mon terrain de jeu c'était l'Ardèche, le Vercors, bien sûr les Alpes.
05:16Mais là ça monte un peu plus.
05:18Quand on est cycliste et qu'on fait des épreuves les unes après les autres,
05:22on a besoin d'un ingrédient, c'est le sucre lent.
05:25J'étais un gros consommateur de pâtes.
05:28Certains en sont dégoûtés parce qu'on en mange beaucoup.
05:32Pour moi, manger des pâtes c'est un festin.
05:36À la française, parce que j'ai eu le loisir de faire du vélo en Italie,
05:42mais quand même en France on aime bien la pâte au lardon, la crème fraîche.
05:46Goûtez-les !
05:50On met le jaune d'œuf dessus, il faut le casser dans les pâtes.
05:55C'est le restaurant Le Bourbon qui nous a préparé ça.
05:58Ils ont fait la petite distinction, c'est original,
06:01de mettre le jaune d'œuf à côté, qu'on va mélanger.
06:04Ça m'arrive d'en manger chez eux d'ailleurs.
06:07Pourquoi rajouter les truffes ?
06:10Les truffes parce que je trouve que ça apporte un parfum.
06:16Les Italiens en mettent parfois.
06:19Quand j'étais député européen, j'allais dans un restaurant
06:22qui est tenu par des Italiens.
06:24Ils mettent des truffes, mais pas forcément sur la carbonara.
06:28Alors des truffes blanches ? Ou noires ?
06:31Les truffes parce que je viens d'une région où on pousse des truffes.
06:34J'ai planté des arbres dans un modèle qu'on appelle agroforesterie.
06:37Je cultive entre les arbres.
06:40Quand on a fait l'inventaire des arbres qu'on pouvait installer
06:43pour planter des arbres dans mes champs,
06:47on a fait d'abord l'inventaire des arbres autochtones,
06:50des arbres implantés localement,
06:53et on a trouvé des chênes truffiées, des noiciers truffiés.
06:56Du coup, il y a quelques arbres dans mes alignements d'arbres
06:59dans mes champs qui portent des truffes.
07:03C'est aussi une spécialité locale.
07:05C'est un clin d'œil pour votre champ aussi,
07:08et pour les truffes qui poussent chez vous ?
07:11Les arbres, ce n'est pas anodin, ça modifie le paysage,
07:14ça modifie les logiques agronomiques.
07:17En plus, on peut y associer d'autres intérêts,
07:21qu'on peut élargir le cercle vertueux,
07:24et qu'en plus, on peut manger des truffes.
07:27Je ne fais pas le commerce de truffes,
07:30mais de temps en temps, on en mange pour le plaisir,
07:33pour notre plaisir, c'est au moins notre autoconsommation,
07:37et ça, c'est quand même très satisfaisant.
07:41L'émulsion est montée avec les œufs,
07:44et c'est ce qui donne ce côté crémeux.
07:47Exactement, mais après,
07:50je consomme aussi beaucoup de produits laitiers,
07:53beaucoup trop, sûrement, quand je vois mon estomac.
07:57Je ne suis pas fâché avec la crème fraîche,
08:00bien au contraire.
08:03Vous avez rajouté aussi des lardons,
08:06Jean-Pierre en parlait,
08:09un écologiste, je croyais que ça ne mangeait pas de viande ?
08:12Pas du tout.
08:16Il y a un débat qui traverse les écologistes
08:19autour de la consommation de viande,
08:22et je suis éleveur, je fais partie des gens
08:25qui disent qu'il faut qu'on réduise significativement,
08:28même drastiquement, notre consommation,
08:32notre dépendance aux produits carnés, aux produits laitiers,
08:35parce qu'il y a des pratiques d'élevage
08:38dans des étapes de 365 jours par an,
08:41qu'on nourrit avec du maïs et du soja,
08:44et qui émettent, par éructation,
08:47un puissant gaz à effet de serre, le méthane.
08:51Donc il faut sortir de cet élevage à dessin concentrationnaire,
08:54parce qu'il coche toutes les cases
08:57de ce qu'on ne doit plus faire dans ce contexte de changement climatique.
09:00En revanche, quand on est écologiste,
09:03et je reprends une ferme qui ne portait que des productions végétales,
09:06parce que depuis très longtemps, mon père avait arrêté l'élevage,
09:10quand on est sur un territoire où on a des zones humides remarquables,
09:13qui sont des puits de carbone absolument phénoménaux,
09:16une zone humide, c'est aussi efficace qu'une forêt pour séquestrer
09:19des gaz à effet de serre, que ces zones humides
09:22sont le siège d'une biodiversité patrimoniale absolument remarquable,
09:26et que la seule solution pour préserver les fonctionnalités
09:29de ces zones humides, y compris la fonctionnalité hydraulique,
09:32on va parler d'eau, et de stockage et d'épuration d'eau
09:35qui portent du bassin austricole de l'huître de Marais-Noléron,
09:38le seul moyen de préserver toutes ces fonctionnalités
09:41pour ces zones humides, c'est de pratiquer l'élevage.
09:45Sans élevage, c'est quoi l'alternative ?
09:48C'est le retour à des marécages à paludisme qui ne portent plus
09:51de biodiversité, qui ne remplissent plus de fonctionnalités hydrauliques
09:54et qui ne participent plus à la lutte contre le dérèglement climatique,
09:57ou le retournement pour faire des grandes cultures
10:01et pour mettre du maïs dans l'auge d'animaux
10:04pour manger de l'herbe. Et donc, c'est la seule solution.
10:07Et donc, si on veut être écologiste, on doit préserver
10:10des activités d'élevage sur ces zones, qui sont les zones humides,
10:13qui sont les zones de montagne, pour permettre de garder
10:16cette fonction écologique. Après, il y a le débat qui traverse
10:20les écologistes, et il est parfaitement pertinent,
10:23et il ne faut pas l'occulter, et moi, je ne veux pas l'occulter,
10:26c'est effectivement, en fin de vie pour certains animaux,
10:29l'abattage, par exemple, qui consiste à la mise à mort
10:32d'animaux, qui est effectivement un moment difficile
10:35pour l'éleveur, et qui n'est pas très bien vécu
10:39dans le monde des écologistes, c'est un débat,
10:42plus philosophique qu'écologique, d'ailleurs, qu'il ne faut pas occulter.
10:45On a compris que vous aimiez la viande, parce qu'il faut
10:48qu'on reste un peu sur ce plat. Alors, il est bon, ce plat,
10:51tel tel que vous les vouliez. Donc, chapeau, bonbon,
10:55ils savent faire les pâtes à la carbonara.
10:58Vous l'auriez cuisinée ? Je l'aurais fait comme ça.
11:01La dernière, elle ressemblait étrangement à celle-ci.
11:04Et Valérie, juste, vous avez vu, avec les écolos,
11:07une petite question sur les lardons. J'ai bien noté.
11:10Et les lardons... Lardons, stop ! On passe au...
11:14Et on va passer aux 3 choses à savoir, Jean-Pierre.
11:17Un peu sur l'historique de cette recette, puisqu'on a déjà parlé
11:20de ce qu'il y avait à l'intérieur. D'où vient le mot carbonara ?
11:23Pour certains, il fait référence au charbonnier italien,
11:26les carbonari, qui étaient noirs, ou encore aux membres
11:29d'une société politique secrète, les carbonerias.
11:33Mais personne ne sait vraiment faire le lien.
11:36D'autres évoquent une référence au marché noir.
11:39Cette hypothèse repose sur le fait que cette recette
11:42serait le fruit de trocs pendant la guerre
11:45entre soldats américains et italiens.
11:49Les giailles seraient fournies du bacon et des oeufs desséchés,
11:52d'ailleurs des oeufs en poudre, aux Italiens,
11:55qui les auraient tout de suite mis en recette de pâtes.
11:58La première fois de pâte dite à la carbonara dans un restaurant,
12:01c'est à Chicago, et non pas à Rome, en 1952,
12:04donc juste après la guerre, alors que des recettes de pâtes
12:08mélangées avec des oeufs, du fromage et du porc existaient
12:11en Italie depuis près de 70 ans, mais sans le mot carbonara.
12:14Pourquoi vous n'avez pas préféré
12:17choisir une spécialité rétaise ?
12:20Déjà, l'île de Ré, ce n'est pas sur ma circo,
12:24c'est la circo voisine.
12:27Je salue les habitants de l'île d'Aix,
12:31qui d'ailleurs m'ont très bien élu,
12:34c'est un bureau de vote auquel je suis très attaché,
12:37parce que j'aurais pu choisir des coquillages.
12:40J'ai préféré qu'on en parle dans un des sujets.
12:43Pour moi, parler des pâtes, parce que vous me demandiez
12:47ce que culinairement me plaît beaucoup,
12:50c'était aussi l'occasion de faire ce petit clin d'œil
12:53sur mon passé sportif.
12:56C'était ce choix-là.
12:59Après, on fait des pâtes aussi localement.
13:02J'ai un très bon copain qui fait de l'agroforesterie,
13:06qui plante des arbres, qui est sur une commune limitrophe,
13:09mais qui fait des pâtes locales, avec de la farine locale.
13:12C'est très en vogue. Aujourd'hui, on a de plus en plus
13:15de paysans qui cherchent des démarcations commerciales
13:18et qui transforment des produits qu'ils produisent eux-mêmes
13:22et qui vendent des pâtes.
13:25On peut trouver des pâtes locales.
13:28Vous avez choisi une boisson pour accompagner ce plat.
13:31Une boisson un peu spéciale, vous pouvez nous expliquer ?
13:34Je viens d'une zone où on produit un breuvage merveilleux
13:37qui est le cognac.
13:41Là, c'est local, ça ne vient pas d'Italie.
13:44On ne peut pas se tromper, on fait du cognac
13:47que dans le périmètre d'appellation du cognac.
13:50C'est une AOP.
13:53C'est un produit qui a bercé mon enfance
13:56parce que ma grand-mère en mettait dans beaucoup de plats.
14:00Dans votre gourde de cycliste ?
14:03Non, pas de truc comme ça.
14:06Dans la vie de paysan de mon grand-père,
14:09qui était producteur de lait, il allait s'occuper
14:12de ses animaux très tôt le matin.
14:16Il y avait un moment magique.
14:19En début de matinée, vers 8h, 8h30,
14:23c'était presque un festin.
14:26On mangeait des huîtres réchauffées dans la braise.
14:29J'ai bien entendu, 8h du matin ?
14:32Oui, 8h, 8h30.
14:35On mangeait de la morue qui était séchée
14:39dans un petit réduit derrière
14:42où on stockait le bois.
14:45Un moment important dans la journée.
14:48Il concluait la prise du café par un verre de cognac.
14:51J'ai toujours vécu avec le cognac.
14:54Le cognac est en crise aujourd'hui
14:58en lien avec les Chinois,
15:01qui menacent d'une taxation dans un débat
15:04autour des véhicules électriques importés de Chine.
15:07C'est à l'échelon européen.
15:10Le cognac, aujourd'hui, sont débouchés dans l'exportation.
15:1498 % du cognac produit va à l'exportation.
15:17C'est une filière en crise.
15:21On a des produits absolument merveilleux
15:24qui sont reconnus dans le monde entier
15:27et qui méritent qu'on les soutienne,
15:30même si les producteurs de cognac
15:33doivent prendre un virage écologique.
15:37On a aussi, sur le même périmètre,
15:40un fleuve qui s'appelle la Charente
15:43qui est victime de graves pollutions.
15:47On utilise des pesticides sur le vignoble cognacé.
15:50Un fort soutien aux viticulteurs,
15:53mais je les invite à se pencher
15:56sur la réinvention de leur façon de pratiquer.
16:00C'est un peu une affaire d'Etat,
16:03parce que c'est monté jusqu'à Matignon et l'Elysée.
16:06Les Chinois veulent surtaxer ces produits.
16:09Ce n'est pas encore fait,
16:12mais si c'est fait, ça peut pénaliser le cognac.
16:15On avait enlevé des pieds de cognac pour planter des pieds de vin blanc.
16:19Est-ce qu'on peut retrouver une crise similaire à celle-ci ?
16:22Malheureusement, les crises du cognac...
16:25Le marché du cognac, c'est très fluctuant.
16:28L'interprofession du cognac avait mis en place
16:31un outil de régulation, les quotas,
16:35qui permettait d'éviter ces fluctuations.
16:38Quand la période était faste, on évitait de trop produire
16:41pour effondrer le marché.
16:44Ils ont déplafonné les quotas et on se retrouve avec une surproduction.
16:47J'ai mon frère qui est viticulteur en cognac,
16:51qui a 50 hectares de vignes, donc il est concerné par cette crise.
16:54Si j'ai choisi ce cognac-là...
16:57C'est parce qu'il est bio.
17:00Est-ce que ça change le goût ?
17:03Et en quoi le fait de produire du cognac bio,
17:07qu'est-ce que ça induit sur la production de raisins,
17:10sur le fait d'enlever les pesticides ?
17:14Le signe des anti-pesticides.
17:17Expliquez-nous.
17:20Le producteur de ce cognac, c'est un personnage merveilleux,
17:23Jacques Brablanchard, qui, très jeune, a manifesté
17:27des intolérances, des allergies sévères aux pesticides.
17:30Comme il ne voulait absolument pas quitter ce métier de viticulteur,
17:33c'était sa vie, il a dit qu'il fallait réfléchir à se réinventer
17:36et donc à faire ce métier sans avoir les désagréments
17:39liés à l'utilisation du cognac.
17:43Il s'est converti en bio il y a 52 ans.
17:46Et pour réussir cette conversion bio,
17:50il a attrapé la question très en amont, très tôt,
17:53pour essayer non pas de se contenter d'arrêter les pesticides,
17:56mais de trouver des réponses qui lui permettent de réussir
17:59sans trouver les pesticides.
18:02On revient sur cette logique de race et de variété locale et ancienne.
18:06Il s'est tourné vers des cépages locaux,
18:09qui étaient adaptés aux terroirs.
18:12C'est la folle blanche qui est un cépage qui est aussi utilisé
18:15en Armagnac, d'ailleurs, et qui fonctionne bien
18:18sur notre territoire, et qui a la particularité
18:21d'apporter un goût particulier à ce cognac.
18:25Effectivement, sa conversion bio a changé le goût.
18:28Sachez que Le Monde a fait un classement des 20 meilleurs cognacs,
18:31et ce cognac, réussi par Jacques Brard-Blanchard,
18:34et maintenant sa fille Sophie, que je salue aussi,
18:37est le dixième de ce classement, devant des grandes maisons
18:40de cognac, justement parce qu'au-delà du fait
18:44qu'il n'utilise plus de pesticides de synthèse,
18:47il a apporté, par les choix de cépage qu'il met dans l'assemblage
18:50de ce cognac, une réponse gustative un peu différente.
18:53Et donc voilà, ça embarque tout, cette affaire
18:56d'agriculture biologique, et c'est aussi une solution
19:00pour réduire, voire faire disparaître,
19:03des pollutions majeures sur la Charente.
19:06En un mot, c'est un cognac XO ?
19:09C'est le niveau de vieillissement le plus important.
19:12C'est un cognac, celui-ci, il a plus de 30 ans,
19:15et donc c'est un vieillissement en Futschène qui entraîne
19:19la part des anges, ce qui fait que les toits
19:22des bâtiments de cognac sont tout noirs.
19:25C'est un champignon qui se nourrit de l'évaporation de l'alcool
19:28pendant l'élevage du cognac en Futschène.
19:31Allez, maintenant, on passe au quiz.
19:35Alors...
19:38Député, on l'a vu, paysan, et vous avez une 3e casquette,
19:41vous nous l'avez révélé, celle de cycliste grimpeur.
19:44Donc, sauriez-vous nous dire quelle est la recette
19:47miracle du vainqueur du Tour de France, Tajet Pogacar,
19:50pour expliquer ses incroyables performances ?
19:54Alors A, les courgettes à la vapeur,
19:57B, le porridge, 3, les pâtes au beurre, comme vous,
20:00et D, le steak de thon rouge.
20:03Quelle est la recette culinaire préférée pour augmenter...
20:07pour nous dire que s'il gagne le Tour de France, c'est grâce à ça ?
20:10J'en sais rien. Est-ce qu'on peut faire appel à un ami ?
20:13Est-ce qu'on... 50-50 ?
20:17C'est quoi, sur la même chaîne ?
20:20C'est une plaisanterie.
20:23Comme ça, intuitivement, je dirais plutôt le porridge.
20:26Bravo. J'ai lu ça dans une interview, parce qu'on lui a dit
20:29à quoi tu carbures ? Et bien, monsieur nous dit au porridge.
20:33Avant, dit-il, on mangeait des pâtes, parce que c'était
20:36l'époque Bito. Maintenant, c'est fini. Aujourd'hui, on mange du porridge.
20:39On va passer au second quiz, Benoît Bito.
20:42Alors, on l'a compris, l'île de Ré, c'est pas dans votre circonscription,
20:45c'est juste à côté. Mais je voulais quand même vous poser une petite question
20:48sur la recette de la sèche à la rétaise. Est-ce que vous sauriez nous dire
20:52quels ingrédients font partie de la recette ?
20:55Si je vous dis les carottes ?
20:58Oui, je pense que oui. Et bien, c'est faux.
21:01Pas de carottes. Le vin blanc ?
21:04Sûrement. Oui, absolument. La pomme de terre ?
21:07Bien sûr. Évidemment. Et le clou de girofle ?
21:11Sûrement aussi. Eh bien, pas du tout.
21:14Comme ça, vous avez la recette, vous pourrez reproduire ça chez vous.
21:17Elles sont peut-être pas mauvaises, vos sèches à la rétaise, avec des carottes
21:20et des clous de girofle. Comme les pâtes à la carbonara.
21:23C'est parfois entre la poire et le fromage que les langues se délient,
21:27que les personnalités se révèlent, donc c'est l'heure de la brève de comptoir.
21:30Bonabito,
21:34est-ce que vous avez un souvenir politique, une bonne anecdote,
21:37mais autour d'un repas ?
21:40Alors oui. C'est un peu original,
21:43ce que je vais vous raconter, mais c'est en lien avec ma vie de paysan.
21:46Quand je deviens agriculteur, vous l'avez dit, en 2007,
21:50je défrais un peu la chronique, je suis déjà très médiatisé
21:53parce que je pratique une autre agriculture
21:56et je suis d'autant plus médiatisé qu'en 2009,
21:59je reçois le trophée national de l'agriculture durable
22:02dont on parle beaucoup en ce moment, qui s'appelle Michel Barnier,
22:05qui était à l'époque ministre de l'agriculture.
22:09Donc je reçois ce trophée et on met en lumière les réussites
22:12de ce que j'essaie de faire sur cette ferme
22:15et surtout d'où je pars, vous l'avez dit,
22:18structure très productiviste, intensive,
22:21et je pars de là et j'apporte des réponses sur le pilier social,
22:25sur le pilier écologique et sur le pilier économique
22:28qui fait la démonstration qu'une autre voie est possible.
22:32Et je subis des représailles,
22:35des agissements qui visent à me faire taire
22:38et visent à me faire disparaître.
22:41C'est la stratégie de l'épuisement et de l'assèchement financier.
22:44Et donc, dans cette période de début de vie professionnelle,
22:48en 13 ans, j'ai subi 14 contrôles PAC.
22:5114 contrôles PAC, alors que le taux moyen
22:54chez un agriculteur, c'est 1 tous les 10 ans.
22:57Et donc, après le 10e, on s'est dit,
23:00ça va peut-être s'arrêter, et en début d'année,
23:03de l'année, je ne me rappelle plus,
23:07mais je dirais 2020 ou 2019, peut-être même,
23:10je reçois encore la notification
23:13d'un nouveau contrôle. Et là, on se dit,
23:16plutôt que d'être désespéré et de dire, ça suffit,
23:19avec mon épouse, que je salue, parce que dans ces combats-là,
23:23il faut être accompagné par la personne qui partage sa vie,
23:26elle décide, on dit, on va faire un petit déjeuner
23:29avec le contrôleur, on le connaissait bien,
23:32il avait presque son rond de serviette à notre table,
23:35et donc, on se dit, on le connaît bien,
23:38il est plutôt sympathique, on va l'accueillir dignement,
23:42et donc, on va faire un petit déjeuner pour accueillir le contrôleur.
23:45Et donc, là, on fait un petit déjeuner, il y a plein de citoyens
23:48qui viennent, on était 70, des gens qui arrivent avec un plateau
23:51de fromage, avec des croissants...
23:54C'est ce qu'on appelle un petit déjeuner partagé,
23:57et voilà, on a essayé de tourner ce petit déjeuner.
24:01L'anecdote a fait que, parce que le syndicat majoritaire
24:04en France a tendance à recevoir les contrôleurs
24:07avec d'autres méthodes que celles que nous proposions
24:10avec Stéphanie, il a décidé de décliner l'invitation
24:13et on s'est donné rendez-vous à quelques kilomètres de la ferme
24:17pour réaliser le contrôle, mais j'ai trouvé ce moment
24:20vraiment croustillant de se dire, on prend le contre-pied
24:23d'une mauvaise nouvelle...
24:25Il n'est pas venu, mais il a regretté de ne pas venir ?
24:28Malheureusement, il y a eu le 12e contrôle,
24:31et donc ce contrôleur est revenu pour la 12e fois,
24:35la 13e fois, et la 14e fois, qui était le dernier contrôle
24:38qu'il faisait sur ma ferme, parce qu'il partait à la retraite,
24:41il m'a dit, je peux vous le dire maintenant, parce que
24:44je ne serai plus dans les services, vous avez été victime
24:47de contrôle orienté, c'est-à-dire qu'on a des pressions
24:51qui exigent de venir vous contrôler pour vérifier
24:54si vous êtes bien conforme à ce que vous dites
24:57sur les médias régulièrement.
24:59On l'a dit en introduction, parmi vos nombreux combats,
25:02celui de l'eau, de l'or bleu vous occupe particulièrement.
25:05On va parler des mégabassines tout de suite,
25:09dans Le Dessous des Plats.
25:16Cet été, les manifestations contre les mégabassines
25:19se sont multipliées dans les Deux-Sèvres, dans la Vienne,
25:23nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui s'opposent
25:26ou qui défendent ces gigantesques retenues d'eau.
25:29On fait le point avec Hélène Bonduelle.
25:34Sous haute surveillance, cet été encore,
25:37les manifestations contre les mégabassines se sont multipliées.
25:41Continuez d'avancer, il y a encore des trous là-bas,
25:45il faut encercler la bassine.
25:48Comme ici, dans les Deux-Sèvres, ou encore dans la Vienne,
25:51des militants écologistes protestent contre ces retenues d'eau
25:54destinées à irriguer les cultures.
25:57L'eau, c'est un bien commun, c'est à tout le monde.
26:00C'est pas réservé à 15 paysans qui décident de faire une coopérative
26:04de l'eau et qui s'accaparent pour faire du maïs
26:07auquel il faudra ajouter du soja OGM venant du Brésil
26:10pour fabriquer des petits cochons, des poulets qu'on va emmouiller
26:13en Arabie Saoudite ou en Chine.
26:16Ces réserves de substitution doivent permettre de stocker
26:19et les redistribuer aux agriculteurs en période plus sèche.
26:23Dans la Vienne, 5 bassines existent déjà,
26:2625 sont en projet.
26:29Et la crue du Klein, cet hiver, a relancé le débat
26:32sur la récupération d'eau de pluie.
26:35Là, il est en crue depuis un mois, donc dans ce mois-ci,
26:39on aurait pu remplir toutes les réserves pour subvenir
26:42aux besoins de l'irrigation dans le département de la Vienne.
26:45Un argument pas vraiment valable aux yeux des anti-bassines.
26:48C'est quelque chose qu'on a le plus de mal à prédire.
26:51On ne peut pas dire, parce qu'on a un automne exceptionnellement humide,
26:54que ça va continuer dans les mois à venir
26:58ou que ça va être comme ça dans les prochaines années.
27:01De fait, à l'hiver 2022, cet affluent du Klein
27:04était totalement à sec.
27:07La palue traverse la zone certainement la plus influencée
27:10par les prélèvements agricoles.
27:14C'est là qu'on va rencontrer le plus d'irrigation en plein été.
27:17Parce que dans ce secteur, c'est des grandes cultures...
27:20C'est des grandes cultures, souvent des très grosses propriétés céréalières.
27:23On a plus d'eau sur certaines années qu'envoyée sur les cultures
27:26que d'eau qui coule dans la rivière,
27:29pour vous montrer l'ampleur du déséquilibre.
27:33A quelques kilomètres...
27:36Votre réserve de substitution sera sur cette parcelle ?
27:39A priori, les plans qu'on a conçus sont sur cette parcelle-là,
27:42qui fait entre 6 et 7 hectares.
27:46Cet agriculteur érigant milite ardemment
27:49pour que cette retenue d'eau voit le jour.
27:52Des méga-bassines contre lesquelles se bat
27:56cette députée écologiste de la Vienne.
27:59Le mot est dur, mais c'est un accaparement de l'eau
28:02pour quelques-uns.
28:05Je reproche que la logique soit faite à partir des besoins
28:08et pas de l'eau disponible.
28:12J'ai juste peur qu'il n'y ait pas assez d'eau.
28:15On ne sera plus là.
28:18Selon le gouvernement, il y aurait une centaine de projets
28:21de méga-bassines sur tout le territoire.
28:24On le fait pourtant depuis des siècles dans les montagnes.
28:27On retient l'eau dans les montagnes.
28:31Pourquoi ça ne fonctionne pas ?
28:34On retient l'eau sur les retenues collinaires
28:37et dans des proportions qui n'ont rien à voir
28:40avec ce qu'on vient de voir dans votre sujet.
28:43En Espagne, sur le parc de Doniana,
28:46on a fait des gros barrages sur des grosses entités
28:50et en cascades.
28:53Et Doniana, qui était un parc naturel
28:56avec une zone humide en aval, c'est devenu un désert.
28:59Tout ça pour servir la mer de plastique d'Almeria.
29:02On voit bien que c'est l'excès qui ne va pas.
29:06C'est le pays d'Europe qui a le plus de méga-bassines.
29:09Il y en a 1226.
29:13Toutes les expériences montrent
29:16qu'où on a utilisé cette solution-là,
29:19ça ne fonctionne pas, parce qu'on est dans l'excès.
29:22Si j'ai choisi de parler de ça, c'est parce que je souhaite
29:25qu'on sorte de cette posture manichéenne
29:29où il y aurait de chaque côté deux camps irréconciliables,
29:32des pro-bassines et des anti-bassines,
29:35des pro-irrigation et des anti-irrigation.
29:38Je ne suis pas anti-irrigation.
29:42J'ai choisi d'y aller pour des raisons similaires,
29:45parce que je suis sur un fluide aussi précieux que l'eau.
29:48Changement climatique va devenir extrêmement rare.
29:51L'article 1 de la directive cadre européenne sur l'eau,
29:55c'est un commun.
29:58Le code de l'environnement nous dit
30:01qu'on doit privilégier l'accès à l'eau potable
30:04en quantité et en qualité suffisante.
30:07On doit privilégier la protection des milieux aquatiques
30:10dans les nappes souterraines satisfère le premier usage, l'eau potable,
30:13et satisfère le dernier usage, l'eau économique.
30:16Vous parliez justement du dérèglement climatique.
30:19Quand on voit les crues,
30:20on en subit encore là, sur le territoire, récemment,
30:24qu'est-ce qu'on fait de toute cette eau qui déborde ?
30:26Ce serait pas une solution même temporaire de la conserver,
30:29de la mettre quelque part pour pouvoir la réutiliser après ?
30:32Je vais faire de la sémantique.
30:35Les crues, c'est une bonne nouvelle.
30:36Ce qui ne va pas, c'est les inondations.
30:37C'est-à-dire que c'est quand l'eau monte dans des zones
30:40où il y a des habitations, des équipements, des vies,
30:43et que ça détruit.
30:44De plus en plus fréquent. C'est insuffisant.
30:46Il faut des images aux 20h d'avoir pu aller.
30:49Laissez-moi vous expliquer.
30:50Les inondations et les sécheresses
30:52sont les deux faces de la même pièce.
30:55Le grand cycle de l'eau.
30:56Exactement. C'est la conséquence
30:58de décennies d'acharnement à déménager le territoire.
31:02Je ne parle plus d'aménagement, je parle de déménagement du territoire
31:05où on a arrasé les méandres des cours d'eau qui ralentissaient l'eau,
31:08où on a arraché les haies, les arbres,
31:11on a retourné les prairies humides,
31:12les zones humides dont je parlais tout à l'heure,
31:15qui peuvent stocker, ralentir,
31:16et faire en sorte que l'eau est ralentie quand elle est en excès.
31:20Si on a des inondations,
31:21c'est parce qu'on ne sait plus accueillir des crues,
31:24parce qu'on a créé des autoroutes de l'eau,
31:26ce que j'appelle les autoroutes de l'eau,
31:28qui fait qu'on veut évacuer toujours plus vite l'eau vers la mer
31:31et qu'à un moment donné, ça déborde.
31:33Pour une raison très simple, je peux faire une démonstration,
31:36c'est que sur le bassin versant qu'est le mien,
31:38on a des temps de concentration,
31:40c'est-à-dire le moment où une pluie arrive vers la mer,
31:42de 7 heures aujourd'hui.
31:44Il y a 50 ans, c'était 7 jours.
31:46Quand on a la porte à la mer
31:48et qu'on a une marée haute toutes les 12 heures,
31:50si on a une forte pluviométrie,
31:53en 7 heures, un peu arriver sur la porte à la mer,
31:55et on ne peut pas l'ouvrir parce que la marée est haute derrière,
31:58effectivement, ça inonde.
32:00Ce qui évite ça,
32:01ce qui fait qu'on avait des temps de concentration de 7 jours il y a 50 ans,
32:04c'est parce qu'on avait des haies, des arbres, des méandres,
32:07on avait des zones mides qui ralentissaient
32:10et qui permettaient de gérer l'eau convenablement
32:12et qui permettaient de recharger les nappes souterraines.
32:15Le vrai stockage de l'eau, le seul qui vaille,
32:18c'est le stockage souterrain.
32:19On a bien compris le diagnostic,
32:21mais maintenant, il faut repenser le cycle de l'eau
32:24en réaménageant le territoire.
32:25Ca implique des travaux titanesques.
32:27Il ne faut pas garder ces méga-bassines ?
32:29C'est pas des travaux titanesques, bien au contraire.
32:33Il faut replanter des haies.
32:34Vous l'avez dit, remettre des arbres,
32:36enlever les autoroutes, ça fait du...
32:38Je n'ai pas parlé des autoroutes.
32:40Des autoroutes de l'eau.
32:42Bien sûr.
32:43Il y a un angle mort dans le raisonnement.
32:45Il y a un angle mort dans le raisonnement,
32:47c'est l'argent public.
32:49Derrière ces méga-bassines, il y a beaucoup d'argent public.
32:52Sur le territoire de Poitou-Charentes,
32:54l'ex-Poitou-Charentes, les quatre départements Vendée,
32:57Deux-Sèvres, Charentes, Charentes-Maritime,
33:00on a dans les cartons 200 projets de méga-bassines
33:02qui représentent un volume d'argent public,
33:05donc de subventions, de 400 millions d'euros.
33:07Est-ce que vous mesurez, si on mettait ces 400 millions d'euros
33:11sur le réaménagement du territoire
33:13pour que ce territoire soit en capacité
33:15de faire fonctionner le grand cycle de l'eau,
33:17ce qu'on pourrait faire ?
33:19Et surtout, l'avantage de ce que je propose,
33:21c'est que tout le monde serait bénéficiaire.
33:24Les 400 millions d'euros dont je vous parle
33:26ne s'adressent qu'à 6 % des agriculteurs.
33:28C'est un angle mort aussi.
33:30C'est ça qu'il faut nous expliquer.
33:32Comment tout ça est réorienté ?
33:33Aujourd'hui, ceux qui ont accès à l'eau,
33:36bassines ou pas bassines, d'ailleurs,
33:38sont les irriguants qui ont une référence historique.
33:40C'est-à-dire que ceux qui, un peu comme les chercheurs d'or,
33:44ont planté le bâton, ont déclaré le forage,
33:46et le volume qui sort de ce forage leur appartient.
33:49C'est ce qu'on appelle la caparnante
33:51dont parlait Lisa à l'instant.
33:53Et donc, c'est devenu une référence qui leur donne un volume.
33:57Seuls, aujourd'hui, 6 % des agriculteurs ont accès à l'eau.
34:01Quand j'entends, dans la bouche d'un président de la République,
34:04d'un Premier ministre ou d'un ministre de l'Agriculture,
34:07des propos qui consistent à dire qu'il n'y a pas d'agriculture
34:11sans irrigation, est-ce que vous mesurez à quel point
34:13ce propos est méprisant, insultant,
34:15pour les 94 % d'agriculteurs qui, eux, n'ont pas accès à l'eau ?
34:19Et quand on essaie de décliner un peu les usages de l'eau,
34:22je l'ai dit tout à l'heure, je ne suis pas contre l'irrigation,
34:25mais quand on regarde les usages de l'eau...
34:27Elle est nécessaire dans certaines productions
34:30pour produire des fruits et légumes,
34:32on a besoin d'irrigation, donc il est hors de question
34:35de remettre ça en cause, sauf que quand on regarde
34:38comment sont utilisés ces volumes dédiés à l'irrigation,
34:4160 % du volume est dédié à l'irrigation du maïs.
34:45Maïs, dont on a besoin pour nourrir des animaux
34:48qui sont censés être des herbivores et qui ne mangent plus d'herbe,
34:51qui va entraîner, ça a été dit dans le sujet,
34:54l'importation massive de soja, et qui ont été déployés
34:57où on pourrait ralentir l'eau, des prairies humides,
35:00où, hier, on faisait pâturer ces herbivores.
35:02Vous voyez bien que la machine qu'on a lancée
35:05est parfaitement infernale, et que continuer sur cette voie-là,
35:08parce que les méga-bassines, c'est l'étape supplémentaire
35:11de cette fuite en avant. Il n'y a plus assez d'eau,
35:14donc on va la mettre dans des méga-bassines
35:17où elle va s'évaporer, parce que mettre de l'eau en surface,
35:20c'est une belle hérésie, et donc on voit bien que ça ne va pas.
35:24On parlait du littoral aussi tout à l'heure.
35:27Cette relation à l'eau met en difficulté
35:29d'autres activités économiques.
35:31Parce que le grand cycle de l'eau est complètement détraqué,
35:35on a des arrivées d'eau colossales à certaines périodes de l'année
35:38qui ne sont pas compatibles avec l'écosystème estuaire,
35:41littoral, même marin ou océanique,
35:44et, dans d'autres périodes, des débits
35:46qui sont quasiment inexistants,
35:48car on a tellement tiré sur la ressource
35:50qu'il n'y a plus d'eau à l'estuaire.
35:52On voit bien qu'on a une seule voie,
35:54c'est restaurer le grand cycle de l'eau.
35:56Et si on doit utiliser de l'irrigation,
35:59utilisons-le sur des productions nécessaires.
36:01Si on enlève 60 % des volumes dédiés au maïs de l'équation,
36:05ça va être plus simple,
36:06d'autant plus qu'on a une alternative à ce maïs irrigué,
36:09le maïs population dont je parlais,
36:11c'est-à-dire ce maïs que le paysan lui-même sélectionne
36:15sur son terrain, qui devient un écotype,
36:17parce que la graine qu'il a sélectionnée
36:19est adaptée au milieu sur lequel il évolue,
36:22c'est le climat adapté au sol, à la pédologie,
36:24et donc on a des plantes parfaitement adaptées.
36:27Je ne suis même pas en train de flinguer la filière maïs.
36:30Je dis que le maïs fait partie...
36:32Le maïs fait partie de notre culture,
36:34mais on n'est pas obligés d'utiliser le maïs de l'Immagrin,
36:37dont on sait que pour réussir,
36:39on aura besoin de beaucoup de pesticides
36:41qui polluent la charrente, d'engrais de synthèse,
36:44qui polluent aussi la charrente et l'eau potable,
36:47et beaucoup d'eau d'irrigation.
36:49Les alternatives existent.
36:51On va mettre...
36:52On va mettre ensemble les pieds dans le plat,
36:54enfin, plutôt dans les coquilles,
36:56parce qu'on va parler des huîtres,
36:58et plus particulièrement, d'une chute de leur consommation.
37:07Il suffit d'aller chez le poissonnier,
37:09pour s'en rendre compte, les consommateurs
37:11sont de plus en plus nombreux à bouder huîtres et moules
37:14en raison des contaminations au norovirus,
37:17qui vous met dans un sale état pendant quelques jours.
37:20Est-ce qu'il y a une psychose qui n'est pas véridique ?
37:22Toutes les huîtres sont-elles concernées ?
37:25Comment rassurer les amateurs ?
37:27C'est l'enquête de Mathéo Stéphan.
37:31Les huîtres de Marais-Noleron,
37:33l'emblème des charrentes maritimes,
37:35la fierté de tout un département.
37:37Mais depuis l'épidémie de gastroentérite
37:40lors des dernières fêtes de fin d'année,
37:42les clients ne se pressent plus sur les étals.
37:45Tous les eaux, les agriculteurs sont concernés,
37:47les ventes ont été divisées par deux.
37:50J'ai eu des gens qui m'ont demandé
37:52si je pouvais manger une huître devant eux
37:54avant d'en acheter.
37:55On a perdu pas mal de clients qui s'inquiétaient
37:58de la qualité des huîtres sur l'ensemble du bassin.
38:03Alors que nous, on n'est pas du tout concernés
38:05par les problèmes d'Arcachon.
38:07Contrairement aux voisins d'Arcachon,
38:09les huîtres de Marais-Noleron n'ont pas été interdites à la vente.
38:12La raison principale, ces anciens marais salés,
38:15appelées claires austréicoles,
38:17spécifiques à la Charente-Maritime,
38:19permettent de confiner et d'affiner les huîtres
38:22et surtout de les décontaminer.
38:24On a mis des huîtres contaminées dans une claire
38:27et on a regardé tous les deux jours par analyse
38:29la décontamination progressive.
38:31On sait qu'au bout de 15 jours, les huîtres sont décontaminées.
38:34Malgré ces garanties,
38:36la crise nationale n'épargne pas les austréiculteurs charentais.
38:40Depuis le début de l'année,
38:42leur chiffre d'affaires a chuté de 30 %.
38:45Là, on a aujourd'hui, pour une commande d'un client-export,
38:49545 colis à conditionner.
38:51D'habitude, la commande se situe plutôt aux alentours de 900 colis.
38:55Pour relancer la consommation et mieux protéger les coquillages,
38:58les professionnels dénoncent la pollution agricole
39:01et des réseaux d'assainissement inadaptés.
39:03En cas de contamination, le taux de mortalité de leur production
39:07peut alors dépasser les 80 %.
39:09Alors, Noël va vite arriver.
39:10On sait que c'est une période cruciale,
39:12voire vitale pour les austréiculteurs,
39:15sur lesquels plane cette épée de Damoclès,
39:17le norovirus.
39:18Y a-t-il des raisons d'être inquiets
39:20pour les austréiculteurs à quelques mois des fêtes ?
39:24Il y a toujours des raisons d'être inquiets.
39:26C'est pas nouveau.
39:27Je suis un épicurien, j'aime bien ce qui va bien sur la table.
39:31Je suis forcément un gros amateur d'huîtres.
39:33Je trouve que ce coquillage est une merveille.
39:36C'est merveilleux, c'est authentique,
39:38emblématique, identitaire de notre territoire.
39:41Il faut tout mettre en oeuvre pour préserver cette activité,
39:44qui est aussi une activité économique.
39:46Il y a 1000 entreprises austréicoles sur le bassin
39:49qui sont créatrices d'emplois et qui sont victimes
39:52d'une activité qui est l'agriculture,
39:54qui met en péril, on a parlé du grand cycle de l'eau,
39:57le fonctionnement hydrologique sur les bassins versants
40:00et qui perturbe l'écosystème estuarien, littoral et océanique,
40:04qui fait qu'on a, au-delà des norovirus
40:06qui peuvent rendre malades, des fortes mortalités.
40:09Je suis plus inquiet avec les mortalités.
40:12Quand on a 80 % de mortalité sur des coquillages
40:14qui sont à taille marchande,
40:16c'est une perte économique absolument pharaonique.
40:21Pour les raisons que j'ai données sur les méga-bassins,
40:24aller plus loin dans le raisonnement
40:27et préserver une activité aussi emblématique
40:29que l'huître de Charente-Maritime, au-delà de Marais-Noleron,
40:33puisque c'est un peu partout sur la Charente-Maritime
40:35qu'on fait ce constat, il faut vraiment qu'on travaille
40:38sur une meilleure gestion du cycle de l'eau
40:41pour que les ostriculteurs s'en sortent.
40:43Les ostriculteurs disent que l'omerta autour de ces contaminations
40:47est en train de tomber.
40:48On préférait cacher la pollution aux consommateurs
40:51plutôt que de ne pas fragiliser la profession ?
40:54C'était l'autruche qui se mettait la tête dans le...
40:57J'ai retenu ce mot, omerta.
40:58L'omerta, je pense que c'est pas tellement sur les consommateurs
41:02qu'il y a une omerta, c'est sur...
41:04Sur la qualité des eaux.
41:05Sur la recherche des causes de ce qui fait
41:08que ça dysfonctionne aujourd'hui,
41:10parce que le lobby agricole est très puissant
41:12et qu'il veut pas ou difficilement se remettre en cause.
41:15Et donc, il y a une forme d'omerta, moi, je le revendique,
41:20qui fait qu'aujourd'hui, les producteurs de coquillages,
41:23que ce soit d'huîtres ou de moules, d'ailleurs,
41:26peuvent être en grave difficulté.
41:28Donc, si on veut retrouver des réponses pertinentes,
41:31il faut qu'on respecte cette ressource en eau
41:34de la source à l'estuaire.
41:35Donc, pomper de l'eau dans des nappes phréatiques
41:38pour remplir des méga-bassines, ça met les ostriculteurs en difficulté.
41:42On les protège, ces bassins ostricoles,
41:44ou c'est tomber dans un piège que de les protéger ?
41:47Il faut les protéger, mais pas par des solutions technicistes.
41:50Le solessionnisme, dont on parle beaucoup,
41:53qui consiste à faire des bassins de décantation,
41:56même si c'est une typicité de la production.
42:00Le coquillage le plus merveilleux qu'on trouve...
42:03C'est plus naturel.
42:04Oui, mais la pousse en clair,
42:06c'est-à-dire celle qui naît dans l'océan,
42:08ce qui n'est pas une huître qui sort d'écloserie,
42:11donc une huître naturelle,
42:13mais qui grandit ensuite dans des clairs,
42:15donc dans des bassins un peu déconnectés,
42:17qui sont remplis par de l'eau de mer,
42:19mais un peu déconnectés de la mer, quand même.
42:22Mais faire de la pousse en clair
42:24ne veut pas dire qu'on doit utiliser l'éclair
42:27pour pallier à ces conséquences-là.
42:29Et puis, on risque, un jour,
42:31de voir des contaminations aussi dans l'éclair.
42:33Qu'est-ce qu'on leur propose, alors ?
42:35Il faut travailler sur la qualité de l'eau.
42:39Il y a les très bels exemples,
42:41et je fais un petit coucou amical à mon ami François Patsoury,
42:45président du Comité national de conchiliculture,
42:48qui, à la tremblade,
42:50avec des aides de l'Agence de l'eau, par exemple,
42:52a su séparer le réseau des eaux grises
42:56qui sortent de nos toilettes, de nos éviers, de nos douches,
42:59de l'eau de pluie, qui fait que l'eau de pluie
43:01va diriger vers des stations d'épuration,
43:04qui font que, quand il pleut beaucoup,
43:06les stations débordent, et on a des pollutions
43:09où tout se mélange dans le bassin ostricol,
43:11et c'est là qu'on a des neurovirus.
43:13En collectant l'eau de pluie séparément,
43:15on a trouvé des réponses pour protéger le bassin ostricol.
43:19Est-ce que ça passe aussi par une judiciarisation ?
43:22On a vu que le tribunal de l'Arcachon
43:24a décidé d'ordonner des travaux d'assainissement.
43:27Est-ce que c'est comme ça que ça va bouger ?
43:29Peut-être que c'est comme ça qu'il faut bouger.
43:32Je préfère la carotte au bâton dans les politiques publiques.
43:35Mais on a un principe fondamental,
43:37inscrit dans la Directive cadre européenne sur l'eau
43:40et dans la loi sur l'eau et les milieux aquatiques,
43:43qui siège au financement des agences de l'eau.
43:45C'est le principe pollueur-payeur.
43:47Pour faire appliquer le principe pollueur-payeur,
43:50il va falloir passer par de la judiciarisation,
43:53c'est-à-dire objectiver le débat qui est à l'origine des pollutions.
43:56Est-ce que c'est toujours l'enveloppe publique
43:59qui répare les dégâts ou est-ce que vous prenez vos responsabilités,
44:03on applique le principe pollueur-payeur
44:05et parce qu'il y aura judiciarisation,
44:07on fait supporter à ceux qui polluent
44:09les conséquences de leur technique ?
44:12Et il y a un autre principe auquel je suis très attaché.
44:15C'est que quand on sait qu'on peut produire autrement,
44:18et je suis la preuve vivante qu'on peut faire de l'agriculture
44:21qui nourrit suffisamment,
44:23qui ne remet pas en cause la souveraineté alimentaire,
44:26sans pesticides, sans engrais de synthèse,
44:29on doit convoquer le principe de précaution
44:31pour les activités économiques qui produisent des coquillages,
44:35mais aussi pour la santé des enfants.
44:37Je suis sur une zone où on a l'émergence de cancers pédiatriques
44:40au-delà des normes.
44:42C'est pour ça que je porte le ruban jaune
44:44qui rappelle qu'on a des enfants
44:46qui sont en difficulté avec leur santé,
44:48probablement à cause, je dis probablement à cause,
44:51de la surutilisation des pesticides sur des secteurs.
44:55Quand on sait qu'on peut produire autrement,
44:57on doit convoquer le principe de précaution et dire
45:00stop, on sait faire autrement,
45:02donc on arrête avec ces solutions, ces usages
45:05qui mettent en danger des activités économiques,
45:08la santé et la biodiversité.
45:11Ce qui menace aujourd'hui les activités agricoles
45:14et la souveraineté alimentaire,
45:15que ce soit pour les productions terrestres, agricoles
45:18ou en mer, les coquillages, les poissons,
45:21c'est le dérèglement climatique,
45:23c'est l'effondrement de la biodiversité,
45:25donc attaquons-nous.
45:26J'allais y venir, c'était la suite de ma question.
45:29En quoi le réchauffement climatique
45:31peut nuire au domaine austricole ?
45:33Pour plein de raisons.
45:35D'abord, parce que ça réchauffe l'eau,
45:37parce qu'on acidifie les océans,
45:39et que des coquillages qui font des coquilles en calcaire,
45:42quand on acidifie l'océan,
45:45on observe déjà des malformations de coquillages.
45:49Ils sont moins résistants.
45:50Même le coquillage se forme mal
45:52parce que l'acide impacte le calcaire,
45:55le calcaire se dissout dans l'acide.
45:57On a, bien sûr, aussi, sur fond de réchauffement,
46:00parce que la température est un sujet,
46:03la modification de l'écosystème dans sa globalité.
46:06Donc la nourriture et les coquillages
46:08sont des organes filtreurs qu'on trouve dans l'océan.
46:11Sur fond de changement climatique et de réchauffement de l'eau,
46:15d'acidification de l'eau,
46:16de substances polluantes comme du pesticide et des nitrates,
46:20modifient la nourriture de ces coquillages filtreurs,
46:25modifient la nature du plancton,
46:27font apparaître des neurovirus qui mettent en difficulté tout ça.
46:30Si on ne préserve pas cet écosystème,
46:32on est en grave difficulté.
46:34Vous voulez nous dire qu'à terme, les huîtres et les coquillages
46:37pourraient disparaître ?
46:39Bien sûr que ça peut être une hypothèse.
46:41Moi, je fais une analogie très souvent.
46:44Je dis que les coquillages, pour que les gens comprennent tous,
46:47sont les abeilles de la mer.
46:49On utilise souvent les abeilles pour dire qu'il y a des choses
46:52qui ne marchent pas.
46:54Regardez le niveau de mortalité qu'on constate chez les abeilles.
46:57C'est le bio-indicateur de dérèglements graves.
47:00En milieu marin, les coquillages sont les abeilles de la mer
47:03car c'est les indicateurs d'un écosystème qui dysfonctionne.
47:07Quand tous les coquillages seront morts,
47:09des activités économiques aussi florissantes,
47:12authentiques, identitaires et merveilleuses
47:14que l'huître de Marais-le-Larond ou la moule de bouchot de Charon,
47:18y compris pour un pays qui a mis la gastronomie
47:22dans le patrimoine immatériel de l'UNESCO,
47:25c'est une perte incroyable.
47:27C'est valable chez nous, à Arcachon, à l'Etanto,
47:30en Bretagne, en Normandie, partout, on fait les mêmes constats.
47:33Vous parlez des abeilles.
47:35Une étude australienne rapporte que crustacés et mollusques
47:38sont vulnérables aux néonicotinoïdes,
47:40comme les abeilles.
47:42Est-ce que ces pesticides qui fragilisent les huîtres,
47:45les crevettes, sont encore un fléau plus dangereux
47:48que ces petits virus qui apparaissent régulièrement ?
47:51J'arrive pas à hiérarchiser si c'est plus dangereux.
47:54En tout cas, ce cocktail-là...
47:55C'est le cocktail.
47:57Oui, c'est un cocktail.
47:58Il est explosif pour les écosystèmes,
48:00pour la biodiversité et pour notre santé.
48:03C'est peut-être là une faille importante
48:05des réglementations en vigueur en France et en Europe.
48:08Ces effets cocktails ne sont jamais évalués.
48:10On n'évalue jamais les molécules dans l'effet cocktail
48:13tel qu'il est proposé.
48:15Les spécialités commerciales de pesticides,
48:18c'est 7, 8, parfois 10 molécules qui sont mélangées ensemble.
48:21Ce cocktail-là n'est jamais évalué.
48:23On a un autre sujet extrêmement sensible,
48:26c'est que les molécules qu'on utilise aujourd'hui
48:28se dégradent, c'est ce qu'on appelle
48:30des métabolites de décomposition,
48:32qui sont parfois plus dangereux que la molécule elle-même.
48:36C'est le cas du glyphosate.
48:37Il n'est pas une molécule extrêmement dangereuse.
48:40En revanche, ces métabolites de décomposition
48:43sont extrêmement dangereuses.
48:44Ceux-là, ces métabolites,
48:46viennent amplifier l'effet cocktail,
48:48puisqu'ils se retrouvent avec les molécules.
48:51Et donc, c'est cette faille juridique
48:54qui met en danger la biodiversité, la santé...
48:57Les consommateurs, aussi.
48:59Bien sûr.
49:00Il y a bien raison de s'inquiéter sur la disparition des huîtres.
49:04On doit vraiment avancer.
49:06Justement, je vous propose d'avancer
49:08tranquillement vers la fin du repas.
49:10Le dessert.
49:11On ne peut pas se quitter sans une note sucrée.
49:14C'est un pêché mignon.
49:18Avec un mia charantès,
49:20c'est un gâteau qui date de l'Antiquité.
49:22Mia, ça signifie, Valérie,
49:24mille, c'est-à-dire millet.
49:25En arrivant en Europe, la farine de maïs a remplacé le millet.
49:29C'est un gâteau très simple, j'allais dire paysan,
49:32sans connotation péjorative.
49:33On en a parlé ensemble.
49:35On le consomme sucré ou même salé.
49:38Sucré, il a mis une touche de fleur d'oranger.
49:41Monsieur Biteau préfère les cognacs,
49:43mais on peut aussi le manger salé avec du cochon comme un pain.
49:48Alors, c'est moi qui l'ai fait.
49:50C'est ce que j'allais souligner.
49:52Sur les conseils de Noam Biteau, qui m'a donné sa recette.
49:55Avec la recette de Noam Biteau.
49:57On va le goûter. C'est la première fois que je goûte un mia.
50:00Je n'ai pas goûté encore, mais je n'ai aucun doute
50:03sur le fait que ça puisse être très bon.
50:05Pourquoi ce choix de dessert ?
50:07Ce choix de dessert,
50:09c'est parce que c'est vraiment
50:12une pâtisserie qui a disparu
50:14avec plein d'autres aspects de la paysannerie.
50:16D'abord, parce que le mia que faisait ma grand-mère,
50:19car j'ai découvert le mia avec ma grand-mère,
50:22la mère de mon père,
50:23c'était le mia qu'elle faisait avec le maïs
50:26dont mon grand-père récoltait les grains et les ressemait.
50:29Il faisait, avant de le savoir, du maïs population, des écotypes.
50:32Et donc, c'était du maïs de notre région.
50:35Et moi, je ne remets pas en cause l'intérêt du maïs.
50:38Je suis très attaché à la dimension culturelle du maïs
50:41de notre région.
50:42-"Uniquement pour le mia."
50:43-"Pas que pour le mia."
50:45Mes grands-parents élevaient aussi des volailles, des cochons,
50:48et on a besoin du maïs, c'est des granivores qui mangent du maïs.
50:52Mais lui, il ne connaissait pas l'imagrin, par exemple.
50:55Je ne vais pas focaliser que sur ce mentier-là, mais quand même.
50:58Et surtout,
51:00c'est cette époque où les paysans étaient solidaires entre eux.
51:04C'est-à-dire que quand il y avait les vendanges
51:06chez un agriculteur, toutes les familles locales
51:09allaient manger un jour chez l'un, le lendemain, chez l'autre,
51:12le temps que son pressoir se vide.
51:14Quand il y avait les batages, les moissons,
51:17on venait faire le batage tous ensemble.
51:19Cette force de travail était quand même mise à rude épreuve.
51:23Ils faisaient des grosses journées, c'était du travail pénible,
51:26ils n'allaient pas en salle de sport le soir, je vous rassure.
51:29Et donc, ils avaient besoin de cette nourriture
51:32qui tient au corps, qui nourrit...
51:34-"C'est ce que j'allais dire, ça tient au corps."
51:36Et au-delà de ça, moi, je trouvais cette pâtisserie,
51:39en tout cas, moi, j'ai peut-être des goûts particuliers,
51:43mais quand ma grand-mère mangeait du mia,
51:45j'en mangeais dans des quantités incroyables,
51:47parce que j'adore ça, je trouve ça bon.
51:50Et je raconte une petite anecdote.
51:52C'est-à-dire que...
51:53-"Est-ce qu'il est réussi ?"
51:55Oui, il est réussi. Je le dis.
51:56On a eu une petite expérience, je raconte une anecdote,
52:00mais on a fait du mia à Bruxelles, et on l'a foiré.
52:03Celui-là est réussi.
52:05Mais il y a une petite...
52:06Il y a une petite... Merci à vous.
52:09Il y a une petite...
52:10J'en profite pour... Je disais tout à l'heure
52:12que quand on change les pratiques agricoles, on embarque tout.
52:16Ma grand-mère faisait du mia avec le maïs que faisait mon grand-père.
52:20Mon grand-père a arrêté de produire son maïs,
52:22parce qu'il était âgé, et on a continué à faire du mia
52:25avec le maïs industriel que faisait mon père.
52:28Le goût n'était absolument pas le même.
52:31Et j'ai retrouvé vraiment le goût du mia
52:34de ma grand-mère quand on a repris, avec mes maïs-population,
52:38la production de farine et qu'on a mis cette farine-là dans le mia.
52:42Et donc, ça change vraiment, radicalement, les choses.
52:45Et donc, le rapport au goût, c'est peut-être aussi...
52:48Je parlais tout à l'heure de...
52:50De la gastronomie au patrimoine immatériel de l'UNESCO.
52:54Préserver le goût, c'est peut-être aussi un levier
52:57qui va nous permettre de pousser
52:59la réinvention des pratiques agricoles vers d'autres logiques.
53:03J'avais lu que vous aimiez sentir le goût du maïs
53:06de votre grand-mère, de votre mia,
53:07mais c'est vraiment ça, le mia ?
53:09Je l'avais jamais goûté, je trouve ça bon,
53:12à cause du goût du maïs.
53:13J'ai été chercher de la farine de maïs bio.
53:16Et parce qu'elle est bio, il est possible
53:18que ce soit du maïs population dont je vous parle,
53:21parce que le mouvement des agriculteurs bio
53:23utilise de plus en plus ces écotypes et ces ressources locales.
53:27D'ailleurs, la réglementation, depuis le 1er janvier 2022,
53:30permet aux agriculteurs bio d'utiliser
53:32des ressources génétiques non inscrites au catalogue,
53:35ce qui n'était pas le cas avant 2022.
53:37J'ai été agriculteur entre 2007 et 2022, pendant 15 ans,
53:40en totale illégalité car j'utilisais des ressources génétiques.
53:43Pour accompagner ce fabuleux dessert,
53:46vous avez choisi une chanson de Daron,
53:48qui s'intitule Pas peur.
53:52Je n'ai pas peur des hommes
53:56Tu m'as dit dans un homme
53:59Il y a toujours l'humain
54:03Et puis derrière l'humain
54:05C'est Daron, d'anciennement Daron et les chaises,
54:09que je me souviens, en 1991.
54:12Pourquoi ce choix ?
54:14D'abord, parce que je suis un grand fan de Daron.
54:17J'aime beaucoup Daron.
54:18Et depuis l'époque 90, déjà ?
54:20Oui, bien sûr.
54:21J'aime beaucoup cet artiste.
54:24Et j'ai choisi ce texte parce que, je vous l'ai dit,
54:27je suis victime de représailles,
54:29d'agissements qui tentent à attaquer mon intégrité.
54:35Et dans ces moments de représailles,
54:38ma famille est mise à lourde épreuve.
54:40Ma femme, mes enfants qui vivent avec moi
54:43subissent de la même manière
54:44des gens qui viennent me tirer dessus un jour d'un déjeuner,
54:48de gens qui viennent jeter des bidons de liquide à l'une feu dans la ferme
54:51avec un message très clair, une ferme, ça brûle.
54:54Des gens qui polluent des récoltes avec des substances moellantes
54:58qui, si j'avais fait de la farine de Sarrazin,
55:00auraient probablement tué les gens qui auraient consommé cette farine.
55:04Et donc, j'ai choisi ce texte
55:05parce que je veux dire à ces gens que j'ai pas peur d'eux.
55:08J'ai pas peur.
55:09Et c'est aussi l'occasion de rendre hommage à mes proches,
55:13à ma femme, à mes enfants.
55:14J'ai un peu d'émotion.
55:16C'est normal, on comprend.
55:17Parce que moi, j'ai pas peur,
55:19mais je les embarque dans une aventure qui est quand même difficile.
55:24Et ces gens la prennent soin de moi.
55:26C'est ce que dit Daron dans ce texte.
55:29C'est-à-dire que j'ai pas peur des autres, mais j'ai besoin.
55:32Je l'assume.
55:33J'ai besoin de ces gens qui me protègent au quotidien.
55:36Ils aident aussi dans votre combat.
55:38Un petit clin d'oeil à mon épouse et à mes enfants.
55:40Qu'ils apprécieront certainement.
55:42Jean-Pierre ?
55:43L'émotion, on a déjeuné avec un verre, on est aussi émus,
55:46mais de l'autre côté du poste, déjeuner avec les verres,
55:49cet ouvrage est pour vous,
55:51avec, bien sûr, Benoît Biteau et votre collaboratrice Sarah Vigneur,
55:55qui ont écrit...
55:56C'était une collègue députée européenne.
55:58Une collègue députée européenne. Voilà.
56:00Merci. Merci beaucoup, Benoît Biteau,
56:02d'avoir partagé ce repas avec nous.
56:05Et votre émotion, on vous remercie infiniment.
56:07On remercie aussi Jean-Pierre Montané
56:09pour ce fabuleux dessert.
56:12Et le bonbon.
56:13Et bien sûr, on remercie Benoît qui nous a cuisiné
56:16ses merveilleuses pâtes à la Carbonara.
56:19Et puis, on se retrouve la semaine prochaine
56:21pour un nouveau numéro de Politique à table.
56:24Merci à vous. Merci.

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