Dans "Tout Public" du vendredi 27 septembre 2024, la bande-dessinée "Guerre à Gaza" de Joe Sacco, la sortie de l'album "Hypersensible" de Gringe, et les concerts de Mylène Farmer au Stade de France.
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00:00Et voici Tout Public avec Matteo Maestretti, bonjour Matteo.
00:04Bonjour Marie Bernardo, bonjour à tous, bienvenue si vous nous rejoignez dans Tout Public, c'est
00:08la fin de la quatrième semaine, ça fait un petit quelque chose, on était mis au programme
00:11dans quelques minutes, une grande séquence musicale, ça fait du bien, c'est vendredi,
00:15jour de sortie, Gringe sera avec nous en studio, le rappeur, comédien, écrivain et puis le
00:20phénomène Mylène Farmer nous sera commenté par notre confrère Bastien Collignon.
00:23Mais vous le savez, dans Tout Public, sur France Info en général, on ne s'intéresse
00:27plus particulièrement à la culture lorsqu'elle éclaire ou explique l'actualité ou lorsqu'elle
00:31la documente, c'est le cas de la nouvelle BD de l'américain Joe Sacco, la guerre qui
00:36s'étend au Proche-Orient et cette semaine dans presque tous les discours de l'Assemblée
00:39Générale des Nations Unies, inquiétude que partage cette figure majeure de la bande
00:43des ciné mondiales, il est de passage en France à l'occasion du Festival America,
00:47ce week-end à Vincennes et Augustin Arrivez, vous en avez profité pour lui donner la parole
00:52à Joe Sacco.
00:53Oui, de tant que France Info le connaît bien et l'aime beaucoup puisqu'il a déjà été
00:56récompensé deux fois par notre prix annuel de la BD d'actualité de reportage, les deux
01:01fois pour des albums traitant du peuple palestinien, en 1999 avec Palestine, une nation occupée
01:07et en 2011 avec Gaza 1956 en marge de l'histoire, des albums parus chez Futuropolis comme celui
01:14qui vient de sortir, ça s'intitule Guerre à Gaza, c'est beaucoup plus court, une trentaine
01:19de pages seulement, pas un reportage cette fois mais plutôt un manifeste, son regard
01:25assez désabusé d'observateurs extérieurs en colère, en colère surtout contre l'inaction
01:30internationale, j'ai commencé par évoquer avec lui les bombardements israéliens de
01:34cette semaine sur le Liban, les déplacements de populations qui fuient le sud du pays et
01:38le risque d'escalade régionale.
01:40Je trouve ça vraiment bouleversant de voir comment la violence ne cesse de grandir et
01:47on ne sait pas où ça va s'arrêter, ça s'amplifie continuellement depuis mon premier
01:51livre sur les palestiniens dans les années 90, je ne sais pas où ça va nous mener.
01:55J'étais là-bas pendant la première intifada et j'étais choqué de ce que je voyais,
02:02puis j'y étais pour la deuxième intifada et on était passé des balles et des jets
02:06de pierres aux tanks et aux attentats suicides.
02:09Maintenant on parle de bombardements aériens, d'hélicoptères militaires, malheureusement
02:18l'histoire n'est pas terminée.
02:20Dans cet album vous parlez de la guerre mais aussi de ce qu'on peut dire et que certains
02:25ne peuvent pas entendre, vous écrivez aujourd'hui dire que l'on veut arrêter un génocide
02:29est considéré comme un discours de haine tandis que diffamer ceux qui veulent l'arrêter
02:33est un discours rémunéré.
02:35Est-ce que vous, vous avez été accusé d'antisémitisme parce que vous avez dit il y a un génocide
02:40à Gaza ?
02:41Je pense que les mots ont un sens, il y a une vraie signification à ce terme d'antisémitisme
02:48et qui est quelque chose de révoltant.
02:50Mon problème c'est la manière dont ce mot est instrumentalisé, il est utilisé pour
02:55faire taire les gens parce que personne ne veut être traité d'antisémite, c'est le
03:00genre d'accusation qui colle à la peau.
03:02Moi mes idées sont très claires, je sais ce que ça veut dire, je m'en prends aux actions
03:06d'Israël, jamais aux juifs.
03:08Et vous inventez une expression, vous écrivez c'est de l'autodéfense génocidaire, vous
03:14avez l'impression que personne ne peut envisager les deux à la fois, que ce soit en même
03:18temps un génocide et puis une manière de se défendre ?
03:20Bon j'avoue que j'étais un peu ironique avec cette formulation.
03:26Aux Etats-Unis particulièrement, il y a cette expression toute faite, Israël a le
03:32droit de se défendre, c'est une évidence qui revient dans les discours politiques.
03:36Mais qu'est-ce que ça veut dire se défendre ? C'est une notion assez trouble.
03:41Je pense qu'après le 7 octobre, c'était clair pour tout le monde qu'Israël allait
03:47répliquer sévèrement sur Gaza, c'était sûr, mais j'ai quand même été surpris
03:51par le degré de violence.
03:53Avant le 7 octobre, la plupart des gens qui disaient on ne peut plus rien dire, ils étaient
03:58plutôt de tendance conservatrice, militants anti-woke par exemple, maintenant, et on le
04:03voit avec vous, il semblerait que tout le monde puisse se plaindre de ça.
04:06Oui, beaucoup de monde dénonce aujourd'hui la désinformation, et bien sûr que ça existe.
04:12Ne serait-ce que le fait que les grands médias ne traitent pas de certains sujets, ça participe
04:17à une forme de désinformation ? Après, généralement, les gens qui parlent de désinformation,
04:21c'est juste qu'ils veulent être ceux qui détiennent la vérité, ils ont peur du
04:25récit des autres.
04:26C'est pour ça qu'il y a eu de telles répressions dans les universités.
04:29On dit aux gens, vous ne pouvez pas envisager les choses comme ça, vous devez vous conformer
04:34à ce qu'on raconte.
04:35C'est quand même gênant en démocratie.
04:37Est-ce que ça vous fait peur de ne plus pouvoir vous exprimer à l'avenir parce que vous
04:42dites ça aujourd'hui ?
04:43Moi, je ne me préoccupe pas spécialement de mon cas, mais plus généralement, oui,
04:50ça m'inquiète.
04:51Ce qu'on voit, c'est que c'est compliqué d'empêcher les gens de se faire leur opinion.
04:54Un récit qui te pose problème, d'abord, tu essaies de le contenir, de le recouvrir.
04:58Si ça ne marche pas, tu commences les menaces, tu mets les gens en prison.
05:02Là, le récit des événements est en train de changer via le regard des jeunes générations,
05:07et nous en sommes là.
05:08Est-ce que vous pensez que ce qui se passe en ce moment au Liban peut débloquer la perception
05:13des événements par la communauté internationale ?
05:15Je crois que ça se débloque déjà.
05:18Si vous regardez la jeunesse, particulièrement aux États-Unis, il y a plein d'étudiants
05:23qui ont l'air de comprendre ce qui se passe.
05:25Et dans un sens, c'est le seul espoir actuellement.
05:28La classe politique, elle, continuera à faire ce qu'elle a toujours fait.
05:31Que ce soit les républicains ou les démocrates, il y a peut-être une tonalité différente,
05:37mais à la fin, ils continueront à fournir des armes.
05:41Donc, vous n'attendez rien de particulier de Kamala Harris en novembre ?
05:45Absolument rien.
05:47Bien sûr que Trump serait un désastre de mon point de vue, mais je n'espère rien
05:52de bon de Kamala Harris.
05:53Elle fait partie de l'administration Biden, après tout.
05:57Vous vous demandez, dans l'album d'ailleurs, quel est le moins pire des choix ? Vraiment,
06:01vous n'avez pas une idée de quel serait le moins pire des choix ?
06:05Je pense qu'aujourd'hui, dans toutes les soi-disant démocraties, que ce soit les
06:10États-Unis ou la France, il faut qu'on arrête de se demander quel est le moins
06:14pire des choix.
06:15On est censé voter Kamala Harris parce qu'il y a Trump, on est censé voter Macron ou
06:20à gauche parce qu'il y a Le Pen.
06:22On n'envisage plus de choix qui rendent nos vies meilleures.
06:25C'est le signe de quelque chose d'assez malsain dans nos sociétés.
06:29C'est le signe de quelque chose d'assez malsain dans nos sociétés.
06:31Merci beaucoup.
06:32Bien sûr.
06:33Avec le sourire de Joe Sacco malgré le sujet grave, « Guerre à Gaza » s'est paru
06:38chez Futuropolis, une trentaine de pages pour 6,90 euros.
06:41Joe Sacco avec Augustin Arrivez sur France Info, le Festival littéraire Américain
06:45à Vincennes, près de Paris, c'est jusqu'à dimanche.
06:48Et sachez que lundi, Mathéo, dans tout public, nous serons avec un autre grand auteur américain,
06:52j'ai nommé Richard Ford.
06:53Et on espère que lui ne va pas tout casser flotter dans ce studio, Gringe est avec nous.
06:58Bien le bonjour.
06:59Il y a peu de chance, il est encore tôt pour moi, je vais très peu casser, je vais surtout
07:02flotter.
07:03Merci d'être là.
07:04Vous êtes un artiste multi-cartes, je dirais même poly-talentueux, on va y revenir, film,
07:09série TV, livre aussi, votre passion et votre profession première, si je ne me trompe pas,
07:13c'est la musique quand même.
07:14Oui.
07:15Vous revenez avec Hypersensible qui est sorti il y a quelques jours, on va en entendre des
07:18extraits, deuxième album solo en une semaine, tout va bien, tout s'est bien passé, vous
07:23êtes content ?
07:25Je suis ravi, j'ai un petit chat dans la gorge, mais je suis ravi de la sortie de cet album,
07:30c'est un an et demi de boulot, et puis c'est surtout mon retour en musique, à l'écriture
07:36et en musique ce coup-ci.
07:37J'étais parti pour faire un deuxième bouquin, j'avais envie de le faire il y a un an et
07:39demi, puis j'ai fait les rencontres, notamment celle de Tigri qui réalise tout l'album,
07:43qui est un petit beatmaker passé par la Berkeley School, qui est assez génial et qui a réussi
07:48à traduire toutes mes envies en musique très rapidement, donc je me suis dit, let's go
07:51pour un album.
07:52Yann Bertrand, spécialiste de musique de France Info, est à côté de moi, on va écouter
07:57tout de suite un extrait.
07:58Oui, on va écouter un extrait, et effectivement c'est bien de souligner le rôle de Tigri
08:01qui a 25 ans, qui est pour le coup tout jeune le producteur de cet album, on va écouter
08:06un premier extrait qui définit peut-être un petit peu tout l'album.
08:22Confession d'un hypersensible, je me trompe Grinche si je vous dis que c'est un peu le
08:32morceau dans lequel vous vous racontez le plus ?
08:34Oui, c'est celui qui synthétise un petit peu aussi toutes les thématiques qui me sont
08:41familières et que j'aborde dans l'album, l'hypersensibilité notamment j'en parle,
08:45la question de la santé mentale qui me touche toujours autant, mon rapport au temps que
08:49je distors depuis toujours, mon rapport au monde, aux autres, l'hypersensibilité comme
08:56un état d'être et de ressentir qui influence tout finalement dans ma vie, ma vision des
09:01choses et mon rapport aux choses.
09:03Dans un album solo et peut-être plus dans la chanson mais aussi dans le rap, on se livre
09:08forcément, on parle de soi, il y a 14 morceaux dans le nouvel album, c'était déjà le
09:11cas dans Enfant Lune sorti en 2018, cette fois vous vous livrez plus par ce livret j'entends
09:16accepter d'être vulnérable, de douter, d'avoir des failles, c'est une des thématiques ?
09:20Oui, et puis c'est une question d'âge surtout, à cet endroit-là de ma vie j'ai envie
09:25de me raconter comme ça et c'est ce que je fais, j'essaie de faire sur tous mes
09:29projets, c'est d'aller loin dans l'introspection, de me sonder, il faut que ce projet puisse
09:35me renseigner sur moi le premier, une fois que je me lance dans l'écriture, à cordes
09:41perdues dans l'écriture, il faut que ça me renseigne et sur le monde dans lequel je
09:44vis et sur moi.
09:45Vous dites dans Fake ID qu'il y a un autre morceau, j'ai des cicatrices mais je ne suis
09:48pas pudique, moi j'ai pas l'impression que vous étiez pudique jusque-là.
09:51Oui, mais l'exercice d'un album solo c'est l'endroit où justement on se réapproprie
09:55son message, son personnage et aller dans l'introspection si on ne le fait pas totalement,
09:58si on ne se fout pas à poil, moi je n'y vois pas l'intérêt et c'est des rares
10:03endroits où je le suis, un peu moins pudique, c'est sur mes projets.
10:06C'est quoi le rapport au temps que vous évoquiez il y a quelques minutes ?
10:08Je suis très la nuit par exemple, il y a un morceau sur l'album qui s'appelle Couler
10:11des jours heureux et qui est introduit par un petit paragraphe dédié à Christophe,
10:16le chanteur, que je rencontre quelques temps avant qu'il parte, et lui me découvre sur
10:20un podcast qui s'appelle La Nuit, où je parle de mon rapport au temps et à la nuit,
10:23et il est touché par ça, et on se rencontre chez lui boulevard Aspail, on passe trois
10:26nuits ensemble à refaire le monde, et je me reconnais dans sa liberté d'être quoi.
10:31Donc il y a un truc de rapport au temps que je distors, je suis rarement à l'heure,
10:34je suis sur un autre fuseau horaire.
10:35Vous l'étiez aujourd'hui, bravo.
10:36Ouais, grâce à mon attaché de presse, merci Julien.
10:40Autre morceau que je voulais vous faire écouter, écoutez bien justement, vous parliez d'être
10:45en prise avec les thématiques de la société d'aujourd'hui, en France notamment.
11:03Le morceau s'appelle Duplon, là vous évoquez notamment la Braven, les manifestations, les
11:09exactions supposées, pour être politiquement correct, des gardiens de l'ordre, des forces
11:16de l'ordre.
11:17Ce texte-là, il vous est arrivé à quel moment ?
11:20Il m'arrive comme une espèce de réaction épidermique à l'annonce de la mort de
11:26Naël, je crois que tout part de là.
11:28Il y a un an et demi, quelque chose comme ça.
11:30Par l'effroi généré par la mort d'un adolescent abattu par un gardien de la paix.
11:37Il y a un truc qui me met très en colère et qui déclenche certainement l'écriture
11:42de ce morceau.
11:43Mais c'est une réaction, c'est un morceau court, urgent.
11:46Je m'intéresse peut-être moins à la politique qu'aux conséquences de la vie politique
11:52de ce pays sur les gens.
11:53Ça, ça m'intéresse à observer.
11:56Ce morceau-là, c'est ça.
11:57Dans Duplon d'ailleurs, vous dites que vous ne reconnaissez pas votre pays, il y a eu
12:00pas mal de soubresauts politiques ces derniers temps.
12:03Je sais que les artistes ne sont pas forcément à l'aise pour parler de politique, mais
12:06là vous l'avez reconnu encore moins votre pays, on va dire au mois de juillet, par là ?
12:10Oui, alors moi je suis génération 80, j'ai une maman qui a été assistante sociale,
12:16un papa qui a bossé avec Rocard à la culture, dans une salle de spectacle.
12:20Je pense que mon héritage politique naturel est socialiste.
12:25Après six mois, je le suis, même si c'est quelque chose que j'observe de loin, mon
12:30héritage direct, il est celui-là.
12:32Et c'est vrai que je ne reconnais pas grand-chose, ni à mon pays, comme je dis dans le morceau,
12:36ni à ma démocratie.
12:37Gringes est avec nous sur France Info, jusqu'à 14h Marie.
12:40Et on poursuit cette discussion après le Fil Info, puisqu'il est 13h45, Armand Perroux, loga.
12:44Il risque d'y avoir des fermetures de bureaux de poste dans de nombreuses communes rurales.
12:49Alerte lancée par le PDG de La Poste, Philippe Valle annonce que le budget de présence postale
12:54territoriale a été amputé de 50 millions d'euros cette année sur décision de l'État.
12:59La dette publique de la France gonfle encore, selon l'INSEE, elle a augmenté de 69 milliards
13:04d'euros entre avril et juin.
13:05Elle représente désormais 112% du PIB.
13:08En revanche, l'inflation ralentit en France.
13:10Les prix à la consommation ont augmenté de 1,2% sur un an en septembre, contre 1,8%
13:16en août.
13:17Les obstacles de Philippines ont lieu en ce moment en la cathédrale de Versailles, devant
13:20près de 1500 personnes.
13:22Le meurtre de cette jeune étudiante de 19 ans suscite toujours une vive émotion à
13:26cause du profil du meurtrier, présumé un étranger en situation irrégulière qui aurait
13:30dû être expulsé.
13:31Il est possible de faire évoluer l'arsenal juridique, a déclaré ce matin le ministre
13:35de la Justice, Didier Migaud.
13:3760 femmes accusent désormais Mohamed Al-Fayet d'agressions sexuelles et de viols.
13:41Mais aucune poursuite ne sera possible contre l'ex-propriétaire du grand magasin londonien
13:45Harrods, puisqu'il est mort l'an dernier.
13:47Benyamin Netanyahou doit s'exprimer cet après-midi vers 15h30 devant l'Assemblée
13:52générale de l'ONU à New York.
13:53L'armée israélienne poursuit ses bombardements contre le Hezbollah au Liban.
13:56Le mouvement chiite libanais, de son côté, a tiré des roquettes et des drones ce matin
14:00sur le territoire israélien.
14:02Et puis du football avec le début de la sixième journée de Ligue 1, ce soir à 19h, au CERF,
14:07reçoit Brest.
14:08A 21h, ce sera PSG-Rennes.
14:18Sur France Info, jusqu'à 14h avec notamment Gringe, notre invité qui est avec nous en
14:23studio, nouvel album, deuxième album solo, hyper sensible, on a cité des morceaux, il
14:27y en a un autre qu'on va écouter tout de suite, un extrait en tout cas.
14:29Il s'appelle « Feelings », avec d'abord votre couplet.
14:43Ça c'est votre couplet, et puis il y a celui-là aussi.
14:45C'est pas les robots qui vont nous tuer, c'est notre putain d'ego, tout le monde finira
14:48par mourir, les figurants comme les héros, surveille ta pétasse, elle veut que ça capte
14:53après le show, se faire démonter comme la scène, on sait ce qu'il veut, c'est qu'on
14:55s'enlève.
14:56Des paroles pas forcément pour toutes les oreilles, à cette heure-ci, mais c'est comme
15:01ça.
15:02Très joli morceau choisi.
15:03Qui est cette personne qu'on entend ? Non mais c'est Aurel San, c'était impensable
15:08de faire un disque sans lui.
15:09C'est mon frère Luzin, mon frère d'armes.
15:10Quand on est sur un album solo, on est sur un effort, une volonté de raconter des choses
15:18intimes, on a besoin des gens qui nous accompagnent dans la vie.
15:21Donc ça me semblait naturel d'avoir Aurel à mes côtés sur cet album.
15:24« Gringe », c'est votre deuxième album solo, on l'a dit, vous avez joué dans des
15:27films, dans des séries, vous avez écrit un livre en 2020 sur votre frère schizophrène,
15:33vous faites beaucoup de choses, on ne vous présente plus désormais forcément comme
15:37le comparse d'Aurel San, on ne le dit pas forcément en introduction.
15:40C'est quelque chose dont vous aviez besoin, vous en aviez un peu marre, il fallait un
15:43petit peu...
15:44J'en ai jamais eu trop marre, je suis toujours hyper fier qu'on me ramène aussi à ce point
15:48de mon histoire-là et de notre histoire, celle des casseurs-flotteurs, mais il était
15:53essentiel à un moment donné que je me réapproprie mon identité et mon message.
15:58S'épanouir individuellement, c'est faire des choses comme ça aussi en solo ?
16:01Oui, et puis c'est multiplier, varier les médiums, c'est essayer l'écriture un peu
16:07littéraire.
16:08Vous parliez du livre d'Aikon Frangin, Ensemble en amont, en silence, et ça, ça a été
16:12quelque chose qui m'a déverrouillé, qui m'a déverrouillé des choses en moi pour
16:16la suite sur l'écriture.
16:17La comédie aussi, j'avais envie de vous le dire, c'est perso, mais vous étiez, vous
16:23êtes de mieux en mieux je trouve, à l'écran.
16:24Ça veut dire que je partais très loin ?
16:26Non, pas du tout, je prends comme exemple des oeuvres récentes, il y a la série « Cipoyen
16:32clandestin » ou le film belge « Quittez la nuit » dans lequel vous jouez un ex-mari
16:37assez touchant, un peu paumé.
16:38On vous sent de plus en plus à l'aise avec la caméra, avec l'outil cinéma ou télé,
16:44c'est le cas ?
16:45Oui, c'est le cas, et j'arrive à un petit endroit de ma petite carrière où d'un coup
16:48je me dis que j'arrive à faire fusionner un petit peu les talents, et je le dis modestement,
16:54les compétences plutôt que les talents.
16:55Je suis plus à l'aise quand je joue, je suis plus à l'aise quand j'interprète aussi
16:59en studio, quand j'enregistre.
17:00Là où avant je compartimentais, j'ai l'impression qu'aujourd'hui tout se rejoint un petit peu
17:04et les planètes s'alignent.
17:05Il y avait une question que je voulais vous poser qui n'est plus perso, mais on parlait
17:08d'Orelsan.
17:09Est-ce que votre appartement est maintenant mieux rangé que dans la série « Montre
17:12jamais ça à personne » ?
17:13Non, c'est toujours le cas, je vais toujours dans mes cartons avec l'idée que je peux
17:17à tout moment foutre le camp.
17:19Je vais vous faire écouter un morceau, vous allez me dire tout de suite si ça vous parle,
17:23c'est ça.
17:24Demain son parent croisade contre l'état avare, représente les quartiers d'Issan sous
17:30Blanc-France et Navarre.
17:31Alors ?
17:32C'est l'interrogatoire un peu.
17:33C'est un de mes albums de chevet, « Si Dieu veut », la Funky Family.
17:36« Best Of », le premier pour le groupe marseillais, 17 morceaux, pour la plupart
17:40extraits de « Si Dieu veut » et « Art de rue », les deux albums cultes.
17:43Pourquoi la FF, pourquoi l'album de chevet, qu'est-ce que ça veut dire ?
17:48L'urgence de ce groupe-là, du message, je pense la réalité sociale d'une ville
17:51comme Marseille il y a 20 ans, 15 ans déjà, qui était déjà une ville très dans l'urgence
17:59et qui l'est restée.
18:00Pour le discours engagé, contestataire, celui qu'on entend peut-être un petit peu moins
18:05aujourd'hui, c'est devenu hyper individualiste aujourd'hui, les artistes rap sont très
18:11déconcentrés.
18:12La FF, c'était ça, c'était ce qui faisait l'essence du rap, de celui que j'aimais
18:17moi en tout cas.
18:18Vous disiez, en parlant de votre album, qu'à la base vous pensiez d'abord en faire un
18:21livre.
18:22Est-ce que la voix porte plus quand ça devient un album ou c'est complètement différent ?
18:27Vous voulez plus ou moins ?
18:29J'ai le sentiment que sur un bouquin, le pouvoir des mots et de la suggestion, on fait
18:34à peine un imaginaire et on mène plus loin encore que la musique.
18:37La musique transporte et habille le discours.
18:40Je pense que sans musique derrière, c'est encore plus puissant.
18:43Alors juste, il faut le dire, le best-of sort aujourd'hui, c'est pour ça qu'on vous
18:47en parle, c'est le premier best-of de l'histoire de la FF pour le coup.
18:50Et le groupe refait des scènes ensemble ?
18:51Ils ont refait des festivals cet été, ils n'en ont pas fait beaucoup et on n'a aucune
18:55assurance, la FF étant la FF, la Funky Family, pardon puisqu'il y en a qui ne connaissent
19:00pas encore, on n'a aucune assurance qu'ils existent encore à l'avenir.
19:04Vous avez des concerts à venir, vous aussi, puisqu'on parlait des dates de la Funky
19:07Family, vous en avez en tête quelques-uns, Yann et Grish, vous le dire à deux voix.
19:12Le 7 novembre ce sera où ?
19:14Le 7 novembre à Metz, on débute la tournée à Metz et elle s'étire au moins sur un
19:19an.
19:20On arrive à l'Olympia le 6 mai prochain et la cigale vient de se remplir, elle arrive
19:26le 5 décembre.
19:27Un grand merci Grinj, votre deuxième album solo Hypersensible, disponible sur les plateformes
19:32et en support physique comme on dit maintenant.
19:34Je vous ai testé sur la FF, restez un peu avec nous, c'était assez facile, plus dur
19:37maintenant.
19:38Si je vous dis, je ne vais pas chanter, je lis les paroles.
19:401.
19:41Maman a tort.
19:422.
19:43C'est beau l'amour.
19:443.
19:45L'infirmière pleure.
19:464.
19:47Je l'aime.
19:485.
19:49Je vais aller vers Mylène.
19:506.
19:51Mylène Farmer.
19:527.
19:53Maman a tort.
19:548.
19:55Mylène Farmer, premier single sorti en mars 1984, la chanteuse qui est au Stade de France
20:00ce soir, demain soir et mardi soir, les dernières dates de sa tournée Nevermore lancée en 2023.
20:06Évidemment c'est vide, aucun billet n'a été vendu dans cette présence, c'est archi
20:09complet depuis mille ans, on va notamment sans doute entendre ceci.
20:13Voilà, désenchantée, Mylène Farmer, on accueille Bastien Collignon, bonjour.
20:35Bonjour.
20:36Merci d'être avec nous.
20:37Alors vous le savez, sur le service public, on est transparent, je dois expliquer à nos
20:39auditeurs que vous êtes un estimé collègue, mais c'est pas pour ça que vous êtes là,
20:43vous êtes spécialiste de Mylène Farmer, vous êtes un fan vous-même, c'est une histoire
20:46qui remonte à l'enfance.
20:47Oui, oui, tout à fait, ça a commencé dans le milieu des années 90, donc un CD chez
20:53mes parents qui n'étaient pas forcément fans, mais à l'époque Mylène Farmer était
20:56déjà cette artiste populaire qu'il y avait dans tous les foyers français et vraiment
21:00j'ai accroché à cette musique, à cette musique qui ressemble effectivement parfois
21:03à des comptines et puis après on devient ado et on comprend les paroles et on se rend
21:06compte que ces comptines sont un peu plus sombres, voire plus décalées.
21:09Je précise juste que vous co-animez un podcast qui s'appelle Histoire 2, disponible en ligne,
21:14avant que j'oublie de le dire.
21:15Oui, tout à fait, voilà.
21:16Yann, l'extrait qu'on entendait est extrait justement du live de Nevermore, la tournée
21:20actuelle qui est sortie aujourd'hui, ce matin même, Bastien, on a le sentiment que Mylène
21:26Farmer, qu'on aime ou pas, qu'on connaisse ou pas, elle a quand même évolué, elle
21:30a beaucoup évolué au cours de sa carrière.
21:32Oui, tout à fait, c'est une force qu'elle a eue, c'est qu'elle a effectivement évolué.
21:37Elle a longtemps travaillé avec le même compositeur qui était Laurent Boutonnat.
21:40Dans la fin des années 2000, on sentait qu'il y avait une sorte de répétition à cette
21:44collaboration, même si c'était toujours quelque chose qui me parlait et que j'aimais
21:48beaucoup.
21:49Et depuis une bonne dizaine d'années, elle va chercher de nouveaux producteurs et la
21:53magie qui opère, c'est qu'en fait, malgré de nouveaux producteurs, ça reste du Mylène
21:57Farmer.
21:58Elle a Feder notamment.
21:59Il y a eu Feder, il y a eu Wootit plus récemment.
22:01Est-ce qu'elle a changé ou est-ce que c'est notre regard sur elle qui a évolué, notamment
22:05celui des médias, du grand public ?
22:06Moi, je pense qu'elle n'a absolument jamais changé.
22:09C'est pour ça que je pense qu'elle a une fidélité du public.
22:11Elle a tenu une ligne de conduite à la fois professionnelle et artistique pendant 40 ans
22:16aujourd'hui.
22:17Et effectivement, il y a peut-être 10-15 ans, il y a eu une période peut-être où
22:21il y a eu une vraie rupture avec les médias, notamment parce qu'elle refusait de participer
22:25aux jeux médiatiques.
22:26Et ça, ça énerve un peu nos collègues.
22:28Elle n'a pas vraiment changé là-dessus ?
22:29Non, c'est vrai.
22:30Elle n'a pas vraiment changé, mais je pense que maintenant, on est passé à autre chose
22:33et qu'il y a un vrai respect qui est arrivé à la fois de la profession et du public.
22:38Ce qu'on dit souvent sur elle, c'est qu'elle a su se montrer précurseuse, je ne sais pas
22:43si ça se dit précurseur en tout cas, sur les sujets de société, les thèmes de société,
22:49les mœurs et les évolutions de la société, de la famille, du regard sur la société française.
22:55Ça, c'est vrai ou est-ce qu'on ne lui confère pas parfois une aura qui dépasserait ce qu'elle
23:00revendique vraiment ?
23:01Je ne pense pas.
23:02Parce que vous regardez une chanson comme « Sans contrefaçon » qui parle vraiment
23:05des questions de genre, qui sont des questions très actuelles.
23:08Cette chanson, elle date de 1987.
23:10Je pense aussi à une chanson qui s'appelle « XXL » dans laquelle elle parle de transidentité
23:15à l'intérieur.
23:16Et c'était dans le milieu des années 90.
23:18Donc effectivement, c'était des sujets qui sont vraiment actuels aujourd'hui, dont
23:22on parle beaucoup et qui étaient déjà présents dans ces chansons.
23:25Gringe la carrière de Mylène Farmer, tous ces tubes, cette carrière qui s'étend sur
23:3040 ans, près de 40 ans.
23:32Comment ça fait écho aussi à ce que vous avez entendu, ce qui vous a nourri, ce qui
23:36vous a ému peut-être ?
23:37Moi, j'étais fan de Mylène à l'adolescence.
23:39« Désenchantée », « L'Imagerie », « Transgenre ».
23:42Il y avait tout un truc fascinant, un peu hypnotisant.
23:46La musique aussi, sa voix de cristalline.
23:49Un jour, Aurel m'emmène au concert de Mylène pour me faire plaisir.
23:56Pour la faire très très courte, on se casse en plein milieu de concert parce qu'on apprend
24:01que Macaulay Culkin, qui est dans le film « Maman j'ai raté l'avion », est dans
24:06un bar de Paris et on essaie de dire que c'est au début des casseurs-flotteurs et on a absolument
24:10envie d'une photo avec Macaulay.
24:11Donc je ne serai jamais allé au bout du concert de Mylène, j'espère pouvoir le faire.
24:15Moi, je serai resté là, personnellement.
24:17Et on n'a pas la photo, Aurel s'est fait bâcher par Macaulay.
24:20C'est un peu le croceveur des stars dans cette émission.
24:22Vous y allez là, du coup Bastien ?
24:24Oui, ce soir, j'y serai.
24:25Pas les trois soirs ?
24:26Pas les trois soirs, mais je ferai quand même la dernière, mardi également.
24:29Ces fans qui campent, pour certains, depuis deux ou trois jours, pour être les premiers
24:34à être dans la fausse de vent.
24:35Ça arrive aussi avec Aurel Sanegrin, mais peut-être pas à ce point-là.
24:39C'est du délire ? Parce qu'on le documente beaucoup.
24:43C'est du délire, c'est de la passion, je pense.
24:45Après, on le voit dans plein de phénomènes musicaux.
24:49Ça aussi, je pense que c'était quelque chose qui était assez raillé il y a 10-15
24:53ans, et qui aujourd'hui est un peu plus vu avec bienveillance, parce qu'on voit d'autres
24:56artistes, ça se passe pareil.
24:57Les fans de Minen Farmer, c'est aussi une communauté qui était présente très tôt
25:02sur Internet.
25:03Moi, je me souviens, dans les années 2000, je discutais sur des forums de discussion,
25:07j'ai fait plein d'amis là-dedans.
25:08Et on va réécouter Minen Farmer, avant de se dire au revoir.
25:18Avec le morceau « À tout jamais ». Merci, Grinj.
25:21Merci de m'avoir reçu.
25:23Repassez quand vous voulez.
25:24Merci beaucoup, Bastien Collignon.
25:25Je rappelle votre podcast « Histoire 2, Histoire au pluriel ». On peut le retrouver évidemment
25:29en ligne.
25:30Sur toutes les plateformes, oui.
25:31Qui parle donc de Minen Farmer, pour ceux qui nous rejoindraient et qui n'auraient
25:33pas forcément compris de quoi vous parlez.
25:35Merci à tous.
25:36Merci Marie Bernardo.
25:37Et c'était Tout Public.
25:38Merci à vous tous.